La Mère patrie-bis. Adulée, décriée, encensée, défoncée, França, la république française de «Fafa» pour les initiés, n’en finit pas de faire tourner la tête des élites politiques — au pouvoir ou de l’opposition.
Nos dirigeants y cultivent un goût immodéré pour son immobilier parisien, ses appartements haussmanniens, ses cartes de résidence, sa médecine et ses services publics performants, ses grandes écoles et universités parfaites pour assurer la reproduction de l’espèce. Face aux charmes exubérants et à la vie de bohême, marques de fabrique de la capitale parisienne, les slogans et discours patriotards sonnent creux.
« L’olivier »… qui cache la forêt
De «El Djazaïr» à l’île de la Jatte (Neuilly-sur-Seine), 2 heures 10 de vol compressibles. Au bout de l’avenue Victor Hugo, l’Arc de Triomphe célébrant les victoires des armées napoléoniennes et autour les 12 avenues, dont les Champs-Elysées, parmi les plus chics et blingbling de Paris. C’est dans cette île de Neuilly-sur-Seine,de 4000 habitants, dans le très bobo 16e arrondissement, que le patron du FLN, père et fils, disposerait d’un pied-à-terre. Un 4 pièces de 600 m2, ancienne propriété du président Sarkozy, acheté pour près de 800 000 euros via sa société civile immobilière familiale, la SCI l’Olivier.
Le chef du FLN dément publiquement. Sur Mondafrique, Nicolas Beau persiste : «Par quel miracle aurait-il, sans compte en banque, acheté au moins un appartement à Neuilly-sur-Seine, financé les études de ses enfants en France et en Angleterre et réglé les frais d’un grand cabinet d’avocats parisien ?»
Café de la Paix. Juin. Face à l’opéra Garnier, le café-bar à l’élégance Second empire donne asile à Nicolas Beau, grand reporter devant l’Eternel (directeur du site d’information Mondafrique), poursuivi (en justice) par Amar Saadani pour avoir commis une série d’articles traitant des achats immobiliers du SG du FLN et de sa fameuse carte de résidence obtenue en circuit VIP à la préfecture de Nanterre (lire entretien). Beau attend, nerveux, son procès programmé pour septembre. Sa défense, c’est William Bourdon, l’avocat célèbre, fondateur de l’association Sherpa, qui s’en charge. Pour le journaliste, l’affaire Saadani introduit, de plain-pied, dans le vif de la «France-Algérie», identité génétiquement modifiée, produit de deux siècles retors d’histoire et de combines. «Entre les deux Etats, rappelle le journaliste, c’est aussi l’histoire de ces petits arrangements, tellement anciens, tellement admis et reconduits aussi bien par les gouvernements de gauche que de droite et avec probablement des retombées pour les uns comme pour les autres. On est véritablement dans la France-Algérie.» S’il est difficile, selon lui, d’établir que Saadani dispose réellement de 300 millions d’euros dans la première banque de France, il ne peut nier l’achat d’appartements à Paris ni l’existence de sa société immobilière l’Olivier, ni même d’avoir bénéficié de sa carte de résidence de 10 ans.
Dans les Landerneau médiatiques parisiens, les révélations du vieux briscard du journalisme d’investigation sont passées sous silence. L’omerta. Si la justice traîne les pieds et tarde à se saisir du dossier, c’est notamment à cause de l’absence d’un plaignant, explique Vincent Hugeux, grand reporter à L’Express. Pour ce fin connaisseur des réseaux et matrices de la Françafrique, la justice française n’est plus à l’heure des pressions, même si elle se montre «parfois sélective» avec les émirs du Golfe, par exemple. «Avant, les pressions politiques étaient la norme, affirme le journaliste. Mais depuis dix ans et sous la pressions d’ONG telles que Sherpa, Survie ou Transparency International, elle s’est montrée indépendante.» Il en veut pour preuve les instructions judiciaires ouvertes dans les affaires des biens mal acquis par des dirigeants africains et leurs clans à l’image de Omar Bongo (Gabon), Sassou Nguesso (Congo), Paul Biya (Cameroun) et autres Obiang Nguema de Guinée équatoriale.
Rue de Rome. Siège de l’association Sherpa, fondée par le célèbre avocat William Bourdon. «C’est sur les biens mal acquis des dignitaires Algériens», cueille à l’interphone Sofia Lakhdar, la directrice de cette association française, en croisade perpétuelle contre les dirigeants africains, les Bongo et consorts, confondus de détournements et malversations. «Depuis peu, beaucoup de gens s’intéressent aux biens mal acquis des dignitaires algériens», ajoute-elle. Depuis le début de l’année, Sherpa a été destinataire de «vagues» dénonciations qui ne permettent pas, à ses dires, de saisir ou d’alerter la justice. «C’était juste après l’élection (présidentielle)», précise Sofia. «Des signalements anonymes, très peu précis pour qu’on y attache de l’importance. Et jusqu’à maintenant nous n’avons reçu que quatre signalements du genre : il y a des gens autour du président Bouteflika, le frère, etc. qui sont corrompus et possèdent ceci et cela… mais sans pouvoir interagir avec le signalant.»
«L’Algérie, c’est spécial», explique Nicolas Sersiron, vice-président du CADTM France, (Collectif pour l’annulation de la dette des pays du Tiers-Monde). Implanté en Tunisie et au Maroc, le CADTM — qui exclut l’Algérie de sa sphère d’étude —, s’intéresse aux patrimoines constitués en France par les dignitaires du Sud. Les biens et les fortunes détenus par les hiérarques algériens relèvent, selon lui, des «questions tabou eu égard aux relations entre nos deux pays» et où «l’omerta» est de mise.
