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Ilgar Ibrahimoglu : “Je vois en Azerbaïdjan un potentiel pour un Islam de l’Europe
Article paru dans l'édition du 09/12/2008
Par Bruno DE CORDIER à Bakou
Traduit en français par Nicolas LANDRU
Il porte des vêtements européens au lieu d?un turban et d'une robe. Il est non seulement un imam, mais aussi un activiste des droits de l'Homme et l'éditeur d'un journal. On n'associerait pas immédiatement Ilgar Ibrahimoglu au cliché d'un membre du clergé chiite. Pourtant, il est ainsi représentatif de certaines tendances dans la société et le paysage religieux post-soviétiques de l'Azerbaïdjan. Ibrahimoglu, âgé de 34 ans, fut l'imam de la Mosquée Djouma dans la vieille ville de Bakou jusqu'à ce que les autorités ferment celle-ci à la mi-2004, officiellement pour des restaurations, mais apparemment en raison des positions critiques d'Ibrahimoglu à l'égard du gouvernement et du clergé officiel. La Mosquée Djouma a été récemment réouverte aux fidèles, mais sous une autre direction. Ibrahimoglu continue son travail de bureau dans le quartier d'affaires de Bakou.
Certains analystes internationaux et observateurs de la région vous considèrent vous et votre communauté comme des représentants de “Islam alternatif” en Azerbaïdjan. Que cela signifie-t-il? Vous considérez vous de la sorte?
J’espère que nous représentons exactement l’Islam réel, ou au moins nous essayons. Tout dépend des définitions, sincèrement. L’Islam est l’Islam. Si ils signifient par « alternatif » une sorte de culte ésotérique, nous ne sommes pas alternatifs parce que ce n’est pas ce que nous sommes. Mais s’ils veulent dire que nous représentons un Islam indépendant qui n’est pas lié à un troisième pays comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite ou qui n’appartient pas au clergé officiel, alors c’est exact. A la différence du clergé étatique, nous ne sommes pas des apparatchiks de la période soviétique qui sont utilisés par l’Etat pour légitimer un régime corrompu et de plus en plus autoritaire qui fait une parodie d’Islam. Ils prêchent le conformisme et la résignation. Nous, sommes engagés pour la justice sociale, qui est au centre de l’Islam. Nous et d’autres essayons d’agir pour cela à travers notre travail en matière de droits de l’Homme et social. Evidemment, certains au gouvernement voient ceci comme une menace à leurs intérêts mercantiles. C’est pourquoi ils nous qualifient d’ « extrémistes ».
Dans beaucoup de pays majoritairement musulmans, des groupes islamiques indépendants sont impliqués dans le travail social. Vous, par exemple, encouragez les Azerbaidjanais chiites à faire des dons de sang à l’occasion du deuil chiite d’Achoura, plutôt que de participer au rituel traditionnel de flagellation. Qu’en est-il du travail social islamique en Azerbaïdjan ?
Il n’y a pas encore de tradition forte ou d’espace pour le travail social islamique dans ce pays. Il y avait des charités islamiques avant l’Union Soviétique, mais nous avons été coupés de la sphère islamique pendant des décennies. Dans le passé récent, dans le sillon de la guerre au Nagorno-Karabagh, quantité de travail social islamique a été organisé et fondé par des organisations étrangères de Turquie, du Koweït, d’Arabie Saoudite, du Qatar et d’Iran en particulier. A l’évidence, les autorités tiennent à maintenir un contrôle maximum sur les activités sociales menées par des groupes étrangers. C’est pourquoi elles sont suspicieuses à l’égard du travail social islamique en général, étant donnée qu’elles savent que des communautés religieuses peuvent construire une base sociale considérable de cette manière. Les communautés religieuses en Azerbaïdjan n’ont actuellement pas les ressources nécessaires pour entreprendre un travail social à large échelle. Mais il existe des initiatives individuelles et à petite échelle telles que vous les avez mentionnées.
Comment décririez-vous l’évolution de l’Islam en Azerbaïdjan aujourd’hui ?
