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Édition. spécialeY en marre ! maroc

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  • Édition. spécialeY en marre ! maroc

    Tout ce qui n'est plus acceptable
    Tout ce qui doit changer


    Défoulez-vous !
    Ah qu'il était jouissif à faire, ce dossier ! Pour une fois, à la rédaction de TelQuel, nous avons pris le parti de quitter notre réserve professionnelle pour pousser un grand cri de révolte - d'abord en tant que Marocains. Car ce qui nous révolte, au-delà de tout ce qui est listé dans ces 20 pages spéciales, c'est le sentiment de fatalité qui corsète notre société. “Iwa ch'ghan dirou” (qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse), “had chi lli âta'llah” (c'est ce que Dieu a décidé pour nous) ou pire encore : “l'maghrib hada” (c'est le Maroc)… Voilà ce qu'on entend chaque jour, cent fois par jour, en réaction aux mille et un petits riens qui nous énervent, que ce soit dans notre vie quotidienne ou à l'observation (consternée) de la vie publique. Assez ! Le changement, ça commence par la prise de conscience. Non, tout cela n'est plus acceptable. Oui, on y peut quelque chose : dénoncer, pour commencer ; agir ensuite, à chaque fois que c'est possible, pour défendre les valeurs universelles de citoyenneté.

    “Y en a marre”, au Maroc, de beaucoup de choses… Cela va de l'article
    19 de la Constitution qui nous condamne au régime de monarchie absolue, jusqu'au manque de poubelles ou d'espaces verts dans les villes, en passant par les innombrables manifestations de notre schizophrénie sociale et culturelle. Tous ces motifs de révolte sont justifiés, et nous avons fait le choix de les présenter pêle-mêle, en évitant toute hiérarchisation. Certains d'entre vous se sentiront plus concernés par la réticence des Marocains à faire la queue que par l'absentéisme au Parlement. D'autres seront interpellés par le niveau stratosphérique des impôts, et resteront plutôt indifférents à l'existence d'un Mahmoud Archane dans le landerneau politique. D'autres enfin, s'indigneront sincèrement de la persistance de la torture dans un pays qui se dit “démocratique”, mais vibreront plus fort à des problèmes qui les touchent directement : l'insécurité sur les routes, l'incivisme des copropriétaires, ou encore l'arrogance des fonctionnaires, qui fait de chaque démarche administrative une épreuve pour les nerfs. Bref, chacun y trouvera son compte.

    Nous avons listé, dans ce dossier spécial, 90 raisons - ô combien justifiées - de pousser un cri de révolte. Il y en a sans doute des centaines d'autres : toutes ces choses, petites ou grandes, qui nous manquent pour que le Maroc soit un pays développé et démocratique. Continuons de les identifier, et militons ensemble pour les changer. Comme dit la pub, “nous le valons bien”.
    A.R.B






    ...du taux d'analphabétisme à 43%

    Les gouvernements passent, le chiffre reste inchangé ou si peu… Si le Maroc a sensiblement amélioré son classement mondial en matière de droits de l'homme ou de condition féminine, il est toujours à la traîne en matière d'alphabétisation, puisque près d'un Marocain sur deux ne sait ni lire ni écrire. C'est pourtant le point de départ de tout effort de développement. Tout au long des dix dernières années, les différentes campagnes de lutte contre l'analphabétisme (dans les mosquées, les écoles et les usines) n'ont pas eu l'effet massif escompté. À qui la faute ?






    ...de ceux qui confondent laïcité et athéisme

    … Et si au moins ils le faisaient de bonne foi ! Mais vu le nombre de fois que la notion de laïcité (système politico-juridique permettant à chacun de vivre et d'exprimer librement sa croyance, quelle qu'elle soit) a été expliquée et réexpliquée, on est en droit d'affirmer ceci : personne ne confond vraiment laïcité et athéisme ; ils font juste semblant. Parce qu'ils n'arrivent pas à contrer les arguments des laïques, qui se fondent pourtant sur une logique universelle. Mais ce qui est universel est-il valable au Maroc ?






    ...des fonctionnaires arrogants

    Public, le service ? Pas pour certains fonctionnaires, on pourrait même dire la majorité. Eux voient ça plutôt comme une accumulation de petites zones d'autorité, avec à la tête de chacune un roitelet tenant en son bec le précieux cachet à légaliser. Et comme chacun sait, le pouvoir c'est comme la culture ; moins on en a, plus on l'étale. Ton hautain, regard condescendant, mauvaise humeur, l'administré lambda subit tous les travers des chefaillons, des sous-chefaillons et des chefaillons autoproclamés. Et comble du dédain, l'administré paye des impôts pour ça.






    ...de l'interminable feuilleton du Sahara

    Osera-t-on un jour poser cette question : combien de Marocains considèrent le Sahara comme la cause nationale n°1 ? Derrière cette “interrogation polémiste” se profile une lassitude plus ou moins généralisée quant à un feuilleton qui n'a que trop duré. Le conflit aura bientôt 35 ans et il continue à mobiliser d'importantes ressources militaires, financières et diplomatiques. A tel point que l'homme de la rue pense dur comme fer que le Sahara a coûté au pays son développement. Aujourd'hui, un projet d'autonomie tente d'apporter une solution que le Maroc souhaite définitive au conflit. Aboutira-t-elle ? Rien n'est moins sûr, vu les résistances que ce projet soulève déjà chez les leaders du Front Polisario et chez nos voisins algériens. Selon toute vraisemblance, c'est reparti pour un tour...






    …du baisemain royal

    Oui, Mohammed VI ne l'impose pas à tout le monde, on le sait. Mais il ne l'interdit à personne non plus. Du coup, c'est comique : il y en a qui embrassent l'avant-bras, d'autres le coude… Certains hésitent, plongent au jugé, et atterrissent autour de l'aisselle ! Sérieusement, ça doit gêner le roi, au fond. Lui se dit libéral (“Que chacun me salue comme il veut”). Résultat : c'est la confusion dans les esprits des serviteurs de l'Etat. Pour réussir, faut-il être servile ou compétent ? Les deux ? C'est une combinaison plutôt rare, qui explique peut-être pourquoi Mohammed VI puise dans le même vivier, à chaque fois qu'il veut renouveler les walis ou les patrons d'Office… Pourtant, un simple dahir, comme Abdallah d'Arabie, et hop, abolition du geste ! Si Mohammed VI le fait, il dira au peuple : “Je suis un homme comme vous, je n'ai pas de pouvoirs divins. La seule chose que je peux vous garantir, c'est que je ferai de mon mieux”. Vous verrez, messieurs les courtisans scandalisés à la lecture de ces lignes : on l'aimera beaucoup plus spontanément, après ça...






    ...du double

    Difficile d'attaquer le PJD sur ses positions officielles, toujours lisses comme une peau de bébé. Depuis le 16 mai, aucun mot n'est publié par le parti islamiste sans l'aval préalable du secrétariat général. Mais dans leurs sorties publiques, les électrons libres du parti (comme Mustapha Ramid) tiennent un discours plus direct et véhiculent des messages parfois extrémistes, souvent populistes : “Les festivals de la débauche”, “ceux qui ont étudié à la mission sont-ils toujours Marocains”, “le tsunami punition de Dieu contre les homosexuels”, on en passe et des plus nauséabondes. “Nous sommes un parti démocratique qui communique officiellement. Les opinions de nos militants n'engagent qu'eux-mêmes”, répond le secrétariat général. Trop facile… D'abord parce que ces opinions émanent de responsables influents dans le parti, qui encadrent les foules islamistes. Mais surtout, le PJD désavoue rarement (sinon jamais) ses cadres quand ils se lâchent...






    …d'être à la merci de la pluie

    Qui est le véritable décideur de la politique économique au Maroc ? Le roi ? Les multinationales ? Oualalou ou le FMI ? Vous avez tout faux. Les véritables économistes en chef du royaume s'appellent Stratus et Cumulus. Et ce sont ces nuages qui dictent, selon qu'ils débarquent en nombre ou pas dans nos cieux, l'état de santé du PIB marocain. Pour rappel, l'agriculture pèse pour environ 15% du PIB et seuls 16% des terres cultivées sont irrigués, tandis que les 84% restants dépendent d'une pluviométrie incertaine. Alors, quand Oualalou se gargarise des 7% de croissance, ou quand le Centre marocain de conjoncture balance ses prévisions, n'y prêtez pas trop attention. Contentez-vous de lever les yeux vers le ciel et de chanter : “Goulou lâam zine…”






    …d'attendre le métro de Casablanca

    La première étude pour le métro à Casablanca date de 1976, quand la société française Transroute s'intéressait aux transports dans la métropole. Depuis, les Bidaouis rêvent de délaisser les taxis pour ce mode de transport qui fait la fierté de certaines capitales arabes. Mais malgré la succession d'études, payées au prix fort, le projet n'a pas avancé d'un iota depuis des décennies. La raison souvent avancée a de quoi arracher un sourire au plus coincé des chauffeurs de bus : il y a “de l'eau” sous Casa. Toutefois, le plan de développement urbain récemment présenté redonne de l'espoir. Il prévoit la mise en place de 3 lignes de tramway, d'une ligne de métro et même d’une ligne RER. Encore une fausse alerte ?
    إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

  • #2
    …des mensonges sur l'Histoire du Maroc

    Comme nous-mêmes l'avons fait et nos parents avant nous, nos enfants se rendent chaque jour en classe pour apprendre en permanence des mensonges éhontés sur l'Histoire de leur pays. Entre fausses vérités, grandes omissions et vraies inventions, nous nous sommes tous créé, dans notre inconscient, un passé qui n'a jamais existé ! Derrière cette grosse manipulation, les pouvoirs successifs qui, en réécrivant notre passé, ne cherchaient qu'à mieux contrôler le présent, quitte à créer des générations de Marocains qui ignorent tout de leur véritable Histoire, donc de leur véritable identité. Ce n'est pas un scoop : un peuple qui ne connaît pas son passé aura toujours du mal à envisager son avenir.






