Annonce

Réduire
Aucune annonce.

El Ghalia Djimi : le droit de dire

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • El Ghalia Djimi : le droit de dire

    Cette technicienne agricole venue d’El Ayoun témoigne de la répression pratiquée par les autorités d’occupation marocaines.

    « Nous avons vécu des choses horribles ; des choses qu’aucun être humain ne peut accepter. C’est de cela que je veux témoigner. C’est pour cela que je suis venue à Paris. À El Ayoun, dans les territoires occupés, et même au Maroc, c’est impossible d’en parler. »

    Celle qui s’exprime ainsi s’appelle El Ghalia Djimi. Elle parle un français excellent, appris à Agadir où elle a passé son enfance. Sa grand-mère y résidait. C’est à elle que ses parents l’ont confiée quand ils ont fui l’occupation de leur patrie pour s, en France puis aux Pays-Bas.

    Cette grand-mère qu’elle appelle « maman », elle l’a vue enlevée sous ses yeux, chez elle, par la police marocaine. Son crime ? Ouvrir sa porte à ses compatriotes sahraouis quand ils venaient chercher un travail, un toit, une main secourable. C’était en 1984. Elle avait soixante ans… On n’a jamais plus jamais entendu parler d’elle. Comme de milliers d’autres disparus, hommes et femmes, morts sous la torture, ou de mauvais traitements dans un des bagnes secrets du régime. « C’était sous le règne d’Hassan II, dit Ghalia, mais ce n’est pas mieux sous Mohamed VI. Sauf que les crimes contre nous se commettent au grand jour, dans les rues, les universités. »

    La répression, elle en sait quelque chose. Cette technicienne agricole employée d’une branche du ministère de l’Agriculture à El Ayoun en est une victime emblématique. Elle a été, elle aussi enlevée. « C’était le 20 novembre 1987, on m’a arrêtée à mon bureau, quelques jours avant l’arrivée d’une délégation de l’ONU. J’ai passé trois ans et sept mois dans une prison secrète. En fait, la porcherie d’une caserne d’El Ayoun. Vous ne pouvez même pas imaginer dans quelles conditions. »

    La torture a duré plus de deux mois. Elle en porte les traces. Celles des morsures de chiens auxquels les bourreaux l’ont livrée. Elle n’a plus de cheveux, son cuir chevelu a été brûlé à l’acide.

    « En 2005, après le grand soulèvement, lui aussi sauvagement réprimé, j’ai participé à la création de l’Association des victimes de la répression, toujours pas reconnue par le régime. On se bat pour la sauvegarde de la mémoire de tous ces disparus, pour toutes les victimes. Pour obtenir justice et réparation, pour les aider à vivre, tout simplement. Il y a beaucoup à faire. Amnesty International a recensé 550 disparus. Chez nous, 124 familles ont déposé des demandes de recherches. »

    Parce qu’à El Ayoun ou à Smara, à Zag, dans tous les territoires sahraouis occupés, règne un climat terrible qui fait que les gens n’osent toujours pas parler. « À Paris, samedi, j’ai, pour la première fois de ma vie, pu m’exprimer en public, dit El Ghalia. Dire ce que je veux : la liberté pour les miens. En attendant qu’il y ait un accord avec le Maroc, on doit déjà avoir le droit de dire ce que l’on pense. »

    Entretien réalisé par F.-G. R.
    L'Humanité - 10 décembre 2008
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

  • #2
    Qu'on laisse les gens dire ce qu'ils pensent et nchoufou sah...

    Commentaire


    • #3
      le droit de mentir...

      Commentaire

      Chargement...
      X