Des développements intéressants se produisent. Le nombre de Musulmans pratiquants, chiites ou sunnites, est très limité ; peut-être 5 ou 6 %. En Europe par exemple, j’ai rencontré plus de Musulmans pratiquants que dans mon propre pays. Mais il y a aussi un groupe plus large dans la société qui s’intéresse à la religion mais qui n’a pas encore traduit cela en une pratique plus assidue. Le ségment pratiquant des Musulmans azerbaïdjanais est nettement plus élevé à Bakou qu’en province et forme un groupe de plus en plus jeune. Nous voyons que les personnes qui sont devenues plus actives religieusement et socialement et qui participent à nos activités sont en général mieux éduqués, plus ouverts au monde et viennent de milieux familiaux qui ne sont pas particulièrement traditionnels ou religieux. Ils s’impliquent en religion par un choix conscient, plus que par tradition. En d’autres mots, la qualité des Croyans s’améliore. Ils forment une avant-garde de renouveau religieux dans ce pays.
Pendant l’athéisme soviétique, le cliché selon lequel la religion est quelque chose pour les pauvres et les illettrés des villages s’est imposé. Mais les gens pauvres se préoccupent principalement de besoins élémentaires, non de religion. Ce sont ceux qui sont en ascension sociale et lettrés qui pensent aux questions d’identité. Je vois cela à Bakou et parmi les gens qui viennent vers notre communauté. L’urbanisation et la communication crèent un espace pour la religion. Plus les gens sont confrontés à la mondialisation, plus ils tentent de définir qui ils sont et où sont leurs appartenances spirituelles. Nous avons de jeunes Musulmans Azerbaïdjanais qui sont devenus plus religieux après avoir étudié en Occident, en Europe, après avoir été confrontés à l’islamophobie et aux aspects les moins positifs de la vie et de la culture occidentales.
Des dizaines de milliers d’Azerbaïdjanais sont des immigrés ou des travailleurs saisonniers en Russie. Voyez-vous parmi eux un processus similaire d’auto-identification ?
Moins. La plupart de ceux qui vont en Russie viennent des provinces. En Russie, il n’y a également pas autant d’islamophobie idéologique qu’en Europe. Le problème là-bas est plus la xénophobie ethnique qui vise les Musulmans d’Azerbaïdjan et du Tadjikistan, comme les Géorgiens et les Arméniens qui sont chrétiens. C’est une chose différente. Mais la migration de travail vers la Russie affectera la conscience religieuse tôt ou tard. Il est difficile de prévoir ce qu’il se passera à l’avenir, mais la Russie n’a aucun intérêt à entrer en confrontation avec le monde musulman. En Russie, les gens ont accès à différentes sortes de médias islamiques, encore plus qu’en Azerbaïdjan ou dans les autres ex- Républiques Soviétiques à majorité musulmane.
Je pense que l’avenir de l’Islam et des Musulmans en Azerbaïdjan ne réside pas en Russie mais en Europe. J’ai été en Europe une demi-douzaine de fois et ai observé avec intérêt des penseurs tels que Tariq Ramadan ainsi que l’évolution de l’Islam en Bosnie et parmi les immigrés musulmans en Occident. L’Europe n’est pas seulement à la frontière du monde musulman, elle y est intermêlée démographiquement. De grandes communautés d’immigrés se trouvent dans le processus de redéfinition de leur identité, tout comme les Musulmans en Azerbaïdjan. Je vois un potentiel pour le développement d’un Islam moral et intellectuel en Azerbaïdjan, tel le processus que l’on peut observer en Europe aujourd’hui.
Y a-t-il en Azerbaïdjan le potentiel pour un équivalent au parti turc Justice et Développement ?
