Bonjour à toutes et à tous,
Je vous transmets un petit rapport que j'ai fait sur l'émission Appel d'urgence diffusée sur Tf1 le 8 février dernier, vers 23h30. Je n'ai pas réussi à trouver à quelle heure commençait l'émission, car les horaires des programmes sur le site tf1.fr disparaissent à mesures que ceux-ci sont passés.
Le passage que j'ai vu a donc été diffusé vers 23h30:
les policiers de la Bac font des rondes autour du périphérique et interpellent tout d'abord quatre jeunes maghrébins. Une des femmes malmène un des jeunes, l'humilie délibérément. Puis, en aparté, elle explique aux journalistes que ces jeunes provoquent les femmes, ne les respectent pas et qu'elle doit être ferme. A aucun moment les jeunes maghrébins ne l'ont insulté, ils se sont un peu énervés à partir du moment où elle les a rabaissés verbalement et, à l'aide de ces collègues, empoignés violemment. Un des collègues policiers justifie ce traitement en disant clairement que les jeunes arabes rabaissent les femmes dans les cités. Finalement, une conclusion vient tout naturellement: les jeunes des cités sont tous des délinquants et méritent d'être maltraités puisque, c'est bien connu, dans les cités, et en règle général, les arabes sont sexistes et font la même chose à leur femme.
Ensuite, le reportage ne cesse de plaider la cause d'une image d'Epinal, celle du bon agent de police qui essaye de bien faire son travail, de protéger ses concitoyens en dépit des noirs et des arabes provocateurs, toujours difficiles et violents. Or précisément, il faut voir sur quel ton ces jeunes soi-disant délinquants sont interpellés, toujours avec violence et sans jamais tenir compte de la présomption d'innocence alors qu'il s'agit juste d'un contrôle de papiers. On se demande vraiment qui est provocateur ici... Je précise aussi que les jeunes, méchamment interpellés, réagissent avec surprise et se rebellent parfois (c'est légitime); c'est alors, dans ce dernier cas de figure, l'escalade de la violence et à ce jeu là ils sont toujours perdants face à la police.
Puis, les journalistes nous présentent une jeune femme venue de province pour occuper un poste à responsabilité dans une gendarmerie de la banlieue parisienne. L'une de ses interventions concerne une femme, française cette fois, habitant dans une cité de la banlieue sud (vers Ivry je crois) accusée de maltraiter son chien. L'intervention prend du retard et elle se plaint que ces collègues ne soient pas à l'heure. La voix off dit alors "les retardataires arrivent enfin" et de suite la caméra fait un zoom sur un policier noir qui ouvre la porte... Sur place, la caméra se tourne vers des jeunes assis sur les marches ou en vélo. Rien ne se passe mais on nous les présente comme des fauves rôdant autour de leur cage, prêts à bondir. Il faut dire que les commentaires des policiers aident à forger cette image dans l'inconscient des téléspectateurs: "avec les jeunes des cités, ça tourne vite à la violence", "l'ambiance est très tendue", "avec des individus comme ça, il faut rester ferme". La femme interpellée maltraitait effectivement son chien, qui lui est immédiatement retiré.
Changement de décors, la caméra suit la jeune policière qui rentre, comme tous les week-end, dans son village natal du sud de la France. Elle retrouve sa famille, tout le monde sourit et l'ambiance est joyeuse. "Ici je me ressource" dit la jeune femme. Ainsi, une image duale s'installe insidieusement dans l'inconscient du téléspectateur: la banlieue est le lieu de toutes les violences, du danger, de l'agressivité, de la maltraitance, des actes crapuleux et du sexisme. Elle représente une menace pour la société et il faut agir en conséquence. Au rebours, la campagne se présente comme un havre de paix, là où l'on retrouve ses amis d'enfance, son cocon familial source de sérénité, un lieu qui redonne le sourir et l'envie de rire, qui invite au bonheur.
Ces images stéréotypées m'agaçent d'autant plus que j'ai vécu en internat à la campagne, que j'y ai été confronté à une violence inouïe et qu'aussi, en début d'année, une note des dames de service fut affichée dans les couloirs, dans laquelle elles se plaignaient d'avoir retrouvé un animal éventré dans une salle d'étude qui était là depuis un moment et qui avait eu le temps de pourrir. Mais cela, évidemment, Tf1 n'en parlera jamais car c'est une information controversée qui oblige à avoir un opinion objectif et donc à réfléchir. Or, il est plus vendeur pour la chaîne de diffuser des programmes facile à digérer, plein d'images tranchées et de situations intellectuellement confortables...
