article Source Liberation
Avec près de 61% des suffrages engrangés dès le premier tour de la présidentielle, dimanche, en Bolivie, le socialiste Evo Morales, 54 ans, a été triomphalement réélu pour un troisième mandat de cinq ans. Son parti, le Movimiento al socialismo (MAS), obtient la majorité des deux tiers à l’Assemblée législative plurinationale.
Pourquoi cette victoire ?
Depuis qu’il s’est installé en 2006 au Palacio Quemado, Evo Morales s’est attaché à réduire les inégalités sociales dans l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud. Lui-même d’origine amérindienne (aymara), il a remis les populations andines - 65% des 10 millions d’habitants - au centre de la vie politique. De manière symbolique, en rebaptisant son pays Etat plurinational de Bolivie, ou en laissant flotter le wiphala, le drapeau multicolore des peuples de l’Altiplano, aux côtés du drapeau national.
Mais surtout en initiant la lutte contre la misère, le manque d’éducation et les conditions sanitaires insupportables dans lesquelles survivait une grande partie des Boliviens. Des initiatives financées par l’excellent cours des matières premières - la Bolivie possède notamment les deuxièmes plus grandes réserves de gaz naturel d’Amérique - qu’il a nationalisées. Cette politique volontariste a dans un premier temps heurté les intérêts des secteurs les plus favorisés qui ont tenté de faire sécession en 2008 dans le département de Santa Cruz, moteur économique du pays. Evo Morales a rétabli la confiance en se pliant à la logique libérale des entrepreneurs. Et dimanche, Santa Cruz a pour la première fois voté en faveur du Président.
Quels sont les atouts du pouvoir en place ?
Le cocktail gagnant bolivien est un savant dosage de déclarations musclées contre «l’impérialisme et le colonialisme», d’une large rasade de pragmatisme économique et de programmes sociaux, le tout agrémenté d’un zeste de vista politique. Depuis dix ans, l’envolée du prix des hydrocarbures aidant, les exportations ont quintuplé, passant à plus de 7,5 milliards alors que le pays n’a pas encore exploité ses réserves de lithium, les plus importantes du monde. La Bolivie s’est rapprochée de partenaires comme la Chine, l’Iran et la Russie. Dans le même temps, le pouvoir central a développé les infrastructures routières, amélioré l’habitat des plus humbles, distribué des ordinateurs et des bons d’alimentation, réduit la pauvreté de 38% à 18% de la population (chiffres officiels), et affiche une croissance à 6,5% cette année. Le chômage est tombé à 3%, son plus bas niveau historique. Mais le principal acquis de l’ère Morales est sans nul doute la longue plage de stabilité politique dans un pays qui a connu 160 coups d’Etat depuis son indépendance en 1825.Un exemple pour la gauche latino-américaine ?
Dimanche soir, Morales - qui est désormais le plus ancien président en exercice du continent - a dédié sa victoire au Cubain Fidel Castro et au défunt président vénézuélien Hugo Chávez auquel il vouait une sincère amitié. Moins dogmatique que celle de Castro, moins théâtrale que celle de Chávez, l’expérience politique de Morales - tout comme celle de son homologue équatorien socialiste, Rafael Correa - est décryptée avec attention par une gauche latino-américaine qui se cherche un nouveau modèle entre le rose pâlichon de la Chilienne Michelle Bachelet, la froideur de la Brésilienne Dilma Rousseff et l’exubérance stérile du Vénézuélien Nicolás Maduro.
Gérard THOMAS
Avec près de 61% des suffrages engrangés dès le premier tour de la présidentielle, dimanche, en Bolivie, le socialiste Evo Morales, 54 ans, a été triomphalement réélu pour un troisième mandat de cinq ans. Son parti, le Movimiento al socialismo (MAS), obtient la majorité des deux tiers à l’Assemblée législative plurinationale.
Pourquoi cette victoire ?
Depuis qu’il s’est installé en 2006 au Palacio Quemado, Evo Morales s’est attaché à réduire les inégalités sociales dans l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud. Lui-même d’origine amérindienne (aymara), il a remis les populations andines - 65% des 10 millions d’habitants - au centre de la vie politique. De manière symbolique, en rebaptisant son pays Etat plurinational de Bolivie, ou en laissant flotter le wiphala, le drapeau multicolore des peuples de l’Altiplano, aux côtés du drapeau national.
Mais surtout en initiant la lutte contre la misère, le manque d’éducation et les conditions sanitaires insupportables dans lesquelles survivait une grande partie des Boliviens. Des initiatives financées par l’excellent cours des matières premières - la Bolivie possède notamment les deuxièmes plus grandes réserves de gaz naturel d’Amérique - qu’il a nationalisées. Cette politique volontariste a dans un premier temps heurté les intérêts des secteurs les plus favorisés qui ont tenté de faire sécession en 2008 dans le département de Santa Cruz, moteur économique du pays. Evo Morales a rétabli la confiance en se pliant à la logique libérale des entrepreneurs. Et dimanche, Santa Cruz a pour la première fois voté en faveur du Président.
Quels sont les atouts du pouvoir en place ?
Le cocktail gagnant bolivien est un savant dosage de déclarations musclées contre «l’impérialisme et le colonialisme», d’une large rasade de pragmatisme économique et de programmes sociaux, le tout agrémenté d’un zeste de vista politique. Depuis dix ans, l’envolée du prix des hydrocarbures aidant, les exportations ont quintuplé, passant à plus de 7,5 milliards alors que le pays n’a pas encore exploité ses réserves de lithium, les plus importantes du monde. La Bolivie s’est rapprochée de partenaires comme la Chine, l’Iran et la Russie. Dans le même temps, le pouvoir central a développé les infrastructures routières, amélioré l’habitat des plus humbles, distribué des ordinateurs et des bons d’alimentation, réduit la pauvreté de 38% à 18% de la population (chiffres officiels), et affiche une croissance à 6,5% cette année. Le chômage est tombé à 3%, son plus bas niveau historique. Mais le principal acquis de l’ère Morales est sans nul doute la longue plage de stabilité politique dans un pays qui a connu 160 coups d’Etat depuis son indépendance en 1825.Un exemple pour la gauche latino-américaine ?
Dimanche soir, Morales - qui est désormais le plus ancien président en exercice du continent - a dédié sa victoire au Cubain Fidel Castro et au défunt président vénézuélien Hugo Chávez auquel il vouait une sincère amitié. Moins dogmatique que celle de Castro, moins théâtrale que celle de Chávez, l’expérience politique de Morales - tout comme celle de son homologue équatorien socialiste, Rafael Correa - est décryptée avec attention par une gauche latino-américaine qui se cherche un nouveau modèle entre le rose pâlichon de la Chilienne Michelle Bachelet, la froideur de la Brésilienne Dilma Rousseff et l’exubérance stérile du Vénézuélien Nicolás Maduro.
Gérard THOMAS