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les coulisses de la croisade et du complot contre la libye

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  • les coulisses de la croisade et du complot contre la libye

    Articles tirés du site du sioniste BHL.


    Les coulisses de cette sale guerre très bien détaillé sur le site du sioniste BHL .

    Comment le philosophe a convaincu Sarkozy d’intervenir en Libye.

    La diplomatie est parfois simple comme un coup de fil passé depuis un salon rococo de l’hôtel Raphaël.
    Bernard-Henri Lévy : « Je t’appelle car je pars demain en Libye. Si jamais j’ai un contact intéressant sur place, qui peut être utile ou nous éclairer sur la situation, je peux te téléphoner de là-bas ? »

    Nicolas Sarkozy : « Naturellement, n’hésite pas ! »

    Dimanche 27 février. Le philosophe raccroche son téléphone et boucle ses valises, ravi de cette bénédiction présidentielle. Il est tard à Paris. Il est peut-être déjà trop tard en Libye, où les escadrons de la mort de Kadhafi démarrent leur offensive et reprennent une première ville tombée sous le contrôle des opposants au régime. La férocité est à son comble ; l’Onu tâtonne, peine à trouver un consensus.

    Lundi 28 février. L’auteur des « Damnés de la guerre » (Grasset), accompagné de son vieux complice Gilles Hertzog et du photographe Marc Roussel, se rend au Caire, avant de rejoindre la frontière avec la Libye, point de passage plus sûr que celui de Zarzis, en Tunisie, où grouillent, au milieu des réfugiés, de nombreux mercenaires kadhafistes. Pour quelques dollars, un marchand de légumes accepte d’accompagner BHL et ses acolytes jusqu’à Tobrouk, une ville portuaire située à l’est de la côte libyenne. Ils arrivent dans la nuit et prennent leurs quartiers dans l’hôtel Tibesti.

    Au petit matin, vêtu de son traditionnel costume noir sur chemise blanche, Bernard-Henri Lévy s’en va constater l’étendue du désastre.
    Il marche en équilibre sur des gravats, console une femme éplorée, interpelle des jeunes garçons qui portent sur le dos des drapeaux aux couleurs de la Libye d’avant l’instauration de la Jamahiriya. Les femmes voilées se mêlent aux hommes et ne fuient pas leurs regards. L’écrivain se présente au premier venu sans jamais craindre de prononcer, sur cette terre d’islam, un nom à consonance juive. Il évoque Israël, la proximité historique et spirituelle qui lie les musulmans et les juifs.

    Des hommes armés font des rondes en pick-up. Des fusils à faible portée sont naïvement pointés vers le ciel, d’où arrivent les missiles de Kadhafi. Le Néron en Ray-Ban a présenté les insurgés comme des drogués sous l’emprise d’Al-Qaeda ; BHL confie n’avoir côtoyé que des femmes et des hommes sans gourou ni prédicateur, absolument conscients que la démocratie était pour maintenant ou jamais. « Ils vivent leur quart d’heure, non pas warholien, mais destinal », assure le philosophe. A l’en croire, s’il a noirci autant de cahiers, c’est moins pour la livraison d’un reportage « choses vues » que pour mieux défendre la cause libyenne auprès des grands de ce monde.

    Il est bientôt midi. Tobrouk est déserte, l’horizon, rouge sable. Les habitants sont cloîtrés chez eux, par crainte des bombardements.

    BHL et ses amis prennent la direction de Benghazi, l’un des derniers bastions de la résistance, cible ultime des kadhafistes. Sur place, l’écrivain voyageur sympathise avec un dénommé Abdul Hafiz Gogha, qui n’est autre que le porte-parole du Conseil national de transition (CNT). Voyant dans ces « french visitors » de formidables porte-voix, l’homme accepte de les présenter au responsable du CNT, Mustapha Abdel Jalil, ancien ministre de la Justice du pays. Plus tôt, Bernard-Henri Lévy a fait la connaissance d’un professeur de français, presque octogénaire, qui lui a proposé d’être son interprète.