Je vous transmets un petit rapport que j'ai fait sur l'émission Appel d'urgence diffusée sur Tf1 le 8 février dernier, vers 23h30. Je n'ai pas réussi à trouver à quelle heure commençait l'émission, car les horaires des programmes sur le site tf1.fr disparaissent à mesures que ceux-ci sont passés.
Le passage que j'ai vu a donc été diffusé vers 23h30:
les policiers de la Bac font des rondes autour du périphérique et interpellent tout d'abord quatre jeunes maghrébins. Une des femmes malmène un des jeunes, l'humilie délibérément. Puis, en aparté, elle explique aux journalistes que ces jeunes provoquent les femmes, ne les respectent pas et qu'elle doit être ferme. A aucun moment les jeunes maghrébins ne l'ont insulté, ils se sont un peu énervés à partir du moment où elle les a rabaissés verbalement et, à l'aide de ces collègues, empoignés violemment. Un des collègues policiers justifie ce traitement en disant clairement que les jeunes arabes rabaissent les femmes dans les cités. Finalement, une conclusion vient tout naturellement: les jeunes des cités sont tous des délinquants et méritent d'être maltraités puisque, c'est bien connu, dans les cités, et en règle général, les arabes sont sexistes et font la même chose à leur femme.
Ensuite, le reportage ne cesse de plaider la cause d'une image d'Epinal, celle du bon agent de police qui essaye de bien faire son travail, de protéger ses concitoyens en dépit des noirs et des arabes provocateurs, toujours difficiles et violents. Or précisément, il faut voir sur quel ton ces jeunes soi-disant délinquants sont interpellés, toujours avec violence et sans jamais tenir compte de la présomption d'innocence alors qu'il s'agit juste d'un contrôle de papiers. On se demande vraiment qui est provocateur ici... Je précise aussi que les jeunes, méchamment interpellés, réagissent avec surprise et se rebellent parfois (c'est légitime); c'est alors, dans ce dernier cas de figure, l'escalade de la violence et à ce jeu là ils sont toujours perdants face à la police.
Puis, les journalistes nous présentent une jeune femme venue de province pour occuper un poste à responsabilité dans une gendarmerie de la banlieue parisienne. L'une de ses interventions concerne une femme, française cette fois, habitant dans une cité de la banlieue sud (vers Ivry je crois) accusée de maltraiter son chien. L'intervention prend du retard et elle se plaint que ces collègues ne soient pas à l'heure. La voix off dit alors "les retardataires arrivent enfin" et de suite la caméra fait un zoom sur un policier noir qui ouvre la porte... Sur place, la caméra se tourne vers des jeunes assis sur les marches ou en vélo. Rien ne se passe mais on nous les présente comme des fauves rôdant autour de leur cage, prêts à bondir. Il faut dire que les commentaires des policiers aident à forger cette image dans l'inconscient des téléspectateurs: "avec les jeunes des cités, ça tourne vite à la violence", "l'ambiance est très tendue", "avec des individus comme ça, il faut rester ferme". La femme interpellée maltraitait effectivement son chien, qui lui est immédiatement retiré.
Changement de décors, la caméra suit la jeune policière qui rentre, comme tous les week-end, dans son village natal du sud de la France. Elle retrouve sa famille, tout le monde sourit et l'ambiance est joyeuse. "Ici je me ressource" dit la jeune femme. Ainsi, une image duale s'installe insidieusement dans l'inconscient du téléspectateur: la banlieue est le lieu de toutes les violences, du danger, de l'agressivité, de la maltraitance, des actes crapuleux et du sexisme. Elle représente une menace pour la société et il faut agir en conséquence. Au rebours, la campagne se présente comme un havre de paix, là où l'on retrouve ses amis d'enfance, son cocon familial source de sérénité, un lieu qui redonne le sourir et l'envie de rire, qui invite au bonheur.
Ces images stéréotypées m'agaçent d'autant plus que j'ai vécu en internat à la campagne, que j'y ai été confronté à une violence inouïe et qu'aussi, en début d'année, une note des dames de service fut affichée dans les couloirs, dans laquelle elles se plaignaient d'avoir retrouvé un animal éventré dans une salle d'étude qui était là depuis un moment et qui avait eu le temps de pourrir. Mais cela, évidemment, Tf1 n'en parlera jamais car c'est une information controversée qui oblige à avoir un opinion objectif et donc à réfléchir. Or, il est plus vendeur pour la chaîne de diffuser des programmes facile à digérer, plein d'images tranchées et de situations intellectuellement confortables...
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