L'augmentation du taux de criminalité préoccupe les habitants des villes, notamment les femmes, quant à leur sécurité, malgré les mesures de sécurité renforcées.

Le taux de criminalité au Maroc a en effet augmenté de 3,46 pour cent en 2009, a indiqué le ministre de l'Intérieur Taib Cherkaoui aux parlementaires mercredi 16 juin, ajoutant que la situation était sous contrôle et que le gouvernement développait de nouvelles méthodes d'enquête, de nouvelles tactiques et mettait sur pied des unités de lutte contre la criminalité.

Mais de nombreuses personnes contactées par Magharebia la semaine dernière, notamment des femmes vivant en milieu urbain, ont fait part de leurs préoccupations quant à cette augmentation de la criminalité.

Houda Chtioui, une étudiante, a expliqué avoir peur chaque fois qu'elle rentre chez elle à Temara. Elle a déjà été agressée deux fois.

"Heureusement dans les deux cas, j’ai pu m’en sortir car je leur ai donné mon sac sans résistance", a-t-elle expliqué. "Le plus difficile, c’est quand on doit faire refaire les papiers administratifs volés qui étaient dans le sac, comme la carte d’identité nationale."

"Je crains constamment d’être violée ou agressée", a-t-elle ajouté.

Farida T. a été attaquée il y a six mois en plein jour dans le quartier populaire de Yacoub El Mansour de Rabat alors qu'elle attendait un bus.

Cette jeune femme de 25 ans porte une large cicatrice au bras droit. Elle a expliqué avoir regretté sa résistance face à son agresseur, avant de lui donner un bracelet et ses boucles d'oreille en or.

"Ce qui m’a choqué le plus, c’est la passivité des deux jeunes qui étaient à côté de moi et qui ont suivi la scène sans réagir", explique-t-elle les larmes aux yeux. "Ils ont expliqué qu’ils avaient peur que le malfaiteur les poignarde avec son couteau."

Un policier de Rabat a expliqué à Magharebia que la pauvreté est l'une des raisons principales de la criminalité et de la délinquance chez les jeunes.

"La consommation de la drogue favorise également les agressions", explique-t-il. "Lorsque les malfaiteurs sortent de prison, la plupart d’entre eux deviennent récidivistes et n’arrivent pas à s’intégrer sur le marché du travail."

La police ne peut être partout, et le public doit veiller à ne pas s'aventurer dans des rues isolées le soir, a-t-il ajouté.

La criminalité est une préoccupation récurrente de la la société marocaine, et le gouvernement a mis en place d'autres plans pour améliorer la sécurité.

La sociologue Samira Kassimi a expliqué que le Maroc enregistrait une augmentation de la délinquance juvénile, qui incite les jeunes à recourir à la drogue et à la criminalité.

La société doit répondre à cette augmentation de la criminalité et mettre en oeuvre différentes techniques pour anticiper les mutations de la criminalité, a-t-elle poursuivi.

"Les crimes individuels et les crimes organisés évoluent. Ces dernières années, on a assisté à la mise à jour de réseaux internationaux", explique-t-elle. "On doit aussi de plus en plus faire face à des crimes effarants commis par des personnes à l’égard de leurs proches, comme cet homme qui, il y a quelques mois, a tué sa mère, sa sœur, son neveu et son beau-frère."

"Toute la société est interpellée", ajoute-t-elle. "Il nous faut examiner le problème sous plusieurs angles, sans omettre l’aspect psychologique. Il faut également arriver à insérer les jeunes dans le monde du travail et réinsérer les prisonniers une fois leur peine purgée, pour qu’ils ne récidivent pas."

Mais malgré ces préoccupations, on constate certaines améliorations dans la situation de la criminalité au Maroc. Le ministre de l'Intérieur Cherkaoui a expliqué aux parlementaires que le taux de criminalité à Casablanca avait baissé de 7,52 pour cent au cours des trois premiers mois de 2010 par rapport à la même période de 2009.

source : Magharebia