    La réunion du CNT se tient dans une maison coloniale, qui fut une résidence protocolaire du temps où Kadhafi avait la main sur la ville. L’officieux ministre français des Affaires étrangères prend la parole devant les huit membres du comité : « Je suis en contact avec Nicolas Sarkozy. Je n’appartiens pas au camp politique de mon président, mais je peux essayer de vous le faire rencontrer. » A l’unanimité, les membres du CNT présents acceptent la proposition. De retour à son hôtel, l’entremetteur Lévy se saisit de son téléphone satellitaire Thuraya et, enthousiaste, appelle l’Elysée. Le président ne répond pas. Le réseau est minimal. Deux heures plus tard, BHL réussit enfin à joindre Sarkozy. Il lui raconte la Libye, le chaos, mais aussi l’espoir et la réunion du CNT. « Prends contact avec Jean-David Levitte. Je recevrai tes amis avec plaisir », lui répond le président. « Ce sont les Massoud libyens, crois-moi. Si tu les reçois, c’est un acte politique majeur », s’enflamme le philosophe. Plus tard, dans la nuit, des SMS arriveront sur son portable français. C’est le responsable de la cellule diplomatique de l’Elysée qui souhaite connaître le nom des représentants du CNT. Rompus aux vieilles ficelles de la diplomatie, ces derniers réclament au philosophe un geste de la France avant d’envisager une sortie du territoire libyen : dans la soirée, l’Elysée saluera dans un communiqué la création du CNT.

    Une femme compte alors parmi les membres de la délégation qui doit se rendre en France, avant qu’elle ne cède sa place aux trois principaux leaders de la résistance.

    Lundi 7 mars. Bernard-Henri Lévy est de retour à Paris. En début de soirée, il se rend discrètement à l’Elysée. Sarkozy et Levitte recueillent ses impressions. Levitte prend des notes ; Sarkozy se montre concentré. La veille, le président a préparé un plan de sortie de crise en trois points : l’instauration d’une « No fly zone » au-dessus de la Libye, un brouillage des radars de Kadhafi et le bombardement des trois aéroports militaires, d’où décollent les avions du Guide sanguinaire. Un plan qui vaut à la condition que la Ligue arabe et l’Union africaine « se mettent dans la boucle ». En attendant, le président et BHL s’entendent sur la reconnaissance du CNT et sur un échange d’ambassadeurs. A cet instant, Sarkozy, plus chef des armées que de l’Etat, refuse d’informer les partenaires européens de ce plan d’urgence, conscient de leur réticence. Pour la forme, il tentera d’obtenir le soutien de Merkel. En vain.

    Mercredi 9 mars. Le Caire. Au sortir d’un entretien avec Amr Moussa, le patron de la Ligue arabe, les trois représentants du CNT montent dans un avion de ligne à destination de Paris. Bernard-Henri Lévy a rendez- vous avec l’un d’eux afin de lui expliquer ce que les Libyens peuvent raisonnablement attendre de la France.

    Jeudi 10 mars. Il est 10 heures. La rencontre entre Nicolas Sarkozy et les opposants libyens va débuter. Assis dans le salon Vert de l’Elysée, Henri Guaino, le conseiller spécial du président, a « la moue des mauvais jours » – selon un diplomate. BHL, présent autour de la table, incarne tout ce que Guaino déteste : le droit-de-l’hommisme et l’ingérence. La haine qu’il voue à cet homme de gauche est telle qu’il aurait tenté de dissuader le président de l’associer à l’événement… Devant la délégation du CNT, Sarkozy se montre impitoyable à l’égard de Kadhafi, qu’il reçut en grande pompe en décembre 2007. Il cite, sans notes, les trois aéroports militaires susceptibles d’être endommagés. Dans son élan, il va jusqu’à évoquer l’opportunité d’une intervention sans mandat international. Dans cette hypothèse, dit-il, il ne reconnaîtra qu’un seul mandat : le mandat moral que serait l’appel au secours du CNT, de la Ligue arabe et de l’Union africaine. « N’est-ce pas, Henri ? », lance-t-il à Guaino, qui vient d’avaler sa salive et mille couleuvres.