Quand le parti Justice et Développement est arrivé au pouvoir, il a entraîné assez de remous parmi l’opposition « laïque » et les autorités en Azerbaïdjan parce qu’il montrait qu’une alternative non-violente et démocratique pouvait gagner la confiance des élites turques et acquérir le soutien de l’Occident. En tête de cela, les Islamistes démocrates de Turquie se sont révélés être un vecteur plus pro-européen pour certaines réformes que le vieil establishment laïc. En Azerbaïdjan et parmi certains des autres pays ex-soviétiques, les groupes religieux indépendants et d’autres acteurs de la société civile se sentent limitées par les autorités et connaissent l’importance qu’a un environnement démocratique. A présent, l’Azerbaïdjan comme certains autres pays ex-soviétiques traverse une phase où l’opposition traditionnelle fait place à des mouvements plus dissidents comme ceux de l’Union Soviétique des années 1970 et 80.
Après plusieurs conversations à un niveau populaire comme avec des leaders de l’opinion ou des universitaires de Bakou et en province d’Azerbaïdjan, j’ai l’impression que l’ « Occident » a été lourdement discrédité depuis quelques années, comme dans beaucoup d’autres pays anciennement soviétiques ou musulmans. Est-ce aussi votre opinion ?
Je ne serais pas aussi catégorique. Cela dépend à qui vous avez affaire. Le régime essaiera cyniquement d’obtenir ce qu’il peut de l’Occident, ainsi qu’il lui convient économiquement et diplomatiquement. Certains groupes et individus occidentaux ne veulent pas de changement positif en Azerbaïdjan parce qu’il y a beaucoup de capital anglo-américain dans l’industrie du gaz et du pétrole et parce que l’opposition n’est pas très développée ni crédible. Pour le reste, je pense que les milieux populaires font peu d’associations quant à l’Occident, mais plus avec la Russie. Les gens sont trop préoccupés par leur vie quotidienne pour avoir une opinion consistante à cet égard. Les catégories en ascension sociale et l’intelligentsia sont en revanche de plus en plus anti-occidentales, ou au moins déçues de l’hypocrisie et du double langage de l’Occident. Il y a un sentiment que la démocratie en Azerbaïdjan a été sacrifiée aux intérêts pétroliers. Il y a aussi le sentiment que les Etats-Unis et l’Europe ont tactiquement soutenu les Arméniens au Karabagh. Et évidemment, la guerre en Irak, Abou Ghraïb et les caricatures danoises ont également un impact.
Article paru dans l'édition du 09/12/2008
Par Bruno DE CORDIER à Bakou
Traduit en français par Nicolas LANDRU
Il porte des vêtements européens au lieu d?un turban et d'une robe. Il est non seulement un imam, mais aussi un activiste des droits de l'Homme et l'éditeur d'un journal. On n'associerait pas immédiatement Ilgar Ibrahimoglu au cliché d'un membre du clergé chiite. Pourtant, il est ainsi représentatif de certaines tendances dans la société et le paysage religieux post-soviétiques de l'Azerbaïdjan. Ibrahimoglu, âgé de 34 ans, fut l'imam de la Mosquée Djouma dans la vieille ville de Bakou jusqu'à ce que les autorités ferment celle-ci à la mi-2004, officiellement pour des restaurations, mais apparemment en raison des positions critiques d'Ibrahimoglu à l'égard du gouvernement et du clergé officiel. La Mosquée Djouma a été récemment réouverte aux fidèles, mais sous une autre direction. Ibrahimoglu continue son travail de bureau dans le quartier d'affaires de Bakou.
Certains analystes internationaux et observateurs de la région vous considèrent vous et votre communauté comme des représentants de “Islam alternatif” en Azerbaïdjan. Que cela signifie-t-il? Vous considérez vous de la sorte?
J’espère que nous représentons exactement l’Islam réel, ou au moins nous essayons. Tout dépend des définitions, sincèrement. L’Islam est l’Islam. Si ils signifient par « alternatif » une sorte de culte ésotérique, nous ne sommes pas alternatifs parce que ce n’est pas ce que nous sommes. Mais s’ils veulent dire que nous représentons un Islam indépendant qui n’est pas lié à un troisième pays comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite ou qui n’appartient pas au clergé officiel, alors c’est exact. A la différence du clergé étatique, nous ne sommes pas des apparatchiks de la période soviétique qui sont utilisés par l’Etat pour légitimer un régime corrompu et de plus en plus autoritaire qui fait une parodie d’Islam. Ils prêchent le conformisme et la résignation. Nous, sommes engagés pour la justice sociale, qui est au centre de l’Islam. Nous et d’autres essayons d’agir pour cela à travers notre travail en matière de droits de l’Homme et social. Evidemment, certains au gouvernement voient ceci comme une menace à leurs intérêts mercantiles. C’est pourquoi ils nous qualifient d’ « extrémistes ».
