Au Maroc,sonder le peuple sur son roi est un sacrilège. Les Marocains l'ont découvert le 1er août quand la police a investi, à Casablanca, les locaux de l'imprimerie de TelQuel et de sa version arabophone Nichane, les deux premiers hebdomadaires du royaume, pour procéder à la saisie puis à la destruction des 100 000 exemplaires tirés. Motif : ils contenaient un sondage, (réalisé en partenariat avec Le Monde), sur le bilan des dix premières années de règne de Mohammed VI.
Le 4 août, le tribunal administratif de Casablanca rejetait la plainte de TelQuel qui avait réclamé l'annulation de cette saisie, l'estimant "illégale". Aucune loi au Maroc n'interdit les sondages, faisait valoir le groupe de presse, et aucune loi n'autorise à détruire des journaux sans décision de justice. Le tribunal administratif n'avait alors pas motivé son refus. Ce n'est que le 28 août que TelQuel a pu avoir connaissance des attendus du jugement.
La cour motive sa décision non parce qu'elle l'estime légalement fondée, mais parce que, dit-elle, "c'eut été improductif de l'invalider, puisque, de toute façon, les exemplaires saisis avaient déjà été détruits". Un raisonnement qui fait dire à Ahmed Benchmesi, directeur du groupe TelQuel, que "la justice marocaine a justifié une violation de la loi... par une autre violation de la loi !" Pour lui, "on ne pouvait imaginer meilleure conclusion à une séquence qui a été une hérésie juridique de bout en bout".
Sondage interdit
L'attitude des autorités marocaines a paru d'autant plus incompréhensible que le sondage interdit, réalisé par LMS-CSA, filiale au Maroc de l'institut de sondages français CSA, était extrêmement positif pour le souverain qui était crédité de 91 % d'opinions favorables. Pour avoir maintenu la publication de cette enquête en dépit des avertissements des autorités marocaines, Le Monde du 4 août a été censuré au Maroc. "La monarchie ne peut être mise en équation, même par la voie d'un sondage", devait justifier le ministre de la communication, Khalid Naciri. Mercredi 2 septembre, la "ligne rouge" qu'est le roi a de nouveau été rappelée. Le directeur du quotidien arabophone Al-Jarida Al-Oula a été convoqué par la police tandis qu'une enquête était ouverte par le parquet de Rabat. Dans un article consacré au roi, le journal avait osé mettre en doute un bulletin de santé officiel publié par le palais royal.
Par Florence Beaugé, le Monde
Le 4 août, le tribunal administratif de Casablanca rejetait la plainte de TelQuel qui avait réclamé l'annulation de cette saisie, l'estimant "illégale". Aucune loi au Maroc n'interdit les sondages, faisait valoir le groupe de presse, et aucune loi n'autorise à détruire des journaux sans décision de justice. Le tribunal administratif n'avait alors pas motivé son refus. Ce n'est que le 28 août que TelQuel a pu avoir connaissance des attendus du jugement.
La cour motive sa décision non parce qu'elle l'estime légalement fondée, mais parce que, dit-elle, "c'eut été improductif de l'invalider, puisque, de toute façon, les exemplaires saisis avaient déjà été détruits". Un raisonnement qui fait dire à Ahmed Benchmesi, directeur du groupe TelQuel, que "la justice marocaine a justifié une violation de la loi... par une autre violation de la loi !" Pour lui, "on ne pouvait imaginer meilleure conclusion à une séquence qui a été une hérésie juridique de bout en bout".
Sondage interdit
L'attitude des autorités marocaines a paru d'autant plus incompréhensible que le sondage interdit, réalisé par LMS-CSA, filiale au Maroc de l'institut de sondages français CSA, était extrêmement positif pour le souverain qui était crédité de 91 % d'opinions favorables. Pour avoir maintenu la publication de cette enquête en dépit des avertissements des autorités marocaines, Le Monde du 4 août a été censuré au Maroc. "La monarchie ne peut être mise en équation, même par la voie d'un sondage", devait justifier le ministre de la communication, Khalid Naciri. Mercredi 2 septembre, la "ligne rouge" qu'est le roi a de nouveau été rappelée. Le directeur du quotidien arabophone Al-Jarida Al-Oula a été convoqué par la police tandis qu'une enquête était ouverte par le parquet de Rabat. Dans un article consacré au roi, le journal avait osé mettre en doute un bulletin de santé officiel publié par le palais royal.
Par Florence Beaugé, le Monde
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