    ...du harcèlement sexuel dans la rue

    Il n'y a peut-être pas d'études scientifiques pour le prouver, mais le phénomène est devenu assez préoccupant pour que le département de Yasmina Baddou lance une campagne de sensibilisation sur le sujet. C'est bien simple : une femme ne peut faire 100 mètres dans la rue sans qu'elle se fasse apostropher par un inconnu qui lui lancera des mots crus, des insinuations sexuelles graveleuses, voire des insultes. L'agression peut même devenir physique, si la femme montre une quelconque résistance. Ailleurs, on appelle cela du harcèlement sexuel. Pas chez nous, où la pratique est d'une inquiétante banalité. Et ce n'est malheureusement pas la (très timide) campagne de Mme Baddou qui y changera quelque chose....






    ...des activités royales à la TVM

    “Pour que le peuple goûte ses faveurs, le prince doit les faire rares”. C'est Machiavel qui disait ça, en 1515. Depuis, on a inventé la télé. C'est un formidable outil de propagande, quand on s'en sert intelligemment. Mais montrer le roi tous les jours, pendant 3 à 4 heures de temps d'antenne cumulé, en train d'inaugurer quelque chose, de rencontrer des émissaires étrangers (sans qu’on nous dise pourquoi), ou même de souhaiter bon anniversaire à un chef d’Etat quelconque… ça ne fait pas tomber le peuple en pâmoison, non. Le peuple ne se dit pas “aimons cet homme, il travaille pour notre bien”. Le peuple zappe pour éviter l'overdose. Symboliquement, c'est un geste fort. Puisque nos dirigeants aiment tant les symboles, ils devraient s'inquiéter de celui-ci. Et repenser le JT de la TVM.






    …de la rareté des espaces verts

    Nul besoin d'être un “vert” pour s'en rendre compte. Chez nous, le béton mène la vie dure à Dame nature. Et les chiffres sont là pour l'attester : un Casablancais, par exemple, n'a droit qu'à 2 mètres carrés d'espaces verts, contre 20 pour un Parisien et 40 pour un Genevois ! Nous sommes même bien en dessous des normes de l'ONU, qui a fixé à 16 m2 le minimum d'espaces verts nécessaires par habitant. Résultat : un air asphyxiant, une explosion des maladies respiratoires, un manque de lieux de loisirs, des paysages déprimants… Au secours, on étouffe !


    …du moqaddem

    Le symbole le plus proche, le plus visible du Makhzen, c'est lui. Le moqaddem est un agent d'autorité qui s'occupe de tout et de rien. Il sillonne les rues, “renifle” partout (on l'appelle le “chemcham”), se renseigne sur le compte des uns et des autres… et mène les enquêtes préalables à l'obtention d'un certificat de résidence. Il sert à tout cela à la fois, et même plus encore : c'est lui qui représente la base (et le bas de l'échelle) du travail de collecte de renseignements chapeauté par la DAG (Direction des affaires générales, équivalent des RG ou de la DST, mais au niveau de l'administration territoriale). Son job véritable, donc, c'est le renseignement brut, non filtré, non recoupé, où l'information est souvent mêlée à la rumeur la plus invraisemblable. C'est sans doute ce qui le rend très impopulaire, en plus de son très faible salaire qui en fait le représentant d'Etat le plus facilement corruptible. Allez, du vent !






    …de voir le Parlement vide aux deux tiers

    Rien n'y fait. L'absentéisme reste l'élu le plus assidu au Parlement. Le règlement intérieur a beau interdire toute absence injustifiée, nos députés sont des adeptes convaincus de l'hémicycle buissonnier. En vertu de la loi, tout élu ne pouvant pas assister à une séance doit s'excuser auprès du président de la chambre et motiver son absence. Sinon, il est soumis à des sanctions qui peuvent lui coûter une partie de son salaire. En fait, l'origine du problème est toute simple. La plupart des parlementaires cumulent des fonctions électorales. Élus communaux, présidents d'arrondissement, présidents de région… La plupart ont même des entreprises à gérer. Alors où est la priorité ? Certainement pas l'intérêt des électeurs, ni la passion de légiférer...

    …du système

    L'anarchie qui règne dans le secteur des transports est tributaire en grande partie du système des agréments, dont le mode d'attribution est toujours parfaitement arbitraire. Considérés comme une survivance d'un système féodal, 67% des agréments exploités le sont de manière indirecte, c'est-à-dire qu'ils sont loués, ou carrément vendus sous couvert d'un contrat de location. Le plus souvent à des particuliers qui travaillent dans l'informel, payent rarement leurs impôts et ne déclarent pas leur personnel. Les visites techniques périodiques obligatoires des véhicules sont expéditives et les documents sont délivrés ou reconduits moyennant un petit bakchich. Aujourd'hui, Karim Ghellab, le ministre des Transports, envisage de mettre fin à ce système de rente. Tempête en perspective ! Monsieur le ministre, nos vœux les plus sincères vous accompagnent.






    …des gens qui ne veulent

    Les bousculades devant les bus, à l'entrée des stades ou encore devant les guichets administratifs sont devenues tristement banales. Il n'y a que devant les ambassades étrangères que l'on voit des files d'attente bien ordonnées. Tellement ordonnées que le métier de “revendeur de places” y a fait son apparition. L'introduction du système de file électronique (tickets numérotés retirés à l'entrée) a fait ses preuves dans les agences de la poste et dans bien d'autres services publics. Dans la rue, en revanche, la matraque des “mroud” reste l'unique moyen de faire régner un minimum d'ordre.






    ...de l'hypocrisie autour de l'alcool

    “Au Maroc, l'alcool est uniquement servi aux étrangers”. Aussi insensée soit cette affirmation, c'est toujours la version officielle. Un rapide calcul mental (nombre d'hectolitres consommés par nombre d'étrangers au Maroc) en dévoile la dérisoire absurdité. Même confusion sur le plan légal. Le code pénal ne punit que l'ivresse “publique et manifeste”. Un Marocain a donc le droit d'écluser tranquillement chez lui. Dommage collatéral de cette hypocrisie nationale : elle retarde l'entrée en vigueur de l'alcootest au volant, qui sauverait pourtant de nombreuses vies. Connaissant nos funèbres statistiques, ce ne serait pas un luxe...






    …du nombre incroyable de jours fériés

    Visiblement, chez nous, toute occasion est bonne pour fêter quelque chose. Avec officiellement 16 jours, sans compter bien évidemment les ponts, le Maroc fait partie des premiers de la classe, concernant le nombre de jours fériés. Le ministère de la Fonction publique ou le patronat seraient bien inspirés de nous pondre une estimation du manque à gagner occasionné par ces breaks à répétition. Surtout que juste à côté, le voisin (et rival) tunisien ne compte qu'une petite semaine d'arrêt. Si le travail, c'est la santé, alors le Maroc est peuplé d'hypocondriaques.
    إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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    • #3
      ...de Abbas El Fassi

      De rien, il a fait un métier. Il n'a pas de fonction ministérielle, juste le salaire et la Mercedes qui vont avec. Et ça ne le dérange pas outre mesure. M. Abbas El Fassi, ministre d'Etat sans portefeuille, est superflu. Mais il ne l'assume pas, et se plaint régulièrement de la presse qui “ne couvre pas assez ses activités”. Mais où sont-elles, bon Dieu ?! Voilà un scoop que TelQuel paierait cher ! Qu'a fait Abbas d'utile, depuis qu'il est ministre ? Allez, soyons méchants : qu'a-t-il fait d'utile depuis le début de sa carrière politique ? L'homme qui a dit “nous soutenons Sa Majesté le roi, quoi qu'il décide” (il l'a dit !) s'est retrouvé, par accident, à la tête du parti de l'Istiqlal. Juste parce que Hassan II avait besoin de quelqu'un de falot et de contrôlable à ce moment là. Il se trouve que l'Istiqlal est le plus gros parti du Maroc ! Et que M. El Fassi pourrait, démocratiquement, se retrouver Premier ministre !! Hassan II doit se bidonner dans son cercueil. Et M'hamed Boucetta dans son rocking-chair...






      …de la théorie du complot

      Il suffit que la diplomatie marocaine perde une bataille ou qu'un livre critique soit mis en circulation pour que des “analystes”, toujours les mêmes, crient au complot et à la fameuse “main de l'étranger”. Sans autre forme d'explication. Même quand le Maroc a perdu l'organisation du Mondial 2010 au profit de l'Afrique du Sud, les brillants analystes ont trouvé le moyen de tirer sur Nelson Mandela (!!)… et sur tous ceux qui n'ont pas soutenu le Maroc. Alors voilà : tous ceux qui émettent des réserves sur quoi que ce soit, du Sahara à la démocratie en passant par tout et n'importe quoi, sont “manipulés par l'étranger”. Et à force de la sortir, la rengaine a fini par s'user. Aujourd'hui, combien parmi ces brillants esprits croient encore à ce qu'ils disent ?