Dans beaucoup de pays majoritairement musulmans, des groupes islamiques indépendants sont impliqués dans le travail social. Vous, par exemple, encouragez les Azerbaidjanais chiites à faire des dons de sang à l’occasion du deuil chiite d’Achoura, plutôt que de participer au rituel traditionnel de flagellation. Qu’en est-il du travail social islamique en Azerbaïdjan ?
Il n’y a pas encore de tradition forte ou d’espace pour le travail social islamique dans ce pays. Il y avait des charités islamiques avant l’Union Soviétique, mais nous avons été coupés de la sphère islamique pendant des décennies. Dans le passé récent, dans le sillon de la guerre au Nagorno-Karabagh, quantité de travail social islamique a été organisé et fondé par des organisations étrangères de Turquie, du Koweït, d’Arabie Saoudite, du Qatar et d’Iran en particulier. A l’évidence, les autorités tiennent à maintenir un contrôle maximum sur les activités sociales menées par des groupes étrangers. C’est pourquoi elles sont suspicieuses à l’égard du travail social islamique en général, étant donnée qu’elles savent que des communautés religieuses peuvent construire une base sociale considérable de cette manière. Les communautés religieuses en Azerbaïdjan n’ont actuellement pas les ressources nécessaires pour entreprendre un travail social à large échelle. Mais il existe des initiatives individuelles et à petite échelle telles que vous les avez mentionnées.
Comment décririez-vous l’évolution de l’Islam en Azerbaïdjan aujourd’hui ?
Des développements intéressants se produisent. Le nombre de Musulmans pratiquants, chiites ou sunnites, est très limité ; peut-être 5 ou 6 %. En Europe par exemple, j’ai rencontré plus de Musulmans pratiquants que dans mon propre pays. Mais il y a aussi un groupe plus large dans la société qui s’intéresse à la religion mais qui n’a pas encore traduit cela en une pratique plus assidue. Le ségment pratiquant des Musulmans azerbaïdjanais est nettement plus élevé à Bakou qu’en province et forme un groupe de plus en plus jeune. Nous voyons que les personnes qui sont devenues plus actives religieusement et socialement et qui participent à nos activités sont en général mieux éduqués, plus ouverts au monde et viennent de milieux familiaux qui ne sont pas particulièrement traditionnels ou religieux. Ils s’impliquent en religion par un choix conscient, plus que par tradition. En d’autres mots, la qualité des Croyans s’améliore. Ils forment une avant-garde de renouveau religieux dans ce pays.
Pendant l’athéisme soviétique, le cliché selon lequel la religion est quelque chose pour les pauvres et les illettrés des villages s’est imposé. Mais les gens pauvres se préoccupent principalement de besoins élémentaires, non de religion. Ce sont ceux qui sont en ascension sociale et lettrés qui pensent aux questions d’identité. Je vois cela à Bakou et parmi les gens qui viennent vers notre communauté. L’urbanisation et la communication crèent un espace pour la religion. Plus les gens sont confrontés à la mondialisation, plus ils tentent de définir qui ils sont et où sont leurs appartenances spirituelles. Nous avons de jeunes Musulmans Azerbaïdjanais qui sont devenus plus religieux après avoir étudié en Occident, en Europe, après avoir été confrontés à l’islamophobie et aux aspects les moins positifs de la vie et de la culture occidentales.
Des dizaines de milliers d’Azerbaïdjanais sont des immigrés ou des travailleurs saisonniers en Russie. Voyez-vous parmi eux un processus similaire d’auto-identification ?