    S’ils s’écoutaient, les Libyens applaudiraient debout ce président que l’on croirait prêt à prendre lui-même les armes. Eux : « Notre échange est-il confidentiel ? » Sarkozy : « Confidentiel, comme vous voulez, mais je n’ai qu’un discours. Exprimez-vous comme vous l’entendez. » Il les raccompagne sur le perron (BHL, lui, sort par la rue de l’Elysée) : la photo officialise la reconnaissance du CNT. « Il n’a pas prononcé une seule fois le nom de Juppé durant cette réunion », confie un conseiller du Château.

    Sur le gravier de la cour de l’Elysée, les Libyens racontent en détail leur entretien avec le président et évoquent sans précaution la possibilité de frappes aériennes sur la Libye. Le feu est mis à la plaine médiatique et diplomatique. L’AFP multiplie les dépêches. Au micro d’Europe 1, Lévy jure qu’il s’agit de trois aéroports militaires et non d’un tapis de bombes sur le pays, comme l’affirment certains médias
    Dernière modification par votrefrere, 04 avril 2011, 21h15.

  • #2
    Vendredi 11 mars Jour de Conseil européen. De nombreux dirigeants attendent Nicolas Sarkozy avec des fusils et des regards réprobateurs. Le Premier ministre néerlandais dégaine le premier : « Se précipiter pour reconnaître un gouvernement de transition n’est pas la solution pour la Libye. » Angela Merkel, ce jour-là glaciale, vit la reconnaissance du CNT par le président français comme une quasi-trahison. Aux alentours de 22 heures, Sarkozy téléphone à celui que la presse compare – sérieusement ou avec ironie – à Malraux, Bernard-Henri Lévy, pour lui confier sa déception devant de telles réactions. Plus tôt, dans l’avion qui le menait à Bruxelles, il fulminait déjà contre un éditorial du Monde qui moquait la « diplomatie de perron ». Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, nul ne lui rend grâce, laisse-t-il entendre à ses proches. Pendant ce temps-là, de l’autre côté de la Méditerranée, la télévision libyenne vomit la France, son président et son diplomate d’un nouveau genre.

    Dimanche 13 mars. Sentant le vent tourner, BHL propose à Mahmoud Jibril, un des trois émissaires du CNT, de revenir en France pour le G8, qui se tiendra à Paris le lendemain. L’opposant libyen, alors à Doha, accepte la proposition et bénéficie de l’aide de l’ambassade du Qatar à Paris pour rejoindre la France rapidement et sans difficulté.

    Lundi 14 mars. Mahmoud Jibril profite de sa visite en France pour convenir d’un rendez-vous avec Hillary Clinton, à 16 heures, à l’hôtel Westin. Pour des raisons administratives, Jibril sera retenu plus d’une heure par la PAF de l’aéroport du Bourget. L’entretien avec Clinton est remis à 21 heures. Arrivé au Westin, une nuée de journalistes sollicite l’opposant libyen. Le tête-à-tête avec la secrétaire d’Etat américaine a été bref et, surtout, décevant. Clinton fait preuve d’une frilosité à faire regretter l’activisme des faucons bushiens… Effondré, Mahmoud Jibril, qui refuse de livrer ses impressions aux journalistes, quitte l’hôtel par une porte dérobée. Il retrouve Bernard-Henri Lévy au Raphaël. Le philosophe et son ami Gilles Hertzog lui soumettent l’idée d’un appel solennel à l’aide internationale, au moment où les chaînes de télé, cartes à l’appui, font état d’une forte offensive des troupes pro-Kadhafi.

    Mardi 15 mars. Nicolas Sarkozy semble accablé, déçu par tant de petites lâchetés de la part de ses homologues. Même s’il n’est pas dénué d’arrière-pensées politiques et s’il escompte bien capitaliser électoralement sur une éventuelle issue positive à ce conflit libyen, l’homme paraît sincèrement révolté par l’apathie générale. « Il était mal, mais il n’a rien voulu lâcher. La situation est tellement contraire à la conception qu’il se fait du rôle du politique », rapporte un de ses amis.
    Dans l’après-midi, Nicole Bacharan, experte en géopolitique, soumet à Lévy un texte de soutien au peuple libyen, prônant une intervention – « et vite ! ». Jugés, eux aussi, totalement hors de l’Histoire, des intellectuels (Bruckner, Glucksmann, Cohn-Bendit…) se font enfin entendre.

