Les Sahraouis des camps de réfugiés attendent l'esprit rivé sur Manhasset
[Aps 14/3/08] SMARA (camps des réfugiés sahraouis) - Plus de 150.000 Sahraouis qui vivent dans les camps de réfugiés dans des conditions extrêmes prennent leur mal en patience à la veille de l'ouverture, dimanche à Manhasset, près de New York, du 4e round des négociations directes entre leur représentant légitime, le Front Polisario, et le Maroc. Les réfugiés sahraouis qui ont fui voilà trente-trois ans leur pays, le Sahara Occidental, après son invasion par l'armée marocaine et des milliers de colons marocains, vivent principalement grâce à l'aide internationale qui n'est pas souvent généreuse.
Avec le temps, les réfugiés se sont adaptés quelque peu à la rudesse des conditions climatiques du désert, particulièrement ceux qui étaient, il y a plus de trente ans, de paisibles citoyens de villes sahraouies bercées par l'Atlantique, comme Layoune et **********
"Cela fait 22 ans que je n'ai pas vu ma mère", se lamente Ali M, la quarantaine dont les deux enfants sont scolarisés en Espagne et qui gagne sa vie grâce à un petit restaurant. Ali avait pris part à la lutte armée dans les rangs de l'ALPS. "Depuis 17 ans, nous vivons dans une situation absurde de ni guerre ni paix", ajoute Ali pour décrire cette attente cruelle d'une partie du peuple sahraoui, auquel l'occupation marocaine et aussi mauritanienne avaient imposé l'exil à des centaines de kilomètres de chez eux.
Pour ceux qui connaissent bien la vie dans les camps des réfugiés, humanitaires et journalistes, les conditions naturelles dans ces contrées ne sont pas faciles à vivre. "La meilleure période côté climat, pour séjourner ici, c'est l'automne, les autres mois sont fortement déconseillés. Sachez qu'en hiver, le mercure tombe facilement à un degré la nuit, alors qu'en été la canicule sévit le jour et la température atteint les 50 degrés à l'ombre", résume à l'APS, un humanitaire habitué des lieux.
Que dire alors pour les Sahraouis qui sont contraints d'y être à longueur d'année? Les réfugiés vivent dans des habitations construites en pisé (toub), un matériau affectionné ici, parce qu'il procure chaleur en cas de froid et fraîcheur en période de canicule. Or, les toits de ces maisonnettes sont couverts de tôle ondulée, ce qui n'arrange par les choses lorsque les rayons du soleil brillent fort. Ces toits sont lestés de grosses pierres et de pneus de véhicules pour empêcher le vent de les arracher quand il se lève et lève avec lui le sable très fins qui aveugle. Cependant, les Sahraouis possèdent une riposte efficace au vent de sable, le "chach", un tissu long de trois mètres qu'ils utilisent avec dextérité comme une sorte de passe montagne.
50.000 sans-abri après les inondations de 2006
Dans ces lieux difficiles, les catastrophes ne sont pas inconnues. Les Sahraouis se souviennent toujours des terribles inondations qui ont frappé les camps, en février 2006, détruisant maisons, écoles et centres de soins. Des pluies diluviennes avaient, en effet, anéanti 50% de la structure de ces camps, touchant quelque 12.000 familles et faisant plus de 50.000 sans-abri, selon le constat établi par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Ces précipitations anormalement élevées pour une région désertique, avaient en outre détruit 70% des réserves alimentaires des réfugiés déjà assez maigres. "Si en temps normal les réfugiés sont mal lotis, alors que dire lorsque même le sort s'acharne contre vous", se désole Ahmed, la quarantaine, qui se lance dans une très longue analyse sur les chances d'un retour des réfugiés un jour dans leur pays. "Il suffit que quelques pays influents décident de faire pression sur le Maroc, pour que nous les Sahraouis reprenions une vie normale chez nous", pronostique-t-il, tout en affichant son pessimisme quant à l'aboutissement des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario.
"Nous voulons l'indépendance"
Ahmed avait 16 ans lorsqu'il avait été contraint de fuir en 1976 l'invasion militaire marocaine. "Nous avions marché pendant quatre jours et quatre nuits avec nos baluchons avant d'atteindre la frontière algérienne. Les gens venaient de partout, et on avait été accueillis avec du lait et des dattes", se rappelle-t-il les yeux embués de larmes.
