L'absurde problème du Sahara occidental a coûté à l'Algérie, selon un journaliste algérien, 200 milliards de dollars et au Maroc à peu près la même chose si ce n'est plus, alors qu'un petit milliard de cet argent, s'il avait été investi dans l'éducation et les infrastructures de base, aurait suffi à améliorer sensiblement la vie de tous ces désespérés jeunes algériens, marocains et tunisiens qui offrent leurs corps, pleins de vie, aux flots de la Méditerranée. Quel gâchis ! Vraiment. Un certain Ibn Khaldoun avait raison...
Lisez, c'est tiré d'El Watan....
L’irruption brutale dans l’actualité algérienne des harraga, la charge de violence intense et l’apparente désespérance que renvoie leur image sont une violente interpellation d’un pays qui s’en pensait préservé et un démenti de l’idée qu’il se faisait de lui-même.
La folie des traversées funestes le concerne dorénavant directement et avec un degré de gravité encore plus important. C’est comme « un retour de bâton » pour un pays où le « clandestin » c’était l’autre, le subsaharien incarnation d’une misère et d’une désespérance que l’on se complaisait, avec condescendance et parfois racisme explicite, à accoler comme une tare congénitale à une Afrique noire dont on se voulait différents. Cette fiction aura vécu… S’il est vrai que la force de cette irruption est inquiétante et son ampleur nouvelle, elle ne fait que révéler, au grand jour, et avec violence, une réalité : ce n’est pas d’aujourd’hui que les jeunes Algériens fuient leur pays. Il se trouve qu’aujourd’hui ils sont plus nombreux et surtout contraints à le faire plus dangereusement, à partir de leur pays même. Les Algériens plus concernés que les Subsahariens, par un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui. Ce phénomène remet d’abord au jour une vérité occultée : les migrations irrégulières concernent plus les Maghrébins, Algériens compris, que les Subsahariens alors que la focalisation est faite sur ces derniers et que le discours officiel maghrébin y a trouvé un moyen d’occulter le drame culpabilisateur de ses propres migrants en le « transférant » sur le « bouc émissaire » subsaharien et en faisant de sa répression une « rente géographique » de protection de l’Europe pour en tirer des dividendes politiques. Les Subsahariens n’ont fait que se greffer, tardivement, sur des « interstices » ouvertes par les Maghrébins qui étaient et continuent à être largement majoritaires. Prenons le cas des Algériens, alors qu’aucune tentative ne se faisait depuis les côtes algériennes et au moment même où l’Algérie s’employait à refouler les migrants africains, ils étaient déjà pourtant nombreux à tenter la traversée par le Maroc et proportionnellement, de loin, plus nombreux que les ressortissants de n’importe quel autre pays africain. Ainsi, certes beaucoup moins nombreux que les Marocains, les Algériens n’en étaient pas moins, après ces derniers, la première nationalité africaine par le nombre des expulsés de l’Espagne dans les premières années 2000 où elle surclasse de loin toutes les autres nationalités africaines. Les seuls Espagnols avaient pour la seule année 2002 renvoyé 2500 Algériens (exactement 2449) qui avaient traversé irrégulièrement la Méditerranée. Pour combien qui ne l’ont pas été ? Ce chiffre est à mettre en rapport avec celui actuel : durant les 9 premiers mois de 2007, 1396 Algériens ont débarqué en Sardaigne. Mais avant, cette réalité n’était alors pas dérangeante parce qu’elle se déroulait loin du pays. Pendant ce temps, en Algérie comme dans tout le reste du Maghreb, le discours officiel avait réussi à réduire la question migratoire à celle des Subsahariens et à faire de sa gestion, qui lui a été imposée par l’Europe, une nouvelle ressource politique pour mieux négocier avec celle-ci notamment la pérennité des régimes.
