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Cannabis : Au Parlement, la parole se libère, un tabou tombe, une véritable révolution

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    Cannabis : Au Parlement, la parole se libère, un tabou tombe, une véritable révolution


    C’est un jour que l’on peut qualifier d’historique qu’a vécu le Parlement mercredi 24 avril. Discutant du projet de loi sur le cannabis au sein de la Commission de l’Intérieur, les députés de la nation ont montré un visage nouveau, et ont tout déballé sur ce sujet ultra-sensible dans un langage décomplexé, libéré, sans tabous, et en darija. Le résultat : six heures de débats passionnants, instructifs, et quelquefois très marrants. Une véritable révolution…

    Une date qui constitue une rupture, un tournant, une véritable (r) évolution dans le traitement de sujets sociétaux complexes, tabous, qui restaient jusque-là l’apanage d’une certaine élite de gauche, progressiste, moderniste et que l’on croyait isolée, très minoritaire.

    Ce jour-là, la Commission présidée par la star montante du PAM, Hicham El Mhajri, en présence du ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, de cadres du ministère, et des représentants des différents groupes parlementaires, a connu un débat inédit, que ce soit dans la forme ou dans le fond.

    Sujet du jour : le projet de loi relatif à l’usage légal du cannabis. Un sujet extrêmement sensible, discuté en plein Ramadan, mais qui n’a pas empêché les députés, ainsi que le ministre de l’Intérieur, de tout déballer, dans un ton frais, libre, décomplexé, sans la langue de bois habituelle des séances parlementaires, et en darija…

    Une véritable bouffée d’air frais, où un tabou, on peut le dire, a été cassé une fois pour toutes. Et où les députés de la nation, que l’on critique souvent pour leur conservatisme, leur déconnexion des réalités du pays, et leur langage barbant, assommant, se sont libérés de toute contrainte, appelant les choses par leurs noms, décrivant la réalité de la société telle qu’elle est, avec des mots et des expressions qu’utilisent tous les Marocains.
    Quand le Khardala, le Sebssi et l’beyda font leur entrée à l’hémicycle


    Au Parlement, ce jour-là, on parlait de Kif, de Sebssi, qui doivent selon des députés être reconnus comme patrimoine culturel du Maroc et de la Région du Nord.

    Les mots Khardala, Hchiwcha, Tekyaf, Kharkhacha, L’guouza, Tebwiqa, Mikyafa… que l’on n’entend que dans la rue, ont fait leur entrée dans l’hémicycle, générant des situations marrantes, des fous rires dans la salle, que même le très sérieux ministre de l’Intérieur ne s’est pas empêché de suivre, visiblement enchanté de voir les députés de la nation parler un vocabulaire qu’il doit bien connaître de par sa fonction et ses origines du nord.

    Une séance où tout a été dit. Et rien n’a été caché, dissimulé. Où un Noureddine Madiane, de l’Istiqlal, un parti réputé conservateur, défendait farouchement le Kif, le Sebssi, lançant à ses adversaires du PJD, dans une saillie qui restera dans les annales que « celui qui fume ne commet jamais de crime, mais devient zen et va généralement dormir, contrairement à ceux qui consomment le Qarqoubi, L’bayda (la Cocaïne), l’héroïne, les vrais drogues auxquelles il faut s’attaquer », citant « le cas de seniors du Rif de 90 ans et plus, qui vivent en bonne santé, alors qu’ils ont fumé toute leur vie et continuent de le faire ».

    Nourdin Madiane, Istiqlal :

    « Le Kif est notre or vert, et celui qui fume ne commet pas de crimes, mais devient zen »



    Répondant aux critiques moralistes des islamistes du PJD, restés isolés politiquement dans cette affaire comme dans celle du quotient électoral, le député Istiqlalien les a invités, dans une belle parade politico-humoristique à interdire également les cultures de l’orge, des raisins et du Kermouss parce qu’ils sont à la base de la production de la bière, du vin et de la mahia…

    Et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres de cette liberté de ton qui s’est invitée par surprise au Parlement, cassant un vieux tabou social et légal et poussant tous les parlementaires à dire que « le Maroc vit un jour historique, inédit, car on parle enfin de la réalité de notre pays ».

    Un projet de loi et un débat qui créent une rupture avec le passé

    Et c’était véritablement un jour historique, comme le déclare à l’assistance le député FGD Omar Balafrej, qui a exprimé dans sa prise de parole sa grande satisfaction de voir ce genre de sujets discutés au Parlement, de voir des tabous tomber cassant la schizophrénie ambiante de la société marocaine.

    « Un pays n’est fort que par sa capacité à créer des ruptures. Et ce projet de loi, même s’il me laisse sur ma faim, ouvre des horizons qui mènent vers des ruptures pour ce pays. On ne peut se développer comme nation qu’à travers des lois qui s’adaptent à la réalité. La législation doit suivre la société, et on ne doit plus vivre avec des citoyens hors la loi (terme emprunté au mouvement qui défend la suppression de l’article 490 incriminant les relations sexuelles hors mariage, ndlr). Quand une loi n’est plus adaptée à la réalité et au quotidien des Marocains, il faut la changer. C’est comme cela que l’on peut sortir de la schizophrénie sociale et entrer une nouvelle ère… », plaide le député FGD.