      …de l'IR à plus de 40 %

      Payer ses impôts est une chose, partager son salaire avec le fisc en est une autre. L'IGR (Impôt général sur le revenu), tout récemment devenu l'IR (Impôt sur le revenu), pèse toujours aussi lourd sur le bulletin de paie des salariés. Et les maigres réaménagements attendus en 2007 sont loin de régler le fond du problème. Les tranches et les taux fixés par l'IR restent complètement déconnectés de la réalité économique et sociale. Un directeur général, payé à 150 000 dirhams par mois, gagnera, grâce au cadeau fiscal de Oualalou, une réduction d'impôt équivalente à 2000 dirhams, soit la tranche au-dessous de laquelle on ne paie pas l'IR. Pis encore, cet impôt retenu à la source par les employeurs ne touche qu'une minorité de la population des travailleurs : un peu plus de 2 millions de personnes. Ce n'est que 20% de la population active sur la base de laquelle on calcule un taux de chômage annoncé à 9,5 % seulement. Question : où sont passés les 70 % restants des Marocains actifs ?






      …de la frilosité des banquiers

      Les banques ne s'intéressent que peu à la viabilité et à la rentabilité des projets qui leur sont soumis en vue de l'octroi d'un crédit d'investissement. Elles examinent avant tout les garanties personnelles apportées par l'emprunteur : titres de propriétés mobilières ou immobilières à nantir. En gros, on te donne de l'argent, si tu nous donnes en garantie quelque chose qui vaut (au moins) autant ? à quoi bon demander un crédit, si on possède un tel bien ? Même la kyrielle de fonds de garantie mise en place par l'Etat est loin de trouver grâce aux yeux des banquiers. Ces derniers appliquent à la lettre l'adage selon lequel on ne prête qu'aux riches. Les moins riches, eux, sont obligés d'hypothéquer leur dernière chemise pour une simple facilité de caisse. Assez !






      …de la Semaine du cheval

      La Semaine du cheval est un anachronisme de la télé des années 80. Erigé en programme dominical imposé aux téléspectateurs, le saut d'obstacles est un sport confidentiel surmédiatisé, sans commune mesure avec le nombre limité de pratiquants marocains. Dans un paysage audiovisuel répondant à la logique de l'audimat, Ousboue Al Farass serait traité en résumé dans une émission sportive, après le football, le basket, la pétanque et… le jet ski. Or, c'est tout le contraire. La Semaine, qui dure en fait 15 jours, encombre toujours les programmes du week-end de la TVM. Pire encore, les Marocains ont désormais droit, non seulement à la Semaine du cheval de printemps, mais aussi, depuis qu'elle est organisée 2 fois par an, à une session d'hiver ! A défaut de chevaux, ce sont les téléspectateurs qu'on achève bien.






      ...des rabat-joie pendant la saison des festivals

      Les anti-festivals ont trouvé un journal pour soutenir leur cause : Attajdid, le quotidien semi-officiel du PJD qui, une fois l'été venu, ne manque jamais de juger ces manifestations artistiques “vecteurs de décadence” pour le Maroc. Ce point de vue ignore les millions de festivaliers heureux d'avoir quelques oasis musicales et gratuites dans le grand désert culturel marocain. Il en est de même de l'union des syndicats artistiques marocains qui reproche l'“invasion étrangère” (entendez, l'invasion de groupes marocains plus modernes qu'eux) dans les festivals. Courant décembre, ce conglomérat d'artistes has been a même concocté un projet de loi afin de “protéger l'artiste marocain marginalisé dans les manifestations artistiques”. Oui, mais qui nous protégera d'eux ?






      …des chauffeurs de taxi qui vous empêchent de mettre

      Que nos taxi-drivers persistent bêtement à risquer leur vie, c'est un peu leur affaire. Mais qu'ils obligent leurs clients à faire pareil, en les dissuadant de mettre leur ceinture de sécurité, c'est une autre histoire. Et de grâce, messieurs les chauffeurs, pensez de temps à autre à passer un coup de chiffon sur la ceinture côté passager. Les bandes en diagonale n'ont jamais été une réussite esthétique. Pas même sur les maillots de la sélection péruvienne de foot.






      …des femmes (et parfois des hommes) qui recourent au s'hour

      Si les femmes sont aux avant-postes pour la confection des talismans et autres hjabs, les hommes s'y mettent aussi. À une nuance près : les dames “consultent” les chouafate, fouqha et autres marabouts, surtout pour des histoires de cœur, alors que les hommes le font pour des questions de pouvoir, d'argent ou de vengeance… quand ils ne paniquent pas après une panne sexuelle. L'irrationnel fait bien partie de notre identité, de notre culture, d’un islam populaire meublé de marabouts, de saints et de jnoun. Les raisons de ce “boom de l'occulte” sont aussi multiples que complexes, mais le poids de la religion (dévoyée, pour le coup) est indéniable. Une victoire de la pensée ésotérique sur la raison cartésienne, que le Makhzen n'a jamais tenté de contrer. Sans doute parce que ses hauts dignitaires y ont recours eux-mêmes...






      …du blocage des villes quand passe le roi

      Ils sont tétanisés, hébétés, complètement “stone”, sifflant n'importe comment, fulminant de rage, criant et insultant les gens sans raison, etc. “Ils”, ce sont les policiers, dans les minutes précédant le passage du convoi royal. Les pauvres hommes en uniforme ont bien raison de perdre la tête : dans quelques instants, les rues seront coupées et plus personne ne pourra bouger. Le pire, c'est que la coupure peut se prolonger… et contaminer d'autres rues, d'autres services (transport public, commerces, bureaux). Résultat : une ville morte, le temps du (long) passage du convoi royal. Qui peut trouver ça normal ?






      ...du mensonge sur la “Oumma Arabiya”

      Aujourd'hui, les discours panarabistes de Gamal Abdel Nasser sonnent faux, confrontés à la véritable identité culturelle du Maroc, largement berbère. Pourtant, la classe politique marocaine, toutes tendances confondues, se gargarise toujours avec cette fausse théorie, demandant aux Marocains de se solidariser aveuglément avec l'Irak et la Palestine au nom de la fraternité arabe, sans tenir compte de la nature des régimes en place ni des projets de société qui y sont défendus. OK pour une marche pour la Palestine, mais par humanisme, sans forcément soutenir ipso facto le Hamas. D'accord pour un sit-in contre l'invasion américaine de l'Irak, mais sans cautionner la dictature précédente de Saddam Hussein. Et certainement pas pour l'unique raison qu'ils sont arabes. Ce que, redisons-le, nous ne sommes pas vraiment...
      إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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      • #4
        …des administrations qui ne répondent jamais au téléphone

        Quand un fonctionnaire vous donne son numéro de fixe, vous vous dites : “Celui-là, il ne veut pas que je l'appelle !”. Mais vous appelez quand même. Neuf fois sur dix, ça sonne occupé. Au bout de la dixième tentative, une main décroche le précieux combiné… pour le raccrocher aussi sec. De nouveau occupé ! Quand, par miracle, une voix daigne vous répondre, elle prend votre appel et laisse les minutes défiler… avant de vous raccrocher une nouvelle fois au nez. Moralité : en plus d'être inefficace, l'administration marocaine est sourde. Pour contourner le problème, il ne vous reste plus qu'à vous débrouiller le portable du responsable en question, ou alors de monter la garde devant son bureau. Bon courage !






        …des lignes rouges qui infantilisent les Marocains

        Allah, Al Watan, Al Malik. Trois repères, trois mots magiques qu'il est seulement permis d'adorer, rien d'autre. Mais le nombre de lignes rouges est infiniment supérieur à trois puisqu'il faut ajouter à la liste des interdits le sexe, la famille, la religion dans toutes ses déclinaisons possibles, le Sahara, etc. Le problème, c'est que toutes ces questions nous interpellent et façonnent, au jour le jour, notre vie. Comment les ignorer et faire “comme si tout était parfait”, comment les accepter sans les sonder, comment les aimer sans les connaître vraiment ? Et comment ne pas se sentir frustrés, méprisés, infantilisés, chaque fois que l'on nous défend d'y toucher ?






        … du drame des petites bonnes

        Elles sont entre 66 000 à 88 000 mineures à s'occuper des tâches ménagères pour un salaire de misère, à ne bénéficier d'aucune protection sociale ni d'horaires de travail définis. Pire, beaucoup d'entre elles sont maltraitées, voire victimes d'abus sexuels. Pour l'ONG américaine Human Rights Watch, qui va jusqu'à parler de traite humaine, “faire la bonne au Maroc, c'est se tuer à la tâche chez un employeur sans merci, 14 à 18 heures par jour, moyennant 40 centimes de l'heure”. Ce qui n'empêche pas les parents, souvent très pauvres et peu convaincus de l'utilité de scolariser leurs filles, de continuer à les envoyer à la galère. Un texte de loi régissant ce type particulier de travail devait voir le jour en décembre 2005. On l'attend toujours. Nos députés auraient-il du mal à se passer de leurs petites esclaves ?






        …des partis politiques qui tirent leurs

        C'est bien connu, tous nos partis n'ont pas de programme politique, en dehors de quelques vœux pieux (tous pour la démocratie et la justice, pour le parachèvement de l'intégrité territoriale… et vive le roi !). Normal, dans ces conditions, qu'on se demande à quoi ils servent. Normal que si peu de gens aillent voter pour eux. Normal qu'on oublie jusqu'à leur existence. Entre nous, qui a envie d'adhérer ou de croire à un parti dont les dirigeants claironnent, sans crainte de paraître inutiles : “notre programme est tiré des discours du roi” ? Déprimant...






