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Déchaînement de la presse iranienne contre le président Ahmadinejad

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  • Déchaînement de la presse iranienne contre le président Ahmadinejad

    Le président iranien est sans doute dans une position bien plus faible qu'il n'y paraît. Qu'ils soient réformateurs ou proches des religieux au pouvoir à Téhéran, les journaux critiquent durement ses escapades géopolitiques et son insistance sur le dossier nucléaire.

    "Mais que fait le président en Amérique latine ?" interpelle Etemad e-Melli. "Pendant que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice fait du lobbying auprès des régimes arabes, notre président se trouve à l'autre bout du monde à serrer les mains des héritiers de Simón Bolívar. Quelle est la stratégie du président ?" demande le journal. "La stratégie américaine est claire, ils essaient de nous isoler régionalement. Nous sommes dans une situation difficile et les choses ne risquent pas de s'améliorer. Notre première priorité devrait être de concentrer nos efforts diplomatiques sur le Moyen-Orient, notamment vers l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats arabes unis."

    "Pourquoi parlez-vous sans cesse du dossier nucléaire ?" questionne de son côté le quotidien ultraconservateur Jomhouri Islami. "Dans vos déplacements en province, vous revenez systématiquement à ce problème. Ce n'est pas le rôle du président que de traiter de ce type de problème à la moindre occasion", estime le journal. "Vous ruinez les efforts diplomatiques avec vos déclarations. Laissez ceux qui sont en charge du dossier faire leur travail et ne revenez sur ce problème que lors de rassemblements importants", demande le journal. "Vous avez récupéré politiquement la défense de notre droit au nucléaire", considère le quotidien. "Cette bataille n'appartient pas à votre gouvernement. Elle a été défendue par tous les gouvernements passés et par le guide suprême de la révolution. Votre attitude laisse croire que vous cherchez à occulter les autres problèmes", suggère le quotidien religieux, proche d'Ali Khamenei.

    Le guide suprême de la révolution islamique, qui avait pourtant propulsé Ahmadinejad au pouvoir, semble désavouer son ancien poulain. Pour le régime, il devient préférable de mettre en avant les excès du président et de le présenter comme un homme isolé. Dans le système de la République islamique, le président est souvent réduit à un rôle "cosmétique". Alors que Mohammad Khatami (président de 1997 à 2005) incarnait le courant réformateur du régime, apparu pour rassurer les Occidentaux, Mahmoud Ahmadinejad est présenté désormais comme un élément incontrôlable qu'il suffit de déboulonner pour rendre le régime à nouveau acceptable.

    Beaucoup de voix dans le pays se font entendre pour appeler Ahmadinejad à régler plutôt les problèmes internes, notamment économiques. Un groupe de députés réformateurs et modérés fait signer des pétitions pour obliger le président à rendre des comptes sur sa politique. Aftab-e Yazd rappelle que le président n'a pas tenu ses promesses. "Ne tardez plus, Monsieur le Président", demande le quotidien réformateur. "Pendant la campagne présidentielle, une des promesses les plus importantes du candidat Ahmadinejad était de lutter contre la corruption, la mafia du pétrole et de redistribuer les revenus du pétrole aux pauvres. Mais jusqu'à maintenant, rien n'a été fait. Le peuple exige que le président sanctionne les personnes corrompues qui s'enrichissent et mettent les Iraniens dans une situation précaire", insiste le journal, qui souhaite des explications sur "l'augmentation récente des prix des biens de consommation courante, comme la viande, les œufs, etc."

    Le quotidien économique Donya e-Eqtesad appelle quant à lui depuis plusieurs semaines le gouvernement à une gestion plus rationnelle des ressources de l'Etat, en réduisant la dépendance aux revenus du pétrole et en maîtrisant l'inflation. Quand il aura géré tous ces problèmes, "s'il lui reste un peu d'énergie, Mahmoud Ahmadinejad pourra aller défendre nos intérêts par-delà les océans", ironise Etemad e-Melli.


    Par Le courrier International
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