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Maroc-Algérie : La directive Tebboune fait l’effet d’un pétard mouillé

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  • Maroc-Algérie : La directive Tebboune fait l’effet d’un pétard mouillé



    Plusieurs hommes d’affaires du Royaume estiment que le gel du business entre les deux pays n’aura aucun effet sur les entreprises marocaines, et disent même que c’est l’Algérie qui sera la grande perdante dans cette histoire.


    La directive attribuée au président algérien ordonnant aux entreprises algériennes de rompre tout contrat de prestation avec les entreprises marocaines laisse les patrons marocains indifférents, et fait sourire dans certains cas.

    Cette directive fuitée dans une certaine presse algérienne, et non démentie par la présidence algérienne, somme les entreprises, notamment publiques, de cesser toute relation d’affaires avec les entreprises marocaines.

    Un prélude comme nous le dit un patron marocain à un gel des relations commerciales, si l’information se confirme. Car pour l’instant, aucune source officielle en Algérie n’a confirmé ni infirmé l’information. Et du côté marocain, personne ne veut la commenter, tant que ce document n’est pas authentifié et que la partie algérienne n’a pas encore confirmé ce nouveau pas dans son offensive politique, diplomatique, médiatique et maintenant économique contre le Maroc.

    Une offensive économique qui, même si elle se confirme, fera l’effet d’un pétard mouillé, selon plusieurs hommes d’affaires marocains consultés par Médias 24. Et ce pour la simple raison que le marché algérien est insignifiant pour le Maroc, nous disent-ils.


    Quand Tebboune se tire une balle dans le pied


    Selon les donnés du commerce extérieur de l’Office des changes, le volume des exportations du Maroc vers l’Algérie n’a jamais dépassé les 2 milliards de dirhams depuis 2015. En 2019, les expéditions marocaines vers l’Algérie se sont à peine chiffrées à 1,5 milliard de dirhams.

    En revanche, l’Algérie profite bien du marché marocain où elle exporte chaque année entre 5 et 7,5 milliards de dirhams de produits. Ce qui fait d’Alger le premier fournisseur africain du Royaume !

    « Le Maroc est déficitaire dans son business avec l’Algérie. Si Alger décide d’attaquer le Maroc sur le plan économique, il est clair qu’il y aura une réponse. Et finalement, ce sera l’Algérie qui sera perdante dans l’affaire au vu de la structure des échanges entre nos deux pays. Les produits qu’achète le Maroc de l’Algérie ne sont pas non plus très stratégiques. C’est essentiellement du gaz, du pétrole et de l’électricité, et le Maroc dispose de diverses autres sources d’approvisionnement pour l’ensemble de ces produits. En plus, pour les entreprises marocaines, le marché algérien ne représente rien dans leur flux d’affaires. Aucun effet ne sera ressenti, je pense, si jamais Alger décide de stopper ses importations ou ses contrats avec le Maroc », explique l’homme d’affaires Hakim Marrakchi.

    Cette directive fuitée et non encore assumée officiellement par les autorités algériennes est, selon Hakim Marrakchi, une nouvelle manœuvre d’Alger pour ne pas avouer à son peuple son incapacité à gérer les affaires du pays.

    « L’Algérie avait récemment de grandes difficultés de production d’électricité et de gaz et a décidé d’arrêter ses exportations vers l’Italie et l’Espagne. Cette manœuvre contre le Maroc entre peut-être dans ce cadre : cacher cette incapacité à produire, à gérer les ressources… Et pour ne pas l’avouer publiquement, ils déclarent qu’ils arrêteront les sorties de devises en créant un supposé ennemi. L’Algérie est aux abois sur le plan économique, et a besoin d’un bouc émissaire… », analyse-t-il.

    Cet effet « pétard mouillé » de la (vraie fausse ?) directive présidentielle, on le sent également chez plusieurs hommes d’affaires marocains qui exportent vers l’Algérie ou qui sont même installés sur place.

    Hamza Saloui, dirigeant de Mafoder, exporte depuis plusieurs années des pièces de fonderie vers l’Algérie. « On est exportateur. Mais on n’a jamais songé à s’installer sur place, le marché algérien étant très compliqué. C’est un marché qu’on ne maîtrise pas et où il y a une grande concurrence chinoise sur les prix. Il y a aussi de grandes barrières à l’entrée, comme la règle des 51% qui oblige tout investisseur étranger à donner la majorité à un partenaire algérien ainsi que des critères de préférence nationales assez sévères », confie-t-il.

