L’exécution du “Raïs” est perçue de fait comme une volonté de se débarrasser d’un ancien ami, d’un témoin gênant et encombrant.
Est-ce l’enterrement d’une vieille amitié d’affaire entre l’Occident et l’Irak que suggère l’exécution de Saddam Hussein ?
Bien des lectures et des analyses le proposent volontiers compte tenu des rapports entre l’Irak de Saddam et l’Occident, particulièrement les États-Unis, la France et l’Allemagne qui l’ont soutenu jusqu’à l’invasion du Koweït. Des responsables de l’actuelle administration américaine, dont le démissionnaire secrétaire d’État à la défense, Donald Rumsfeld, étaient des “alliés”, — le terme est utilisé par les Américains —, lui avaient apporté leur soutien, de la logistique, des moyens financiers et l’ont aidé à “réussir” sa guerre contre l’Iran.
D’ailleurs, bien avant l’ouverture du procès Saddam, Me Vergès avait déclaré que “si ce procès devait avoir lieu, (le secrétaire américain à la Défense) Donald Rumsfeld, qui a été l'intermédiaire pour la vente de ces armes, devrait s'asseoir à la droite du raïs”. Et depuis, le procès a eu lieu et la sentence est tombée. Surprenante, notamment pour ses défenseurs dont une partie a été décimée dans des attentats ciblés.
Son exécution est perçue de fait comme une volonté de se débarrasser d’un ancien ami, d’un témoin gênant et encombrant même s’il a été rattrapé après avoir été piégé, par ses mêmes alliés, au Koweït.
Deux faits ont été rapportés à ce sujet. La volte-face de François Mitterrand, alors médiateur, après avoir trouvé un accord avec Saddam, en refusant de signer le document, et l’assurance des États-Unis de rester neutres et qu’ils n’interviendraient pas en l’absence d’un accord de défense avec les deux pays.
La France était en parfaite adéquation avec la vision américaine au sujet de l’Irak. Il n’était pas question pour les Bush de laisser Saddam installer son hégémonie dans la région et surtout contrôler son pétrole. L’ambition des Américains de contrôler les sources d’énergie étant avérée.
Les États-Unis, les Bush surtout, qui ont eu directement à traiter des “affaires” avec lui, tout comme la France et, à un degré moindre l’Allemagne, avaient tout intérêt à se débarrasser de lui.
Des quelques révélations faites, une bonne partie par de hauts responsables souvent sous couvert de l’anonymat, il ressort des implications, voir des encouragements, de ces états à Saddam Hussein, y compris dans ses crimes.
“En 1982 —, George est le vice-président de Reagan —, les États-Unis se lancent dans un soutien massif au régime de Bagdad. La guerre avec l’Iran khomeinyste, qui a débuté en 1980, tourne au désastre pour l’Irak, ce qui inquiète au plus haut point les Américains. On livre en secret du matériel militaire, dont des hélicos Bell, qui serviront à gazer — 5 000 morts —, la population kurde de Halabaya en 1988”, révélera en 2003 Éric Laurent dans un livre documenté intitulé La Guerre Des Bush .
De son côté, la France oubliera le gazage des Kurdes de Halabdja en 1988 en nuançant sa réaction. Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, justifiait cette position par le fait que “parce que l’Irak était un pays que nous jugions nécessaire à l’équilibre des lieux”. Position d’autant plus logique que la France a été le premier fournisseur de l’Irak en armes.
Ces mêmes pays, à travers des entreprises, ont fourni ce qui deviendra l’arsenal biologique ou bactériologique recherché en Irak. Paradoxalement, selon des révélations sur la base de documents confidentiels tirés d’une enquête du Sénat, le nom de l’actuel président états-unien y est associé. Après l’élection de Bill Clinton, G. W Bush se transforme en VRP de la société Carlyle avec en toile de fond des contrats d’armement, d’équipements et pétroliers. Selon les documents, de 1985 à 1989, 61 livraisons de cultures biologiques (dont l’Anthrax) ont été expédiées en Irak par un laboratoire sous contrôle de l’armée.
D’autres entreprises et laboratoires sont mis en cause dans la création de celui qu’on présentera par la suite comme “un monstre”, un dictateur assassin et génocidaire.
Le laboratoire Pasteur a vendu des germes biologiques, l’entreprise Perotec en Alsace a équipé une usine de gaz de combat à Samarra et l’américaine Bechtel a fourni une usine chimique à l’Irak de Saddam. Autant de signes d’une étroite collaboration entre Saddam et l’Occident qui a fermé les yeux sur tous ces crimes.
D’où les réactions mitigées suite à son exécution. C’est dire que son silence éternel devient par ses anciens alliés plus profitable, d’autant qu’il emporte avec lui bien d’autres secrets.