        …des copropriétaires qui “oublient” de payer les charges du syndic

        Le Maroc serait meilleur si tous nos voisins payaient le “syndic” à la fin du mois. Qu'ils soient copropriétaires ou locataires, mariés ou célibataires, imams en puissance ou rockers de cœur. Ça n'a l'air de rien, mais ça change la vie, celle de tous les jours. Et ça introduit, en sous-main, une certaine dose de cette conscience civique qui fait tant défaut aux Marocains...






        …du tourisme sexuel

        Dire que le tourisme sexuel n'existe pas au Maroc revient à s'enfouir la tête dans le sable, tellement l'évidence est criante. C'est pourtant ce qu'ont fait nos officiels, pendant trop longtemps. Aujourd'hui, ils font mine de découvrir cette face peu glorieuse de l'ambition “2010, 10 millions de touristes”. Le scandale Philippe Servaty (le journaliste belge et pornographe amateur à cause duquel 13 innocentes s'étaient retrouvées en prison) et la multiplication des affaires de pédophilie ont finalement poussé les autorités à réagir. D'abord par la répression, en multipliant les descentes et les arrestations, puis par la communication, en inventant le label “Tourisme responsable”, un slogan pas encore très bien compris par les gens. Mais il faut se rendre à l'évidence : quand la demande des touristes rencontre une offre locale, essentiellement née de la pauvreté, ni le bâton ni une quelconque carotte n'arriveront à les séparer. Le grand perdant, c'est notre sens de la dignité...






        …des chauffards des grands taxis

        Ce n'est un secret pour personne : les grands taxis (affectueusement surnommés les vaches folles) figurent en bonne place au hit parade des accidents de la route. Passons sur leurs talents de chauffards et sur la fiabilité de leurs montures antédiluviennes. Le plus inquiétant, c'est que ce lobby, visiblement très puissant, continue à arracher des dérogations scandaleuses aux dispositions du Code de la route. Non seulement ils sont autorisés à transporter 7 personnes (dans un véhicule prévu pour 5), mais ils sont également dispensés de l'obligation de port de ceinture de sécurité, alors que l'essentiel de leurs trajets est effectué dans le périmètre extra-urbain. Et on s'étonne qu'il y ait autant de morts sur les routes...






        …de l'article 19 de la Constitution

        Tant que cet article subsistera dans la Constitution, il sera vain de parler de séparation des pouvoirs. Grâce à ce joker, le roi règne et gouverne sans limites. Il est d'abord “amir al mouminine”. Il tire donc sa légitimité du sacré, d'une source divine qui s'impose à tous. Il est ensuite “représentant suprême de la nation, symbole de son unité, garant de la pérennité et de la continuité de l'État”, et “veille au respect de l'islam et de la Constitution”. Et il est, enfin, “protecteur des droits et libertés des citoyens, groupes sociaux et collectivités”. Tout ce qu'il y a de plus normal pour un chef d'Etat, direz-vous… Mais la question est de savoir quelle est l'étendue de ces missions et quelles sont leurs limites. En fait, les seules limites des pouvoirs accordés par ce super-article sont celles… que le roi voudra bien se fixer lui-même ! Qu'on ne s'étonne pas, malgré l'ouverture qui caractérise le régime Mohammed VI, qu'on parle encore de monarchie absolue...






        … de l'hécatombe sur les routes

        Le 2 décembre, douze personnes, dont huit touristes étrangers, meurent dans un accident de la route à la commune de Ouled Hassoun, près de Benguérir. Quelques jours plus tôt, c'est la mort de six français au col du Tichka (près de Ouarzazate), qui fait la une des médias. Mais la mort de ces touristes a occulté celle de centaines d'autres victimes, bien marocaines, de cette véritable guerre des routes : près de 4000 morts par an ! Le coût financier et social de cette hécatombe est énorme : plus d'un milliard de dirhams par an, sans compter les handicapés à vie. Un bilan qui confirme, entre autres, l'échec de campagnes de sensibilisation trop timides (certes, la courbe frémit à la baisse, mais c'est encore peu significatif). Principaux accusés : le laxisme des autorités, les transports publics d’un autre âge, la corruption, l'incivisme des conducteurs comme celui des piétons et, surtout, l'impunité ambiante.






        ...du jus d'ordures laissé par les camions d'éboueurs

        Désormais le ramassage d'ordures se fait deux fois par jour dans certaines villes marocaines. Là où il n'y a aucun progrès, c'est que cela s'accompagne toujours (et plutôt 2 fois qu'une) d'un inévitable jus immonde et nauséabond dégoulinant sur la chaussée. Aux heures de pointe en été, bloqués derrière l'arme chimique sur roues, les automobilistes sont contraints de remonter leurs vitres même quand il fait 35 degrés à l'ombre. Quant aux piétons, ils sentent passer la douleur, se bouchant le nez devant les camions malodorants. Et qu'on ne nous dise pas que c'est pour notre bien !






        ...de faire semblant de revendiquer Sebta et Melilia

        Qui se rappelle encore que deux villes marocaines sont occupées par le méchant voisin espagnol, quelque part au nord ? Depuis 500 ans que ça dure, les Marocains ont fini par s'y faire. Et même au niveau officiel, on ne fait semblant de revendiquer la marocanité de Sebta et Melilia qu'en cas de raidissement des relations avec Madrid. Le reste du temps, ça ne dérange personne, sinon quelques caciques de l'Istiqlal aux vieux réflexes. Et puis disons-le franchement, les habitants des deux villes n'ont jamais rien demandé. La preuve : l'association des Sebtaouis d'origine marocaine s'appelle… l'Union des musulmans de Sebta ! Aucune référence au Maroc ! Aller revendiquer, après ça...






        ... des sitcoms du ramadan

        Paradoxalement, le ramadan, période où les Marocains regardent davantage la télé, est l'époque où le divertissement télévisé vole le plus au raz des pâquerettes. Véritable chasse gardée des comiques troupiers marocains, le mois du jeûne fait la part belle à la médiocrité intellectuelle d'un Mohamed El Khiari, auteur de blagues douteuses sur les noirs. Et surexpose Abdelkhalek Fahid, artiste qui a pour seuls faits d'armes de savoir faire la poule avec sa bouche et le Moonwalk avec son postérieur.
        إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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        • #5
          …de la torture (et de l'impunité des tortionnaires)

          Le Maroc a innové en décrétant une loi contre la torture. Une très belle initiative qui confirme les progrès du royaume en matière de droits de l'homme. Mais cette loi, pour le moment, reste purement théorique. Le Maroc continue d'enregistrer chaque année des cas de décès dans les commissariats ou les postes de gendarmerie, voire à l'occasion de manifestations de rue. Une poignée d'“accidents” de ce genre sont ainsi comptabilisés, annuellement, par les ONG de droits de l'homme. Sans compter le nombre de viols et de violences diverses perpétrés contre les individus qui ont été “cuisinés” par différents services de sécurité. C'est beaucoup, pour un pays qui prétend respecter les droits de l'individu.






          …du noir dans l'immobilier

          Les dessous de table sont devenus la règle des transactions immobilières. Le “noir”, payé pour l'acquisition d'un terrain ou d'un appartement (de n'importe quel standing), oscille entre 10 et 20% du montant de la vente réelle. Cette pratique constitue un frein pour l'acquisition de logements puisque les prêts bancaires ne couvrent pas cette partie illicite. Les futurs acquéreurs n'ont alors qu'à puiser dans leurs bas de laine ou recourir à un emprunt familial sans intérêts. Après le mouton, voici une nouvelle niche que les sociétés de crédit devraient explorer ! À moins que le fisc ne se décide, un jour, à sévir.






          …de l'homophobie ambiante

          L'homosexualité est punie par la loi, soit. Il va donc falloir réformer la loi, mais surtout certains esprits rétrogrades pour lesquels être homo équivaut à être malade, criminel, voire “contre Dieu”. L'homophobie existe dans les textes de loi, mais aussi dans les têtes, et il va falloir changer tout cela. Autrement, lorsque tous les homos du pays opèreront leur coming out, il n'y aura pas assez de tribunaux pour les juger, ni de prisons pour les caser.






          …de l'OPA royale sur le capitalisme marocain

          Après avoir verrouillé le contrôle de l' ONA-SNI et s'être payé le groupe Wafabank pour donner naissance à Attijariwafa bank, le holding royal Siger devient le plus important groupe privé marocain, et de loin. Outre les secteurs classiques (agro-alimentaire et mines), les affaires royales investissent désormais de nouvelles niches comme les télécoms, l'énergie ou encore les services de distribution d'eau et d'électricité. De plus, en usant du poids bancaire d'Attijariwafa (la plus grosse banque privée du Maghreb), le groupe fait la pluie et le beau temps dans le milieu des affaires. La banque provoque des fusions, permet des acquisitions… et s'invite même à des opérations de financement pour lesquelles elle n'a pas été sollicitée ! Est-ce vraiment sain, tout ça ?






          …du racket des gendarmes sur les routes

          Comment se fait-il que tant de camions roulent en surcharge, que tant d'autocars circulent sans papiers en règle… alors que, sur les routes, ces deux catégories de véhicules sont l'objet de contrôles systématiques des barrages de la gendarmerie ? La réponse est simple : une grande partie de ces contrôles se solde par quelques dizaines de dirhams échangés contre l'“absolution” des contrôleurs. Dernière innovation, tellement le système est rodé : les camionneurs ne daignent même plus s'arrêter aux contrôles. Ils jettent, au passage, un billet froissé dans une boîte d'allumettes… histoire que le vent ne l'emporte pas loin de ses bénéficiaires.






