(source RFI )
Dès 1830, la pénétration française au Sahara bouleverse profondément la société touarègue. La fin de la traite des esclaves - une activité importante qui régissait, depuis de nombreux siècles, les échanges transsahariens -, le contrôle des routes et la monétisation des échanges par exemple entraînent de profondes mutations dans la société touarègue. On assiste alors à la division des grandes confédérations touarègues et à l’apparition de multiples groupes autonomes.
« Les chefs et les aristocrates touaregs avaient conscience de l’impact que pouvait avoir l’emprise des Européens sur leurs territoires, ceux-ci leur faisant non seulement perdre le contrôle des espaces marchands qui assuraient leur prospérité et leur hégémonie , mais remettait également en cause les structures de leur organisation socio-politique, écrit le chercheur Julien Brachet. Et face à cette domination, qui remettait en cause le mode de vie des groupes touaregs, des mouvements de résistance virent le jour ».
C’est aussi à cette époque, avec la sortie en 1864 de l’ouvrage d’Henri Duveyrier intitulé Les Touareg du Nord que se développe chez les Occidentaux tout un ensemble de représentation qui vont faire du Targui, qualifié d’« homme bleu » ou de « seigneur du désert », un personnage mythique épris de liberté et de mystère. Avec la domination coloniale, les actions de résistance se multiplient et s’intensifient.
En mars 1880, le lieutenant-colonel Paul François Xavier Flatters, en charge de trouver une route pour la construction d’une ligne de chemin de fer qui aurait relié le nord de l’Algérie au Soudan, tente un premier passage dans le Hoggar mais doit faire demi-tour par manque de nourriture, face à l’hostilité des Touaregs de la région. En décembre, il monte une deuxième expédition forte de 93 hommes et de 280 animaux (chameaux, chevaux, ânes) et retente le passage.
Mais le 16 février 1881, la mission est attaquée près de Bir-el-Gharama par 600 hommes venant de trois tribus de la région, les Touaregs Hoggar, les Ouled-Sidi-Cheikh et les Senoussya et tous les membres de l’expédition sont massacrés à l’exception d’une vingtaine d’indigènes qui parviennent à regagner Ouargla. Cette histoire met un terme au projet de chemin de fer et retarde pendant une vingtaine d’années la progression des forces coloniales qui prendront Tombouctou en 1893 et In-Salah en 1900.
En 1902 à la bataille de Tit, l’armée française affronte les Touaregs du Hoggar et prend le contrôle de toutes les tribus de la région, soumettant en plus les Touaregs de l’ouest comme les Ifoghas en 1903 et les Touaregs de l’Aïr avec l’occupation d’Agadez en 1906. Cette tragédie pour les Touaregs, qui entraîne l’anéantissement de leurs forces combattantes et la destruction d’une grande partie de la société traditionnelle, porte un nom : c’est ce que les Touaregs appellent « tiwta», le « désastre », une période de chaos et de désarroi qui marque profondément l’histoire touarègue contemporaine et qui anime toujours l’esprit de nombreuses rébellions.
Dès 1830, la pénétration française au Sahara bouleverse profondément la société touarègue. La fin de la traite des esclaves - une activité importante qui régissait, depuis de nombreux siècles, les échanges transsahariens -, le contrôle des routes et la monétisation des échanges par exemple entraînent de profondes mutations dans la société touarègue. On assiste alors à la division des grandes confédérations touarègues et à l’apparition de multiples groupes autonomes.
« Les chefs et les aristocrates touaregs avaient conscience de l’impact que pouvait avoir l’emprise des Européens sur leurs territoires, ceux-ci leur faisant non seulement perdre le contrôle des espaces marchands qui assuraient leur prospérité et leur hégémonie , mais remettait également en cause les structures de leur organisation socio-politique, écrit le chercheur Julien Brachet. Et face à cette domination, qui remettait en cause le mode de vie des groupes touaregs, des mouvements de résistance virent le jour ».
C’est aussi à cette époque, avec la sortie en 1864 de l’ouvrage d’Henri Duveyrier intitulé Les Touareg du Nord que se développe chez les Occidentaux tout un ensemble de représentation qui vont faire du Targui, qualifié d’« homme bleu » ou de « seigneur du désert », un personnage mythique épris de liberté et de mystère. Avec la domination coloniale, les actions de résistance se multiplient et s’intensifient.
En mars 1880, le lieutenant-colonel Paul François Xavier Flatters, en charge de trouver une route pour la construction d’une ligne de chemin de fer qui aurait relié le nord de l’Algérie au Soudan, tente un premier passage dans le Hoggar mais doit faire demi-tour par manque de nourriture, face à l’hostilité des Touaregs de la région. En décembre, il monte une deuxième expédition forte de 93 hommes et de 280 animaux (chameaux, chevaux, ânes) et retente le passage.
Mais le 16 février 1881, la mission est attaquée près de Bir-el-Gharama par 600 hommes venant de trois tribus de la région, les Touaregs Hoggar, les Ouled-Sidi-Cheikh et les Senoussya et tous les membres de l’expédition sont massacrés à l’exception d’une vingtaine d’indigènes qui parviennent à regagner Ouargla. Cette histoire met un terme au projet de chemin de fer et retarde pendant une vingtaine d’années la progression des forces coloniales qui prendront Tombouctou en 1893 et In-Salah en 1900.
En 1902 à la bataille de Tit, l’armée française affronte les Touaregs du Hoggar et prend le contrôle de toutes les tribus de la région, soumettant en plus les Touaregs de l’ouest comme les Ifoghas en 1903 et les Touaregs de l’Aïr avec l’occupation d’Agadez en 1906. Cette tragédie pour les Touaregs, qui entraîne l’anéantissement de leurs forces combattantes et la destruction d’une grande partie de la société traditionnelle, porte un nom : c’est ce que les Touaregs appellent « tiwta», le « désastre », une période de chaos et de désarroi qui marque profondément l’histoire touarègue contemporaine et qui anime toujours l’esprit de nombreuses rébellions.
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