Djilali B.
Liberté
Est-ce l’enterrement d’une vieille amitié d’affaire entre l’Occident et l’Irak que suggère l’exécution de Saddam Hussein ?
Bien des lectures et des analyses le proposent volontiers compte tenu des rapports entre l’Irak de Saddam et l’Occident, particulièrement les États-Unis, la France et l’Allemagne qui l’ont soutenu jusqu’à l’invasion du Koweït. Des responsables de l’actuelle administration américaine, dont le démissionnaire secrétaire d’État à la défense, Donald Rumsfeld, étaient des “alliés”, — le terme est utilisé par les Américains —, lui avaient apporté leur soutien, de la logistique, des moyens financiers et l’ont aidé à “réussir” sa guerre contre l’Iran.
D’ailleurs, bien avant l’ouverture du procès Saddam, Me Vergès avait déclaré que “si ce procès devait avoir lieu, (le secrétaire américain à la Défense) Donald Rumsfeld, qui a été l'intermédiaire pour la vente de ces armes, devrait s'asseoir à la droite du raïs”. Et depuis, le procès a eu lieu et la sentence est tombée. Surprenante, notamment pour ses défenseurs dont une partie a été décimée dans des attentats ciblés.
Son exécution est perçue de fait comme une volonté de se débarrasser d’un ancien ami, d’un témoin gênant et encombrant même s’il a été rattrapé après avoir été piégé, par ses mêmes alliés, au Koweït.
Deux faits ont été rapportés à ce sujet. La volte-face de François Mitterrand, alors médiateur, après avoir trouvé un accord avec Saddam, en refusant de signer le document, et l’assurance des États-Unis de rester neutres et qu’ils n’interviendraient pas en l’absence d’un accord de défense avec les deux pays.
La France était en parfaite adéquation avec la vision américaine au sujet de l’Irak. Il n’était pas question pour les Bush de laisser Saddam installer son hégémonie dans la région et surtout contrôler son pétrole. L’ambition des Américains de contrôler les sources d’énergie étant avérée.
Les États-Unis, les Bush surtout, qui ont eu directement à traiter des “affaires” avec lui, tout comme la France et, à un degré moindre l’Allemagne, avaient tout intérêt à se débarrasser de lui.
Des quelques révélations faites, une bonne partie par de hauts responsables souvent sous couvert de l’anonymat, il ressort des implications, voir des encouragements, de ces états à Saddam Hussein, y compris dans ses crimes.
“En 1982 —, George est le vice-président de Reagan —, les États-Unis se lancent dans un soutien massif au régime de Bagdad. La guerre avec l’Iran khomeinyste, qui a débuté en 1980, tourne au désastre pour l’Irak, ce qui inquiète au plus haut point les Américains. On livre en secret du matériel militaire, dont des hélicos Bell, qui serviront à gazer — 5 000 morts —, la population kurde de Halabaya en 1988”, révélera en 2003 Éric Laurent dans un livre documenté intitulé La Guerre Des Bush .
De son côté, la France oubliera le gazage des Kurdes de Halabdja en 1988 en nuançant sa réaction. Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, justifiait cette position par le fait que “parce que l’Irak était un pays que nous jugions nécessaire à l’équilibre des lieux”. Position d’autant plus logique que la France a été le premier fournisseur de l’Irak en armes.
Ces mêmes pays, à travers des entreprises, ont fourni ce qui deviendra l’arsenal biologique ou bactériologique recherché en Irak. Paradoxalement, selon des révélations sur la base de documents confidentiels tirés d’une enquête du Sénat, le nom de l’actuel président états-unien y est associé. Après l’élection de Bill Clinton, G. W Bush se transforme en VRP de la société Carlyle avec en toile de fond des contrats d’armement, d’équipements et pétroliers. Selon les documents, de 1985 à 1989, 61 livraisons de cultures biologiques (dont l’Anthrax) ont été expédiées en Irak par un laboratoire sous contrôle de l’armée.
D’autres entreprises et laboratoires sont mis en cause dans la création de celui qu’on présentera par la suite comme “un monstre”, un dictateur assassin et génocidaire.
Le laboratoire Pasteur a vendu des germes biologiques, l’entreprise Perotec en Alsace a équipé une usine de gaz de combat à Samarra et l’américaine Bechtel a fourni une usine chimique à l’Irak de Saddam. Autant de signes d’une étroite collaboration entre Saddam et l’Occident qui a fermé les yeux sur tous ces crimes.
D’où les réactions mitigées suite à son exécution. C’est dire que son silence éternel devient par ses anciens alliés plus profitable, d’autant qu’il emporte avec lui bien d’autres secrets.
Djilali B.
Liberté