A quelques jours de la quatrième session plénière du comité central du Parti, les autorités de Pékin ont fait passer le message à celles de Hong Kong, de "nettoyer" les rues des derniers manifestants du mouvement "Occupy Central". Outre l'utilisation supposée des triades de Hong Kong pour impressionner les manifestants, dans une séquence filmée, un manifestant se fait molester par plusieurs policiers à l'écart de la manifestation.
Ça dégénère à Hong Kong ! Perçu comme pacifique au départ, le mouvement pro-démocratique est en train de prendre une toute autre tournure, avec la baisse de son soutien populaire, mais surtout le durcissement des méthodes du régime. Le mouvement qui comptait jusqu’à 200 000 manifestants à son apogée a perdu de son intensité, laissant tout loisir à la police de « débarrasser » les rues en faisant usage de méthodes musclées. Une dégradation largement du fait des autorités sans que l'’on sache si ce « sabotage » n’était tout simplement pas le but recherché par les autorités chinoises de la ville.
Le 13 octobre, le journal Ming Jing News rapportait que Pékin perdait patience face au maintien de la Révolution des parapluies à Hong Kong. Le journal faisait savoir que le Comité spécial chargé de superviser les événements avait adressé un ultimatum au gouvernement de Hong Kong, ordonnant l’utilisation de mesures de force, non-violentes et en accord avec la loi pour mettre fin au mouvement avant le 20 octobre, date de la quatrième session plénière du Comité central, la plus grande réunion annuelle du Parti communiste chinois.
Le message est parfaitement passé : les autorités et policiers de Hong Kong ont considérablement durci leurs méthodes.
Plusieurs médias s’étaient déjà fait l’écho d’affrontements lundi entre des militants pro-démocratie et quelques dizaines d’hommes masqués, probablement membre des triades, intervenus juste après la police pour faire dégénérer la situation : « Pour la fédération des étudiants de Hong Kong, à l’initiative des mouvements "Scholarism" et "Occupy", il n’y a aucun doute : ces hommes appartiennent précisément aux triades de Hong Kong, mais aussi de Chine continentale, écrit la correspondante sur place de RFI, D’ailleurs, certains ne parleraient même pas le cantonais. Sur le Web, des témoins laissent entendre, sans preuve, que ces gros bras pourraient être payés jusqu’à 1 000 dollars de Hong Kong — un peu plus de 100 euros — à chaque intervention musclée. Si ce lundi, rien ne prouve que les autorités chinoises sont derrière ces attaques, ce qui est sûr, c’est que jusqu’à présent la police hongkongaise est mollement intervenue lors de ces échauffourées »
L’utilisation des triades par le pouvoir, notamment pour surveiller discrètement les dissidents, est une vieille tradition chinoise dont ne s’est jamais véritablement caché le pouvoir. Lorsque fut annoncé le projet de rétrocession de Hong Kong à la Chine, le ministre de la Sécurité publique de l’époque avait osé déclarer « que le gouvernement était heureux de s’unir à elles », expliquant sérieusement que les membres de ces triades n’étaient « pas tous des gangsters » : «S’ils sont de bons patriotes, s’ils assurent la prospérité de Hong Kong, nous devons les respecter ».
« Un pays, deux systèmes »... mais l'ordre partout !
De leur côté, les policiers locaux, tout dans la retenue jusque-là, ont commencé à s’inspirer des méthodes de leurs collègues continentaux, voire américains. Le point commun étant qu’à Hong Kong les tabassages de manifestants sont filmés…
La victime, Ken Tsang, est membre du Parti civique et aurait été frappée à l’intérieur du commissariat après avoir été frappée une première fois dehors comme le montre cette vidéo. Le chef de la police de Hong Kong a assuré que les agents présents sur ces images seraient « suspendus provisoirement » et que leur comportement ferait l’objet d’une enquête. Mais la Chine sait réagir : le site de la BBC qui diffusait la vidéo y a été censuré le jour même de sa diffusion.
L'incident s'est produit alors que la police chargeait les manifestants à l’aide de boucliers anti-émeutes, de matraques et de jets de gaz poivré. En outre, la police a déclaré avoir arrêté 45 personnes et que quatre membres des forces de l'ordre ont été blessés dans les violences.
Un durcissement du régime en partie annoncé par la presse officielle. Le 15 octobre, dans son édito, le Quotidien du peuple faisait son résumé du mouvement : « Le gouvernement de Hong Kong tiendra une deuxième série de consultations sur la réforme politique. Mais c’est à ce gouvernement qu’il convient de décider si Hong Kong peut ou non organiser des élections générales en 2017. Certains, ignorant la loi fondamentale et la décision du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire ont incité à une campagne dite de "désobéissance civile" pour forcer le gouvernement central à faire des concessions sur une importante question de principe. Mais ils ont choisi le mauvais endroit, et ils sont voués à l’échec ». Avant de conclure sur un avertissement : « La stabilité signifie la prospérité, et le chaos signifie calamité ».
Le président chinois Xi Jinping n’a, en effet, montré aucun signe de compromis ou d’ouverture sur cette question et n’a fait aucune concession pour Hong Kong. Face à ce renouveau des tensions, l'exécutif de Hong Kong laisse malgré tout entrevoir la possibilité d'un dialogue avec la nomination d'un médiateur. La discussion pourrait porter sur la mise en place du suffrage universel non pas en 2017, comme réclamé par les manifestants, mais en 2022. Un compromis sans doute acceptable. Reste à voir si Pékin souhaite encore aujourd'hui que les relations Chine - Hong Kong repose sur le principe « un pays, deux systèmes ».
