Mardi, 18h20, chez nos confrères de France 24, l'émission “Le Débat” est consacrée à la Syrie. La dénonciation des exactions du régime syrien bat son plein quand la journaliste qui anime l'émission annonce une liaison téléphonique directe avec Lamia Chakkour, ambassadrice de Syrie en France. Celle-ci, la voix grave, dénonce la répression dans son pays et annonce sa démission en direct.
Pain béni pour la chaîne qui tient une info exclusive et qui ne manque pas de balancer une dépêche quelques minutes plus tard. Bien sûr, l'information tourne en boucle sur toutes les chaînes: “Urgent: exclusivité France 24, ...”.
Sur le plateau, dissidents au régime syrien et politologues saluent le courage de Madame Chakkour. “C'est la première défection d'un responsable syrien” annonce l'un. “Il faut rappeler que Mme Chakkour est la fille d'un haut responsable des services secrets syriens (...) elle est aussi très proche de la mère et de la femme du Président Al Assad” renchérit l'autre... Bref, en moins de cinq minutes, Lamia Chakkour devient le nouveau symbole du courage syrien!
Deux heures plus tard, coup de théâtre, l'ambassadrice dément sur une autre chaîne (sic!) et déclare avoir été victime d'une usurpation d'identité “On s'est fait passer pour moi. Je n'ai parlé à aucune chaîne au monde. Je suis très en colère (...) Naturellement, je porterai plainte contre France 24 pour ces actes de désinformation”...
La très sérieuse agence Reuters affirme de son côté avoir reçu confirmation de cette démission par un mail en provenance de l'ambassade de Syrie à Paris.
Tout journaliste de bonne foi reconnaîtra que, comme France 24, il n'aurait jamais craché sur une telle déclaration venant d'un officiel syrien. D'autant qu'au préalable, comme l'explique la direction de la chaîne, l'ambassadrice a été invitée “en utilisant les adresses mail utilisées habituellement par notre chaîne pour entrer en contact avec le service de presse de l’ambassade. La réponse de Madame Chakkour étant favorable, nous l’avons appelée à l’heure dite sur un numéro fourni par l’attaché de presse de l’ambassade de Syrie à Paris.”
Alors que s'est-il passé? La diplomate a-t-elle été victime de pressions de la part de ses supérieurs, la forçant à revenir sur sa décision? Pour un régime qui a causé la mort de plus de 1000 personnes depuis le 15 mars, on ne peut qu'envisager cette option. Ou bien, la chaîne a été manipulée... Et c'est aussi une option. En ces temps troubles où chacun, pouvoir et opposition, tire ses dernières cartouches, tout est possible!
Soundouss El Kasri
Pain béni pour la chaîne qui tient une info exclusive et qui ne manque pas de balancer une dépêche quelques minutes plus tard. Bien sûr, l'information tourne en boucle sur toutes les chaînes: “Urgent: exclusivité France 24, ...”.
Sur le plateau, dissidents au régime syrien et politologues saluent le courage de Madame Chakkour. “C'est la première défection d'un responsable syrien” annonce l'un. “Il faut rappeler que Mme Chakkour est la fille d'un haut responsable des services secrets syriens (...) elle est aussi très proche de la mère et de la femme du Président Al Assad” renchérit l'autre... Bref, en moins de cinq minutes, Lamia Chakkour devient le nouveau symbole du courage syrien!
Deux heures plus tard, coup de théâtre, l'ambassadrice dément sur une autre chaîne (sic!) et déclare avoir été victime d'une usurpation d'identité “On s'est fait passer pour moi. Je n'ai parlé à aucune chaîne au monde. Je suis très en colère (...) Naturellement, je porterai plainte contre France 24 pour ces actes de désinformation”...
La très sérieuse agence Reuters affirme de son côté avoir reçu confirmation de cette démission par un mail en provenance de l'ambassade de Syrie à Paris.
Tout journaliste de bonne foi reconnaîtra que, comme France 24, il n'aurait jamais craché sur une telle déclaration venant d'un officiel syrien. D'autant qu'au préalable, comme l'explique la direction de la chaîne, l'ambassadrice a été invitée “en utilisant les adresses mail utilisées habituellement par notre chaîne pour entrer en contact avec le service de presse de l’ambassade. La réponse de Madame Chakkour étant favorable, nous l’avons appelée à l’heure dite sur un numéro fourni par l’attaché de presse de l’ambassade de Syrie à Paris.”
Alors que s'est-il passé? La diplomate a-t-elle été victime de pressions de la part de ses supérieurs, la forçant à revenir sur sa décision? Pour un régime qui a causé la mort de plus de 1000 personnes depuis le 15 mars, on ne peut qu'envisager cette option. Ou bien, la chaîne a été manipulée... Et c'est aussi une option. En ces temps troubles où chacun, pouvoir et opposition, tire ses dernières cartouches, tout est possible!
Soundouss El Kasri