    Omar Balafrej, FGD :

    « Le cannabis est venu avec les Arabes au 1er siècle de l’hégire, pas de l’Occident »



    Là aussi, face à la ligne d’opposition du PJD, axée essentiellement sur la morale, la religion de l’Etat, les tentatives d’occidentalisation et de laïcisation de la société marocaine, Balafrej sort un argument qui fera rire la salle et le ministre de l’Intérieur.

    « Si on appelle le Kif le chanvre indien (Al Qinnab Al Hindi), c’est parce ce que ce sont les Arabes qui l’ont amené au Maroc au 1er siècle de l’hégire. Et non l’occident », lance-t-il au groupe parlementaire du PJD, dont certains députés ont fait un plaidoyer religieux et moraliste contre la modernité, l’occident et ses « valeurs destructrices ».

    Le kif, le discours moralisateur des islamistes et les traditions de nos grands-mères

    « Nous sommes surpris de voir que seul le Maroc a voté en faveur de la résolution de l’OMS et de l’ONU relative à la suppression du cannabis du tableau des drogues. C’est le seul pays arabo-musulman à faire ça. On ne comprend pas pourquoi », a lancé par exemple un député Pjdiste, avant que des députés de la salle ne lui signalent que même la Turquie a voté « POUR », faisant éclater un nouveau fou rire dans l’assistance et mettant le député Pjdiste dans une gêne qu’il n’a su cacher, le pays d’Erdogan étant une des références idéologiques et un exemple à suivre pour nos islamistes marocains.

    Le PJD ne s’en cache pas d’ailleurs et l’a exprimé de manière directe.

    Ce projet de loi, qui selon lui est tombé du ciel, et que l’Etat veut faire adopter coûte que coûte alors que d’autres projets de lois stratégiques sont en suspens, est « contraire aux valeurs de l’Islam et de la société marocaine. Et qu’il a des visées cachées : « Vous voulez nous faire un remake de la loi sur la consommation sur l’alcool. La loi dit que seuls les Nssaras (les non musulmans) peuvent l’acheter, le consommer. Or, aujourd’hui, ce sont essentiellement les musulmans qui le consomment, sans réaction de l’Etat et des autorités. C’est le même coup que vous voulez nous faire aujourd’hui : légaliser le cannabis pour des prétendus usages thérapeutiques qui ne sont prouvés par aucune étude, pour que demain on retrouve le kif et L’hchich dans les bureaux de tabac », estime un des représentants de la formation islamiste.

    Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur :

    « Je défie quiconque de me prouver que ce projet a une relation avec les élections »

    Des arguments auxquels plusieurs députés, de différents groupes parlementaires, ont attaqué, accusant le PJD d’instrumentaliser la religion dans un débat purement légal, scientifique, et socio-économique. Et leur rappelant les vieilles traditions marocaines dans l’usage du cannabis.

    « Quand les enfants étaient atteints de Chemm (une maladie de la petite enfance), nos mères cherchaient des sbayssiya (fumeurs de Kif) pour souffler sur eux. Et ça les guérissait. Avant l’apparition des dentistes, quand les Marocains se faisaient enlever les dents dans les souks par le Koullab, c’est le kif encore une fois qui étaient utilisé comme anesthésiant », rétorque l’Usfpéiste Jamal Benchekroun, produisant un nouvel éclat de rire dans la salle.

    Jamal Benchekroun, USFP :

    « Nos mères nous soignaient avec le Kif… »

    « Et si vous voulez interdire le kif, pourquoi n’allez-vous pas interdire la Kharkhacha, une drogue qui se vend chez les 3attara et que nos mères et grands-mères utilisaient pour faire endormir les enfants. Ou encore L’guouza, autre drogue que l’on trouve sur les marchés, qu’on utilise dans Sellou, le Slilou de Ramadan qu’on mange tous ces jours-ci. Arrêtez avec votre hypocrisie, rangez vos arguments moralistes et laissez les Marocains vivre… », poursuit dans son plaidoyer le député socialiste.

    Des exemples de cette parole décomplexée, libre, avec un langage du peuple qui reflète la réalité profonde de notre société, il y en a à la pelle dans cette séance parlementaire, où l’on se sent après près de 6 heures de débats, soulagés, apaisés, comme sortant d’une thérapie de groupe où toutes les choses cachées, enfouies, ont été déballées d’un seul coup.


  • #2
    Ils exagèrent un peu Médias 24.. du temps de Benkirane c'était pire !
    Mais le meilleur c'était Hicham Mjahri (4:11 :15)

    Dernière modification par Peace and love, 05 mai 2021, 12h19.
    Quand le pouvoir de l'amour dépassera l'amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix (Jimi Hendrix)

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    • #3
      Ah baba! une séance qui perd du temps car c'est le M6 qui décide.
      Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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      • #4
        Le Maroc va non seulement pouvoir fructifier ses milliards en toute légalité mais il permettra également l'émergeance d'un tourisme vert qui attirera des millions d'adeptes du cannabis du monde entier annuellement.

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