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L'Afrique face au phénomène de la fuite des cerveaux

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  • L'Afrique face au phénomène de la fuite des cerveaux

    Tripoli, Libye - L'ampleur que prend la nouvelle tendance de l'Occident en général et l'Europe en particulier de favoriser une immigration sélective dans le but de ne plus accepter sur leur territoire que des cadres et personnes formées, risque d'accélérer le phénomène de la fuite des cerveaux aggravant ainsi les handicaps en matière de ressources humaines du continent africain, principalement affecté par ce phénomène.
    Mais comme l'atteste la résolution affichée par les dirigeants africains lors du 10ème sommet de l'Union africaine (UA) consacré entre autres au développement industriel en Afrique, le continent est plus que jamais décidé à contrer le phénomène de la fuite des cerveaux qui prend des proportions déconcertantes en laminant les ressources humaines sur lesquels repose le processus de développement du continent africain.
    En effet, de plus en plus de pays africains, conscients des énormes préjudices que leur porte le phénomène de la fuite des cerveaux, ont commencé à prendre des mesures et dispositions pour juguler l'hémorragie qu'ils subissent au niveau de la fuite de leur cadres.
    Cet éveil ne s'est pas limité uniquement au niveau des Etats mais s'est élargi à plusieurs autres cercles, dont celui des intellectuels et des universitaires.
    Ainsi, une conférence sur le thème, la fuite des cerveaux "Réalités et moyens de lutter contre ce phénomène" organisée le 21 octobre 2007 par l'Association des universités africaines (AUA) à Tripoli a remis au devant de la scène l'épineux problème du phénomène de la fuite des cerveaux dans le continent africain en permettant de mesurer son ampleur et de faire le point sur ses incidences tant aux niveaux économique et social qu'à celui du développement en Afrique.
    Les universitaires africains ont, au cours de la rencontre de Tripoli, abouti à la conclusion que le phénomène des fuites des cerveaux est irréversible, et qu'il touche tous les continents bien qu'il affecte de manière plus significative le continent africain qu'il frappe de plein fouet en causant d'énormes préjudices à son développement étant donné qu'il prive l'Afrique notamment d'une des principales richesses à savoir ses ressources humaines et sa matière grise(les cerveaux).
    Des études menées sur l'ampleur de phénomène de la fuite des cerveaux présentées au cours du conclave de Tripoli sont éloquentes à ce sujet et font apparaître des taux élevés de fuite de cerveaux dans 25 pays africains, à savoir, le Cap vert, 67% de sa population qualifiée, la Gambie 63%, Maurice 56,2%, la Sierra Leone 52,5%, le Ghana 46,9%, Le Mozambique 45,1%, le Liberia 45%, le Kenya 38,4%, l'Ouganda 35,6%, l'Erythrée 34%, l'Angola 32,9%, la Somalie 32,6%, le Rwanda 26%, la Guinée Bissau 24,4%, la République Démocratique du Congo 22,2%, Sao Tomé et Principe 22%, les Comores 21,2%, le Togo 18,7%, le Malawi 18,7%, le Sénégal 17,7%, le Cameroun 17,2%, le Maroc 16,9%, la Zambie 16,8% et le Mali 15%.
    Pour les universitaires africains, le mal est fait mais ce qu'il faut entreprendre maintenant c'est d'essayer d'endiguer le phénomène et d'inverser la tendance en élaborant des stratégies et programmes permettant de retenir dans leur pays les diplômés et personnes qualifiées.
    C'est là tout le défis auquel est confronté le contient africain et dont la recherche d'une réponse efficace permettra à l'Afrique de juguler les effets de l'hémorragie que subissent ses ressources humaines qualifiées.
    Dans ce cadre, les chercheurs et universitaire réunis à Tripoli ont proposé l'application en Afrique de politiques restrictives destinées à retarder l'émigration des cerveaux comme le prolongement de la durée des études, les taxes de sortie sur le territoire et les accords bilatéraux exigeant des pays d'accueil des immigrés d'imposer des taxes sur les ressortissants étrangers ou de rémunérer leur pays d'origine, les accords destinés à limiter le recrutement de la main-d'œuvre d'origine des pays en développement, le transfert des compétences par le biais de réseaux de professionnels et d'intellectuels ainsi que leur rapatriement.
    Mais comme le phénomène de la fuite des cerveaux semble être irréversible étant donné qu'un grand nombre de professionnels ne manifestent pas le désir de rentrer dans leurs pays pour diverses raisons, le conclave de Tripoli a, à propos de cette question, recommandé également d'autres méthodes aux pays africains pour profiter des connaissances et des compétences de leurs ressortissants professionnels expatriés.
    Ainsi pour les universitaires africains, les opportunités offertes aujourd'hui par les technologies de l'information et de la communication (TIC) permettent amplement au contient africain de profiter de ses cerveaux immigrés tout en leur permettant de rester à leur place.
    L'expérience sud-africaine en la matière a été exposée. En effet, ce pays a créé un réseau baptisé South African Network of Skills Abroad (Sansa) qui, grâce à son site Internet, invite les professionnels sud-africains à s'inscrire au réseau. Une fois inscrits ces professionnels forment leurs homologues sud- africains ou bien proposent de les aider dans leurs recherches. Ils peuvent aussi faciliter des contacts commerciaux et communiquer des informations sur des recherches en Afrique du Sud.
    Des statistiques du réseau démontrent la réussite de cette expérience qui a, en effet, permis à environ 22 000 diplômés de cinq grandes universités sud-africaines installés à l'étranger de rester en contact avec leurs universités.
    Le Bénin a conduit à quelques différences près une expérience similaire visant à encourager le rapatriement des diplômés et personnes qualifiées à travers des mesures incitatives et autres privilèges matériels.
    D'autres pays ont mis en place un autre système consistant à organiser des vacances dans les pays d'origines des intellectuels immigrés afin d'établir le contact avec eux et tirer profit de leurs compétences durant leur séjour dans leurs pays.
    Ainsi, le conclave de Tripoli, a appelé les pays africains à s'inscrire sur cette voie pour, à défaut de rapatrier définitivement leurs professionnels installés à l'étranger, réduire au moins les effets de la fuite des cerveaux sur leurs processus de développement en tirant profit à distance grâce aux TIC de leurs compétences.
    Par Youssouf Bâ correspondant de la PANA
    Tripoli - 16/02/2008
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