"Nous voulons obtenir l'indépendance et retourner chez nous auprès de nos familles", dit Fatma, déplacée avec son défunt mari à l'âge de 18 ans d'e Layoune. Aujourd'hui, elle a cinq garçons et une fille qu'elle va marier prochainement.
Fatma est parmi les familles sahraouies qui hébergent les invités étrangers de passage dans le camp de Smara.
Ici, le thé est roi et les tournées se succèdent pendant des heures, entrecoupées de débat sur tout et rien et particulièrement sur le devenir des populations sahraouies et sur la répression qui s'est abattue sur elles dans les territoires occupés, depuis plus de deux ans, à cause des manifestations pacifiques réclamant l'autodétermination.
Cette répression, tous les responsables politiques et militaires sahraouis vous en parlent sur la base de témoignages des personnes concernées. Aujourd'hui, grâce au téléphone portable, les réfugiés savent tout sur ce qui se passe de l'autre côté du mur.
Malgré les difficiles conditions de vie dans les camps, la vie s'organise. Les services de base comme l'école, la prise en charge sanitaire, l'approvisionnement en eau potable et en nourriture, il est vrai rare par les temps qui courent, fonctionnent. "Nous allons revenir au volontariat dans ces services" assure à la presse Mustapha Esseyed, ancien négociateur du Polisario du temps de James Baker, qui donne un éclairage lucide sur le futur.
"La propagande marocaine et la désinformation qui diabolise les dirigeants du Polisario ne fait plus recette et elle va desservir le régime en place à Rabat ", soutient-il, avec ce ton d'un homme convaincu de la justesse de la cause de son peuple. "Puisque le Maroc dit que les Sahraouis sont des Marocains, pourquoi donc ne leur fournit-il pas les services de base comme les infrastructures, l'école et la santé?", se demande-t-il. "Le Sahara occidental n'a jamais été marocain et les dirigeants marocains le savent. Ce qui les intéresse, c'est le pillage de nos ressources naturelles", explique-t-il. C'est du reste, ce que pensent tous les Sahraouis où qu'ils se trouvent.
e.mail webmaster: [email protected]----Direction commerciale: [email protected]
[Aps 14/3/08] SMARA (camps des réfugiés sahraouis) - Plus de 150.000 Sahraouis qui vivent dans les camps de réfugiés dans des conditions extrêmes prennent leur mal en patience à la veille de l'ouverture, dimanche à Manhasset, près de New York, du 4e round des négociations directes entre leur représentant légitime, le Front Polisario, et le Maroc. Les réfugiés sahraouis qui ont fui voilà trente-trois ans leur pays, le Sahara Occidental, après son invasion par l'armée marocaine et des milliers de colons marocains, vivent principalement grâce à l'aide internationale qui n'est pas souvent généreuse.
Avec le temps, les réfugiés se sont adaptés quelque peu à la rudesse des conditions climatiques du désert, particulièrement ceux qui étaient, il y a plus de trente ans, de paisibles citoyens de villes sahraouies bercées par l'Atlantique, comme Layoune et **********
"Cela fait 22 ans que je n'ai pas vu ma mère", se lamente Ali M, la quarantaine dont les deux enfants sont scolarisés en Espagne et qui gagne sa vie grâce à un petit restaurant. Ali avait pris part à la lutte armée dans les rangs de l'ALPS. "Depuis 17 ans, nous vivons dans une situation absurde de ni guerre ni paix", ajoute Ali pour décrire cette attente cruelle d'une partie du peuple sahraoui, auquel l'occupation marocaine et aussi mauritanienne avaient imposé l'exil à des centaines de kilomètres de chez eux.
Pour ceux qui connaissent bien la vie dans les camps des réfugiés, humanitaires et journalistes, les conditions naturelles dans ces contrées ne sont pas faciles à vivre. "La meilleure période côté climat, pour séjourner ici, c'est l'automne, les autres mois sont fortement déconseillés. Sachez qu'en hiver, le mercure tombe facilement à un degré la nuit, alors qu'en été la canicule sévit le jour et la température atteint les 50 degrés à l'ombre", résume à l'APS, un humanitaire habitué des lieux.