    Pour lui, cette directive, si elle s’avère vraie, ne changera rien pour l’entreprise qu’il dirige : « L’Algérie n’est pas un gros marché pour nous. Même si le flux des exportations s’arrête, cela ne changera rien pour nous », affirme-t-il, notant avec désarroi cette situation qui selon lui empêche de grosses opportunités de développement pour les deux pays.

    « A chaque fois où j’ai été en Algérie, j’ai remarqué un décalage entre le peuple et le discours des dirigeants et des médias. Les Algériens sont un peuple très accueillant, surtout quand ils savent que vous êtes marocain. L’Algérie est aussi un gros marché. On a les mêmes habitudes de consommation et nos économies sont très complémentaires. C’est malheureux d’en arriver là », déplore-t-il.

    L’arbitraire n’encourage pas les marocains à investir en Algérie


    Le patron d’une multinationale installé à Casablanca, son hub pour toute l’Afrique du Nord et de l’Ouest, nous confie même que depuis deux ans, ils ont arrêté de mettre l’Algérie dans leur plans d’affaires.

    « C’est un pays très compliqué. Les règles changent tout le temps. Et on a décidé d’arrêter d’y travailler parce qu’on ne veut pas perdre notre temps. Il y a des fois des décisions assez bizarres qui sont prises et qui ne respectent même pas la loi. Un jour, ils nous ont bloqué tout un container à la douane sous prétexte que la notice de notre produit comportait de l’hébreu. Ce qui est normal pour nous, puisqu’on est une multinationale et qu’on est obligé de rédiger des notices dans toutes les langues. Nous leur avons demandé la référence légale sur laquelle ils s’appuient pour nous bloquer, nous n’avons eu aucune réponse à part « que l’hébreu ne peut entrer en Algérie, car c’est une langue que les Algériens ne parlent pas ». Mais dans les mêmes notices de ce produit rejeté, il y avait le russe, le chinois… des langues que les Algériens ne parlent pas non plus. Tout cela pour vous dire que c’est l’arbitraire qui nous a poussé à abandonner ce marché », cite-t-il à titre d’exemple.

    Ces multiples barrières douanières ou non douanières, sont selon lui, le quotidien de tout exportateur vers l’Algérie. « Le commerce avec l’Algérie est toujours haché. Ils changent de règles du jeu tout le temps sans aucune logique. Et cela ne concerne pas que le Maroc puisque tous leurs fournisseurs mondiaux disent la même chose », ajoute-il.

    Youssef Tagmouti, ancien président de la Fenelec, raconte à peu près la même chose, les entreprises du secteur de l’électricité ayant été très actives un certain temps en Algérie.

    « Je n’ai pas de données sur la situation actuellement. Mais quand j’étais président de la Fenelec (de 2010 à 2016), les relations étaient standards, ni excellentes, ni mauvaises. Il y avait surtout des partenariats avec des acteurs locaux sur des opérations ponctuelles et de l’achat de matériel électrique… Le volume n’était pas exceptionnel. Les entreprises marocaines intervenaient essentiellement dans des projets liés à l’électrification du monde rural ou de la vente de matériel électrique. L’Algérie a décidé un jour d’arrêter les importations, décision qui ne concernait pas que le Maroc. Ils ont également mis des quotas sur certains produits. Depuis, le flux d’affaires s’est nettement réduit », relate-t-il.

    Témoignage d’un autre exportateur marocain : « En Algérie, c’est la roulette russe. D’une personne à l’autre, les choses diffèrent. Ça peut très bien se passer comme brusquement bloquer, selon l’interlocuteur avec qui vous traitez », témoigne-t-il.

    Même discours que nous avions eu l’occasion d’entendre de patrons de banques, qui dans leur expansion africaine enclenchée depuis 2005, ont déposé à plusieurs reprises des demandes d’agrément pour exercer sur place. Des dossiers qui sont refusés sans raisons valables, et qui ne reçoivent souvent aucune réponse…

  • #2
    Suite....


    Ce qu’on vend à l’Algérie et ce qu’on importe de chez eux


    Directive de Tebboune ou pas, les choses sont donc déjà compliquées. Et le flux du business entre les deux pays est très faible, voire insignifiant.

    Ne dépassant pas les 7 milliards de dirhams en 2019, le volume des échanges du Maroc avec l’Algérie représente un (très) petit 0,008% du total des échanges commerciaux du Maroc avec le reste du monde, qui a totalisé la même année plus de 773 milliards de dirhams. Un chiffre inédit pour deux pays voisins…

    Avec l’Espagne, voisin du nord, les échanges ont atteint les 144,4 milliards de dirhams. Avec la France, c’est un montant de 120 milliards. Loin, très loin, du petit 7 milliards réalisé avec l’Algérie, un business qui bénéficie principalement à l’Algérie grâce au gaz et pétrole, les deux principaux produits qu’elle vend au Royaume.

