Nous ne pouvons pas pilonner la ville, il reste beaucoup d'Ukrainiens à l'intérieur" : à Kherson, la contre-offensive de l'armée ukrainienne ralentit
Près de Kherson, tenue par les Russes depuis huit mois, les combats entre les deux armées font rage. La prise de la ville est plus complexe que prévu.
Article rédigé par
Laurent Machietti - Gaële Joly
Radio France
Publié le 31/10/2022 16:08Mis à jour le 31/10/2022 18:20
L 'artillerie ukrainienne près de Kherson, le 30 octobre 2022. (GAELE JOLY / RADIO FRANCE)
Le char d'assaut file à tout allure à travers champs pour échapper aux ripostes. Il est garé, planqué dans un sous-bois, à quelques kilomètres des positions russes. "C'est l'art du camouflage, confie celui qui se fait appeler "Serpent", artilleur de la brigade 63. On a des conditions de vie sauvages. C'est comme ça qu'on arrive à rester mobiles, nous devons être capables de bouger 24h/24." Et la victoire, est-elle proche ? "À vrai dire, oui. C'est dans l'air, on le sent", glisse le soldat ukrainien.
"On se cache dans la nature, on utilise des filets de camouflage, on recouvre les véhicules... On s'adapte aux particularités du terrain. On se débrouille comme on peut, parfois on doit creuser pour enterrer les véhicules."
"Serpent", artilleur de la brigade.
En Ukraine, les Russes ont juré de faire de la ville de Kherson – qu'ils occupent – une forteresse pour résister à l'offensive ukrainienne. Moscou disposerait de 30 bataillons tactiques dans la région selon Kiev, une force militaire qu'il sera difficile de briser avant les premières gelées hivernales d'ici six semaines. L'offensive prend plus de temps que prévu. Les combats d'artillerie font rage."Serpent", artilleur de la brigade.
"On ne tire pas sur les civils"
Dans le dernier village avant la ligne de front, à 15 kilomètres des forces russes, le commandant de l'unité – "Anaconda" pour nom de guerre – assure que l'armée ukrainienne grignote du terrain mais la prise de Kherson est plus complexe que prévu. "On nous donne des cibles, explique "Anaconda". Nous vérifions s'il y a de potentielles cibles civiles à côté et, si c'est le cas, nous ne tirons pas, même après avoir reçu l'ordre. Nous tirons sur une distance de 17 kilomètres donc la précision n'est pas tout à fait exacte. C'est ça qui ralentit la contre-offensive."
"Il faut bien choisir nos cibles pour les garder vivants. Les Russes, eux, s'en fichent."
"Anaconda", commandant de l'unité
"Anaconda", commandant de l'unité
Les artilleurs ont récemment perdu des camarades dans les combats. Seul les tirs du lance-roquettes américain Himars au loin sonnent, pour eux, comme un réconfort. Le missile vient de pilonner un régiment entier de jeunes mobilisés russes, à 80 kilomètres de là.
"Nous ne pouvons pas pilonner Kherson, il reste beaucoup d'Ukrainiens à l'intérieur" –
reportage de Gaële Joly et Laurent Machietti
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