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Israel et la révolte arabe : Un inquiétant vent de liberté

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  • Israel et la révolte arabe : Un inquiétant vent de liberté

    Un inquiétant vent de liberté

    Au Sud, l’Égypte; au Nord-Est, la Syrie: pris entre deux soulèvements populaires, Israël redoute les conséquences du printemps arabe.

    Elle est apparue le 6 mars dernier. À la mode tunisienne, égyptienne ou encore bahreïnienne. Une belle page Facebook, avec un logo coup de poing et un titre qui claque, La Troisième Intifada. Une sorte de "e-révolution" palestinienne, une révolution via Internet qui devait amener les gens à descendre dans les rues, le 15 mai prochain, afin de libérer la Palestine. Mais dans le maelström de ces révolutions arabes, le gouvernement israélien n’a d’abord rien vu, rien senti. Quatre semaines s’écoulent et plus de 350.000 personnes répondent à l’appel du Net. Jusqu’au 29 mars, date à laquelle Yuli Edelstein, le ministre de l’Information et de la Diaspora, obtient la fermeture de la page. La cyber-révolution palestinienne n’aura pas lieu.

    Les autorités israéliennes n’avaient sans doute pas besoin de ça! De cette malheureuse tentative de mobilisation de type réseau social, alors que les régimes de leurs voisins arabes vacillent les uns après les autres. Habitués à vivre dans un environnement hostile depuis la création de leur État, les Israéliens font néanmoins face à une situation totalement inédite. Ces appels furieux et désespérés pour l’instauration d’une démocratie, voilà bien un scénario auquel les dirigeants politiques et militaires du pays n’avaient pas songé. Du moins pas de sitôt. Et alors que le monde entier se félicite encore du printemps des révolutions arabes, les dirigeants sont loin de se frotter les mains. Au début, ils se sont même abstenus de tout commentaire. Puis quelques phrases ont été lâchées. Comme le 2 février dernier, lorsque le Premier ministre Benyamin Netanyahou fait part de sa réserve devant les siens, à la Knesset. Bien qu’il se félicite de l’élan démocratique qui semble désormais prévaloir en Égypte, il prévient néanmoins qu’"il ne faut pas exclure une radicalisation dans ce pays, dont les dirigeants pourraient aller en direction de l’Iran". Il y a une semaine, "Bibi", qui s’adresse cette fois aux représentants européens, franchit une nouvelle étape et déclare: "Je suis très inquiet de ce que j’entends en ce moment en provenance de l’Égypte."

    "Les cartes sont brouillées"



    En réalité, l’heure n’a jamais été à l’euphorie ces trois derniers mois en Israël. Le pays n’a clairement jamais cédé à cet "engouement romantique" dont ferait preuve l’Ouest face à ces mouvements populaires arabes. Mais depuis quelques jours, la presse s’alarme et les autorités sont passées d’un attentisme mesuré à une inquiétude non dissimulée. Si la population se montre peu intéressée, voire concernée, les militaires ont commencé à anticiper. Ainsi, la semaine dernière, les hommes en treillis ont dévoilé un plan stratégique de cinq ans qui se baserait sur un scénario de guerre sur plusieurs fronts.


    "Israël est très ambivalent face aux révolutions arabes, explique Amos Harel, spécialiste "défense" au journal Haaretz.
    En tant que démocratie, le pays ne peut que se réjouir, mais la situation est trop instable. Et puis, nous avons un précédent dans la région avec la victoire du Hamas, en 2006. Le résultat final de ces révolutions arabes pourrait ne pas être conforme à ce que les Occidentaux attendent."
    Le silence puis la prise de parole de Netanyahou sur ce qui se passe chez les voisins relèvent, selon Amos Harel, autant du calcul que d’une réelle inquiétude.
    "Certes, l’Égypte était un partenaire silencieux mais il existait une forme d’entente. Que va-t-il se passer maintenant? Je ne pense pas que l’accord de paix va s’écrouler bien sûr, mais les cartes sont brouillées." Ce spécialiste avoue une lecture tout aussi modeste face à ce qui se déroule dans la Syrie de Bachar el-Assad. "S’il y a bien un pays sur lequel on n’aurait pas parié, c’est bien celui-là, poursuit Amos Harel. Bien malins ceux qui peuvent énoncer tel ou tel scénario pour la suite des événements."


    Non, décidément, l’euphorie n’a pas gagné le coeur des Israéliens. Le général M. est debout depuis 4 heures du matin. La routine pour cet agriculteur de métier de 56 ans. Son voisin égyptien, il le connaît bien. Trop bien peut-être. Sa mère est morte sous les balles d’un groupe terroriste il y a quelques années, alors qu’elle et son mari faisaient un voyage de découverte au pays des pharaons. Ce dernier, grièvement blessé, ne résistera pas aux douleurs incessantes et se suicidera deux ans plus tard. Alors, oui, on peut dire que le général M. connaît bien l’Égypte et les Égyptiens. Mais il n’a pas de rancune, assure-t-il, il est juste sans illusion.

