C'est plutôt une chance pour les pays voisins qu'un fardeau, dommage que les pays du Maghreb ne participe pas à cet enrichissement.
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Après avoir vécu l’exode des Palestiniens, le Proche-Orient est confronté à un nouvel afflux massif de réfugiés, cette fois en provenance d’Irak. Selon l’ONU, ils sont déjà un million, rien qu’en Syrie, et si l’exode se poursuit à ce rythme, les conséquences seront lourdes pour toute la région.
Déjà, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), les Irakiens représentent plus de 5% de la population syrienne (18 millions d’habitants). En accueillant 700.000 Irakiens, la Jordanie a augmenté la sienne de 12% et Amman a pris des mesures pour endiguer le flux. Tout comme l’Egypte, qui a reçu 130.000 Irakiens.
La Jordanie, qui fut dans les années 70 menacée dans sa stabilité par la présence palestinienne, n’est pas remise de son "11 Septembre" à elle, le triple attentat-suicide visant des grands hôtels d’Amman, attribué à des Irakiens proches d’Al-QaJida, qui avait fait 60 morts en 2005. Du coup, selon Human Rights Watch, Amman refuse l’entrée aux Irakiens mâles âgés de 17 à 35 ans.
La présence des réfugiés est un "fardeau", admet le porte-parole gouvernemental Nasser Judeh, réclamant une conférence internationale afin d’organiser des compensations pour les pays arabes accueillant les réfugiés.
La Syrie, elle, n’a pas fermé ses frontières aux Irakiens fuyant la guerre. Dans certains quartiers de Damas, on n’entend plus que l’accent irakien... A al-Sayda Zeinab, en banlieue, la mosquée chiite compte plus d’Irakiens que de pèlerins iraniens : parmi les réfugiés, il y a environ 300.000 chiites.
Damas se refuse à en évaluer le coût. "C’est effectivement un fardeau, mais la Syrie ne se plaint pas et ne demande l’aide de personne", déclarait en janvier le vice-président Farouk al-Chareh.
Pourtant les loyers ont grimpé, parfois de près de 300%, à Damas. Dans les secteurs à forte implantation de réfugiés, les écoles comptent désormais parfois jusqu’à 50 enfants par classe : les écoles du pays auraient accueilli jusqu’à 28.000 petits Irakiens.
L’ONG Human Rights Watch accuse les Etats-Unis de ne rien faire : "Washington dépense environ deux milliards de dollars (1,55 milliard d’euros) par semaine pour la guerre en Irak, mais a à peine commencé à s’attaquer aux conséquences humaines de la guerre", déplore Bill Frelick, responsable des réfugiés chez HRW.
Le HCR demande à Washington de prendre en charge au moins 20.000 réfugiés irakiens en 2007. Soit un gros effort par rapport aux quelques centaines de 2006....
Washington et Bagdad, eux, accusent la Syrie d’héberger les chefs de l’insurrection sunnite et de laisser sa frontière ouverte à tous leurs passages, affirmant que la moitié des auteurs d’attentats en Irak viennent de ce pays.
Selon le bureau du HCR à Damas, quelque 40.000 nouveaux réfugiés arrivent d’Irak chaque mois. Ils peuvent rester six mois sur un visa, puis doivent quitter le territoire avant de revenir pour six nouveaux mois. La méthode la plus simple étant le voyage organisé pour 20 dollars au Liban voisin...
La plupart des Irakiens de Syrie ne se plaignent pas de leur exil. Certains sont installés dans les camps palestiniens, où les loyers sont moins chers, rejoignant les dizaines de milliers de réfugiés palestiniens arrivés après 1948 et la création d’IsraJel ou après 1967 et la Guerre des Six jours. Comme à al-Yarmouk, immense camp-banlieue en lisière de Damas.
Ils ont aussi fondé une université, avec des enseignants et des étudiants majoritairement irakiens, triste réflexion sur l’exode des cerveaux pour cause de guerre...
A Damas, deux théâtres jouent des pièces irakiennes dont la distribution est 100% irakienne. "Irakiens de l’exil"... "Mal du pays", comédie se déroulant dans les locaux d’une chaîne satellitaire irakienne imaginaire basée en Syrie, fait salle comble : pour 5 dollars (4 euros), des Irakiens ayant fui les fusillades, attentats, assassinats et enlèvements, hurlent de rire aux blagues sur la pénurie d’essence ou les coupures d’électricités dans Bagdad.
"Ce n’est pas une bonne vie, mais au moins ici nous sommes en sécurité", dit Ibrahim Hamad, ex-officier irakien arrivé il y a huit mois avec femme et enfants de la province d’Anbar, bastion de l’insurrection sunnite. Membre du parti Baas dissous, Hamad vit du loyer versé par les occupants de son appartement bagdadi (250 dollars/193 euros) et de ses incursions dans le commerce transfrontalier... Des proches lui font miroiter un emploi à DubaJi.
En janvier, le HCR, débordé, a lancé un appel d’urgence, réclamant 60 millions de dollars pour les réfugiés irakiens. Et ce car vu la violence incessante, le flux massif ne risque pas de se tarir.
Quant à l’exode intérieur, il est aussi terrible : 500.000 déplacés en 2006, et un total qui devrait atteindre 2,3 millions d’ici la fin 2007. Soit un Irakien sur dix.
