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MAROC: Le néo-Makhzen et le service militaire obligatoire au Maroc : harka ou m’halla ?

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  • MAROC: Le néo-Makhzen et le service militaire obligatoire au Maroc : harka ou m’halla ?

    Selon les statistiques du ministère de la Santé, 40% des Marocains âgés de 15 ans et plus souffrent d’un trouble mental. Je ne sais pas dans quelle mesure ce chiffre ministériel est conforme à la réalité, mais c’est plutôt une bonne nouvelle pour vous lecteurs, père ou mère d’un(e) jeune éligible au prochain service militaire obligatoire. Si ni vous, ni votre conjoint n’êtes atteint par un trouble mental, votre enfant sera probablement réformé. Merci le ministère de la Santé.

    Ce raisonnement par l’absurde dit beaucoup du débat qui a suivi l’annonce du retour du service militaire obligatoire au Maroc. Entre ceux qui en font la solution magique et ultime pour une jeunesse en errance, et les autres qui cherchent déjà les moyens d’exempter leur enfant chéri de 14 ans qui passe sa journée à jouer à Fortnite, il y a de quoi se demander si le principal problème du pays n’est pas nous, adultes, nous parents, et non ces jeunes qu’on accuse de tous les travers.

    Notre société semble vivre un moment de doute, d’introspection irrationnelle. Ainsi, ayant perdu toute notion d’effort (de l’éducation familiale à l’éducation nationale), certains ne jurent plus que par l’armée, dernier bastion d’un autoritarisme à l’ancienne. Qu’avons-nous raté pour en arriver à cette solution ultime pour «éduquer» nos enfants ?


    A la faveur de l’urbanisation, de la massification de l’éducation et de l’émergence d’une nouvelle citoyenneté et d’un individualisme exacerbé, la collectivité - autrefois la tribu - se sent de plus en plus impuissante pour prendre en charge l’enfant en échec ou déviant.

    La tribu ne constitue plus le niveau de granularité pertinent. La société urbanisée descend au niveau de l’individu. L’Etat doit donc reconfigurer ses outils de contrôle et ses rapports d’allégeance à ce niveau.

    L’ancienne dualité bled makzen / bled siba qu’on croyait disparue s’est en réalité recomposée à un niveau plus fin : celui de l’individu. Mais cela implique dès lors un besoin de contrepartie pour l’engagement de l’individu en faveur du néo-Makhzen. Imaginez dans 5 ans, les centaines de milliers de jeunes qui auront effectué leur service militaire obligatoire. Croyez-vous qu’ils se contenteront de reprendre leur oisiveté en tenant les mêmes murs qu’auparavant ? Ils réclameront un travail ou pire, une rente pour avoir fait ce qu’on attendait d’eux durant 12 mois. Une m’halla peut-elle s’envisager avec l’exigence d’adhésion de l’individu sans contrepartie ?


    En parallèle, la place prise par les réseaux sociaux ces 10 dernières années rend de plus en plus difficile le contrôle des individus tentés par la contestation ou la subversion. Comment organiser une expédition punitive (la harka) face à des communautés sans leader ? Des communautés qui se composent en fonction d’affinités beaucoup plus liquides que celle de l’origine tribale : musique, situation sociale, générationnelle...

    C’est ce qu’on a vu avec le boycott, ou certains mouvement de contestation ces dernières années. Si pour l’instant cela a du mal à se concrétiser in real life (IRL), il est fort à parier que le néo-Makhzen développera un arsenal législatif (exemple du dernier avertissement du ministère de la Communication) et utilisera de nouveaux outils technologiques pour «mater la rébellion», aussi virtuelle soit-elle. Le service militaire obligatoire pour occuper de manière temporaire nos jeunes, et la prison pour tous ceux qui oseront réclamer une contrepartie en prenant le maquis 2.0.



    Y-abiladi.ma/com
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