          …des bus déglingués qui enfument la ville

          Maintenir bas les tarifs des transports en commun, c'est bien. Encore faut-il en assumer les effets pervers. En mal de rentabilité, les compagnies de transport économisent là où elles peuvent. Et elles n'hésitent pas à le faire sur l'entretien de leurs rafiots sur quatre roues. Résultat : nos villes abondent de bus cracheurs de nuages de fumée noire et opaque. Même James Bond n'en produit pas autant pour semer ses méchants poursuivants.






          … des mendiants professionnels

          Chez nous, la mendicité est un métier d'avenir. C'est ce qu'on est tenté de croire quand on voit l'effectif de mendiants professionnels qui hantent les rues. Ils sont partout : dans les carrefours, les marchés, sur les terrasses des cafés… Une enquête effectuée en 2005 a même évalué leur nombre à un dem-million ! Ravages de la pauvreté ? Pas toujours. Comme le loto, la mendicité peut rapporter gros. Souvenez-vous de cette vieille mendiante, arrêtée avec 120 000 DH en liquide sur elle… La vraie fausse pauvre était propriétaire de deux maisons et s'apprêtait à en acheter une troisième. Du coup, tous les moyens sont bons pour apitoyer le chaland : des enfants loués, un bébé emprunté ou un handicap simulé. La campagne de sensibilisation lancée par le gouvernement a le mérite d'exister. Surtout, en jouant aux funambules, elle pose la vraie question : comment s'attaquer à la mendicité professionnelle, sans stigmatiser la pauvreté ?






          …des élus analphabètes

          Oui, il y en a encore beaucoup. Mais leur nombre exact n'est pas connu, puisque l'analphabétisme n'est pas une caractéristique qu'on met en avant sur un CV. Il n'empêche : leur existence, en soi, contraste douloureusement avec les objectifs affichés de modernisation de la vie politique. Il est vrai que la charte communale a limité la casse, en obligeant les présidents de conseils communaux à avoir au moins un certificat d'études primaires. Ce n'est déjà pas beaucoup, mais le pire, c'est que ce genre de certificat est… très facile à falsifier ! La vraie question est : comment concilier le droit constitutionnel de tout citoyen de se présenter aux élections et l'obligation, dans un souci d'efficacité, d'un niveau minimum d'instruction ? Le débat est ouvert...






          ...de Nadia Yassine

          Avis aux Marocains : pour réussir dans la vie, il faut parler français ! Voyez Nadia Yassine : c'est son atout principal. Avec, bien sûr, le fait d'être la fille de son père, chef du mouvement islamiste numéro 1 du pays. Mais comme elle a fait la mission (honte à toi, Si Abdeslam, honte !), elle maîtrise bien la langue de Molière. Et le sens de la rhétorique. Alors les journalistes occidentaux, qui sont un peu paresseux, vont tous la voir elle, plutôt que la brochette de barbus rébarbatifs qui dirigent vraiment Al Adl Wal Ihsane (et qui la détestent secrètement). Résultat : d'interview en voyage à l'étranger, elle est devenue “pasionaria islamiste”. Comme en plus elle est loin d'être idiote, elle a compris que ces grands enfants du Palais s'énervent pour un rien, alors elle en rajoute : “La monarchie ne convient pas au Maroc”, dit-elle, la maligne ! Comme prévu, ils lui font un procès, alors elle pose devant une nuée de photographes, scotch sur la bouche, et pancarte en anglais (elle innove !) sur le torse. Et les autorités lui organisent ses séances photo !! Bis, bis !






          ...du deadline 2010

          Nos décideurs aiment les chiffres ronds et les dates symboles. On aura 10 millions de touristes… mais en 2010. On a une vision d'avenir… mais pour 2020. Dans les faits, nous n'avons plus que 3 ans pour convaincre 4 millions de touristes de bien vouloir nous rendre visite. Et quand bien même ils ne viendraient pas, pas de problème. Les dates symboles liés au mythe de l'an 2000 ne manquent pas. Le 21ème siècle ne fait que débuter, nos visionnaires ne manqueront pas de nous sortir de leur chapeau de nouvelles politiques à juger à l'horizon 2030… 2040… 2050. Les futurs nouveau-nés vivront même peut-être la vision 2090. En français, on appelle ça de la procrastination.






          ...de l'exclusivité donnée à Paris Match (et à la presse étrangère) sur la famille royale

          Trois lignes ! Voilà ce que Paris Match a consacré à la nouvelle grossesse de Lalla Salma. Nous, à part le fait que cet enfant, une fois né, sera instantanément inscrit sur une liste de succession au poste de roi (ou de prince) du Maroc… ça ne nous regarde pas. La presse marocaine, faire des photos “people” du roi, des princes et princesses, au bord de leurs piscines ? La presse marocaine, interviewer le roi ? Bezzzzaf aâlina ! Le Palais royal acceptera-t-il un jour de nous “ouvrir ses portes”, comme il le fait régulièrement pour Paris Match (photo) ? On peut toujours rêver...
          إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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          • #6
            …de la Deuxième Chambre du Parlement

            Une bonne partie de la classe politique et de la société civile n'en veut plus. Et pour cause, la fameuse Chambre des Conseillers accumule les défauts. En matière législative, sa performance est quasi nulle. Son seul “mérite” semble être sa capacité de nuisance, sa propension à ralentir le processus d'adoption des lois. Pire, empêtrée dans la corruption et les magouilles, elle renvoie une piètre image de la pratique politique. Pourquoi la garder ? En 1996, Hassan II avait créé la Deuxième Chambre pour faire contrepoids à la Première où la gauche était majoritaire. Dix ans plus tard, l'institution est définitivement décrédibilisée, autant par son inutilité que par la corruption de nombre de ses élus. Mohammed VI aura-t-il le bon sens d'organiser un référendum constitutionnel pour sa suppression ?






            …des allocations familiales ridiculement basses

            Cela fait pratiquement vingt ans que les allocations familiales n'ont pas évolué. Elles sont toujours gelées au montant ridicule de 150 DH octroyé par mois et par enfant - et en plus, le montant se rétrécit à 75 DH à partir du quatrième enfant. Ça ne couvre même pas l'achat des couches ! Franchement, des allocations familiales aussi ridicules ne servent qu'à une chose : donner bonne conscience à l'Etat, qui ajoute ainsi un filet social à ceux qu'il présente aux ONG internationales avant leurs notations annuelles. Quant aux bénéficiaires, à ce tarif, ils n'ont qu'un mot à dire : blach !






            …des 15 000 DH de dotation touristique

            En principe, chacun de nous n'a le droit de changer en devises que 15 000 dirhams par an, pour couvrir les besoins de ses voyages touristiques à l'étranger. Pourtant, bien des Marocains se payent des pieds-à-terre à Boston, Paris ou Courchevel. Et même pour les autres, qui imagine sérieusement des vacances de deux semaines en Espagne avec 1400 euros ? Résultat, les Marocains, même les moins aisés, rivalisent de créativité pour dépasser d'un petit chouia ladite dotation : billets cachés sous la semelle ou dans les bagages, bakchich libellé en dirhams pour le douanier… Et pour s'approvisionner en devises, rien de plus simple : les bazaristes, qui ne vendent qu'une paire de babouches par mois, sont de sympathiques agents de change qui ont pignon sur rue et qui n'exigent ni la présentation du passeport, ni le respect d'un quelconque plafond. Mieux encore, leur taux de change est souvent meilleur que celui pratiqué par les banques.






            …de la banalisation de la grève de la faim

            “Nous sommes en grève de la faim pour faire valoir notre droit légitime au statut de professeur de l'enseignement supérieur”. L'épidémie, pour ne pas dire la vogue, de la grève de la faim a finalement rattrapé les docteurs après avoir fait le tour des prisonniers salafistes, des handicapés, des journalistes et même de certains artistes. Par son côté héroïque et sacrificiel, cette forme de protestation a toujours bénéficié d'une certaine aura. Mais accommodée à toutes les sauces et récupérée par toutes les causes, banalisée par un recours qui devient la règle plus que l'exception, elle ressemble davantage à un chantage qui décrédibilise la démarche et lui fait perdre sa légitimité. Et en plus, ça ne marche plus, parce que l'Etat, qui commence à avoir l'habitude, cède de moins en moins. Trop de grève tue la grève...






            ...des femmes déguisées en corbeaux

            Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, dit le dicton. Soit, mais le noir n'est pas une couleur et il n'est pas de très bon goût surtout quand l'habit fait le moine. Car au fond, même s'il ne serait pas juste d'interdire à ces femmes de se couvrir de la tête aux pieds, on ne s'empêchera pas de les considérer comme des fashions victims d’un styliste taliban, connu pour son goût pour le monochrome. Nos Batwomen ont décidé de ne plus être des femmes, ne découvrant aucun centimètre de chair pour ne pas tenter le grand méchant loup. C'est réussi, aucun homme ne les drague. Il faudrait être un passionné du camping pour trouver un quelconque intérêt à un guitoune ambulant.






            ...du délit d'“ébranlement de la foi” d'un Marocain

            Qu'est-ce que notre foi est fragile, quand même ! Il suffit qu'un idéaliste blond et un peu niais nous tende une bible pour que ça nous “ébranle”. Et qu'on appelle les flics, et qu'on coffre le malheureux pour 6 mois à 6 ans ! Il suffit que nous écoutions un CD de hard rock pour que notre foi parte en lambeaux, au point qu'il faille emprisonner 14 pauvres musiciens juste pour qu'on se sente mieux dans notre peau. Le pire moyen de défendre l'islam, c'est d'interdire aux gens de s'interroger à son propos, sous peine de prison ! Laissez-nous nous ébranler tranquillement les uns les autres. Ceux qui resteront seront de vrais croyants, des purs, des authentiques. C'est de ces gens-là que l'islam a besoin, pas de dévots ridicules qui manient le gourdin plutôt que leurs neurones.