Que dire alors pour les Sahraouis qui sont contraints d'y être à longueur d'année? Les réfugiés vivent dans des habitations construites en pisé (toub), un matériau affectionné ici, parce qu'il procure chaleur en cas de froid et fraîcheur en période de canicule. Or, les toits de ces maisonnettes sont couverts de tôle ondulée, ce qui n'arrange par les choses lorsque les rayons du soleil brillent fort. Ces toits sont lestés de grosses pierres et de pneus de véhicules pour empêcher le vent de les arracher quand il se lève et lève avec lui le sable très fins qui aveugle. Cependant, les Sahraouis possèdent une riposte efficace au vent de sable, le "chach", un tissu long de trois mètres qu'ils utilisent avec dextérité comme une sorte de passe montagne.
50.000 sans-abri après les inondations de 2006
Dans ces lieux difficiles, les catastrophes ne sont pas inconnues. Les Sahraouis se souviennent toujours des terribles inondations qui ont frappé les camps, en février 2006, détruisant maisons, écoles et centres de soins. Des pluies diluviennes avaient, en effet, anéanti 50% de la structure de ces camps, touchant quelque 12.000 familles et faisant plus de 50.000 sans-abri, selon le constat établi par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Ces précipitations anormalement élevées pour une région désertique, avaient en outre détruit 70% des réserves alimentaires des réfugiés déjà assez maigres. "Si en temps normal les réfugiés sont mal lotis, alors que dire lorsque même le sort s'acharne contre vous", se désole Ahmed, la quarantaine, qui se lance dans une très longue analyse sur les chances d'un retour des réfugiés un jour dans leur pays. "Il suffit que quelques pays influents décident de faire pression sur le Maroc, pour que nous les Sahraouis reprenions une vie normale chez nous", pronostique-t-il, tout en affichant son pessimisme quant à l'aboutissement des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario.
"Nous voulons l'indépendance"
Ahmed avait 16 ans lorsqu'il avait été contraint de fuir en 1976 l'invasion militaire marocaine. "Nous avions marché pendant quatre jours et quatre nuits avec nos baluchons avant d'atteindre la frontière algérienne. Les gens venaient de partout, et on avait été accueillis avec du lait et des dattes", se rappelle-t-il les yeux embués de larmes.
"Nous voulons obtenir l'indépendance et retourner chez nous auprès de nos familles", dit Fatma, déplacée avec son défunt mari à l'âge de 18 ans d'e Layoune. Aujourd'hui, elle a cinq garçons et une fille qu'elle va marier prochainement.
Fatma est parmi les familles sahraouies qui hébergent les invités étrangers de passage dans le camp de Smara.
Ici, le thé est roi et les tournées se succèdent pendant des heures, entrecoupées de débat sur tout et rien et particulièrement sur le devenir des populations sahraouies et sur la répression qui s'est abattue sur elles dans les territoires occupés, depuis plus de deux ans, à cause des manifestations pacifiques réclamant l'autodétermination.
Cette répression, tous les responsables politiques et militaires sahraouis vous en parlent sur la base de témoignages des personnes concernées. Aujourd'hui, grâce au téléphone portable, les réfugiés savent tout sur ce qui se passe de l'autre côté du mur.
Malgré les difficiles conditions de vie dans les camps, la vie s'organise. Les services de base comme l'école, la prise en charge sanitaire, l'approvisionnement en eau potable et en nourriture, il est vrai rare par les temps qui courent, fonctionnent. "Nous allons revenir au volontariat dans ces services" assure à la presse Mustapha Esseyed, ancien négociateur du Polisario du temps de James Baker, qui donne un éclairage lucide sur le futur.
"La propagande marocaine et la désinformation qui diabolise les dirigeants du Polisario ne fait plus recette et elle va desservir le régime en place à Rabat ", soutient-il, avec ce ton d'un homme convaincu de la justesse de la cause de son peuple. "Puisque le Maroc dit que les Sahraouis sont des Marocains, pourquoi donc ne leur fournit-il pas les services de base comme les infrastructures, l'école et la santé?", se demande-t-il. "Le Sahara occidental n'a jamais été marocain et les dirigeants marocains le savent. Ce qui les intéresse, c'est le pillage de nos ressources naturelles", explique-t-il. C'est du reste, ce que pensent tous les Sahraouis où qu'ils se trouvent.
[Aps 14/3/08]
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