WIKILEAKS RÉVÈLE COMMENT WASHINGTON A SAUVÉ LA MISE À RABAT
Aminatou Haïdar, la Sahraouie qui a déstabilisé le Maroc
La diplomatie américaine s’est impliquée directement dans la gestion de la crise provoquée, en 2009, par la militante sahraouie des droits de l’homme Aminatou Haïdar. L’ambassadeur des États-Unis à Rabat n’a pas hésité à qualifier de «désastreuse» la tentative du gouvernement marocain d’exiler de force Haïdar.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Le 13 novembre 2009, Aminatou Haïdar est refoulée de l’aéroport d’El Ayoun, capitale du Sahara occidental occupé. La police marocaine reproche à la militante des droits de l’homme d’avoir refusé d’accomplir les formalités d’entrée sur ce qui est censé être «le territoire du royaume du Maroc». Haïdar est obligé de s’exiler sur l’île espagnole de Lanzarote où elle entame une grève de la faim illimitée. Une situation qui plonge le Maroc de Mohammed VI dans une grave crise politique. Une crise que l’ambassadeur des Etats-Unis a qualifiée de «désastreuse» dans un câble diplomatique rédigé le 18 décembre 2009, à l’occasion du retour de la militante sahraouie à El Ayoun. «Le retour de Haïdar met un terme à un épisode désastreux subi par le gouvernement marocain qui a failli causer un cas d'exil forcé et qui a mis en péril ses relations avec l'Espagne et ses autres alliés», écrit l’ambassadeur Samuel Kaplan dans ce câble, rendu public ces derniers jours par le site WikiLeaks. Le diplomate estime que le Maroc a fait preuve d’une diplomatie «étonnamment maladroite». En quelques jours de grève de la faim, la militante Aminatou Haïdar a réussi à déclencher un mouvement de solidarité internationale envers la cause sahraouie. Des dizaines de journalistes affluent vers l’aéroport de Lanzarote pour rencontrer la Gandhi sahraouie. Allongée sur une simple natte, Haïdar brise l’embargo médiatique imposé à tout ce qui touche au combat du peuple sahraoui. L’heure est grave pour le Maroc. Ses «alliés» ne peuvent soutenir un pays qui commet une violation flagrante du droit humanitaire. C’est d’autant plus fâcheux pour l’Espagne qui se retrouve impliquée dans cette affaire. La mort de Haïdar sur son territoire aurait été catastrophique. Dans sa note, Kaplan donne quelques détails sur le malaise du gouvernement marocain et les efforts fournis par Washington, Paris et Madrid pour lui sauver la mise avant la reprise des négociations avec le Front Polisario. «La presse et nos contacts sahraouis à El Ayoun disent avoir apprécié les efforts des États-Unis et de la France et, dans une moindre mesure, de l'Espagne pour imposer au gouvernement marocain de trouver une solution au problème. Les officiels du gouvernement marocain ont eu du mal à admettre que le message dur – mais cohérent – reçu par Taieb Fassi Fihiri lors de ses voyages récents en Europe et aux États-Unis, ait motivé le soudain changement de ton du gouvernement marocain. Même le wali d’El Ayoun a affirmé au conseiller politique : «Vous voyez, nous écoutons nos amis.» Ceci dit, nous devons garder en tête que l'affaire Haïdar a violemment secoué le gouvernement marocain. En effet, la colère et la méfiance envers l'Algérie (et nous suspectons d'autres parties aussi) ont atteint leur plus haut niveau depuis bien des années. L'ambassadeur Ross et nous-mêmes avons du pain sur la planche vu que nous nous engageons vers un cinquième round de négociations de Manhasset (Etat de New York)», explique l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat. Le 18 décembre 2009, Aminatou Haïdar décide de mettre un terme à sa grève de la faim après que le Maroc eut accepté qu’elle puisse rentrer parmi les siens. «Aminatou Haïdar est rentrée en toute sécurité au Sahara occidental à bord d'un avion militaire espagnol. Elle a récupéré son passeport à l'aéroport, rempli les formalités d'immigration marocaine, puis s’est rendue de l'aéroport à son domicile en compagnie de membres de sa famille. Elle est de très bonne humeur, bien qu'elle soit toujours dans un état physique précaire et sous étroite surveillance médicale», constate Samuel Kaplan. Mission accomplie.