            …de Amr Khaled

            Charmeur, charismatique et rhétoricien émérite … Amr Khaled est incontestablement LA pop star de la prédication islamique. Au Maroc, la popularité de son talk-show, diffusé sur la chaîne satellitaire Iqraa, n'a d'égale que l'ambiguïté de son discours. Emballées dans un semblant de modernité et déclamées avec un sourire “ultra-brite”, les idées de Amr Khaled se veulent accessibles et progressistes. Pour autant, le rigorisme n'est jamais loin. À titre d'exemple, cet homme, qui a le talent de brouiller les frontières entre la modération et le radicalisme, se dit très tolérant envers le hijab, mais tout autant envers la burqa (le voile intégral popularisé par les talibans). Plus inquiétant : depuis ses débuts cathodiques, ses prises de position n'ont cessé de se durcir.






            …de l'idée fixe du hrig

            Aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, tenter sa chance loin de ses terres… quoi de plus légitime ? Mais quand la volonté de s'expatrier tourne à l'obsession, cela devient très malsain. Sinon, comment expliquer que des individus bien installés dans leurs pays, avec des situations sociales et matérielles correctes, se posent comme candidats à l'immigration clandestine, avec les risques que cela suppose ? On peut comprendre qu'un chômeur longue durée, en plein désespoir, puisse être tenté de s'embarquer sur une patera, mais un instituteur marié et père de deux enfants ?! Attention, nouvelle pathologie sociale !






            …des champs de sacs en plastique

            Les sacs en plastique, avatar de la modernité dans les années 70, sont en train de tourner à l'horreur écologique. Chaque année, plus de 20 000 tonnes en sont produites, qui finissent leur cycle dans les décharges… pour y rester, ou voguer au gré des vents. Les conséquences dramatiques sur l'environnement vont de la pollution des eaux à la dégradation esthétique, en passant par la dissémination de produits toxiques. En attendant une loi anti-sacs noirs, qui joue à l'arlésienne depuis 2001, nous sommes contraints de nous habituer au paysage singulier des champs de sacs en plastique : un matériau qui ne se dégrade naturellement qu'au bout d’un siècle… au moins.






            …du travail des enfants

            Au lieu de se retrouver sur les bancs de l'école, 600 000 petits Marocains âgés de 7 à 14 ans (soit 11% de cette tranche d'âge) se rendent chaque matin au travail. Et pas n'importe quel travail. Des tâches très physiques, notamment l'agriculture, la mécanique, l'élevage ou le textile, et pour la plupart sans protection, pour des rémunérations ridicules et des horaires de travail que même un adulte aurait du mal à supporter. Le nouveau code du travail a été amendé, élevant de 12 à 15 ans l'âge légal du travail et prévoyant des sanctions pour les employeurs indélicats. Mais on attend toujours son application.






            …des écoutes téléphoniques

            Les écoutes téléphoniques ont été autorisées, depuis peu, sur ordre express du Procureur du roi, dans certains cas particuliers (exemple des achats de voix lors des dernières élections de la Deuxième Chambre du Parlement). Mais qui va croire que les écoutes sont limitées à ces seuls cas et qu'elles suivent invariablement le cours légal ? Personne, bien sûr. Personne, non plus, ne croira ceux qui arguent que tous les “écoutés” représentent un danger pour la stabilité du royaume. Un conseil : si la friture sur la ligne l'emporte sur la voix qui vous parle à l'autre bout de fil, raccrochez tout de suite : il est possible que vous aussi...
            إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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            • #7
              …des bidonvilles

              Les “kariane” (carrières) font partie du paysage urbain de toutes les agglomérations marocaines. En 2004, on recensait 212 000 familles qui vivaient dans des bidonvilles autour des 70 villes du royaume. Depuis, un vaste programme national intitulé “villes sans bidonvilles” a été lancé. Visant l'éradication totale des bidonvilles à l'horizon 2010 (encore !), ce programme nécessite plus de 17 milliards de dirhams, dont 5,4 milliards pris en charge par l'Etat. Les premiers résultats sont encourageants, puisque les habitants de plusieurs bidonvilles ont été relogés. Seul bémol : dès que les pouvoirs publics décident de s'attaquer à un “kariane”, les baraques refleurissent non loin, comme par enchantement.






              … de la “darijaphobie”

              Dans le Maroc officiel, il y a l'arabe pour l'administration et le français pour le business. La darija, langue utilisée par la quasi-totalité des Marocains, n'a de place que… dans la vie de tous les jours. Trop vulgaire pour être reconnue ? Qu'à cela ne tienne, la darija fait le forcing et s'impose progressivement, mais de manière irréversible, dans les espaces qui comptent : les médias via la presse, la radio et la publicité, les arts grâce à la nouvelle scène musicale et la culture, avec la publication de quelques ouvrages en marocain dialectal. Certains partis politiques commencent même à y recourir, histoire de communiquer pour de vrai avec leurs électeurs. Restent quelques bastions imprenables. C'est le cas des médias publics, qui persistent à s'adresser en arabe classique à une population à 43% analphabète. Idem en ce qui concerne l'école, dont le processus d'apprentissage se fait toujours dans une langue que ses élèves n'utilisent jamais. A quand une Moudawana linguistique ?






              …de Bouya Omar

              Cet immense asile à ciel ouvert est tout simplement une honte pour ce pays. Près de 2000 malades y sont entassés en permanence dans des conditions exécrables, et beaucoup d'entre eux sont poussés vers l'esclavage dans les maisons et les champs avoisinants. En 2002, il était question de monter une association pour remédier à tout cela, mais les porteurs du projet se sont frotté à beaucoup de résistances. Certains se sont même vu menacer de mort. Rien de surprenant, tant le business de Bouya Omar est lucratif pour toutes sortes d'intermédiaires, pour les gérants du sanctuaire comme pour les autorités locales. Et pendant ce temps-là, le ministère de la Santé ne lève pas le petit doigt. Il y a vraiment de quoi devenir dingue...






              ...du 190 qui ne répond jamais (et du 160 qui donne rarement le bon numéro)

              Classé en tête des numéros à connaître par coeur sur les sites officiels et les guides pratiques, le 190 (police) est un numéro d'urgence… sauf pour ses standardistes, qui ne répondent jamais au téléphone. Quant au 160, numéro des renseignements, les téléopérateurs sont tellement dépassés par les appels (480 par opérateur et par jour à Casablanca) qu'ils expédient les clients en 43 secondes en moyenne avec, bien trop souvent, un numéro qui ne correspond pas du tout à celui demandé ou, pire, avec un numéro de fax au bip strident et agaçant. A quand l'ouverture du marché ?






              ... de Mahmoud Archane

              On ne connaît au président du Mouvement démocratique et social (sic !) qu'une seule tare - mais elle est de taille : son passé de flic pendant les années noires et ses états de service pour le moins controversés. Ancien commissaire au tristement célèbre Derb Moulay Cherif, il aurait participé personnellement à des séances de torture, comme de nombreux témoignages le confirment. Bien évidemment, Archane nie tout en bloc, intente un procès à une journaliste qui a révélé son passé et revendique le statut de résistant… comme si ça le dédouanait de tout. Le changement dans l'air du temps a-t-il poussé l'ex-policier à davantage de discrétion ? Que nenni : son parti vient d'intégrer le Mouvement populaire uni, et Archane se voit déjà ministre. Il ne manquerait plus que ça...






              …du parcours du combattant du mariage mixte

              Vous avez eu le malheur de vous amouracher d'un(e) étranger(ère) et vous voulez convoler en justes noces ? Bon courage ! Car c'est un véritable chemin de croix administratif qui vous attend. Il débute par la constitution d'un dossier aussi épais que l'édition originale de “Guerre et paix”, à déposer au Tribunal, accompagné d'une “demande d'autorisation de mariage” (!) adressée au Procureur du roi. Avouez qu'il y a plus romantique. En attendant, les deux tourtereaux devront sacrifier à une enquête de moralité, au cours de laquelle ils seront interrogés, entre autres et le plus légalement du monde, sur… leurs antécédents sexuels ! Si !! Et on en passe… Sachez juste que les démarches sont encore plus corsées si vous êtes de sexe féminin et que le futur époux n'est pas de confession musulmane. Dernière précision : cette procédure ne concerne que le mariage avec les ressortissants de pays signataires d'une convention avec le Maroc (dont la France, la Belgique ou encore l'Italie). Pour les autres, les formalités sont encore plus compliquées. Si si, c'est possible.






              ...de ceux qui oublient de se rincer la bouche quand ils jeûnent

              A défaut d'écouter les conseils d'hygiène de son dentiste, un jeûneur peut au moins prêter l'oreille à son imam. Ainsi, il n'est nullement interdit par l'islam de se brosser les dents pendant le ramadan, même si un hadith (certifié ? pas sûr) dit que “le souffle du jeûneur est plus agréable à Allah que l'odeur du musc”. En attendant le jugement dernier, il est préférable de se brosser les dents plutôt deux fois qu'une pendant le mois sacré. La bouche sèche et le ventre vide parfument l'haleine à l'acétone, une odeur qui ressemble à la pomme pourrie. Pour se recueillir, il y a mieux.