    A 20 heures, Mahmoud Jibril regagne Doha, avec dans sa sacoche l’ébauche d’un texte en forme de SOS, qu’il compte diffuser si la passivité perdure.
    Mercredi 16 mars. Saeif el-Islam, l’un des fils de Kadhafi, accuse Sarkozy d’avoir perçu de l’argent de la Libye pour le financement de sa campagne présidentielle. Étrangement, le même jour, l’Elysée recevra des appels d’émissaires du colonel libyen le disant prêt à négocier non pas une reddition, mais un simple apaisement de la situation. « Le président a décliné la proposition. C’était impensable », rapporte un conseiller de la cellule diplomatique.

    Jeudi 17 mars. Le Conseil de sécurité de l’Onu est réuni depuis plusieurs heures. L’ordre du jour : la Libye. Si rien ne sort de cette réunion internationale, la révolution sera définitivement matée. Kadhafi se contentera volontiers – au pis – d’un embargo total, tandis que la conscience de la communauté internationale sera teintée du sang des insurgés libyens. Nicolas Sarkozy ne veut pas rester dans l’Histoire comme le président qui aura « laissé faire ». Il a en tête un déplacement au Rwanda, en février 2010, sur les lieux mêmes du génocide, et les reproches faits à la France. Aussi décroche-t-il son téléphone pour appeler l’un après l’autre les présidents ou chefs de gouvernement des quinze pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu, aidé en cela par Jacob Zuma, le président sud-africain. Il négocie, adjure, gronde. Enfin, remercie.
    La nuit tombe du côté de Paris. Il est bientôt minuit, Levitte prévient le président de la République du vote d’une résolution (1973) autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l’armée de Kadhafi. Nicolas Sarkozy et Bernard- Henri Lévy, qui, le lendemain comme le surlendemain, s’échangeront des informations au téléphone sur les suites de cette affaire libyenne, ont obtenu gain de cause.
    Vendredi 18 mars. Des drapeaux français sont brandis dans les rues et sur la place du « 17 février » de Benghazi.

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    • #3
      récit d’un intense ballet diplomatique

      Heure par heure, le récit de quinze jours d’un intense ballet diplomatique où la présidence française- aiguillonnée par le philosophe Bernard-Henri Lévy- a emporté à l’arraché l’adhésion du camp occidental à l’intervention en Libye.

      DIMANCHE 6 MARS

      Benghazi se met aux couleurs de la France. Sur la corniche, un immense drapeau bleu blanc rouge a été hissé. La veille au soir, à Paris, le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué dans lequel la France salue la création du Conseil national libyen de transition (CNT). C’était le geste attendu par ses représentants pour entreprendre le voyage en France. Ce dimanche, Alain Juppé est au Caire. Le ministre des Affaires étrangères rencontre le secrétaire général de la Ligue arabe. La France veut absolument associer les pays arabes à l’intervention en cours de préparation contre la Libye du colonel Kadhafi. Amr Moussa met en garde Alain Juppé contre une intervention réalisée dans le cadre de l’Otan : l’impact sur les populations des pays arabes serait désastreux. Amr Moussa, qui espère prendre les rênes de l’Egypte, ne veut pas donner l’impression qu’il est inféodé aux Occidentaux. Cette méfiance, Bernard-Henri Lévy la ressent également à Benghazi. Le philosophe est arrivé depuis quelques jours en Libye. Le 4 mars, il entre en contact avec des membres du Conseil national et arrive à les convaincre de rencontrer Nicolas Sarkozy. Malgré les difficultés d’une communication régulièrement coupée, BHL téléphone au président français : «Tu dois recevoir les Massoud libyens.» Le chef de l’Etat a été un des premiers dirigeants à réclamer le départ du colonel Kadhafi. Vexé par les critiques contre la diplomatie française et le comportement du gouvernement lors des révolutions tunisienne et égyptienne, il sent qu’il peut reprendre la main. Sarkozy comprend immédiatement tout l’intérêt qu’il peut retirer de la réception à l’Elysée des opposants à celui qui avait eu droit à la cour d’honneur au début de son mandat. Ils bénéficieront du même traitement, avec réception sur le perron.