T. H.
Aminatou Haïdar, la Sahraouie qui a déstabilisé le Maroc
La diplomatie américaine s’est impliquée directement dans la gestion de la crise provoquée, en 2009, par la militante sahraouie des droits de l’homme Aminatou Haïdar. L’ambassadeur des États-Unis à Rabat n’a pas hésité à qualifier de «désastreuse» la tentative du gouvernement marocain d’exiler de force Haïdar.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Le 13 novembre 2009, Aminatou Haïdar est refoulée de l’aéroport d’El Ayoun, capitale du Sahara occidental occupé. La police marocaine reproche à la militante des droits de l’homme d’avoir refusé d’accomplir les formalités d’entrée sur ce qui est censé être «le territoire du royaume du Maroc». Haïdar est obligé de s’exiler sur l’île espagnole de Lanzarote où elle entame une grève de la faim illimitée. Une situation qui plonge le Maroc de Mohammed VI dans une grave crise politique. Une crise que l’ambassadeur des Etats-Unis a qualifiée de «désastreuse» dans un câble diplomatique rédigé le 18 décembre 2009, à l’occasion du retour de la militante sahraouie à El Ayoun. «Le retour de Haïdar met un terme à un épisode désastreux subi par le gouvernement marocain qui a failli causer un cas d'exil forcé et qui a mis en péril ses relations avec l'Espagne et ses autres alliés», écrit l’ambassadeur Samuel Kaplan dans ce câble, rendu public ces derniers jours par le site WikiLeaks. Le diplomate estime que le Maroc a fait preuve d’une diplomatie «étonnamment maladroite». En quelques jours de grève de la faim, la militante Aminatou Haïdar a réussi à déclencher un mouvement de solidarité internationale envers la cause sahraouie. Des dizaines de journalistes affluent vers l’aéroport de Lanzarote pour rencontrer la Gandhi sahraouie. Allongée sur une simple natte, Haïdar brise l’embargo médiatique imposé à tout ce qui touche au combat du peuple sahraoui. L’heure est grave pour le Maroc. Ses «alliés» ne peuvent soutenir un pays qui commet une violation flagrante du droit humanitaire. C’est d’autant plus fâcheux pour l’Espagne qui se retrouve impliquée dans cette affaire. La mort de Haïdar sur son territoire aurait été catastrophique. Dans sa note, Kaplan donne quelques détails sur le malaise du gouvernement marocain et les efforts fournis par Washington, Paris et Madrid pour lui sauver la mise avant la reprise des négociations avec le Front Polisario. «La presse et nos contacts sahraouis à El Ayoun disent avoir apprécié les efforts des États-Unis et de la France et, dans une moindre mesure, de l'Espagne pour imposer au gouvernement marocain de trouver une solution au problème. Les officiels du gouvernement marocain ont eu du mal à admettre que le message dur – mais cohérent – reçu par Taieb Fassi Fihiri lors de ses voyages récents en Europe et aux États-Unis, ait motivé le soudain changement de ton du gouvernement marocain. Même le wali d’El Ayoun a affirmé au conseiller politique : «Vous voyez, nous écoutons nos amis.» Ceci dit, nous devons garder en tête que l'affaire Haïdar a violemment secoué le gouvernement marocain. En effet, la colère et la méfiance envers l'Algérie (et nous suspectons d'autres parties aussi) ont atteint leur plus haut niveau depuis bien des années. L'ambassadeur Ross et nous-mêmes avons du pain sur la planche vu que nous nous engageons vers un cinquième round de négociations de Manhasset (Etat de New York)», explique l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat. Le 18 décembre 2009, Aminatou Haïdar décide de mettre un terme à sa grève de la faim après que le Maroc eut accepté qu’elle puisse rentrer parmi les siens. «Aminatou Haïdar est rentrée en toute sécurité au Sahara occidental à bord d'un avion militaire espagnol. Elle a récupéré son passeport à l'aéroport, rempli les formalités d'immigration marocaine, puis s’est rendue de l'aéroport à son domicile en compagnie de membres de sa famille. Elle est de très bonne humeur, bien qu'elle soit toujours dans un état physique précaire et sous étroite surveillance médicale», constate Samuel Kaplan. Mission accomplie.
T. H.
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