              ... de l'hypocrisie autour du haschich

              Hypocrisie plus fumeuse que celle-là, tu meurs d'overdose… Pour la saisir pleinement, inutile d'être dans le secret des dieux, initié ou bien informé sur les liens existants entre les agents d'autorité et les barons de la drogue. Non, il suffit de faire appel à ses sens. Sur la route entre Fès et Kétama, un touriste découvre un paysage verdoyant fait de plants de cannabis à perte de vue, cultivés au vu et au su de tout le monde, de quoi vous en mettre plein la vue au même titre que les chênes-lièges de la forêt de Maâmora. Quand les gendarmes reçoivent l'ordre d'appréhender un cultivateur du Rif, ils traversent ces hectares de verdure sans rien remarquer de louche. Et repassent par le même chemin en redescendant de la montagne, avec leur bouc émissaire menotté. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir...






              …des députés dormeurs

              Il est question de créer une chaîne-télé parlementaire au Maroc. Si son audience reste hypothétique, son effet soporifique est déjà certain. Pas seulement à cause du niveau des débats, mais surtout à cause du nombre de députés qui confondent l'hémicycle avec leur chambre à coucher. Combien de fois la caméra de la TVM en a-t-elle surpris, la tête inclinée et la bouche entrouverte… Mais rassurez-vous. Il y en a quand même qui gardent leurs paupières écartées… pour remplir une grille de mots fléchés !






              …de la polygamie

              Les statistiques sont formelles : la polygamie ne concerne plus qu'une infime minorité de Marocains. La dernière Moudawana tend même à en éloigner la perspective. Question : et si, comme le suggèrent plusieurs ONG, on l'interdisait, tout bonnement ? Même si la polygamie reste tolérée par une partie des hommes (et des femmes), n'est-elle pas la consécration d'une inégalité criante entre les deux sexes, de la prééminence du masculin sur le féminin ? La polygamie a été instaurée au moment où les guerres dévastaient les terres d'islam, multipliant les veuves et les orphelins. Ce temps est révolu. La polygamie devrait également l'être pour que nous puissions prétendre, enfin, à l'égalité, et, plus encore, à la modernité.






              …des moralisateurs du ramadan

              Beaucoup de nos compatriotes considèrent le ramadan comme une exception, une parenthèse que l'on ouvre au premier jour et que l'on ferme aussitôt l'Aïd Sghir annoncé. Le jeûneur peut alors s'improviser, une trentaine de jours durant, apprenti prédicateur. La mue est sidérante : onze mois de vie normale et trente jours de fanatisme. Le prédicateur d'un mois est irascible, intolérant, il voit du haram partout et se mêle allègrement de la vie de son prochain, tout en s'autoproclamant homme modèle. Et tant pis s'il continue de maltraiter ses enfants, tant pis s'il oublie bon nombre de ses propres recommandations aussitôt la parenthèse ramadanesque refermée (voire avant qu'elle ne le soit !). Il n'en est pas à une contradiction près...
              إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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              • #8
                ...de la rareté des poubelles sur la voie publique

                La parole est à un citoyen civique : “Bonjour, je suis un citoyen civique. Je ne jette jamais de détritus dans la rue, pas même un kleenex. Je cherche toujours la poubelle la plus proche. Mais je n'en trouve presque jamais. Alors les détritus, je les garde dans mes poches. Ou je remplis les vide-poches de ma voiture avec. En fait, je ne suis pas un citoyen civique. Je suis Don Quichotte. Mais j'en ai marre que ma voiture soit crade tout le temps. J'en ai marre de m'apercevoir que je tiens le même kleenex sale dans la main depuis une heure, qu'en fait, je l'ai oublié dans ma main, à force de chercher des poubelles qui n'existent pas. Alors des fois, je le jette sous une voiture, discrètement. Et honteusement. Par contre, j'adore les pubs “main dans la main, construisons demain”. Le beau jeune homme écolo a toujours une poubelle à 1 mètre de lui. C'est plus pratique pour faire la morale aux gens”.






                ...de l'hypocrisie du gouvernement dans l'affaire des otages en Irak

                Ça fait plus d'un an qu'on n'a plus de nouvelles de Abderrahim Boualem et Abdelkrim Mouhafidi, mais “on ne sait pas”… Ça fait plus d'un an que leur ravisseur, le terroriste Abou Moussab Zarqaoui, a déclaré les avoir condamnés à mort, mais “on n'a pas de preuves” (trouver deux cadavres en Irak, un an après, au milieu de 600 000 autres ? Funeste blague !). Ça fait plus de six mois que Zarqaoui est mort, enseveli sous un tapis de bombes américaines, mais le gouvernement marocain, dont le pic de “recherche d'indices” a consisté à envoyer des diplomates en Jordanie (!!), déclare “n'être en mesure de rien affirmer”. Pendant ce temps-là, les familles des deux sacrifiés n'ont toujours pas fait leur deuil, ni organisé de funérailles. Les maintenir dans cet état est lâche et inutilement cruel. Quant au compteur des “jours de captivité” de nos deux compatriotes, plus personne n'y fait attention. Le jour où il disparaîtra honteusement des écrans, ejecté par l'évidence, on se dira : tiens, quelque chose a changé dans le décor du journal télévisé. Mais quoi ?






                …de Mohammed Benaïssa

                Les sorties idiotes de notre ministre des affaires étrangères sont légendaires, tout comme sa parfaite maîtrise de la langue de bois. Dernier exemple en date, en guise de déclaration de bienvenue au pauvre ministre irakien des Affaires étrangères, de passage à Rabat le 6 décembre : “le Maroc, lui dit Benaïssa, est en mesure d'aider les Irakiens à sortir de la conjoncture délicate que traverse leur pays, en raison du rôle de Rabat sur les scènes arabe, islamique et internationale”. L'Iran, la Syrie et les pays du Golfe peuvent aller se rhabiller ! Quand James Baker avait jeté l'éponge, ulcéré par les reculades sur le Sahara, Benaïssa avait déclaré que son départ était une “victoire”, due à “la ténacité du Maroc” ! Aujourd'hui, Baker est à la droite de Bush, et qui a l'air malin ? On en passe beaucoup, et pire que ces deux-là. Par quel mystère Benaïssa est-il toujours à son poste ? Surtout que le travail de fond, c'est le ministre délégué Taïeb Fassi Fihri qui le fait...






                ...du mensonge sur les frontières

                “Sacrée”, l'intégrité territoriale ? A d'autres ! Si elle l'était, l'Etat marocain n'accepterait pas que l'armée mauritanienne campe à Lagouira (censée être sa frontière sud), alors que la frontière réelle est à 50 kilomètres plus au nord. Si elle l'était, on n'aurait pas construit le mur de sable à l'intérieur du Sahara, abandonnant de facto un bon tiers de notre territoire “sacré” à l'armée ennemie. Si elle l'était, l'Etat n'admettrait pas que les militaires algériens annexent chaque années quelques dizaines, voire quelques centaines d'hectares d'oasis (parfois même des mines) du flanc est de ce qui est supposé être “notre” territoire. La seule chose qui est vraiment sacrée, c'est la propagande officielle. Quant au Sahara, Hassan II, pas fou, l'avait d'abord fait quadriller par l'armée. Après, il a donné le feu vert à 30 ans de polémique. Mais une polémique “sacrée”, attention !






                …des prisons-écoles du jihad

                On a beau les transférer de prison en prison, les maintenir dans l'isolement, les brimer… les prédicateurs salafistes, qu'ils soient prêcheurs à la petite semaine ou cheikhs accomplis, réussissent toujours à mener à bien leurs opérations d'embrigadement. Pour une raison toute simple : tout salafiste qui se respecte doit pratiquer la “daâwa” en tout lieu et en toute circonstance. Ce qui est dangereux, c'est que le discours salafiste trouve un terreau fertile dans les centres pénitentiaires. Pour les délinquants comme pour les apprentis salafistes, le jihad verbal (pour commencer) représente non seulement un moyen de “rédemption” mais aussi une possibilité valorisante de sortir de l'anonymat. Pour stériliser ces fabriques du jihad, faut-il créer des quartiers spéciaux, en quarantaine, dédiés aux islamistes ? Gare aux atteintes aux droits de l'homme, alors...
                إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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                • #9
                  c'est la même chose en Algérie, à quelques détailes, noms et appelations près
                  Partout où se dirigent ses montures ; L’amour est ma religion et ma foi.
                  Ibn Arabi

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                  • #10
                    …du dikdat de “ridat al walidine”

                    La récompense absolue pour tout Marocain est la bénédiction de papa et maman, qui fait de lui un “mardi l'walidine”. Quant au bonheur et à la réalisation personnels, ils passent forcément au second plan. Derrière cet état de fait, tout un travail de sape effectué par l'éducation parentale dès le plus jeune âge, avec un seul et unique but : faire comprendre au rejeton qu'il doit tout à ses géniteurs. “C'est grâce à moi que tu es ce que tu es aujourd'hui, ne l'oublies pas”, a-t-on l'habitude d'entendre. Résultat : le Marocain reste pour ainsi dire un mineur jusqu'au décès de ses parents. Quant aux révoltés, les fameux “msakhet l'walidine”, ils courent le risque de se retrouver bannis de la cellule familiale… et de la société ! Ailleurs, on appelle ça du chantage.






                    …des Lois de Finances de Oualalou

                    Les années passent et les budgets présentés par le ministre des Finances se ressemblent. Les mêmes chiffres reviennent à chaque Loi de Finances : un déficit budgétaire de 3% et une inflation de 2%. À croire que l'unique rôle de l'argentier du royaume est de respecter ces niveaux d'équilibre macro-économique. Et pour cela, il doit céder chaque année une partie du capital d'une entreprise publique ou couper dans les budgets d'investissement (dont le taux de réalisation dépasse rarement 75 %). Le financier du gouvernement continue d'ailleurs à penser que c'est “la pluie qui gouverne” puisque la croissance économique dépend avant tout de la campagne agricole. Supprimons alors le ministère des Finances !