      LUNDI 7 MARS

      De retour à Paris, BHL rencontre Nicolas Sarkozy. Lors de leur tête-à-tête à l’heure du déjeuner, le philosophe trouve les mots justes : «Le sang des Libyens éclaboussera le drapeau français qui flotte sur Benghazi. Si ça se trouve, ce drapeau sera leur linceul.» Plusieurs années auparavant, au même endroit, le philosophe avait convaincu Mitterrand de recevoir le président bosniaque Izetbegovic, en comparant sa situation à celle du président chilien Allende assiégé dans son palais. Nicolas Sarkozy se laisse convaincre d’aller jusqu’à la reconnaissance du Conseil national transitoire «comme représentant légitime du peuple libyen». Le Président se souvient du rendez-vous manqué entre Chirac et le commandant Massoud, en mai 2001. Pas question, cette fois-ci, de rater le coche. «BHL n’est qu’un des interlocuteurs consultés par Nicolas Sarkozy dans cette période», modère un ministre. Le Président a aussi veillé à en appeler d’autres. Il le fait souvent avec Edouard Balladur. Depuis quelque temps, il prend soin de solliciter l’avis de Dominique de Villepin. Ce lundi, à l’Elysée, BHL plaide pour un bombardement des trois aéroports principaux de Libye. Ce scénario de frappes ciblées est en réalité étudié depuis plusieurs jours. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, est venu jeudi 3 mars en France voir son homologue Alain Juppé. Les deux chancelleries travaillent sur plusieurs projets, de l’interdiction de survol du territoire libyen (une « no-fly zone ») à des frappes ciblées, scénario jugé déjà à l’époque plus léger et plus réactif. Si la France, par la voix d’Alain Juppé, a exprimé sa volonté de n’intervenir que dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, elle ne s’interdit pas de programmer une intervention sans attendre le feu vert de l’ONU. D’autant qu’au Quai d’Orsay comme à l’Elysée, on mesure la difficulté qu’il va y avoir à convaincre les amis réticents comme les Etats-Unis, l’Allemagne, sans parler des Chinois et des Russes, opposants résolus à une intervention. «Sarkozy était seul à prêcher dans le désert libyen», se souvient un de ses conseillers.

      JEUDI 10 MARS

      Mahmoud Jibril, Ali Zeidan et Ali Essaoui, chargés des affaires internationales par le CNT, sont reçus à l’Elysée. A leurs côtés, Bernard-Henri Lévy, à l’origine de la rencontre, qui a réussi à s’imposer en faisant le forcing auprès du nouveau secrétaire général Xavier Musca. En face d’eux dans le salon vert, au premier étage du palais de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, son conseiller diplomatique, et Henri Guaino, conseiller spécial du Président, qui avait traité BHL en 2007 de «petit con prétentieux». Le philosophe savoure cet instant. Son vieil adversaire Alain Juppé, qui s’était déjà opposé à lui sur la Bosnie et le Rwanda, est à Bruxelles. Le philosophe veut croire qu’il ne sait rien de cette entrevue. En réalité, Alain Juppé est au courant. Nicolas Sarkozy lui a demandé d’être présent mais il doit être à la même heure à Bruxelles pour le sommet de l’Otan et la préparation du Conseil européen extraordinaire convoqué à la demande de la France et de la Grande-Bretagne. Il sait que les représentants du CNT seront le même jour dans la capitale belge et a prévu de les voir à cette occasion. Ce que n’a pas anticipé le ministre, c’est la déclaration des Libyens à la sortie de l’Elysée : «La France a reconnu le Conseil national de transition comme étant le représentant légitime du peuple libyen.» Pas plus que la présence de BHL et son annonce de la possibilité de «frappes ciblées» ! Des annonces qui provoquent la fureur des Européens, mis devant le fait accompli. «Nous n’avons pas été consultés», s’insurge le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. Alain Juppé est furieux de les découvrir à son arrivée à Bruxelles. Ce n’était pas le timing prévu. «Ce que dit BHL n’est pas faux, mais ce n’est pas validé», confirme l’Elysée. «Ça a été un peu sportif, mais Alain Juppé a eu raison de garder ses nerfs», commente un témoin de cette délicate séquence. Dès son arrivée à Bruxelles, Nicolas Sarkozy s’attache à recadrer les choses. La journée est longue. Les discussions, difficiles. Finalement, la France et l’Angleterre décrochent un compromis qui n’exclut rien. «Je ne m’en suis pas trop mal sorti», se justifiera le Président à un de ses amis au milieu de la nuit.

