Libye : les Etats-Unis reprennent leur distance face au conflit

Après avoir consenti à prolonger ses frappes ce week-end en Libye, les Etats-Unis rapatrient leurs avions de combat. Les rebelles s'apprêtent à effectuer leur première livraison de pétrole. Quant à Kadhafi, il s'est manifesté pour saluer ses troupes. Son départ n'est toujours pas envisagé.

Implication a minima désormais pour les Etats-Unis dans le conflit libyen. Le Pentagone a annoncé ce mardi que les Etats-Unis retiraient leurs avions de combat. Le rôle de l'armée américaine devrait se cantonner à fournir des avions pour le ravitaillement en vol et effectuer des opérations de brouillage et de surveillance. A moins que l'Otan ne demande du renfort.

Ce week-end déjà, l'Otan avait réclamé aux Etats-Unis de prolonger de 48 heures son intervention en raison de conditions météorologiques défavorables. Et depuis lundi soir, plus aucun appareil de combat américain n'est sorti.

Depuis mercredi dernier, l'intervention militaire menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, après le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU, est passée sous le commandement de l'Otan, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU et destinée à protéger les civils de la répression.

Pour le président américain Barack Obama, l'intervention américaine en Libye a "empêché un massacre". Il l'a justifiée en affirmant le droit des Etats-Unis à agir "quand leurs intérêts et leurs valeurs sont menacés".
Sur le terrain, la bataille pour le port pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli) entre insurgés et les troupes pro-Kadhafi continue.

Livraison de pétrole pour renflouer les caisses des insurgés
La rébellion libyenne s'apprête à effectuer sa première livraison de pétrolé avec l'arrivée d'un pétrolier mardi au port de Marsa el Hariga, ce qui devrait permettreau gouvernement d'opposition libyen à payer les salaires et à affermir la crédibilité du conseil national de transition. L'Equator, qui peut transporter un million de barils de brut, doit être chargé de pétrole, selon Platts, une agence de presse spécialisée dans l'industrie pétrolière.

Le Conseil national de transition libyen a pressé pour ne pas être soumis aux sanctions commerciales internationales qui frappent la Libye tout en maintenant un faible niveau de production dans certains gisements de pétrole. Le 27 mars, le Qatar avait donné son accord aux rebelles libyens pour commercialiser le pétrole extrait dans l'est du pays, contrôlé par les opposants à Mouammar Kadhafi. Un navire libyen transportant une cargaison de pétrole importé a par ailleurs mouillé mardi au port de Zaouiah, contrôlé par le gouvernement à 50 km à l'ouest de Tripoli, ce qui devrait permettre de réduire les pénuries de carburant. Des responsables du gouvernement et du secteur n'ont pas précisé d'où venait cette cargaison.
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Kadhafi sort de son mutisme et reste en place
Pour la première fois depuis le 22 mars, le dirigeant libyen a fait une apparition en public dans sa résidence de Bab el-Aziziya à Tripoli et salué ses partisans. Son fils, Seif al-Islam, disparu de la circulation depuis le début des raids de la coalition en Libye, le 19 mars, est également sorti de l'ombre avec une discrète apparition à l'hôtel hébergeant les journalistes à Tripoli, où il a donné une interview à la BBC.
Ce mardi, le porte-parole du gouvernement a exclu le départ de Mouammar Kadhafi mais a affirmé que le régime était prêt à négocier des élections ou un référendum. "Quel système politique à appliquer dans le pays? Ceci est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc..." Le porte-parole a toutefois ajouté refuser que les puissances occidentales "décident ce que le peuple libyen doit faire".

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