Les points de tensions et de frictions entre la Chine et le Japon sont récurrents et cette fois ci ce n'est pas le passé qui les titillent mais bien l'avenir et on peut aisément saisir cela. La Chine a annoncé il y a une semaine qu'elle voulait se doter d'une vraie puissance navale et ça elle en possède tout à fait les moyens pour y parvenir assez rapidement alors cette semaine Tokyo a annoncé qu'il resserre ses liens avec les Etats Unis et leur VIIe flotte américaine qui est basée à Yokosuka.
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Le changement de gouvernement japonais a pu décrisper la direction chinoise mais la rivalité entre les deux puissances d'Ex-trême-Orient reste totale. Après les visites au sanctuaire de Yasu-kuni, source de l'irrémédiable discrédit de Junichiro Koizumi à Pékin, c'est au tour de Taïwan de fournir un prétexte à la discorde. Comme dit la sagesse chinoise, deux tigres sur la même montagne, c'est sans doute un de trop...
Rien ne dit que l'épisode verbal d'hier froissera pour longtemps des relations embellies par le nouveau premier ministre japonais, Shinzo Abe, et par le président chinois, Hu Jintao. Mais entre les deux hommes, c'est à qui portera au plus haut la bannière du patriotisme à usage interne. Avec, hors des frontières, un dérapage toujours possible.
La controverse porte cette fois sur l'avenir, plutôt que sur le passé, sur la mer, plutôt que sur le papier. Sept jours après que Hu Jintao a proclamé son ambition de transformer la Chine en puissance navale de premier plan, le Japon de Shinzo Abe a fait savoir hier qu'il compte sinon l'empêcher, du moins prendre les devants.
Tokyo veut resserrer son alliance militaire avec les États-Unis et leur VIIe flotte, basée à Yokosuka. La justification tient à deux scénarios de crise. L'un impliquerait la Corée du Nord, toujours liée à Pékin par un accord de défense mutuelle. L'autre, sur un théâtre encore sensible aux yeux des Chinois : Taïwan, l'île rebelle que la direction communiste s'est jurée de récupérer tôt ou tard.
Abandonner un droit de re-gard, même virtuel, sur ce que la République populaire considère comme sa « 23e province » est un anathème à Pékin. La réaction n'a pas traîné : « Taïwan est une partie inséparable de la Chine, affirmait hier le porte-parole de la diplomatie Liu Jianchao. Tout arrangement (de sécurité, NDLR) devra respecter la réalité d'une Chine unique. » En 2005, dans un contexte plus tendu, un texte mentionnant le souci commun de Tokyo et de Washington pour une solution pacifique du sort de l'île avait déjà déclenché une volée de bois vert indignée.
La réponse de Pékin, prévisible et cette fois mesurée, visait à rappeler le principe sans menacer la récente éclaircie avec Tokyo. Le président Hu compte se rendre l'an prochain au Japon, la première visite d'un numéro un chinois depuis près de dix ans. Les deux pays ont lancé un effort officiel de conciliation sur le chapitre le plus désastreux de leur voisinage, l'occupation japonaise de 1931 à 1945. À Tokyo, le sanctuaire de Yasukuni a promis de gommer de son musée des mentions que les Chinois jugent offensantes. Signe plus porteur, Pékin vient de confier l'avenir de son parc nucléaire civil à Westinghouse, propriété du japonais Toshiba, plutôt qu'au français Areva.
Revendications territoriales
Le réchauffement sino-japonais n'interdit ni les arrière-pensées ni les conflits en puissance. La Chine ne convainc personne lorsqu'elle assure que son essor, économique et désormais militaire, sera paisible. Le Japon et son protecteur américain, toujours garant du statu quo en Asie, encore moins que les autres.
Le président Hu a sûrement froissé des plumes dans la région lorsqu'il est apparu en grand uniforme vert de l'Armée populaire de libération, le 28 décembre, pour annoncer que tout son effort militaire portera sur la « construction d'une puissante marine ». Elle aura pour mission de défendre la souveraineté de la République populaire, sa sécurité et ses droits maritimes « dans une ère nouvelle ».
La Chine ne dispose pas encore de porte-avions, symboles de la force américaine. Mais une cinquantaine de sous-marins d'attaque dernier cri et des missiles mer-mer supersoniques commencent à préoccuper les amiraux du Pentagone. Taïwan est l'hypothèse d'école : les États-Unis sont engagés depuis 1979 à défendre la démocratie insulaire, en cas d'agression chinoise. Mais c'est tout l'ouest du Pacifique qui est en jeu, une région du monde où se recoupent les détroits, les routes du commerce international, les revendications territoriales et les gisements sous-marins.
Les stratèges japonais, eux, ont des raisons précises de s'inquiéter. L'archipel ne survit que par ses lignes maritimes. La proximité désormais nucléaire de la Corée du Nord ajoute à l'inconfort. Shinzo Abe dit ce que ses électeurs pensent tout bas lorsqu'il dit vouloir changer la constitution pacifiste pour doter son pays d'une véritable armée. Comme à Pékin, c'est sans doute la fin d'un faux-semblant. La présence de 91 bases américaines sur le sol japonais - Okinawa comprise - n'a jamais laissé le moindre doute sur le fait que l'archipel est en première ligne.
