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L’Inde championne des faux diplômés

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  • L’Inde championne des faux diplômés

    Dans ce pays en manque d’universités, la contrefaçon de diplômes est un sport national. Y compris parmi les élites politiques qui n’hésitent pas à trafiquer leurs CV.

    Quelle meilleure reconversion pour un délinquant que la profession d’avocat ? En Inde, beaucoup d’entre eux achètent discrètement leurs diplômes. A tel point que la Haute Cour de Justice de Madras s’est récemment émue de la « criminalisation de la profession ». Le juge Kirubakaran a proposé au gouvernement indien d’interdire cette situation à ceux qui ont un casier judiciaire.

    Il a aussi décidé d’interdire les cursus universitaires qui délivrent le fameux sésame en trois ans au lieu de cinq. Ces voies rapides sont soupçonnées de vendre des diplômes, plus que des formations.

    En Inde, la fraude universitaire est un sport national qui se pratique à tous les échelons. A commencer par l’ancienne première ministre Indira Gandhi, fille de Nehru, qui prétendait naguère être diplômée de l’université d’Oxford alors qu’elle avait abandonné ses études en cours de route.

    Ou encore Smriti Irani, l’actuelle ministre indienne des ressources humaines, responsable de l’éducation nationale, qui a mentionné l’université de Yale dans la rubrique « éducation » de son CV alors qu’elle n’avait visité le campus que pendant une semaine, en tant que députée.

    Mais la palme revient à l’ancien ministre de la justice de Delhi, Jitender Singh Tomar : il a dû démissionner en début d’année juste avant son arrestation par la police qui le soupçonne d’avoir menti sur son diplôme… en droit.

    Une amnistie pour les fraudeurs

    L’inflation de faux diplômes est sans doute liée au manque d’universités dans le pays, avec des taux de sélection parmi les plus sévères du monde. Et partir faire ses études hors d’Inde est tellement coûteux que, comme pour les grandes marques de luxe, la contrefaçon de diplômes étrangers prolifère.

    Près de 300 000 jeunes Indiens dépensent entre 6 et 7 milliards de dollars chaque année pour étudier ailleurs que dans leur pays.

    Comment lutter contre les faux diplômes ? Le Bihar s’est inspiré de l’amnistie accordée aux exilés fiscaux repentis pour inciter les détenteurs d’un faux certificat d’instituteur à se démasquer – ils seraient 25 000, sur les 350 000 que compte le troisième Etat le plus peuplé d’Inde. L’opération n’a eu qu’un succès limité : seulement 1 400 d’entre eux ont rendu leur brevet.

    Quant aux entreprises, elles ont désormais recours à des détecteurs de mensonge ou à des cabinets spécialisés dans la vérification des CV, mais ces solutions coûtent cher. En avril 2015, la police a organisé une conférence de presse où elle a exposé sur une table non pas des armes ou des peaux de tigres braconnées, mais une saisie de faux diplômes avec tampons.

    « Le gang en aurait vendu pour des centaines de milliers de roupies », s’émeut le quotidien The Times of India, qui cite l’un des enquêteurs à propos de la principale accusée : « Elle était tranquille, étant donné qu’elle se prenait pour une avocate et pensait que la police ne l’arrêterait pas.

    D’ailleurs, elle avait placé bien en évidence son macaron sur le pare-brise de sa voiture. » Les diplômes n’ont sans doute pas tous les pouvoirs que les fraudeurs leur prêtent.

    Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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