Moins. La plupart de ceux qui vont en Russie viennent des provinces. En Russie, il n’y a également pas autant d’islamophobie idéologique qu’en Europe. Le problème là-bas est plus la xénophobie ethnique qui vise les Musulmans d’Azerbaïdjan et du Tadjikistan, comme les Géorgiens et les Arméniens qui sont chrétiens. C’est une chose différente. Mais la migration de travail vers la Russie affectera la conscience religieuse tôt ou tard. Il est difficile de prévoir ce qu’il se passera à l’avenir, mais la Russie n’a aucun intérêt à entrer en confrontation avec le monde musulman. En Russie, les gens ont accès à différentes sortes de médias islamiques, encore plus qu’en Azerbaïdjan ou dans les autres ex- Républiques Soviétiques à majorité musulmane.
Je pense que l’avenir de l’Islam et des Musulmans en Azerbaïdjan ne réside pas en Russie mais en Europe. J’ai été en Europe une demi-douzaine de fois et ai observé avec intérêt des penseurs tels que Tariq Ramadan ainsi que l’évolution de l’Islam en Bosnie et parmi les immigrés musulmans en Occident. L’Europe n’est pas seulement à la frontière du monde musulman, elle y est intermêlée démographiquement. De grandes communautés d’immigrés se trouvent dans le processus de redéfinition de leur identité, tout comme les Musulmans en Azerbaïdjan. Je vois un potentiel pour le développement d’un Islam moral et intellectuel en Azerbaïdjan, tel le processus que l’on peut observer en Europe aujourd’hui.
Y a-t-il en Azerbaïdjan le potentiel pour un équivalent au parti turc Justice et Développement ?
Quand le parti Justice et Développement est arrivé au pouvoir, il a entraîné assez de remous parmi l’opposition « laïque » et les autorités en Azerbaïdjan parce qu’il montrait qu’une alternative non-violente et démocratique pouvait gagner la confiance des élites turques et acquérir le soutien de l’Occident. En tête de cela, les Islamistes démocrates de Turquie se sont révélés être un vecteur plus pro-européen pour certaines réformes que le vieil establishment laïc. En Azerbaïdjan et parmi certains des autres pays ex-soviétiques, les groupes religieux indépendants et d’autres acteurs de la société civile se sentent limitées par les autorités et connaissent l’importance qu’a un environnement démocratique. A présent, l’Azerbaïdjan comme certains autres pays ex-soviétiques traverse une phase où l’opposition traditionnelle fait place à des mouvements plus dissidents comme ceux de l’Union Soviétique des années 1970 et 80.
Après plusieurs conversations à un niveau populaire comme avec des leaders de l’opinion ou des universitaires de Bakou et en province d’Azerbaïdjan, j’ai l’impression que l’ « Occident » a été lourdement discrédité depuis quelques années, comme dans beaucoup d’autres pays anciennement soviétiques ou musulmans. Est-ce aussi votre opinion ?
Je ne serais pas aussi catégorique. Cela dépend à qui vous avez affaire. Le régime essaiera cyniquement d’obtenir ce qu’il peut de l’Occident, ainsi qu’il lui convient économiquement et diplomatiquement. Certains groupes et individus occidentaux ne veulent pas de changement positif en Azerbaïdjan parce qu’il y a beaucoup de capital anglo-américain dans l’industrie du gaz et du pétrole et parce que l’opposition n’est pas très développée ni crédible. Pour le reste, je pense que les milieux populaires font peu d’associations quant à l’Occident, mais plus avec la Russie. Les gens sont trop préoccupés par leur vie quotidienne pour avoir une opinion consistante à cet égard. Les catégories en ascension sociale et l’intelligentsia sont en revanche de plus en plus anti-occidentales, ou au moins déçues de l’hypocrisie et du double langage de l’Occident. Il y a un sentiment que la démocratie en Azerbaïdjan a été sacrifiée aux intérêts pétroliers. Il y a aussi le sentiment que les Etats-Unis et l’Europe ont tactiquement soutenu les Arméniens au Karabagh. Et évidemment, la guerre en Irak, Abou Ghraïb et les caricatures danoises ont également un impact.
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