Nos dirigeants y cultivent un goût immodéré pour son immobilier parisien, ses appartements haussmanniens, ses cartes de résidence, sa médecine et ses services publics performants, ses grandes écoles et universités parfaites pour assurer la reproduction de l’espèce. Face aux charmes exubérants et à la vie de bohême, marques de fabrique de la capitale parisienne, les slogans et discours patriotards sonnent creux.
« L’olivier »… qui cache la forêt
De «El Djazaïr» à l’île de la Jatte (Neuilly-sur-Seine), 2 heures 10 de vol compressibles. Au bout de l’avenue Victor Hugo, l’Arc de Triomphe célébrant les victoires des armées napoléoniennes et autour les 12 avenues, dont les Champs-Elysées, parmi les plus chics et blingbling de Paris. C’est dans cette île de Neuilly-sur-Seine,de 4000 habitants, dans le très bobo 16e arrondissement, que le patron du FLN, père et fils, disposerait d’un pied-à-terre. Un 4 pièces de 600 m2, ancienne propriété du président Sarkozy, acheté pour près de 800 000 euros via sa société civile immobilière familiale, la SCI l’Olivier.
Le chef du FLN dément publiquement. Sur Mondafrique, Nicolas Beau persiste : «Par quel miracle aurait-il, sans compte en banque, acheté au moins un appartement à Neuilly-sur-Seine, financé les études de ses enfants en France et en Angleterre et réglé les frais d’un grand cabinet d’avocats parisien ?»
Café de la Paix. Juin. Face à l’opéra Garnier, le café-bar à l’élégance Second empire donne asile à Nicolas Beau, grand reporter devant l’Eternel (directeur du site d’information Mondafrique), poursuivi (en justice) par Amar Saadani pour avoir commis une série d’articles traitant des achats immobiliers du SG du FLN et de sa fameuse carte de résidence obtenue en circuit VIP à la préfecture de Nanterre (lire entretien). Beau attend, nerveux, son procès programmé pour septembre. Sa défense, c’est William Bourdon, l’avocat célèbre, fondateur de l’association Sherpa, qui s’en charge. Pour le journaliste, l’affaire Saadani introduit, de plain-pied, dans le vif de la «France-Algérie», identité génétiquement modifiée, produit de deux siècles retors d’histoire et de combines. «Entre les deux Etats, rappelle le journaliste, c’est aussi l’histoire de ces petits arrangements, tellement anciens, tellement admis et reconduits aussi bien par les gouvernements de gauche que de droite et avec probablement des retombées pour les uns comme pour les autres. On est véritablement dans la France-Algérie.» S’il est difficile, selon lui, d’établir que Saadani dispose réellement de 300 millions d’euros dans la première banque de France, il ne peut nier l’achat d’appartements à Paris ni l’existence de sa société immobilière l’Olivier, ni même d’avoir bénéficié de sa carte de résidence de 10 ans.
Dans les Landerneau médiatiques parisiens, les révélations du vieux briscard du journalisme d’investigation sont passées sous silence. L’omerta. Si la justice traîne les pieds et tarde à se saisir du dossier, c’est notamment à cause de l’absence d’un plaignant, explique Vincent Hugeux, grand reporter à L’Express. Pour ce fin connaisseur des réseaux et matrices de la Françafrique, la justice française n’est plus à l’heure des pressions, même si elle se montre «parfois sélective» avec les émirs du Golfe, par exemple. «Avant, les pressions politiques étaient la norme, affirme le journaliste. Mais depuis dix ans et sous la pressions d’ONG telles que Sherpa, Survie ou Transparency International, elle s’est montrée indépendante.» Il en veut pour preuve les instructions judiciaires ouvertes dans les affaires des biens mal acquis par des dirigeants africains et leurs clans à l’image de Omar Bongo (Gabon), Sassou Nguesso (Congo), Paul Biya (Cameroun) et autres Obiang Nguema de Guinée équatoriale.
Rue de Rome. Siège de l’association Sherpa, fondée par le célèbre avocat William Bourdon. «C’est sur les biens mal acquis des dignitaires Algériens», cueille à l’interphone Sofia Lakhdar, la directrice de cette association française, en croisade perpétuelle contre les dirigeants africains, les Bongo et consorts, confondus de détournements et malversations. «Depuis peu, beaucoup de gens s’intéressent aux biens mal acquis des dignitaires algériens», ajoute-elle. Depuis le début de l’année, Sherpa a été destinataire de «vagues» dénonciations qui ne permettent pas, à ses dires, de saisir ou d’alerter la justice. «C’était juste après l’élection (présidentielle)», précise Sofia. «Des signalements anonymes, très peu précis pour qu’on y attache de l’importance. Et jusqu’à maintenant nous n’avons reçu que quatre signalements du genre : il y a des gens autour du président Bouteflika, le frère, etc. qui sont corrompus et possèdent ceci et cela… mais sans pouvoir interagir avec le signalant.»
«L’Algérie, c’est spécial», explique Nicolas Sersiron, vice-président du CADTM France, (Collectif pour l’annulation de la dette des pays du Tiers-Monde). Implanté en Tunisie et au Maroc, le CADTM — qui exclut l’Algérie de sa sphère d’étude —, s’intéresse aux patrimoines constitués en France par les dignitaires du Sud. Les biens et les fortunes détenus par les hiérarques algériens relèvent, selon lui, des «questions tabou eu égard aux relations entre nos deux pays» et où «l’omerta» est de mise.
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