Dos à dos, mais les yeux dans les yeux
Par Kamel Daoud (piqué sur soc culture algerie).
L’Algérie et le Maroc sont deux pays voisins mais chacun a sa propre
vue sur mer et sur terre et sur la paix.
L’Algérie et le Maroc sont proches, mais pas des mêmes buts.
L’Algérie et le Maroc sont frontaliers mais vivent séparés depuis
l’Indépendance et chacun à sa propre cuisine.
L’Algérie et le Maroc ont chacun leur sahara. Mais l’un des deux en a
un de plus ou de trop grand, selon l’autre.
L’Algérie et le Maroc parlent la même langue mais persistent à
utiliser, chacun, un traducteur lorsqu’ils se croisent dans la rue ou à
l’ONU.
L’Algérie et le Maroc ont tous deux leur islamisme. Mais l’une l’a
derrière le dos et l’autre derrière le prochain virage.
L’Algérie et le Maroc sont deux pays frères: ils ont les mêmes traits,
le même boulot dans la région, presque le même nombre d’enfants, mais
chacun des deux tient à l’avis de son épouse en ce qui touche à
l’héritage de l’ancien colon.
L’Algérie et le Maroc ne se font plus la guerre, ne se font plus la
paix, mais se font des misères sur une misère.
L’Algérie et le Maroc s’échangent les clandestins, les hallucinogènes,
les ministres des Affaires étrangères ou de l’Intérieur, les menaces,
les camions d’aides lors des sinistres et les lettres de félicitations
et les jerricans d’essence. Pour le reste, il faut voir avec la Libye,
l’Espagne, la France, Kofi Annan et même la Mauritanie.
L’Algérie et le Maroc, et comme tout le monde le sait et le vit,
s’accordent sur l’histoire mais divergent sur la géographie.
Le Maroc et l’Algérie aiment s’accuser mutuellement. C’est moins
dangereux que des affrontements mais aussi moins routinier que la
fraternité.
Les deux pays sont unis pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur
c’est l’UMA, chaque quatre ans, dans le meilleur des cas. Le pire, c’est
ce qui s’étale entre deux rendez-vous soigneusement ratés.
L’Algérie et le Maroc sont comme les hérissons de la fable lors de la
saison des grands froids. S’ils s’éloignent l’un de l’autre, ils
crèvent, s’ils se rapprochent trop l’un de l’autre, ils se piquent. Du
coup, ils passent leur temps à se tirer les cheveux et c’est beaucoup
mieux que les balles.
Leurs grands accrochages se font par journaux interposés, leurs petites
guerres se font par lâchers de clandestins.
Du coup les deux pays, ne peuvent ni se quitter avec assurance, ni se
rencontrer avec bénéfice. La moitié de leur histoire est une histoire de
vaisselle cassée dans l’univers des grands changements.
Par Kamel Daoud (piqué sur soc culture algerie).
L’Algérie et le Maroc sont deux pays voisins mais chacun a sa propre
vue sur mer et sur terre et sur la paix.
L’Algérie et le Maroc sont proches, mais pas des mêmes buts.
L’Algérie et le Maroc sont frontaliers mais vivent séparés depuis
l’Indépendance et chacun à sa propre cuisine.
L’Algérie et le Maroc ont chacun leur sahara. Mais l’un des deux en a
un de plus ou de trop grand, selon l’autre.
L’Algérie et le Maroc parlent la même langue mais persistent à
utiliser, chacun, un traducteur lorsqu’ils se croisent dans la rue ou à
l’ONU.
L’Algérie et le Maroc ont tous deux leur islamisme. Mais l’une l’a
derrière le dos et l’autre derrière le prochain virage.
L’Algérie et le Maroc sont deux pays frères: ils ont les mêmes traits,
le même boulot dans la région, presque le même nombre d’enfants, mais
chacun des deux tient à l’avis de son épouse en ce qui touche à
l’héritage de l’ancien colon.
L’Algérie et le Maroc ne se font plus la guerre, ne se font plus la
paix, mais se font des misères sur une misère.
L’Algérie et le Maroc s’échangent les clandestins, les hallucinogènes,
les ministres des Affaires étrangères ou de l’Intérieur, les menaces,
les camions d’aides lors des sinistres et les lettres de félicitations
et les jerricans d’essence. Pour le reste, il faut voir avec la Libye,
l’Espagne, la France, Kofi Annan et même la Mauritanie.
L’Algérie et le Maroc, et comme tout le monde le sait et le vit,
s’accordent sur l’histoire mais divergent sur la géographie.
Le Maroc et l’Algérie aiment s’accuser mutuellement. C’est moins
dangereux que des affrontements mais aussi moins routinier que la
fraternité.
Les deux pays sont unis pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur
c’est l’UMA, chaque quatre ans, dans le meilleur des cas. Le pire, c’est
ce qui s’étale entre deux rendez-vous soigneusement ratés.
L’Algérie et le Maroc sont comme les hérissons de la fable lors de la
saison des grands froids. S’ils s’éloignent l’un de l’autre, ils
crèvent, s’ils se rapprochent trop l’un de l’autre, ils se piquent. Du
coup, ils passent leur temps à se tirer les cheveux et c’est beaucoup
mieux que les balles.
Leurs grands accrochages se font par journaux interposés, leurs petites
guerres se font par lâchers de clandestins.
Du coup les deux pays, ne peuvent ni se quitter avec assurance, ni se
rencontrer avec bénéfice. La moitié de leur histoire est une histoire de
vaisselle cassée dans l’univers des grands changements.
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