La répression produit de nouvelles routes plus dangereuses
Mais le résultat paradoxal de la répression exercée par les Maghrébins, dont l’Algérie, contre les migrants subsahariens, c’est qu’elle se retourne d’abord contre leurs propres enfants. C’est parce que les pays maghrébins ont durci « la chasse aux migrants » que les Algériens ne peuvent plus utiliser les passages fonctionnels et moins dangereux dans les pays voisins et qu’ils ont donc été amenés à prendre plus de risques en partant depuis l’Algérie dont les itinéraires sont plus dangereux. Si les Marocains ont fait du zèle jusqu’à aller tirer en octobre 2005 sur les migrants subsahariens à Ceuta et Melilla, près de 1000 de leurs jeunes sont aujourd’hui détenus dans des conditions moyenâgeuses en Libye qui, selon un rapport de la Frontex (l’Agence européenne des frontières extérieures chargée de la lutte contre les migrants et qui ne peut être soupçonnée d’hostilité aux pays qui l’aident dans sa tâche) détient plus de 60 000 migrants prisonniers. Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas parmi eux des Algériens, comme tendraient à le confirmer les témoignages recueillis sur le terrain, auprès des migrants. On sait d’ailleurs qu’il y a eu des familles qui ont saisi le gouvernement à propos de morts suspectes au large de la Tunisie et de la Libye. Mais cette participation des pays maghrébins à la répression tue aussi des enfants maghrébins. Ainsi, si la Libye obtient et demande des moyens pour traquer les migrants (le même rapport de la Frontex, rapport de mission mai-juin 2007, rapport destiné à l’UE et qui a été ébruité par des fuites, cite en détails des moyens exorbitants en hélicoptères, avions, moto-vedettes, 4X4…), le nombre de morts s’accroît : sur le seul canal de Sicile, passage privilégié des Maghrébins et des Algériens, le nombre de morts, qui était de 302 en 2006, a atteint le chiffre de 502 rien que dans les 9 premiers mois de 2007 et, bien sûr, parmi eux beaucoup de Maghrébins et d’Algériens… Cette réalité macabre que révèle le phénomène des « harraga » en Algérie remet les choses en place : les Maghrébins qui font la police pour l’Europe ne sont pas du bon côté du bâton, même s’ils jouent à l’oublier. Alors qu’elle se félicite de la chute du mur de Berlin, l’Europe pousse les pays du Maghreb à inventer le crime d’« émigration illégale » alors que du point de vue du droit international, ce qui est criminel, ce n’est pas le fait, pour un individu d’émigrer, c’est le fait pour une autorité publique de tenter de l’empêcher. La Déclaration universelle des droits de l’homme proclame le « droit de quitter tout pays, y compris le sien ». Pourtant, toutes les études tendent à prouver que d’une part, ces flux sont minimes y compris par rapport à d’autres sources de migration (les Latinos-Américains, les Européens de l’Est ou les Asiatiques surclassent les Maghrébins et les Subsahariens objets de tous les fantasmes d’invasion sont encore bien infimes comparés aux Maghrébins) et que d’autre part, la répression est contreproductive.
Lisez, c'est tiré d'El Watan....
L’irruption brutale dans l’actualité algérienne des harraga, la charge de violence intense et l’apparente désespérance que renvoie leur image sont une violente interpellation d’un pays qui s’en pensait préservé et un démenti de l’idée qu’il se faisait de lui-même.
La folie des traversées funestes le concerne dorénavant directement et avec un degré de gravité encore plus important. C’est comme « un retour de bâton » pour un pays où le « clandestin » c’était l’autre, le subsaharien incarnation d’une misère et d’une désespérance que l’on se complaisait, avec condescendance et parfois racisme explicite, à accoler comme une tare congénitale à une Afrique noire dont on se voulait différents. Cette fiction aura vécu… S’il est vrai que la force de cette irruption est inquiétante et son ampleur nouvelle, elle ne fait que révéler, au grand jour, et avec violence, une réalité : ce n’est pas d’aujourd’hui que les jeunes Algériens fuient leur pays. Il se trouve qu’aujourd’hui ils sont plus nombreux et surtout contraints à le faire plus dangereusement, à partir de leur pays même. Les Algériens plus concernés que les Subsahariens, par un phénomène qui ne date pas d’aujourd’hui. Ce phénomène remet d’abord au jour une vérité occultée : les migrations irrégulières concernent plus les Maghrébins, Algériens compris, que les Subsahariens alors que la focalisation est faite sur ces derniers et que le discours officiel maghrébin y a trouvé un moyen d’occulter le drame culpabilisateur de ses propres migrants en le « transférant » sur le « bouc émissaire » subsaharien et en faisant de sa répression une « rente géographique » de protection de l’Europe pour en tirer des dividendes politiques. Les Subsahariens n’ont fait que se greffer, tardivement, sur des « interstices » ouvertes par les Maghrébins qui étaient et continuent à être largement majoritaires. Prenons le cas des Algériens, alors qu’aucune tentative ne se faisait depuis les côtes algériennes et au moment même où l’Algérie s’employait à refouler les migrants africains, ils étaient déjà pourtant nombreux à tenter la traversée par le Maroc et proportionnellement, de loin, plus nombreux que les ressortissants de n’importe quel autre pays africain. Ainsi, certes beaucoup moins nombreux que les Marocains, les Algériens n’en étaient pas moins, après ces derniers, la première nationalité africaine par le nombre des expulsés de l’Espagne dans les premières années 2000 où elle surclasse de loin toutes les autres nationalités africaines. Les seuls Espagnols avaient pour la seule année 2002 renvoyé 2500 Algériens (exactement 2449) qui avaient traversé irrégulièrement la Méditerranée. Pour combien qui ne l’ont pas été ? Ce chiffre est à mettre en rapport avec celui actuel : durant les 9 premiers mois de 2007, 1396 Algériens ont débarqué en Sardaigne. Mais avant, cette réalité n’était alors pas dérangeante parce qu’elle se déroulait loin du pays. Pendant ce temps, en Algérie comme dans tout le reste du Maghreb, le discours officiel avait réussi à réduire la question migratoire à celle des Subsahariens et à faire de sa gestion, qui lui a été imposée par l’Europe, une nouvelle ressource politique pour mieux négocier avec celle-ci notamment la pérennité des régimes.
