Ne serait-ce pas le narcotrafiquant et addictif à la coke M6 qui serait le véritable malaise marocain?
- Un malaise indéfini, quelque chose entre le brouillard et les prémisses d’une tempête, un mal-être ressenti par la population dans son ensemble, une sorte de fatigue généralisée accompagnée de signes inquiétants comme par exemple des pics de tension suivis de violence qu’on n’avait pas l’habitude de voir chez nous, voilà le sentiment que je ne suis pas le seul à avoir en ce début d’été, après évidemment le phénomène inouï du boycott, pratique inédite jusqu’à présent et qui a eu des conséquences que les politiques devraient prendre au sérieux, surgi comme par magie après des manifestations dans certaines régions du pays.
Le Marocain est en train de changer. Il devient citoyen. C’est l’individu qui émerge, une personne qui réclame ses droits.
Le Maroc est un pays stable. Pour le moment. S’il l’est en permanence, il le doit bien sûr à Mohammed VI qui a su le doter de nouvelles infrastructures et a lancé plusieurs chantiers tout en appliquant à la lettre les lois de la démocratie; il le doit aussi à des millions de citoyens qui font chaque jour des concessions, des sacrifices tout en ravalant leur colère parce qu’ils aiment ce pays qui n’a malheureusement pas le gouvernement qu’il mérite ni une élite qui se préoccupe de son devenir. Un pays où une poignée d’individus ont amassé des fortunes colossales. Et ces milliardaires continuent de profiter du pays en le servant si peu ou si mal. Ces familles richissimes continuent de faire leur blé en sous-payant leurs ouvriers et truquant pour certains les comptes pour ne pas payer les impôts ou si peu. Le sentiment national, le civisme, le sens de la solidarité, l’amour de la patrie s’expriment dans des discours, pas dans les faits.
Le malaise prend ses racines dans ce constat. Alors des hommes et des femmes pauvres, sans travail comme à Jerada, sortent manifester, comme à Al Hoceima, protestent contre l’abandon dont ils sont victimes. Au lieu de les écouter, au lieu de les comprendre, au lieu de se concerter avec ces citoyens en colère, la police les réprime, arrête les meneurs et les présente à la justice, une justice sans imagination, sans contact avec la réalité. Certes, il y eut de la violence de part et d’autre, des drapeaux et des symboles incitant au séparatisme ont été exhibés à Al Hoceima. Mais cela n’autorise pas des juges à frapper si fort, comme si la nation était en danger.
C’est en ce sens que le verdict du procès contre le Hirak est d’une sévérité intolérable, ce qui nous ramène allègrement aux années de plomb où toute expression de liberté était sauvagement réprimée. Il va falloir instaurer une deuxième instance «Equité et Réconciliation» pour les victimes d’injustice de ces dernières années. Le fait aussi d’avoir condamné cinq journalistes à des peines allant de 2 à 5 ans de prison ferme pour avoir fait leur travail en informant le public sur ces événements est incompréhensible. De même, la condamnation du journaliste Hamid El Mahdaoui à 3 ans de prison ferme est étrange. C’est ce qui fait que le Maroc est classé 135e sur 180 pays pour ce qui est du respect de la liberté d’expression. Un Etat qui punit ses journalistes est un Etat qui a peur de la vérité. Ce n’est pas en niant celle-ci qu’on résoudra les problèmes réels et visibles.-.
Tahar Ben Jelloun in le 360.ma
- Un malaise indéfini, quelque chose entre le brouillard et les prémisses d’une tempête, un mal-être ressenti par la population dans son ensemble, une sorte de fatigue généralisée accompagnée de signes inquiétants comme par exemple des pics de tension suivis de violence qu’on n’avait pas l’habitude de voir chez nous, voilà le sentiment que je ne suis pas le seul à avoir en ce début d’été, après évidemment le phénomène inouï du boycott, pratique inédite jusqu’à présent et qui a eu des conséquences que les politiques devraient prendre au sérieux, surgi comme par magie après des manifestations dans certaines régions du pays.
Le Marocain est en train de changer. Il devient citoyen. C’est l’individu qui émerge, une personne qui réclame ses droits.
Le Maroc est un pays stable. Pour le moment. S’il l’est en permanence, il le doit bien sûr à Mohammed VI qui a su le doter de nouvelles infrastructures et a lancé plusieurs chantiers tout en appliquant à la lettre les lois de la démocratie; il le doit aussi à des millions de citoyens qui font chaque jour des concessions, des sacrifices tout en ravalant leur colère parce qu’ils aiment ce pays qui n’a malheureusement pas le gouvernement qu’il mérite ni une élite qui se préoccupe de son devenir. Un pays où une poignée d’individus ont amassé des fortunes colossales. Et ces milliardaires continuent de profiter du pays en le servant si peu ou si mal. Ces familles richissimes continuent de faire leur blé en sous-payant leurs ouvriers et truquant pour certains les comptes pour ne pas payer les impôts ou si peu. Le sentiment national, le civisme, le sens de la solidarité, l’amour de la patrie s’expriment dans des discours, pas dans les faits.
Le malaise prend ses racines dans ce constat. Alors des hommes et des femmes pauvres, sans travail comme à Jerada, sortent manifester, comme à Al Hoceima, protestent contre l’abandon dont ils sont victimes. Au lieu de les écouter, au lieu de les comprendre, au lieu de se concerter avec ces citoyens en colère, la police les réprime, arrête les meneurs et les présente à la justice, une justice sans imagination, sans contact avec la réalité. Certes, il y eut de la violence de part et d’autre, des drapeaux et des symboles incitant au séparatisme ont été exhibés à Al Hoceima. Mais cela n’autorise pas des juges à frapper si fort, comme si la nation était en danger.
C’est en ce sens que le verdict du procès contre le Hirak est d’une sévérité intolérable, ce qui nous ramène allègrement aux années de plomb où toute expression de liberté était sauvagement réprimée. Il va falloir instaurer une deuxième instance «Equité et Réconciliation» pour les victimes d’injustice de ces dernières années. Le fait aussi d’avoir condamné cinq journalistes à des peines allant de 2 à 5 ans de prison ferme pour avoir fait leur travail en informant le public sur ces événements est incompréhensible. De même, la condamnation du journaliste Hamid El Mahdaoui à 3 ans de prison ferme est étrange. C’est ce qui fait que le Maroc est classé 135e sur 180 pays pour ce qui est du respect de la liberté d’expression. Un Etat qui punit ses journalistes est un Etat qui a peur de la vérité. Ce n’est pas en niant celle-ci qu’on résoudra les problèmes réels et visibles.-.
Tahar Ben Jelloun in le 360.ma
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