Par Le figaro
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Le changement de gouvernement japonais a pu décrisper la direction chinoise mais la rivalité entre les deux puissances d'Ex-trême-Orient reste totale. Après les visites au sanctuaire de Yasu-kuni, source de l'irrémédiable discrédit de Junichiro Koizumi à Pékin, c'est au tour de Taïwan de fournir un prétexte à la discorde. Comme dit la sagesse chinoise, deux tigres sur la même montagne, c'est sans doute un de trop...
Rien ne dit que l'épisode verbal d'hier froissera pour longtemps des relations embellies par le nouveau premier ministre japonais, Shinzo Abe, et par le président chinois, Hu Jintao. Mais entre les deux hommes, c'est à qui portera au plus haut la bannière du patriotisme à usage interne. Avec, hors des frontières, un dérapage toujours possible.
La controverse porte cette fois sur l'avenir, plutôt que sur le passé, sur la mer, plutôt que sur le papier. Sept jours après que Hu Jintao a proclamé son ambition de transformer la Chine en puissance navale de premier plan, le Japon de Shinzo Abe a fait savoir hier qu'il compte sinon l'empêcher, du moins prendre les devants.
Tokyo veut resserrer son alliance militaire avec les États-Unis et leur VIIe flotte, basée à Yokosuka. La justification tient à deux scénarios de crise. L'un impliquerait la Corée du Nord, toujours liée à Pékin par un accord de défense mutuelle. L'autre, sur un théâtre encore sensible aux yeux des Chinois : Taïwan, l'île rebelle que la direction communiste s'est jurée de récupérer tôt ou tard.
Abandonner un droit de re-gard, même virtuel, sur ce que la République populaire considère comme sa « 23e province » est un anathème à Pékin. La réaction n'a pas traîné : « Taïwan est une partie inséparable de la Chine, affirmait hier le porte-parole de la diplomatie Liu Jianchao. Tout arrangement (de sécurité, NDLR) devra respecter la réalité d'une Chine unique. » En 2005, dans un contexte plus tendu, un texte mentionnant le souci commun de Tokyo et de Washington pour une solution pacifique du sort de l'île avait déjà déclenché une volée de bois vert indignée.
La réponse de Pékin, prévisible et cette fois mesurée, visait à rappeler le principe sans menacer la récente éclaircie avec Tokyo. Le président Hu compte se rendre l'an prochain au Japon, la première visite d'un numéro un chinois depuis près de dix ans. Les deux pays ont lancé un effort officiel de conciliation sur le chapitre le plus désastreux de leur voisinage, l'occupation japonaise de 1931 à 1945. À Tokyo, le sanctuaire de Yasukuni a promis de gommer de son musée des mentions que les Chinois jugent offensantes. Signe plus porteur, Pékin vient de confier l'avenir de son parc nucléaire civil à Westinghouse, propriété du japonais Toshiba, plutôt qu'au français Areva.
Revendications territoriales
Le réchauffement sino-japonais n'interdit ni les arrière-pensées ni les conflits en puissance. La Chine ne convainc personne lorsqu'elle assure que son essor, économique et désormais militaire, sera paisible. Le Japon et son protecteur américain, toujours garant du statu quo en Asie, encore moins que les autres.
Le président Hu a sûrement froissé des plumes dans la région lorsqu'il est apparu en grand uniforme vert de l'Armée populaire de libération, le 28 décembre, pour annoncer que tout son effort militaire portera sur la « construction d'une puissante marine ». Elle aura pour mission de défendre la souveraineté de la République populaire, sa sécurité et ses droits maritimes « dans une ère nouvelle ».
La Chine ne dispose pas encore de porte-avions, symboles de la force américaine. Mais une cinquantaine de sous-marins d'attaque dernier cri et des missiles mer-mer supersoniques commencent à préoccuper les amiraux du Pentagone. Taïwan est l'hypothèse d'école : les États-Unis sont engagés depuis 1979 à défendre la démocratie insulaire, en cas d'agression chinoise. Mais c'est tout l'ouest du Pacifique qui est en jeu, une région du monde où se recoupent les détroits, les routes du commerce international, les revendications territoriales et les gisements sous-marins.
Les stratèges japonais, eux, ont des raisons précises de s'inquiéter. L'archipel ne survit que par ses lignes maritimes. La proximité désormais nucléaire de la Corée du Nord ajoute à l'inconfort. Shinzo Abe dit ce que ses électeurs pensent tout bas lorsqu'il dit vouloir changer la constitution pacifiste pour doter son pays d'une véritable armée. Comme à Pékin, c'est sans doute la fin d'un faux-semblant. La présence de 91 bases américaines sur le sol japonais - Okinawa comprise - n'a jamais laissé le moindre doute sur le fait que l'archipel est en première ligne.
Par Le figaro