    Le 4,9 milliards d’importations marocaines depuis l’Algérie en 2019 sont en effet composés principalement, selon les chiffres de l’Office des changes, de gaz naturel (2,4 milliards), de propane et butane liquéfiés (1,8 milliard) et d’huile de pétrole et autres minéraux bitumineux (190 MDH). Le reste, quelque 80 produits au total, étant composé de divers produits allant des fruits séchés, du verre, de margarine, de sucre, miel, sel, papier, carton… Le tout pour de très petits volumes.

    En face, le Maroc a exporté la même année plus de 160 produits, selon l’Office des changes. Des ventes diversifiées mais d’une valeur très maigre : 1,5 milliard de dirhams. Un petit montant qui fait pourtant de l’Algérie le premier client du Maroc dans le Maghreb et dans toute l’Afrique, exception faite de quelques années où la Côte d’Ivoire avait pris la place de l’Algérie à la tête des clients du Maroc. Un fait qui ne signifie pas que l’Algérie est un pays stratégique pour l’économie marocaine, mais renseigne surtout sur le faible taux d’intégration du continent et la faiblesse des exportations marocaines vers les autres pays de l’Afrique.

    Quant aux produits qu’on vend à l’Algérie , on trouve à leur tête les produits laminés plats en fer ou en acier pour une valeur de 267 MDH, les articles d’habillement et de bonneterie pour 222,9 MDH, des cigarettes ( 158 MDH), des engrais (153 MDH), du café (88,9 MDH), des meubles, de la literie, des matelas des sommiers, des coussins (35,4 MDH) et divers autres produits qui vont des médicaments, à la verrerie, au poisson frais ou congelé, aux chaussures, manteaux, costumes, chemises, sous vêtements, en passant par des pièces détachées automobile, des produits de parfumerie ou de toilette…

    Quant aux logiciels informatiques, ciblés particulièrement par la directive présidentielle, on n’en trouve aucune trace dans la liste des produits exportés par le Maroc en Algérie. « Il y a peut être des opérations insignifiantes de quelques acteurs, mais les opérateurs du secteur des NTI au Maroc ne travaillent pas énormément en Algérie », nous dit un membre de l’APEBI.

    Le patron de HPS, société multinationale connue pour son logiciel star Power Card et présente dans les quatre coins du monde, nous dit la même chose. « Nous sommes en effet présents dans plusieurs pays dans le monde, mais pas en Algérie. Nous n’avons jamais fait une opération là bas. Donc je ne saurais vous décrire la situation ni vous expliquer ce qui se passe réellement », nous dit, Mohamed Horani, qui était également président de la CGEM de 2009 à 2012.

    IDE : un volume d’investissement proche de zéro


    Cette froideur dans les échanges commerciaux, on la retrouve également dans les flux des IDE entre les deux pays. Les acteurs marocains qui investissent en Algérie se comptent selon une source de la CGEM sur le bout des doigts. Idem pour les Algériens au Maroc.

    Selon les chiffres de l’Office des changes, de 2007 à 2020, le flux des IDE marocains en Algérie n’a pas dépassé les 128 MDH. Une période pourtant où le Maroc a investi à l’étranger plus de 86 milliards de dirhams, notamment en Afrique. Là encore, la part de l’Algérie dans les IDE marocains est proche de zéro. Elle est de 0,0014%…

    En comptant les sorties et les désinvestissements sur la période, l’encours restant des IDE marocains en Algérie est de 9 MDH à fin 2018, derniers chiffres de l’Office des changes, soit 0,0005% du stock global des IDE marocains à l’étranger.

    Quant aux IDE entrants au Maroc, l’Algérie ne figure même pas dans le tableau de la soixantaine de pays qui ont investi au Royaume ces 15 dernières années. Au moment où la Tunisie a investi au Maroc sur la même période (de 2007 à 2020) plus de 1,3 milliard de dirhams, l’Egypte plus de 1 milliard et la Mauritanie quelque 215 MDH. Même le Kenya, pays lointain d’Afrique de l’Est apparaît dans le tableau, avec un volume de 201 MDH…

    De relations économiques, somme toute, très froides, et sur tous les plans, que la directive du président Tebboune veut encore plus refroidir. Une offensive qui ne fait même pas peur aux patrons marocains dont beaucoup refusent même de la commenter… quand ils n’en rient pas.

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    • #3
      Un pétard mouillé, d'un Tebboune encore plus mouillé

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