ÉLECTIONS. Violentes communales
Les derniers jours de campagne ont été marqués par de nombreux incidents dans tout le pays. Des “disputes électorales” qui auraient fait un mort, plus de 10 blessés et 300 arrestations.
Depuis le lancement officiel de la campagne électorale, les forces de sécurité sont sur le qui-vive. Selon cet officier à la préfecture de police de Casablanca : “Les derniers jours de la campagne électorale sont généralement ceux où l’on observe le maximum d’incidents et
d’agressions”. Selon notre officier, le phénomène est loin d’être exclusivement rural. A Casablanca par exemple, de nombreux sympathisants de partis politiques ont été admis aux urgences de différents centres hospitaliers. A Aïn Chock, des confrontations sanglantes entre les partisans du MP et de l’Istiqlal ont fait plus de 10 blessés et presque autant de personnes ont été interpellées par les forces de police. “Le problème, poursuit notre officier, c’est que de tel incidents sont totalement imprévisibles. Les campagnes des uns et des autres n’empruntent pas de tracé prédéfini. Il arrive donc que deux campagnes, voire plus, se télescopent. Il suffit alors d’un mot ou d’une allusion pour que la situation s’embrase avec des conséquences parfois très graves”. La région de Kelaât Sraghna aurait ainsi déjà enregistré un décès suite à une “dispute électorale”, mais l’information n’a pas été confirmée par les autorités locales.
Kidnapping politique
Autre fait marquant : l’enlèvement du fils d’un candidat à Laâyoune. Selon des sources sur place, le fils d’Ould Salem Joummani (un notable local qui se présente sous les couleurs du MP) a été kidnappé par des inconnus. Le jeune homme a même été séquestré, poings liés et yeux bandés, pendant plus de quatre heures. Une enquête a naturellement été ouverte mais “elle a peu de chance de déboucher sur quelque chose de concret”, affirme un militant associatif local, également chargé d’observer les élections communales sur place. Le lendemain, et comme pour laver l’affront subi par leur chef, des “milices proches du MP” auraient attaqué Hamdi Ould Errachid, chef de file de l’Istiqlal à Laâyoune. Selon des témoins, Ould Errachid s’est sauvé in extremis, grâce à l’intervention des forces de sécurité et à la vigilance de son chauffeur personnel. Un autre cas de kidnapping a été signalé à Fès, où un ancien membre de l’Istiqlal a été séquestré pendant trois jours par des inconnus dans une écurie à chevaux, quelque part dans les environs de la ville.
A Mohammedia, des gaz lacrymogènes ont même été utilisés par des “militants” appartenant ou soutenant le RNI et le PAM, provoquant une réelle panique dans les rues de la ville. A Khouribga enfin, un candidat a tiré à bout portant sur l’un de ses concurrents, mais il l’a (heureusement) raté.
Des incidents comme ceux-ci se répètent un peu partout à travers tout le pays. Ils devaient même s’intensifier à J-1 du vendredi 12 juin. “Des informations aussi graves deviennent presque anecdotiques”, constate le politologue Mohamed Darif, qui poursuit : “La violence politique n’est pas nouvelle au Maroc dans la mesure où les opérations électorales obéissent encore à des logiques archaïques, qui ne jurent que par l’élimination, parfois physique, de l’autre. Nous ne sommes pas encore arrivés à installer une concurrence politique saine. La logique de confrontation entre personnes, familles ou tribus prend toujours le dessus”, conclut le politologue. Il ne croit pas si bien dire.
Touche pas à ma tribu !
Au Sahara par exemple, constate notre observateur, les élections du 12 juin sont presque exclusivement tribales. La tribu des Joummani considère qu’elle a une revanche à prendre sur les Ould Errachid, accusés d’avoir fait un hold-up sur le conseil communal. D’autres notables se disputent le prestige de présider quelques communes historiques. “Nous comptons même une liste RNI exclusivement composée de membres appartenant à la même tribu”, affirme une source locale. Mieux : la revendication indépendantiste passe au second plan face aux communales 2009. “On en arrive à oublier qu’il existe un conflit politique dans cette région. Contrairement aux précédentes élections, aucune manifestation indépendantiste n’a été enregistrée. Cela montre que l’intérêt pour la chose tribale est très fort et que, à la limite, cela passe avant la revendication indépendantiste. C’est ce qui peut également expliquer les violences qui accompagnent les campagnes électorales des uns et des autres”, ajoute notre source.
Le ministère de l’Intérieur a pourtant essayé de prévenir ce genre de dérapages. Une circulaire de Chakib Benmoussa incitait les différents services du ministère à “rester en alerte” pour intervenir à tout moment, et prévenir d’éventuelles confrontations entre candidats. Le ministère a également tenté de sensibiliser les partis politiques en les incitant à encadrer leurs militants, et en “les incitant à adopter un discours politique serein plutôt que de céder aux surenchères électoralistes”. Un appel visiblement resté sans suite puisqu’à jeudi dans la journée, plus de 300 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes du pays. Plus de trente sont directement poursuivies pour des cas de “coups et blessures”. “Il y a très peu de partis qui arrivent à encadrer leurs troupes pour des consultations électorales aussi larges. Le nombre de candidats est élevé. En plus, chaque région a ses propres spécificités et ses calculs tribaux, familiaux ou autres”, explique Darif.