La répression produit de nouvelles routes plus dangereuses
Mais le résultat paradoxal de la répression exercée par les Maghrébins, dont l’Algérie, contre les migrants subsahariens, c’est qu’elle se retourne d’abord contre leurs propres enfants. C’est parce que les pays maghrébins ont durci « la chasse aux migrants » que les Algériens ne peuvent plus utiliser les passages fonctionnels et moins dangereux dans les pays voisins et qu’ils ont donc été amenés à prendre plus de risques en partant depuis l’Algérie dont les itinéraires sont plus dangereux. Si les Marocains ont fait du zèle jusqu’à aller tirer en octobre 2005 sur les migrants subsahariens à Ceuta et Melilla, près de 1000 de leurs jeunes sont aujourd’hui détenus dans des conditions moyenâgeuses en Libye qui, selon un rapport de la Frontex (l’Agence européenne des frontières extérieures chargée de la lutte contre les migrants et qui ne peut être soupçonnée d’hostilité aux pays qui l’aident dans sa tâche) détient plus de 60 000 migrants prisonniers. Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas parmi eux des Algériens, comme tendraient à le confirmer les témoignages recueillis sur le terrain, auprès des migrants. On sait d’ailleurs qu’il y a eu des familles qui ont saisi le gouvernement à propos de morts suspectes au large de la Tunisie et de la Libye. Mais cette participation des pays maghrébins à la répression tue aussi des enfants maghrébins. Ainsi, si la Libye obtient et demande des moyens pour traquer les migrants (le même rapport de la Frontex, rapport de mission mai-juin 2007, rapport destiné à l’UE et qui a été ébruité par des fuites, cite en détails des moyens exorbitants en hélicoptères, avions, moto-vedettes, 4X4…), le nombre de morts s’accroît : sur le seul canal de Sicile, passage privilégié des Maghrébins et des Algériens, le nombre de morts, qui était de 302 en 2006, a atteint le chiffre de 502 rien que dans les 9 premiers mois de 2007 et, bien sûr, parmi eux beaucoup de Maghrébins et d’Algériens… Cette réalité macabre que révèle le phénomène des « harraga » en Algérie remet les choses en place : les Maghrébins qui font la police pour l’Europe ne sont pas du bon côté du bâton, même s’ils jouent à l’oublier. Alors qu’elle se félicite de la chute du mur de Berlin, l’Europe pousse les pays du Maghreb à inventer le crime d’« émigration illégale » alors que du point de vue du droit international, ce qui est criminel, ce n’est pas le fait, pour un individu d’émigrer, c’est le fait pour une autorité publique de tenter de l’empêcher. La Déclaration universelle des droits de l’homme proclame le « droit de quitter tout pays, y compris le sien ». Pourtant, toutes les études tendent à prouver que d’une part, ces flux sont minimes y compris par rapport à d’autres sources de migration (les Latinos-Américains, les Européens de l’Est ou les Asiatiques surclassent les Maghrébins et les Subsahariens objets de tous les fantasmes d’invasion sont encore bien infimes comparés aux Maghrébins) et que d’autre part, la répression est contreproductive.
Commentaire