      SAMEDI 12 MARS

      La Ligue arabe appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à imposer une interdiction de survol mais refuse une intervention militaire étrangère en Libye. L’ambiguïté de cette demande résume parfaitement celle des dirigeants arabes, coincés entre leurs alliances et les exigences de leurs populations.

      LUNDI 14 MARS

      Les ministres des Affaires étrangères du G8 sont à Paris. Nicolas Sarkozy, accompagné d’Alain Juppé, reçoit Hillary Clinton à l’Elysée. Les deux Français savent que les Américains ne sont pas partisans d’une intervention. Le ministre de la Défense, Robert Gates, ne veut pas affaiblir le front afghan. Barack Obama est concentré sur l’Egypte. Seule Hillary Clinton semble convaincue de la nécessité d’une opération. Avant d’aller à l’Elysée, elle doit rencontrer Mahmoud Jibril. L’ambassadeur du Qatar à Paris tout comme BHL, a fait passer le message qu’elle devait avoir un contact avec un membre du CNT. Le philosophe a convaincu l’émissaire libyen de revenir du Qatar pour être à Paris lundi. «C’est « the place to be »», lui explique BHL, qui le loge à l’Hôtel Raphaël, près de l’Etoile. Mais quand il va au Bourget accueillir son invité, il constate que celui-ci est bloqué par la douane ! Ils attendront deux heures avant de pouvoir la franchir. Ce n’est qu’à 22 heures que l’émissaire libyen pourra voir Hillary Clinton. Jibril sort dépité de cet entretien. L’Américaine n’a pas dévié de la ligne officielle. Il pense que l’entrevue s’est mal passée. C’est tout le contraire. Dans la nuit, Barack Obama tient une réunion avec ses principaux conseillers et Hillary Clinton, au téléphone depuis Paris. La secrétaire d’Etat explique en substance au Président qu’après son discours du Caire sur la liberté, il «doit faire coïncider les mots et les actes», sinon les Etats-Unis perdront «la bataille des cœurs et des esprits» dans le monde arabe. D’ailleurs, les jeunes leaders de la révolution de la place Tahrir ont refusé de la rencontrer. A la fin de la réunion, le président américain se rallie à la résolution franco-britannique.

      MARDI 15 MARS

      Les Français ne sont pas encore au courant du changement de cap de l’Administration américaine. Alain Juppé dresse un constat d’échec sur Europe 1 : «Pour l’instant, je ne les ai pas convaincus.» Nicolas Sarkozy confie à un de ses proches : «Je suis prêt à aller jusqu’au bout, pour l’honneur.» Son interlocuteur comprend que le Président n’y croit plus. La France n’a pas fait le plein des voix au Conseil de sécurité de l’ONU pour faire voter la résolution. Il lui en faut neuf et aucun veto. BHL appelle à de nombreuses reprises le chef de l’Etat entre mardi et jeudi. Il mobilise ses réseaux intellectuels en France et voit Daniel Cohn-Bendit au Flore pour qu’il fasse de même avec ses amis allemands.

