Le président iranien Massoud Pezeshkian est arrivé à Moscou ce vendredi 17 janvier pour la signature d’un accord dit de « partenariat stratégique global ». Selon les précisions de l’ambassade iranienne en Russie sur Telegram la semaine dernière rapportées par l’AFP, cet accord porte sur « la coopération économique et commerciale dans les domaines de l’énergie, de l’environnement et les questions liées à la défense et la sécurité ». Les contours exacts de l’accord sont encore flous, mais Moscou a conclu en 2024 un traité portant le même nom avec la Corée du Nord.
Publié le : 17/01/2025 - 08:08
De notre correspondante à Moscou,
En cette période où la Russie nie la présence de soldats nord-coréens dans la région de Koursk, on peut se souvenir que le traité signé avec Pyongyang et ratifié par les députés russes en octobre 2024 prévoit notamment « une aide militaire immédiate » en cas d’agression armée de pays tiers. Faut-il s’attendre à la même clause avec Téhéran alors que l’Ukraine dénonce déjà régulièrement des attaques massives de drones Shaheed lancés par la Russie ?
Ce mardi, en conférence de presse, le chef de la diplomatie russe s’est en tout cas attaché à dégonfler le sujet. « Nos collègues occidentaux veulent toujours trouver un sujet sur n'importe quelle question qui montrera que la Russie et l'Iran, la Russie et la Chine, la Russie et la Corée du Nord, sont toujours en train de préparer quelque chose contre quelqu'un », a déclaré Sergueï Lavrov.
Reste que le journal Kommersant ce lundi notait : « Comme l’ont indiqué des sources diplomatiques iraniennes, l’une des priorités sera la coopération avec Moscou dans le domaine de la sécurité et de la défense ».
Affaibli au Liban, absent lors de la chute de Bachar el-Assad en Syrie, avec Massoud Pezeshkian, élu en juillet dernier, l’Iran a en tout cas initié un rapprochement rapide avec Moscou. Les contacts personnels se sont intensifiés. Par exemple : en septembre dernier, le président iranien recevait Sergueï Choïgou, le secrétaire du Conseil de sécurité russe.
Une question de timing diplomatique
Ce traité est annoncé à la signature depuis l’automne, on en parlait déjà au sommet des Brics à Kazan, et sa signature intervient finalement un peu plus de trois jours avant l’investiture de Donald Trump.
Dans ce contexte, beaucoup jugent qu’il faut voir dans cette visite et cette signature un signal à Washington. Mais là aussi, la Russie fait beaucoup officiellement pour ne pas avoir l’air d’agiter un chiffon rouge. « La date de signature de l’accord entre l’Iran et la Russie n'a rien à voir avec celle de l’investiture de Trump », déclarait cette semaine le porte-parole du Kremlin. Cette prudence officielle, juge l’analyste Mikhaïl Vinogradov, serait en tous points conforme à ce que cherche vraiment Moscou :
« C’est plutôt le signal que les deux parties ne sont pas inactives. Elles sont à la fois nerveuses et à la fois essaient de démontrer une sorte de coordination, chacune étant une cible potentielle pour les États-Unis. C’est probablement surtout le cas pour l’Ian, car c’est ce qui est attendu de l’administration Trump. En fait, il s’agit d’une ouverture pour commencer le jeu diplomatique. En même temps, il est difficile d’imaginer qu’il s’agisse d’une stratégie vraiment cohérente, car Moscou ne cherche pas à sérieusement irriter l’administration américaine. Moscou ne comprend pas clairement à quoi s’attendre de la part de Washington, mais elle admet qu’il y a un vrai potentiel d’interactions. Je ne pense donc pas que ce traité soit la marque d’un grand bond qualitatif à venir dans la relation Téhéran-Moscou, mais plutôt d’une tentative de renforcer leurs positions respectives dans le contexte d’un jeu diplomatique que Washington va sûrement commencer, même si évidemment Washington traitera cette nouvelle alliance sans enthousiasme. »
Moscou sait aussi qu’il faudra sans doute affronter la colère d’Israël et a minima les sourcils froncés de la Turquie. La Turquie, un partenaire à ses yeux bien plus important, quand la Russie ne partage même pas de frontière terrestre avec l’Iran.