    "Soyons clair, j’étais en faveur de l’accord de paix avec l’Égypte. Mais je sais aussi que cette paix entre les deux pays signifiait juste que nous n’étions pas en guerre. Alors, oui, aujourd’hui, on peut être inquiet parce que l’armée égyptienne est bien mieux équipée qu’avant, que Moubarak et Sadate avaient une vision pragmatique des relations avec Israël. Or, les gens qui viennent de faire cette révolution ne s’inscrivent pas dans la même dynamique et si leur économie ne s’améliore pas très vite, Israël sera utilisé comme bouc émissaire."


    "Nous avons donc toutes les raisons d’être soucieux"

    L’Égypte, terre hostile d’un jour et de toujours. Zvi Mazel s’en souvient comme si c’était hier. Cet ancien ambassadeur au Caire a appartenu à l’équipe qui a ouvert la première antenne diplomatique israélienne, en Égypte, dans les années 1980.

    Aujourd’hui à la retraite, Zvi Mazel s’astreint néanmoins trois heures par jour à lire, décrypter et analyser toute la presse arabe pour le Jérusalem Center, un think tank basé à Jérusalem. "Ce qui se passe en ce moment, c’est comme un orage qui n’en finit pas, soupire-t-il, visiblement très inquiet. Israël connaît l’Égypte et la force de frappe des Frères musulmans. Ils ont le nombre et l’organisation. Ils occupent toutes les strates de la société égyptienne. Leur discours a déjà changé par rapport aux premiers jours de cette révolution. La semaine dernière, le numéro deux des Frères a déclaré dans un journal que oui, bien sûr, la charia serait instaurée à plus ou moins long terme. Nous avons donc toutes les raisons d’être soucieux. Si leur révolution tourne mal, Israël sera, comme d’habitude, tenu pour responsable."

    Parce qu’en réalité, les Israéliens n’ont aucun doute sur la suite des événements. Un sondage du début de février indiquait que 70% d’entre eux ne croyaient pas en l’émergence d’un régime démocratique en Égypte. En clair, ils sont persuadés que les islamistes l’emporteront. D’une manière ou d’une autre. "La révolution bolchevique a démarré par une journée de protestation en faveur des femmes, rappelle Aluf Benn, éditorialiste fameux au Haaretz. On peut toujours gouverner avec un petit nombre." Quant à Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l’université de Tel-Aviv, il est convaincu que ces révoltes Facebook menées par les milieux aisés du Caire ne représentent en rien l’Égypte profonde et ses habitants peu éduqués. "Cela fait plus de vingt ans que les Frères occupent le terrain. Se révolter c’est bien, mais encore faut-il avoir une structure derrière, et je ne pense pas que ce soit le cas de ceux qui ont cliqué sur la souris!" Et il ajoute que la Syrie n’échappera pas davantage à la malédiction islamiste.

    Au coeur de Tel-Aviv, dans une rue calme et résidentielle. Un bâtiment assez moche avec un drapeau aux couleurs… de l’Égypte. Nous sommes à l’ambassade égyptienne. Les gens passent devant dans une indifférence absolue, sans même jeter un regard. À moins de 50 mètres de là, Mazada Tours, une agence de voyages tenue par Zeev Refael. Un idéaliste, diraient certains. Jusqu’à il y a trois mois, ce septuagénaire faisait 70% de son chiffre d’affaires grâce aux voyages avec l’Égypte. Aujourd’hui, il est à moins de 5%. Lui aussi, les Égyptiens, il les connaît. Il les a combattus en 1967. "Ce furent mes ennemis avant de devenir mes amis." Mais celui qui voulait faire la paix grâce au tourisme est cette fois bien inquiet. "Ça va prendre du temps, se désole le vieil homme, d’autant que toute la région est touchée. Parce que, paradoxalement, on se remet plus vite du terrorisme que de l’instabilité politique."

    Le JDD.fr

  • #2
    wa c'est vrai , khraat 3lihom, encore Bachar le lion en face de son peuple et autruche au Golan sera fait "dégagé", et Israel sera effacée de l'existence

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    • #3
      L’Égypte, terre hostile d’un jour et de toujours. Zvi Mazel s’en souvient comme si c’était hier. Cet ancien ambassadeur au Caire a appartenu à l’équipe qui a ouvert la première antenne diplomatique israélienne, en Égypte, dans les années 1980.

      Aujourd’hui à la retraite, Zvi Mazel s’astreint néanmoins trois heures par jour à lire, décrypter et analyser toute la presse arabe pour le Jérusalem Center, un think tank basé à Jérusalem.

      C’est le passage le plus intéressant de cet article ; ils décryptent ces journaux pour mieux comprendre comment les arabes raisonnent. Alors que chez nous, lire un journal en hébreu est synonyme de traîtrise.
      Dernière modification par sako, 27 avril 2011, 22h32.

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