Le juge d’instruction a voulu recueillir le témoignage du président Marzouki, qui a répondu favorablement à la justice de son pays.
Tunis.
De notre correspondant
L e président Marzouki a été auditionné par le juge d’instruction concernant l’assassinat de Belaïd.
Au-delà du contenu du témoignage du président de la République tunisienne et de son importance dans l’affaire, cette audition constitue un cas de jurisprudence car, en dépit des textes de loi, les présidents ne sont jamais auditionnés pendant l’exercice de leurs fonctions. Suite à la requête présentée par le juge d’instruction chargé d’enquêter sur l’assassinat de Chokri Belaïd, le président tunisien, Moncef Marzouki, a été auditionné, jeudi, au palais de Carthage en qualité de témoin.
Cette audition a été faite conformément à l’article 288 du code de procédure pénale, relatif à la manière dont sont reçues les dépositions des membres du gouvernement et celles des représentants des puissances étrangères.
Cet article stipule que «les membres du gouvernement sont entendus dans leur demeure ou leur cabinet. Ils ne sont pas cités aux débats, sauf nécessité absolue».
L’audition du président Marzouki a été jugée nécessaire par le juge d’instruction suite aux déclarations du secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, Mohamed Jmour, qui a affirmé que la présidence de la République avait signifié au martyr Chokri Belaïd qu’il était menacé et lui avait suggéré une protection rapprochée, que ce dernier avait refusée. La Présidence aurait donc eu vent que quelque chose se préparait contre le leader du Parti unifié des patriotes démocrates. Le juge d’instruction voulait donc se procurer ce témoignage et le président de la République était disponible pour le fournir. Une première dans les annales du Monde arabe. Comment l’a-t-on perçue ?
évaluation
Pour l’universitaire Ghazi Gheraïri, ex-rapporteur de l’Instance de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, il s’agit d’une première.
Le temps est loin de l’esprit des confusions des pouvoirs. «Nous avons vécu sous le joug du principe de la ‘‘sacralité judiciaire’’ de la fonction présidentielle. Il s’agit donc d’une fissure dans cette hégémonie millénaire et de l’inauguration d’une ère de reddition des comptes de la fonction politique suprême», souligne Gheraïri, qui déplore «la disparité entre cette percée incontestable de Marzouki et le projet de Constitution qui préserve l’immunité de la fonction présidentielle». Cette évaluation de Gheraïri n’est pas partagée par le professeur Néji Baccouche, ex-doyen et directeur de l’école doctorale à la faculté de droit de Sfax. Pour ce dernier, il y a deux façons d’interpréter cet acte.
Cela pourrait se lire comme un acte de citoyenneté selon les normes de la nouvelle Tunisie. Le président de la République de la nouvelle Tunisie est un citoyen comme tous les autres. Un tel geste populiste ferait même partie de la campagne électorale qui a déjà commencé en Tunisie. Le Président était même prévoyant et avait proposé la garde rapprochée au martyr.
D’un autre côté, le doyen Baccouche voit aussi dans cette audition un signe de faiblesse de la fonction suprême de l’Etat en Tunisie avec Marzouki.
«Même s’il n’y a pas de texte écrit. Marzouki aurait pu évoquer la coutume constitutionnelle. L’immunité est une préservation de la solennité de la magistrature suprême, car la symbolique est importante en politique», explique-t-il.
Le doyen Baccouche déplore que Marzouki n’ait pas préservé la solennité de la magistrature suprême, d’autant plus que l’apport de son témoignage n’est vraiment pas irremplaçable.
Par Mourad Sellami - El Watan.
Tunis.
De notre correspondant
L e président Marzouki a été auditionné par le juge d’instruction concernant l’assassinat de Belaïd.
Au-delà du contenu du témoignage du président de la République tunisienne et de son importance dans l’affaire, cette audition constitue un cas de jurisprudence car, en dépit des textes de loi, les présidents ne sont jamais auditionnés pendant l’exercice de leurs fonctions. Suite à la requête présentée par le juge d’instruction chargé d’enquêter sur l’assassinat de Chokri Belaïd, le président tunisien, Moncef Marzouki, a été auditionné, jeudi, au palais de Carthage en qualité de témoin.
Cette audition a été faite conformément à l’article 288 du code de procédure pénale, relatif à la manière dont sont reçues les dépositions des membres du gouvernement et celles des représentants des puissances étrangères.
Cet article stipule que «les membres du gouvernement sont entendus dans leur demeure ou leur cabinet. Ils ne sont pas cités aux débats, sauf nécessité absolue».
L’audition du président Marzouki a été jugée nécessaire par le juge d’instruction suite aux déclarations du secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, Mohamed Jmour, qui a affirmé que la présidence de la République avait signifié au martyr Chokri Belaïd qu’il était menacé et lui avait suggéré une protection rapprochée, que ce dernier avait refusée. La Présidence aurait donc eu vent que quelque chose se préparait contre le leader du Parti unifié des patriotes démocrates. Le juge d’instruction voulait donc se procurer ce témoignage et le président de la République était disponible pour le fournir. Une première dans les annales du Monde arabe. Comment l’a-t-on perçue ?
évaluation
Pour l’universitaire Ghazi Gheraïri, ex-rapporteur de l’Instance de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, il s’agit d’une première.
Le temps est loin de l’esprit des confusions des pouvoirs. «Nous avons vécu sous le joug du principe de la ‘‘sacralité judiciaire’’ de la fonction présidentielle. Il s’agit donc d’une fissure dans cette hégémonie millénaire et de l’inauguration d’une ère de reddition des comptes de la fonction politique suprême», souligne Gheraïri, qui déplore «la disparité entre cette percée incontestable de Marzouki et le projet de Constitution qui préserve l’immunité de la fonction présidentielle». Cette évaluation de Gheraïri n’est pas partagée par le professeur Néji Baccouche, ex-doyen et directeur de l’école doctorale à la faculté de droit de Sfax. Pour ce dernier, il y a deux façons d’interpréter cet acte.
Cela pourrait se lire comme un acte de citoyenneté selon les normes de la nouvelle Tunisie. Le président de la République de la nouvelle Tunisie est un citoyen comme tous les autres. Un tel geste populiste ferait même partie de la campagne électorale qui a déjà commencé en Tunisie. Le Président était même prévoyant et avait proposé la garde rapprochée au martyr.
D’un autre côté, le doyen Baccouche voit aussi dans cette audition un signe de faiblesse de la fonction suprême de l’Etat en Tunisie avec Marzouki.
«Même s’il n’y a pas de texte écrit. Marzouki aurait pu évoquer la coutume constitutionnelle. L’immunité est une préservation de la solennité de la magistrature suprême, car la symbolique est importante en politique», explique-t-il.
Le doyen Baccouche déplore que Marzouki n’ait pas préservé la solennité de la magistrature suprême, d’autant plus que l’apport de son témoignage n’est vraiment pas irremplaçable.
Par Mourad Sellami - El Watan.
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