Si la France tente de sauver le régime d'Idriss Déby au Tchad, elle sera l'objet de toutes les critiques. Mais, si la France reste neutre, elle risque de laisser s'installer un régime prosoudanais à N'Djamena.
Le régime du président du Tchad, Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis dix-sept ans, vit-il ses dernières heures ? Il est difficile d'avoir une vision très claire de la situation qui prévaut à N'Djamena. L'annonce par la rébellion, qui assiégeait le palais présidentiel depuis samedi 2 février, d'un repli, fût-il partiel, vers les faubourgs est de la ville ajoutait à l'incertitude sur la capacité de celle-ci à conclure une offensive menée tambour battant depuis le milieu de la semaine dernière.
Quelle que soit en définitive l'issue de la confrontation, quelques enseignements peuvent déjà être retirés des événements des 2 et 3 février. Le pouvoir du président Déby est en toute hypothèse considérablement fragilisé par l'opération de la rébellion. Son armée, qu'il a dirigée lui-même au combat, s'est révélée incapable de faire obstacle à la progression de l'ennemi. C'est d'ores et déjà une défaite militaire et l'annonce d'une retraite politique, à court ou à moyen terme.
La coalition rebelle formée par trois mouvements aux positions naguère pas toujours convergentes a démontré que, face à un objectif commun, elle pouvait conjuguer ses moyens militaires pour forcer une victoire sans doute décisive. Cette union de circonstance ne démontre cependant pas que la coalition soit armée pour gérer le pouvoir et conduire les Tchadiens vers la stabilité et la prospérité.
Le Soudan voisin, soupçonné de soutenir la coalition rebelle, est d'ores et déjà celui qui profite de la dégradation de la conjoncture au Tchad. Le régime du général Omar Hassan El-Béchir observait avec une extrême méfiance les préparatifs du déploiement d'une force européenne destinée à venir en aide aux réfugiés du Darfour soudanais. Cette mission est au minimum retardée. Qu'adviendra-t-il de celle-ci si un régime prosoudanais s'installe à N'Djamena ?
Dans ce contexte, l'attitude de la France, alliée du président Idriss Déby, laisse perplexe. De deux choses l'une : soit elle a déjà fait son deuil de la survie du régime en place, et sa neutralité se comprend, mais son soutien antérieur pose question ; soit elle n'a pas renoncé à maintenir Idriss Déby au pouvoir, et elle s'apprête à lui apporter un appui qui sera inévitablement critiqué. Dans l'une ou l'autre hypothèse, la France est empêtrée dans un fameux bourbier et, avec elle, l'EUFOR [la force européenne, dont le déploiement à la frontière avec le Soudan est retardé par les événements actuels]. Et voilà un nouveau fiasco militaro-diplomatique qui se profile pour Paris.
Par Gérald Papy, La Libre Belgique, Courrier International
Le régime du président du Tchad, Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis dix-sept ans, vit-il ses dernières heures ? Il est difficile d'avoir une vision très claire de la situation qui prévaut à N'Djamena. L'annonce par la rébellion, qui assiégeait le palais présidentiel depuis samedi 2 février, d'un repli, fût-il partiel, vers les faubourgs est de la ville ajoutait à l'incertitude sur la capacité de celle-ci à conclure une offensive menée tambour battant depuis le milieu de la semaine dernière.
Quelle que soit en définitive l'issue de la confrontation, quelques enseignements peuvent déjà être retirés des événements des 2 et 3 février. Le pouvoir du président Déby est en toute hypothèse considérablement fragilisé par l'opération de la rébellion. Son armée, qu'il a dirigée lui-même au combat, s'est révélée incapable de faire obstacle à la progression de l'ennemi. C'est d'ores et déjà une défaite militaire et l'annonce d'une retraite politique, à court ou à moyen terme.
La coalition rebelle formée par trois mouvements aux positions naguère pas toujours convergentes a démontré que, face à un objectif commun, elle pouvait conjuguer ses moyens militaires pour forcer une victoire sans doute décisive. Cette union de circonstance ne démontre cependant pas que la coalition soit armée pour gérer le pouvoir et conduire les Tchadiens vers la stabilité et la prospérité.
Le Soudan voisin, soupçonné de soutenir la coalition rebelle, est d'ores et déjà celui qui profite de la dégradation de la conjoncture au Tchad. Le régime du général Omar Hassan El-Béchir observait avec une extrême méfiance les préparatifs du déploiement d'une force européenne destinée à venir en aide aux réfugiés du Darfour soudanais. Cette mission est au minimum retardée. Qu'adviendra-t-il de celle-ci si un régime prosoudanais s'installe à N'Djamena ?
Dans ce contexte, l'attitude de la France, alliée du président Idriss Déby, laisse perplexe. De deux choses l'une : soit elle a déjà fait son deuil de la survie du régime en place, et sa neutralité se comprend, mais son soutien antérieur pose question ; soit elle n'a pas renoncé à maintenir Idriss Déby au pouvoir, et elle s'apprête à lui apporter un appui qui sera inévitablement critiqué. Dans l'une ou l'autre hypothèse, la France est empêtrée dans un fameux bourbier et, avec elle, l'EUFOR [la force européenne, dont le déploiement à la frontière avec le Soudan est retardé par les événements actuels]. Et voilà un nouveau fiasco militaro-diplomatique qui se profile pour Paris.
Par Gérald Papy, La Libre Belgique, Courrier International
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