                    ...de la blague du taux de chômage

                    Lecteurs, tenez-vous bien : il y a moins de chômeurs au Maroc qu'en France, qu'en Espagne, qu'en Allemagne et qu'en Italie. 9,5% !! Le truc, c'est notre manière de compter les chômeurs. En fait, on ne les compte pas, on compte les “actifs occupés”, puis on voit combien il manque pour atteindre 100%. Des enquêteurs du Haut commissariat au plan font donc des enquêtes de terrain, et ils posent cette question aux gens : “Avez-vous eu une quelconque activité les six derniers mois ?” Si vous répondez “oui, j'ai tenu l'étal de mon voisin, vendeur de cigarettes au détail, pendant une heure, il y a 2 mois” ou encore “oui, j'ai labouré le champ de mon oncle pour pas un rond, il y a 8 semaines”, félicitations ! Vous êtes officiellement un “actif occupé”. A ce compte, 9,5% de taux de chômage, c'est un drame national ! A moins que le drame, ce ne soit qu'on nous prenne pour des imbéciles à ce point...






                    ...de l'hypocrisie autour du sexe

                    Les adultes marocains non mariés font l'amour comme tous les êtres humains normalement constitués. Mais ils ne le hurlent pas sur les toits, préférant réserver leurs cris au périmètre restreint du lit. Cette discrétion les honorerait si elle était librement consentie. Ce n'est pas le cas. On rencontre sa copine ou son copain en catimini, les couples “illégaux” inventent quotidiennement des ruses de sioux pour s'y adonner à l'abri des jugements, et de nouvelles positions basées sur de honteux frotti-frotta. Et quand bien même ils s'oublieraient dans le feu de l'action, et que la petite membrane y passerait, la médecine est là pour sauver les apparences. Rafistolages d'hymen, avortements érigés en moyens de contraception… l'hypocrisie du sexe à la marocaine, ce sont encore les blouses blanches qui en parlent le mieux.






                    …du chantage des diplômés chômeurs

                    Chaque fois que les discussions bloquent avec le gouvernement, le collectif disparate des diplômes chômeurs brandit la menace du suicide collectif. Incontestablement, les diplômés chômeurs ont appris à faire de la politique. À leur manière. Celle du chantage le plus extrémiste, en vue de soutirer le maximum d'acquis et gagner la sympathie de l'opinion publique. La “vogue” du suicide a été lancée en 2005 par un premier groupe (les fameux “porteurs de la lettre royale”), aussitôt suivi par d'autres groupes de sans-emploi. Affolé, le gouvernement a fini par céder, distribuant ici et là les promesses d'embauche. Alors si vous êtes chômeur, que vous n'avez pas trop envie de chercher un emploi ni de rédiger des CV, vous savez ce qui vous reste à faire...






                    …de faire semblant de croire à l'UMA

                    Dans un récent message de félicitations adressé à Mohammed VI, Abdelaziz Bouteflika n'a pas hésité à “réitérer la volonté de l'Algérie de consacrer l'Union du Maghreb arabe, conformément à l'attachement des regrettés rois Mohammed V et Hassan II”… Ce qui n'empêche pas le même Bouteflika de maintenir fermée la frontière terrestre maroco-algérienne ! Depuis le lancement du projet UMA, en 1989 à Marrakech, ça n'a jamais vraiment pris corps, ne serait-ce qu'au niveau des accords douaniers. Là où ça marche très fort, en revanche, c'est dans la propagande officielle. Les populations du Maghreb, pas dupes, rigolent. Pourtant, si ça ne tenait qu'à elles...






                    ...de la dualité haggar/mahgour

                    “Dis-moi ton nom de famille, tes relations, la marque de ta voiture et celle de tes fringues… et je te dirai qui tu es”. C'est encore notre paradigme social n°1. L'égalité ? Connais pas. On est tous le supérieur de quelqu'un et l'inférieur d'un autre (sauf le roi qui n'est l'inférieur de personne, mais il est la seule exception sur 30 millions). Et puisque c'est le seul moyen de nous distinguer les uns des autres, il faut le faire sentir. Le supérieur doit être arrogant et méprisant (haggar) envers l'inférieur - sinon, à quoi bon être supérieur ? Quant à l'inférieur, il accepte sans ciller d'être méprisé (mahgour), puisqu'il trouvera toujours lui aussi, un inférieur pour se défouler. Et on se demande pourquoi la démocratie tarde à arriver...






                    ...du mythe du Maroc tolérant

                    … Plus précisément, du mythe du Maroc “havre de tolérance”. Si si, il se trouve encore des officiels pour répéter ça aux invités étrangers, entre le méchoui et la pastilla, au buffet de la Mamounia. La preuve de notre tolérance : les juifs. N'ont-ils pas été “protégés” par les sultans du Maroc, de toute éternité ? Si protéger des gens, c'est les parquer dans des ghettos insalubres (les mellahs) et laisser faire un petit pogrom tous les 30 ans histoire que le bon peuple se défoule, alors oui, nous sommes tolérants. Si être tolérants, c'est punir de prison l'homosexualité, la consommation d'alcool et la rupture volontaire du jeûne pendant le ramadan, alors nous le sommes. Si c'est harceler toute femme non voilée dans la rue parce qu'après tout, elle n'a qu'à ne pas s'habiller comme une p…, alors nous sommes des parangons de tolérance. On a juste quelques “spécificités culturelles”… Encore un peu de pigeon aux amandes ?






                    … de la culpabilisation des célibataires

                    La solitude n'est pas ce qu'il y a de plus dur à vivre pour un célibataire. Ce serait plutôt la pression inouïe qu'exerce la société sur cette espèce en voie de prolifération. Coupables : la famille, mais aussi les voisins du quartier, les collègues de bureau, le cercle d'amis… Et ce sont les femmes qui en souffrent le plus. Ne dit-on pas d'un célibataire qu'il est libre, mais d'une célibataire qu'elle est esseulée, voire “baïra”, littéralement “terre aride” ? Ce qui revient à affirmer que, pour une femme, il n'y a pas d'existence hors de la vie conjugale ! Pour les hommes, les choses sont certes plus supportables. Mais la normalité étant dans le mariage, le solitaire est forcément “anormal” et son statut peut remettre en cause sa virilité, voire sa masculinité. Parce que selon nos valeurs sociales, ne pas être marié, c'est ne pas atteindre pleinement son statut d'homme. Au final, pour l'une comme pour l'autre, le mariage est une fatalité. Ne serait-ce que parce ce que notre société n'accepte, aujourd'hui, aucun modèle alternatif.






                    ...de ceux qui prennent tous les barbus pour des terroristes

                    Beaucoup de gens le reconnaissent aujourd'hui : depuis le 16 mai, beaucoup de gens ont instinctivement peur des barbus. En font-ils trop ? Certainement. D'abord, la barbe n'est pas l'apanage des islamistes. Ensuite, tous les islamistes ne sont pas forcément violents. Ils ont peut-être des idées tranchées sur le mode vestimentaire ou les obligations du bon musulman, mais tant qu'ils n'entravent la liberté de personne, ils ont le droit de jouir de la leur. “Politiquement correct”, ce discours ? Peut-être. Mais c'est préférable à la banalisation d'une nouvelle forme de discrimination : la ségrégation pilaire.






                    ...de la loterie judiciaire

                    Au Maroc, mieux vaut un mauvais arrangement qu'un bon procès. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'un bon procès, ça n'existe pas. A la limite, les procès manipulés pour des raisons politiques sont les moins arbitraires. Ceux-là, au moins, sont conduits en fonction de paramètres clairement définis. Il y a aussi les procès biaisés par corruption du juge. Là aussi, c'est le plus riche qui gagne. Ce n'est pas juste, mais c'est logique. Et puis il y a tout le reste, l'écrasante majorité des procès, dont l'issue dépend de mille et un paramètres plus aléatoires les uns que les autres. Si le juge s'est levé de bonne humeur, s'il ne s'est pas disputé avec sa femme la veille, s'il a la moindre expertise technique sur le dossier qu'il a sous les yeux (le plus souvent, non), s'il a le temps de bien étudier le dossier dans le détail (jamais), etc. Conclusion : au Maroc, la justice est aussi démocratique que la loterie. Ça devrait être présenté comme ça, d'ailleurs. Ainsi, les justiciables auront au moins la consolation d'avoir été prévenus...






                    …d'observer la lune pour fêter l'Aïd Sghir

                    Sommes-nous condamnés à scruter le ciel pour déterminer le début et la fin du ramadan ? “Jeûnez après l'observation du croissant et célébrez la fin du ramadan après son observation”, dit le prophète dans un hadith. Soit, mais le prophète n'a jamais dit que cette “observation” devait se faire à l'œil nu, même 14 siècles et des progrès technologiques considérables plus tard ! Pire encore, ce rituel moyenâgeux ne mobilise pas moins d'une centaine de fonctionnaires (des adouls, des juges et même des militaires !), qui se partagent l'écrasante responsabilité de dire aux Marocains… s'ils peuvent jeûner ou pas ! Il suffirait pourtant de se mettre à l'heure des nouvelles technologies et d'adopter définitivement, à l'instar de nombreux pays, comme la Turquie, le calcul astronomique pour être définitivement fixé sur la “nuit du doute”.

                    The end
                    Source : Tel Quel.
                    إِن تَنصُرُوا الله ينصُركُم الله، الوطن، الملك

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