www . rfi . fr
Publié le : 17/01/2025 - 08:08
De notre correspondante à Moscou,
En cette période où la Russie nie la présence de soldats nord-coréens dans la région de Koursk, on peut se souvenir que le traité signé avec Pyongyang et ratifié par les députés russes en octobre 2024 prévoit notamment « une aide militaire immédiate » en cas d’agression armée de pays tiers. Faut-il s’attendre à la même clause avec Téhéran alors que l’Ukraine dénonce déjà régulièrement des attaques massives de drones Shaheed lancés par la Russie ?
Ce mardi, en conférence de presse, le chef de la diplomatie russe s’est en tout cas attaché à dégonfler le sujet. « Nos collègues occidentaux veulent toujours trouver un sujet sur n'importe quelle question qui montrera que la Russie et l'Iran, la Russie et la Chine, la Russie et la Corée du Nord, sont toujours en train de préparer quelque chose contre quelqu'un », a déclaré Sergueï Lavrov.
Reste que le journal Kommersant ce lundi notait : « Comme l’ont indiqué des sources diplomatiques iraniennes, l’une des priorités sera la coopération avec Moscou dans le domaine de la sécurité et de la défense ».
Affaibli au Liban, absent lors de la chute de Bachar el-Assad en Syrie, avec Massoud Pezeshkian, élu en juillet dernier, l’Iran a en tout cas initié un rapprochement rapide avec Moscou. Les contacts personnels se sont intensifiés. Par exemple : en septembre dernier, le président iranien recevait Sergueï Choïgou, le secrétaire du Conseil de sécurité russe.
Une question de timing diplomatique
Ce traité est annoncé à la signature depuis l’automne, on en parlait déjà au sommet des Brics à Kazan, et sa signature intervient finalement un peu plus de trois jours avant l’investiture de Donald Trump.
Dans ce contexte, beaucoup jugent qu’il faut voir dans cette visite et cette signature un signal à Washington. Mais là aussi, la Russie fait beaucoup officiellement pour ne pas avoir l’air d’agiter un chiffon rouge. « La date de signature de l’accord entre l’Iran et la Russie n'a rien à voir avec celle de l’investiture de Trump », déclarait cette semaine le porte-parole du Kremlin. Cette prudence officielle, juge l’analyste Mikhaïl Vinogradov, serait en tous points conforme à ce que cherche vraiment Moscou :
« C’est plutôt le signal que les deux parties ne sont pas inactives. Elles sont à la fois nerveuses et à la fois essaient de démontrer une sorte de coordination, chacune étant une cible potentielle pour les États-Unis. C’est probablement surtout le cas pour l’Ian, car c’est ce qui est attendu de l’administration Trump. En fait, il s’agit d’une ouverture pour commencer le jeu diplomatique. En même temps, il est difficile d’imaginer qu’il s’agisse d’une stratégie vraiment cohérente, car Moscou ne cherche pas à sérieusement irriter l’administration américaine. Moscou ne comprend pas clairement à quoi s’attendre de la part de Washington, mais elle admet qu’il y a un vrai potentiel d’interactions. Je ne pense donc pas que ce traité soit la marque d’un grand bond qualitatif à venir dans la relation Téhéran-Moscou, mais plutôt d’une tentative de renforcer leurs positions respectives dans le contexte d’un jeu diplomatique que Washington va sûrement commencer, même si évidemment Washington traitera cette nouvelle alliance sans enthousiasme. »
Moscou sait aussi qu’il faudra sans doute affronter la colère d’Israël et a minima les sourcils froncés de la Turquie. La Turquie, un partenaire à ses yeux bien plus important, quand la Russie ne partage même pas de frontière terrestre avec l’Iran.
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