« Ne transformons pas la tragédie ukrainienne en une tragédie mondiale », avertit un expert en questions de défense.
Les questions de la neutralité et de la démilitarisation de l'Ukraine seront centrales si l'on souhaite en arriver à une entente, lance l'Américain Ted Galen Carpenter, chercheur à l'Institut Cato, un groupe de réflexion américain.
C'est, selon lui, la seule avenue viable, car l'autre option serait une guerre sans fin, coûteuse sur tous les plans, avec une occupation russe de toute l'Ukraine qui ferait face pendant des années à une résistance ukrainienne.
L'expert en questions de défense affirme que Moscou voudra aussi, certainement, obtenir un ajustement territorial dans les territoires de l'Est.
Au vingtième jour de la guerre, le spectacle est désolant.
« L'Ukraine est en feu, le pays est décimé, l'impact sur la population civile est désastreux, avec un nombre de morts qui croît tous les jours. »
— Une citation de Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies
Récemment, le refus des Américains de servir d'intermédiaire pour faire parvenir aux Ukrainiens des avions de chasse polonais Mig-29 a démontré à quel point Washington ne veut pas alarmer Moscou.
Les élus au Congrès américain sont divisés sur la question. Vladimir Poutine a déjà ordonné aux commandants russes de placer la force de dissuasion nucléaire en état d'alerte. L'OTAN et Washington se tiennent donc à carreau et ne veulent surtout pas tenter le diable.
En revanche, Ted Galen Carpenter craint que le conflit ne dégénère en guerre par procuration des États-Unis contre la Russie. Il ne faut pas que Washington et l'OTAN poursuivent une politique qui va se solder par un combat contre la Russie jusqu'au dernier Ukrainien, avertit-il
« Une solution diplomatique, aussi imparfaite soit-elle, est dans l'intérêt des Ukrainiens et peut mettre fin à cette guerre sanglante. »
— Une citation de Ted Galen Carpenter, Institut Cato
L'ancien président afghan Hamid Karzaï affirmait en entrevue, au journal The Hindu, que l'Ukraine doit tirer des leçons de la guerre en Afghanistan et ne pas laisser les grandes puissances faire leur guerre par procuration sur son territoire.
Certains experts américains parlent même du modèle afghan pour l'Ukraine, alors qu'au début des années 1980, les États-Unis aidaient les moudjahidines afghans à lutter contre l'occupant soviétique, une guerre qui a duré près de dix ans
La ligne rouge qu'il ne fallait pas franchir
Selon Ted Galen Carpenter, rien ne justifie l'invasion russe et la tragédie dont nous sommes tous témoins. Mais, selon lui, cette guerre aurait pu être évitée si les États-Unis avaient répondu aux nombreux avertissements lancés par Moscou, qui réclamait depuis 2006 des garanties sur sa sécurité et exigeait que l'Ukraine ne fasse jamais partie de l'OTAN. Cette opposition de la Russie à l'entrée de l'Ukraine dans l'Alliance atlantique n'est pas nouvelle, comme le rappelle l'ex-secrétaire d'État Madeleine Albright.
« Le président russe Boris Eltsine et ses patriotes étaient opposés à l'élargissement de l'OTAN et y voyaient une stratégie pour exploiter leur vulnérabilité. »
— Une citation de Madeleine Albright, secrétaire d'État sous l'administration Clinton
Après le démantèlement, au début des années 1990, du pacte de Varsovie unissant en une alliance miliaire les pays du bloc soviétique, plusieurs de ses membres, dont la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, ont rejoint l'OTAN, au grand dam de Moscou. La crainte que l'Ukraine ne s'y joigne habite depuis la Russie, qui partage près de 2000 kilomètres de frontière avec elle.
« Une alliance militaire contrôlée par une superpuissance ne peut être placée à la frontière d'une autre superpuissance sans que celle-ci y voie une provocation. »
— Une citation de Ted Galen Carpenter, Institut Cato
Il ajoute que l'administration Biden aurait dû être plus réaliste, améliorer sa relation avec Moscou et accepter la neutralité en Ukraine et sa non-adhésion à l'OTAN, un grand compromis qui aurait pu éviter cette guerre, dit-il.
Ted Galen Carpenter frémit par ailleurs à l'idée que l'OTAN aille finalement de l'avant et instaure une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine qui mènerait à un conflit direct entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie, un scénario désastreux pour le monde entier à éviter à tout prix.
