Alors que la Tunisie et l’Egypte luttent pour la stabilité, leur périphérisation croissante les entraîne dans un cercle vicieux. Plus leurs problèmes économiques s’accumulent, plus leurs besoins financiers augmentent et plus leur dépendance géopolitique à l’égard des bailleurs de fonds régionaux s’accentue, estime le think tank Carnegie Middle East Center. Le problème est que leur marginalisation géopolitique les prive de toute marge de manœuvre alors qu’ils deviennent de moins en moins pertinents dans un contexte géopolitique régional et mondial en pleine mutation, ajoute-t-t-il.
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord connaissent de profondes transformations, laissant l’Égypte et la Tunisie sur la touche dès lors qu’il s’agit de déterminer les résultats. L’Égypte a été absente de la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, tandis qu’en mai 2022, le président algérien a proposé de jouer un rôle dans la résolution de la crise politique interne en Tunisie, comme si les dirigeants tunisiens n’étaient pas capables de le faire eux-mêmes. Une fois la périphérisation installée, il pourrait s’avérer très difficile de l’inverser, prévoit le think tank.
La Tunisie est également dans une impasse, souligne-t-il notant qu’après une décennie de soutien financier et d’accès à l’argent facile, le pays se retrouve coincé sous le gouvernement Kais Saied qui a isolé la Tunisie sans aucun plan de secours. Selon l’accord de 2022, le FMI a accepté de fournir à la Tunisie 1,9 milliard de dollars. Toutefois, l’organisation s’attendait à ce que d’autres États comblent le déficit de financement. Si l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis étaient initialement susceptibles de le faire, ils ont finalement laissé cette tâche aux pays européens.
L’incapacité du gouvernement tunisien à mobiliser des fonds montre que Kais Saied manque cruellement de ressources financières pour consolider son régime et gérer les tensions sociales, affirme le groupe de réflexion. Au lieu de cela, il a gagné du temps, légitimant l’opinion internationale selon laquelle il ne veut pas, ou ne peut pas, s’attaquer aux problèmes fiscaux et économiques de la Tunisie.
Le rejet par Kais Saied des récentes conditions du FMI se fonde d’abord sur la conviction qu’elles représentent une violation de la souveraineté tunisienne. Il estime que les Tunisiens doivent compter sur eux-mêmes pour résoudre leur crise économique, qu’il considère comme la conséquence des actions d’une élite corrompue. « Son style paranoïaque a suscité la méfiance des principaux partenaires, y compris des institutions financières internationales », estime Carnegie. Et cette méfiance est réciproque de la part des États-Unis et des pays européens, qui craignent que la rhétorique anti-occidentale de Saied ne conduise à un changement des affiliations politiques et économiques de la Tunisie, que le président a laissé entendre qu’il envisageait de reconsidérer.
La deuxième raison pour laquelle Saied a rejeté les conditions du FMI, explique le think tank, est sa crainte des protestations populaires. La façon unilatérale dont le président reconstruit le système politique tunisien et gère les affaires publiques l’a éloigné de nombreux acteurs sociaux. Son incapacité à rassembler une large coalition sociale mine la légitimité du nouveau système politique, rendant Saied dépendant des services de sécurité pour compenser ce qui lui manque en termes de soutien populaire. Son rejet des corps intermédiaires entre l’État et la société l’a mis en conflit avec la plupart des partis politiques, des syndicats et des sociétés professionnelles. Cette situation accroît le risque de manifestations si la situation économique se détériore davantage, mais aussi si la Tunisie met en œuvre les stipulations impopulaires de l’accord avec le FMI, pense Carnegie.
African manager
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord connaissent de profondes transformations, laissant l’Égypte et la Tunisie sur la touche dès lors qu’il s’agit de déterminer les résultats. L’Égypte a été absente de la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, tandis qu’en mai 2022, le président algérien a proposé de jouer un rôle dans la résolution de la crise politique interne en Tunisie, comme si les dirigeants tunisiens n’étaient pas capables de le faire eux-mêmes. Une fois la périphérisation installée, il pourrait s’avérer très difficile de l’inverser, prévoit le think tank.
La Tunisie est également dans une impasse, souligne-t-il notant qu’après une décennie de soutien financier et d’accès à l’argent facile, le pays se retrouve coincé sous le gouvernement Kais Saied qui a isolé la Tunisie sans aucun plan de secours. Selon l’accord de 2022, le FMI a accepté de fournir à la Tunisie 1,9 milliard de dollars. Toutefois, l’organisation s’attendait à ce que d’autres États comblent le déficit de financement. Si l’Arabie saoudite, le Koweït et les Émirats arabes unis étaient initialement susceptibles de le faire, ils ont finalement laissé cette tâche aux pays européens.
L’incapacité du gouvernement tunisien à mobiliser des fonds montre que Kais Saied manque cruellement de ressources financières pour consolider son régime et gérer les tensions sociales, affirme le groupe de réflexion. Au lieu de cela, il a gagné du temps, légitimant l’opinion internationale selon laquelle il ne veut pas, ou ne peut pas, s’attaquer aux problèmes fiscaux et économiques de la Tunisie.
Le rejet par Kais Saied des récentes conditions du FMI se fonde d’abord sur la conviction qu’elles représentent une violation de la souveraineté tunisienne. Il estime que les Tunisiens doivent compter sur eux-mêmes pour résoudre leur crise économique, qu’il considère comme la conséquence des actions d’une élite corrompue. « Son style paranoïaque a suscité la méfiance des principaux partenaires, y compris des institutions financières internationales », estime Carnegie. Et cette méfiance est réciproque de la part des États-Unis et des pays européens, qui craignent que la rhétorique anti-occidentale de Saied ne conduise à un changement des affiliations politiques et économiques de la Tunisie, que le président a laissé entendre qu’il envisageait de reconsidérer.
La deuxième raison pour laquelle Saied a rejeté les conditions du FMI, explique le think tank, est sa crainte des protestations populaires. La façon unilatérale dont le président reconstruit le système politique tunisien et gère les affaires publiques l’a éloigné de nombreux acteurs sociaux. Son incapacité à rassembler une large coalition sociale mine la légitimité du nouveau système politique, rendant Saied dépendant des services de sécurité pour compenser ce qui lui manque en termes de soutien populaire. Son rejet des corps intermédiaires entre l’État et la société l’a mis en conflit avec la plupart des partis politiques, des syndicats et des sociétés professionnelles. Cette situation accroît le risque de manifestations si la situation économique se détériore davantage, mais aussi si la Tunisie met en œuvre les stipulations impopulaires de l’accord avec le FMI, pense Carnegie.
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