Marianne
Ça dégénère à Hong Kong ! Perçu comme pacifique au départ, le mouvement pro-démocratique est en train de prendre une toute autre tournure, avec la baisse de son soutien populaire, mais surtout le durcissement des méthodes du régime. Le mouvement qui comptait jusqu’à 200 000 manifestants à son apogée a perdu de son intensité, laissant tout loisir à la police de « débarrasser » les rues en faisant usage de méthodes musclées. Une dégradation largement du fait des autorités sans que l'’on sache si ce « sabotage » n’était tout simplement pas le but recherché par les autorités chinoises de la ville.
Le 13 octobre, le journal Ming Jing News rapportait que Pékin perdait patience face au maintien de la Révolution des parapluies à Hong Kong. Le journal faisait savoir que le Comité spécial chargé de superviser les événements avait adressé un ultimatum au gouvernement de Hong Kong, ordonnant l’utilisation de mesures de force, non-violentes et en accord avec la loi pour mettre fin au mouvement avant le 20 octobre, date de la quatrième session plénière du Comité central, la plus grande réunion annuelle du Parti communiste chinois.
Le message est parfaitement passé : les autorités et policiers de Hong Kong ont considérablement durci leurs méthodes.
Plusieurs médias s’étaient déjà fait l’écho d’affrontements lundi entre des militants pro-démocratie et quelques dizaines d’hommes masqués, probablement membre des triades, intervenus juste après la police pour faire dégénérer la situation : « Pour la fédération des étudiants de Hong Kong, à l’initiative des mouvements "Scholarism" et "Occupy", il n’y a aucun doute : ces hommes appartiennent précisément aux triades de Hong Kong, mais aussi de Chine continentale, écrit la correspondante sur place de RFI, D’ailleurs, certains ne parleraient même pas le cantonais. Sur le Web, des témoins laissent entendre, sans preuve, que ces gros bras pourraient être payés jusqu’à 1 000 dollars de Hong Kong — un peu plus de 100 euros — à chaque intervention musclée. Si ce lundi, rien ne prouve que les autorités chinoises sont derrière ces attaques, ce qui est sûr, c’est que jusqu’à présent la police hongkongaise est mollement intervenue lors de ces échauffourées »
L’utilisation des triades par le pouvoir, notamment pour surveiller discrètement les dissidents, est une vieille tradition chinoise dont ne s’est jamais véritablement caché le pouvoir. Lorsque fut annoncé le projet de rétrocession de Hong Kong à la Chine, le ministre de la Sécurité publique de l’époque avait osé déclarer « que le gouvernement était heureux de s’unir à elles », expliquant sérieusement que les membres de ces triades n’étaient « pas tous des gangsters » : «S’ils sont de bons patriotes, s’ils assurent la prospérité de Hong Kong, nous devons les respecter ».
« Un pays, deux systèmes »... mais l'ordre partout !
De leur côté, les policiers locaux, tout dans la retenue jusque-là, ont commencé à s’inspirer des méthodes de leurs collègues continentaux, voire américains. Le point commun étant qu’à Hong Kong les tabassages de manifestants sont filmés…
La victime, Ken Tsang, est membre du Parti civique et aurait été frappée à l’intérieur du commissariat après avoir été frappée une première fois dehors comme le montre cette vidéo. Le chef de la police de Hong Kong a assuré que les agents présents sur ces images seraient « suspendus provisoirement » et que leur comportement ferait l’objet d’une enquête. Mais la Chine sait réagir : le site de la BBC qui diffusait la vidéo y a été censuré le jour même de sa diffusion.
L'incident s'est produit alors que la police chargeait les manifestants à l’aide de boucliers anti-émeutes, de matraques et de jets de gaz poivré. En outre, la police a déclaré avoir arrêté 45 personnes et que quatre membres des forces de l'ordre ont été blessés dans les violences.
Un durcissement du régime en partie annoncé par la presse officielle. Le 15 octobre, dans son édito, le Quotidien du peuple faisait son résumé du mouvement : « Le gouvernement de Hong Kong tiendra une deuxième série de consultations sur la réforme politique. Mais c’est à ce gouvernement qu’il convient de décider si Hong Kong peut ou non organiser des élections générales en 2017. Certains, ignorant la loi fondamentale et la décision du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire ont incité à une campagne dite de "désobéissance civile" pour forcer le gouvernement central à faire des concessions sur une importante question de principe. Mais ils ont choisi le mauvais endroit, et ils sont voués à l’échec ». Avant de conclure sur un avertissement : « La stabilité signifie la prospérité, et le chaos signifie calamité ».
Le président chinois Xi Jinping n’a, en effet, montré aucun signe de compromis ou d’ouverture sur cette question et n’a fait aucune concession pour Hong Kong. Face à ce renouveau des tensions, l'exécutif de Hong Kong laisse malgré tout entrevoir la possibilité d'un dialogue avec la nomination d'un médiateur. La discussion pourrait porter sur la mise en place du suffrage universel non pas en 2017, comme réclamé par les manifestants, mais en 2022. Un compromis sans doute acceptable. Reste à voir si Pékin souhaite encore aujourd'hui que les relations Chine - Hong Kong repose sur le principe « un pays, deux systèmes ».
Marianne
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