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      • #4
        JEUDI 17 MARS

        «On est comme dans un match de rugby quand les avants progressent mètre par mètre en direction de l’en-but. C’est moins beau qu’une envolée de trois-quart, mais on crante les positions à chaque avancée.» Ce diplomate résume bien la situation le jour du vote de la résolution déposée par le Liban, en tant que président du Conseil de sécurité, par la France et la Grande-Bretagne. De l’aveu d’un des négociateurs, le veto chinois ou russe n’a jamais été une source d’inquiétude. Mais les diplomates ont les mains moites. L’Afrique du Sud et le Nigeria ne sont pas sûrs. Or leur position est groupée. Alain Juppé, qui devait se rendre à Berlin, change de direction et s’envole pour New York. Sa présence est jugée indispensable pour négocier et tenir les positions. De son côté, Sarkozy appelle ses homologues, notamment le Russe Medvedev, l’Américain Obama et le Sud-Africain Zuma.

        VENDREDI 18 MARS

        La résolution est adoptée alors que Paris est en pleine nuit. Le changement américain a permis de débloquer la situation. Les Français sont surpris de l’abstention allemande : «C’est un peu fort! Ils ont voté comme les Chinois», se lamente un diplomate. «Quand l’essentiel est engagé, les Britanniques sont toujours avec nous», se félicite un autre, enchanté de la bonne entente entre Cameron et Sarkozy.

        SAMEDI 19 MARS

        Nicolas Sarkozy a monté en moins de quarante-huit heures un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la coalition. Le président français a tenu à ce qu’Angela Merkel soit présente : «Si tu ne viens pas, on dira qu’il y a une cassure entre nous», plaide Sarkozy. La Chancelière vient à Paris et tient un discours apprécié à l’Elysée : «Kadhafi ne doit pas nous diviser. Ma présence ici est un signe d’unité. Ce qui est décidé ici doit être couronné de succès.» Autour de Sarkozy, Alain Juppé bien sûr, mais aussi François Fillon. «Tu as vu ce que je fais pour lui », confiera le Président à un ami.

        DIMANCHE 20 MARS

        Les premières frappes ont eu lieu sur des objectifs militaires en Libye. Amr Moussa semble prendre ses distances avec l’intervention. Alain Juppé et Nicolas Sarkozy l’appellent immédiatement : «Tu ne peux pas nous faire ça, on a passé un accord!» Amr Moussa explique qu’il n’a pas voulu dire ça. Il changera d’attitude dès le lendemain. Nicolas Sarkozy convoque ses ministres à l’Elysée. Il pense déjà à l’avenir : «Nous avons une jambe militaire, il faut travailler maintenant à avoir une jambe diplomatique.» Dans les jours qui suivent, un autre protagoniste organise l’avenir. Depuis l’Hôtel Raphaël où il loge, BHL organise une rencontre entre des représentants du CNT, Ali Zeidan et Mansour Saif al-Nasr, et des leaders d’opinion français parmi lesquels André Glucksmann, Harlem Désir, Bernard Kouchner, Pierre Bergé et Laurent Joffrin. Le philosophe veut «montrer les visages de la révolution» et commencer à préparer avec eux la Libye de demain, tournée vers la France. Après tout, le grand-père de Mansour Saif al-Nasr n’a-t-il pas été le bey du Fezzan, la troisième région de la Libye, après avoir participé à sa libération avec la division Leclerc pendant la dernière guerre ?

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        • #5
          votre frère

          les coulisses de la croisade et du complot contre la libye
          Alors mon frère 'musulman' que propose-tu? A part diaboliser les insurgés 'les révolutionaires' contre la tyranie du fou de Tripoli et sa progéniture après 42 ans sans partage! C'est simple d'en parler d'un sujet, mais ça sera mieux de montrer le caractère du début de ce malheureux conflit dont soufre en premier nos frères et soeurs libyens! Que faire? Les Turques proposent une médiation entres les protagonistes! Mais que fait l'Algérie puissance régionale? Commentaires? A part de dire 'NOUS AVONS PRIS ACTE'
          Dernière modification par jawad01, 04 avril 2011, 23h04.

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