Radio Canada
Azeb Wolde-Giorghis
15 mars 2021
Les questions de la neutralité et de la démilitarisation de l'Ukraine seront centrales si l'on souhaite en arriver à une entente, lance l'Américain Ted Galen Carpenter, chercheur à l'Institut Cato, un groupe de réflexion américain.
C'est, selon lui, la seule avenue viable, car l'autre option serait une guerre sans fin, coûteuse sur tous les plans, avec une occupation russe de toute l'Ukraine qui ferait face pendant des années à une résistance ukrainienne.
L'expert en questions de défense affirme que Moscou voudra aussi, certainement, obtenir un ajustement territorial dans les territoires de l'Est.
Au vingtième jour de la guerre, le spectacle est désolant.
« L'Ukraine est en feu, le pays est décimé, l'impact sur la population civile est désastreux, avec un nombre de morts qui croît tous les jours. »
— Une citation de Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies
Récemment, le refus des Américains de servir d'intermédiaire pour faire parvenir aux Ukrainiens des avions de chasse polonais Mig-29 a démontré à quel point Washington ne veut pas alarmer Moscou.
Les élus au Congrès américain sont divisés sur la question. Vladimir Poutine a déjà ordonné aux commandants russes de placer la force de dissuasion nucléaire en état d'alerte. L'OTAN et Washington se tiennent donc à carreau et ne veulent surtout pas tenter le diable.
En revanche, Ted Galen Carpenter craint que le conflit ne dégénère en guerre par procuration des États-Unis contre la Russie. Il ne faut pas que Washington et l'OTAN poursuivent une politique qui va se solder par un combat contre la Russie jusqu'au dernier Ukrainien, avertit-il
« Une solution diplomatique, aussi imparfaite soit-elle, est dans l'intérêt des Ukrainiens et peut mettre fin à cette guerre sanglante. »
— Une citation de Ted Galen Carpenter, Institut Cato
L'ancien président afghan Hamid Karzaï affirmait en entrevue, au journal The Hindu, que l'Ukraine doit tirer des leçons de la guerre en Afghanistan et ne pas laisser les grandes puissances faire leur guerre par procuration sur son territoire.
Certains experts américains parlent même du modèle afghan pour l'Ukraine, alors qu'au début des années 1980, les États-Unis aidaient les moudjahidines afghans à lutter contre l'occupant soviétique, une guerre qui a duré près de dix ans
La ligne rouge qu'il ne fallait pas franchir
Selon Ted Galen Carpenter, rien ne justifie l'invasion russe et la tragédie dont nous sommes tous témoins. Mais, selon lui, cette guerre aurait pu être évitée si les États-Unis avaient répondu aux nombreux avertissements lancés par Moscou, qui réclamait depuis 2006 des garanties sur sa sécurité et exigeait que l'Ukraine ne fasse jamais partie de l'OTAN. Cette opposition de la Russie à l'entrée de l'Ukraine dans l'Alliance atlantique n'est pas nouvelle, comme le rappelle l'ex-secrétaire d'État Madeleine Albright.
« Le président russe Boris Eltsine et ses patriotes étaient opposés à l'élargissement de l'OTAN et y voyaient une stratégie pour exploiter leur vulnérabilité. »
— Une citation de Madeleine Albright, secrétaire d'État sous l'administration Clinton
Après le démantèlement, au début des années 1990, du pacte de Varsovie unissant en une alliance miliaire les pays du bloc soviétique, plusieurs de ses membres, dont la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, ont rejoint l'OTAN, au grand dam de Moscou. La crainte que l'Ukraine ne s'y joigne habite depuis la Russie, qui partage près de 2000 kilomètres de frontière avec elle.
« Une alliance militaire contrôlée par une superpuissance ne peut être placée à la frontière d'une autre superpuissance sans que celle-ci y voie une provocation. »
— Une citation de Ted Galen Carpenter, Institut Cato
Il ajoute que l'administration Biden aurait dû être plus réaliste, améliorer sa relation avec Moscou et accepter la neutralité en Ukraine et sa non-adhésion à l'OTAN, un grand compromis qui aurait pu éviter cette guerre, dit-il.
Ted Galen Carpenter frémit par ailleurs à l'idée que l'OTAN aille finalement de l'avant et instaure une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine qui mènerait à un conflit direct entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie, un scénario désastreux pour le monde entier à éviter à tout prix.
Radio Canada
Azeb Wolde-Giorghis
15 mars 2021
Commentaire