Les derniers jours de campagne ont été marqués par de nombreux incidents dans tout le pays. Des “disputes électorales” qui auraient fait un mort, plus de 10 blessés et 300 arrestations.
Depuis le lancement officiel de la campagne électorale, les forces de sécurité sont sur le qui-vive. Selon cet officier à la préfecture de police de Casablanca : “Les derniers jours de la campagne électorale sont généralement ceux où l’on observe le maximum d’incidents et
d’agressions”. Selon notre officier, le phénomène est loin d’être exclusivement rural. A Casablanca par exemple, de nombreux sympathisants de partis politiques ont été admis aux urgences de différents centres hospitaliers. A Aïn Chock, des confrontations sanglantes entre les partisans du MP et de l’Istiqlal ont fait plus de 10 blessés et presque autant de personnes ont été interpellées par les forces de police. “Le problème, poursuit notre officier, c’est que de tel incidents sont totalement imprévisibles. Les campagnes des uns et des autres n’empruntent pas de tracé prédéfini. Il arrive donc que deux campagnes, voire plus, se télescopent. Il suffit alors d’un mot ou d’une allusion pour que la situation s’embrase avec des conséquences parfois très graves”. La région de Kelaât Sraghna aurait ainsi déjà enregistré un décès suite à une “dispute électorale”, mais l’information n’a pas été confirmée par les autorités locales.
Kidnapping politique
Autre fait marquant : l’enlèvement du fils d’un candidat à Laâyoune. Selon des sources sur place, le fils d’Ould Salem Joummani (un notable local qui se présente sous les couleurs du MP) a été kidnappé par des inconnus. Le jeune homme a même été séquestré, poings liés et yeux bandés, pendant plus de quatre heures. Une enquête a naturellement été ouverte mais “elle a peu de chance de déboucher sur quelque chose de concret”, affirme un militant associatif local, également chargé d’observer les élections communales sur place. Le lendemain, et comme pour laver l’affront subi par leur chef, des “milices proches du MP” auraient attaqué Hamdi Ould Errachid, chef de file de l’Istiqlal à Laâyoune. Selon des témoins, Ould Errachid s’est sauvé in extremis, grâce à l’intervention des forces de sécurité et à la vigilance de son chauffeur personnel. Un autre cas de kidnapping a été signalé à Fès, où un ancien membre de l’Istiqlal a été séquestré pendant trois jours par des inconnus dans une écurie à chevaux, quelque part dans les environs de la ville.
A Mohammedia, des gaz lacrymogènes ont même été utilisés par des “militants” appartenant ou soutenant le RNI et le PAM, provoquant une réelle panique dans les rues de la ville. A Khouribga enfin, un candidat a tiré à bout portant sur l’un de ses concurrents, mais il l’a (heureusement) raté.
Des incidents comme ceux-ci se répètent un peu partout à travers tout le pays. Ils devaient même s’intensifier à J-1 du vendredi 12 juin. “Des informations aussi graves deviennent presque anecdotiques”, constate le politologue Mohamed Darif, qui poursuit : “La violence politique n’est pas nouvelle au Maroc dans la mesure où les opérations électorales obéissent encore à des logiques archaïques, qui ne jurent que par l’élimination, parfois physique, de l’autre. Nous ne sommes pas encore arrivés à installer une concurrence politique saine. La logique de confrontation entre personnes, familles ou tribus prend toujours le dessus”, conclut le politologue. Il ne croit pas si bien dire.
Touche pas à ma tribu !
Au Sahara par exemple, constate notre observateur, les élections du 12 juin sont presque exclusivement tribales. La tribu des Joummani considère qu’elle a une revanche à prendre sur les Ould Errachid, accusés d’avoir fait un hold-up sur le conseil communal. D’autres notables se disputent le prestige de présider quelques communes historiques. “Nous comptons même une liste RNI exclusivement composée de membres appartenant à la même tribu”, affirme une source locale. Mieux : la revendication indépendantiste passe au second plan face aux communales 2009. “On en arrive à oublier qu’il existe un conflit politique dans cette région. Contrairement aux précédentes élections, aucune manifestation indépendantiste n’a été enregistrée. Cela montre que l’intérêt pour la chose tribale est très fort et que, à la limite, cela passe avant la revendication indépendantiste. C’est ce qui peut également expliquer les violences qui accompagnent les campagnes électorales des uns et des autres”, ajoute notre source.
Le ministère de l’Intérieur a pourtant essayé de prévenir ce genre de dérapages. Une circulaire de Chakib Benmoussa incitait les différents services du ministère à “rester en alerte” pour intervenir à tout moment, et prévenir d’éventuelles confrontations entre candidats. Le ministère a également tenté de sensibiliser les partis politiques en les incitant à encadrer leurs militants, et en “les incitant à adopter un discours politique serein plutôt que de céder aux surenchères électoralistes”. Un appel visiblement resté sans suite puisqu’à jeudi dans la journée, plus de 300 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes du pays. Plus de trente sont directement poursuivies pour des cas de “coups et blessures”. “Il y a très peu de partis qui arrivent à encadrer leurs troupes pour des consultations électorales aussi larges. Le nombre de candidats est élevé. En plus, chaque région a ses propres spécificités et ses calculs tribaux, familiaux ou autres”, explique Darif.
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