Presse Canadienne
publié le dimanche 4 février 2007
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Après avoir vécu l’exode des Palestiniens, le Proche-Orient est confronté à un nouvel afflux massif de réfugiés, cette fois en provenance d’Irak. Selon l’ONU, ils sont déjà un million, rien qu’en Syrie, et si l’exode se poursuit à ce rythme, les conséquences seront lourdes pour toute la région.
Déjà, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), les Irakiens représentent plus de 5% de la population syrienne (18 millions d’habitants). En accueillant 700.000 Irakiens, la Jordanie a augmenté la sienne de 12% et Amman a pris des mesures pour endiguer le flux. Tout comme l’Egypte, qui a reçu 130.000 Irakiens.
La Jordanie, qui fut dans les années 70 menacée dans sa stabilité par la présence palestinienne, n’est pas remise de son "11 Septembre" à elle, le triple attentat-suicide visant des grands hôtels d’Amman, attribué à des Irakiens proches d’Al-QaJida, qui avait fait 60 morts en 2005. Du coup, selon Human Rights Watch, Amman refuse l’entrée aux Irakiens mâles âgés de 17 à 35 ans.
La présence des réfugiés est un "fardeau", admet le porte-parole gouvernemental Nasser Judeh, réclamant une conférence internationale afin d’organiser des compensations pour les pays arabes accueillant les réfugiés.
La Syrie, elle, n’a pas fermé ses frontières aux Irakiens fuyant la guerre. Dans certains quartiers de Damas, on n’entend plus que l’accent irakien... A al-Sayda Zeinab, en banlieue, la mosquée chiite compte plus d’Irakiens que de pèlerins iraniens : parmi les réfugiés, il y a environ 300.000 chiites.
Damas se refuse à en évaluer le coût. "C’est effectivement un fardeau, mais la Syrie ne se plaint pas et ne demande l’aide de personne", déclarait en janvier le vice-président Farouk al-Chareh.
Pourtant les loyers ont grimpé, parfois de près de 300%, à Damas. Dans les secteurs à forte implantation de réfugiés, les écoles comptent désormais parfois jusqu’à 50 enfants par classe : les écoles du pays auraient accueilli jusqu’à 28.000 petits Irakiens.
L’ONG Human Rights Watch accuse les Etats-Unis de ne rien faire : "Washington dépense environ deux milliards de dollars (1,55 milliard d’euros) par semaine pour la guerre en Irak, mais a à peine commencé à s’attaquer aux conséquences humaines de la guerre", déplore Bill Frelick, responsable des réfugiés chez HRW.
Le HCR demande à Washington de prendre en charge au moins 20.000 réfugiés irakiens en 2007. Soit un gros effort par rapport aux quelques centaines de 2006....
Washington et Bagdad, eux, accusent la Syrie d’héberger les chefs de l’insurrection sunnite et de laisser sa frontière ouverte à tous leurs passages, affirmant que la moitié des auteurs d’attentats en Irak viennent de ce pays.
Selon le bureau du HCR à Damas, quelque 40.000 nouveaux réfugiés arrivent d’Irak chaque mois. Ils peuvent rester six mois sur un visa, puis doivent quitter le territoire avant de revenir pour six nouveaux mois. La méthode la plus simple étant le voyage organisé pour 20 dollars au Liban voisin...
La plupart des Irakiens de Syrie ne se plaignent pas de leur exil. Certains sont installés dans les camps palestiniens, où les loyers sont moins chers, rejoignant les dizaines de milliers de réfugiés palestiniens arrivés après 1948 et la création d’IsraJel ou après 1967 et la Guerre des Six jours. Comme à al-Yarmouk, immense camp-banlieue en lisière de Damas.
Ils ont aussi fondé une université, avec des enseignants et des étudiants majoritairement irakiens, triste réflexion sur l’exode des cerveaux pour cause de guerre...
A Damas, deux théâtres jouent des pièces irakiennes dont la distribution est 100% irakienne. "Irakiens de l’exil"... "Mal du pays", comédie se déroulant dans les locaux d’une chaîne satellitaire irakienne imaginaire basée en Syrie, fait salle comble : pour 5 dollars (4 euros), des Irakiens ayant fui les fusillades, attentats, assassinats et enlèvements, hurlent de rire aux blagues sur la pénurie d’essence ou les coupures d’électricités dans Bagdad.
"Ce n’est pas une bonne vie, mais au moins ici nous sommes en sécurité", dit Ibrahim Hamad, ex-officier irakien arrivé il y a huit mois avec femme et enfants de la province d’Anbar, bastion de l’insurrection sunnite. Membre du parti Baas dissous, Hamad vit du loyer versé par les occupants de son appartement bagdadi (250 dollars/193 euros) et de ses incursions dans le commerce transfrontalier... Des proches lui font miroiter un emploi à DubaJi.
En janvier, le HCR, débordé, a lancé un appel d’urgence, réclamant 60 millions de dollars pour les réfugiés irakiens. Et ce car vu la violence incessante, le flux massif ne risque pas de se tarir.
Quant à l’exode intérieur, il est aussi terrible : 500.000 déplacés en 2006, et un total qui devrait atteindre 2,3 millions d’ici la fin 2007. Soit un Irakien sur dix.
Presse Canadienne
publié le dimanche 4 février 2007