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La franchise

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  • La franchise

    Il est indispensable pour l’aspirant [1] désirant cheminer sur la voie du salut et de la proximité d’Allâh — Exalté soit-Il — de réunir trois qualités : la franchise (As-Sidq), la sincérité (Al-Ikhlâs) et la patience (As-Sabr). Car tous les attributs de perfection restent inaccessibles à l’homme et ses actes demeurent inaboutis aussi longtemps qu’il est dénué de ces trois qualités. Lorsque les œuvres en sont dépourvues, elles sont invalides et ne sont pas acceptées par Allâh.


    S’agissant de définir la franchise, les savants adoptèrent des approches diverses. Certains versèrent dans les détails et les subdivisions alors que d’autres préférèrent la brièveté et la concision. Ainsi l’Argument de l’Islam, l’Imâm Al-Ghazâlî — qu’Allâh lui fasse miséricorde — déclina-t-il la franchise en six catégories disant : « Sache que le terme As-Sidq est employé dans six sens : la franchise de la parole, la franchise de l’intention et de la volonté, la franchise du dessein, la franchise dans la réalisation du dessein, la franchise dans les actes et la franchise dans la réalisation de toutes les stations de la religion. Quiconque observe la franchise dans tout ce qui précède est un véridique (Siddîq).

    La franchise de la langue concerne la parole. Elle inclut aussi le fait de tenir sa promesse ou d’y manquer. À ce sujet, on dit : « L’ambiguïté est une alternative au mensonge. » [2]


    La franchise de l’intention et de la volonté signifie, quant à elle, la sincérité. Elle se réalise lorsque qu’aucun mobile ne motive nos faits et gestes à l’exception d’Allâh — Exalté soit-Il —.


    La franchise du dessein consiste en la détermination à œuvrer sincèrement pour Allâh — Exalté soit-Il —.


    La franchise dans la réalisation du dessein consiste à aplanir les obstacles qui s’y opposent.


    La franchise dans les actes consiste à faire en sorte que les œuvres apparentes ne reflètent pas faussement des qualités dont on est dépourvu intérieurement.


    La franchise dans la réalisation des stations de la religion comme la crainte, l’espérance, l’exaltation, l’ascétisme, le contentement, la confiance en Allâh et Son amour [3]. »
    Sheikh Zakariyyâ Al-Ansârî — qu’Allâh lui fasse miséricorde — estima, quant à lui, que la franchise s’exerce dans trois champs : « La franchise est la concordance avec la réalité. Ses champs sont la langue, le cœur et les actes ; elle se caractérise de manière spécifique dans chacun d’entre eux. En ce qui concerne la langue, la franchise consiste à décrire les choses telles qu’elles sont. Concernant le cœur, elle désigne la ferme résolution. Tandis qu’au plan des actes, la franchise consiste à les accomplir avec ardeur et amour. En résulte la confiance en la parole du franc. Ce comportement aura pour fruit l’estime exprimée par les gens et par Allâh à l’endroit de (l’individu) franc. » [4].

    La franchise telle qu’elle est souvent conçue par les masses musulmanes se limite à la franchise de la parole. En revanche, les maîtres soufis donnèrent à la franchise un sens plus large qui inclut, en plus de la franchise de la parole, celle du cœur, des actes et des états.

    Dans le commentaire d’Al-`Aqâ’id, l’érudit Ibn Abî Sharîf — qu’Allâh lui fasse miséricorde — expliqua : « Les soufis parlèrent de « la franchise » au sens de l’accord entre les actes commis en secret et ceux accomplis en public, ou encore l’harmonie entre l’apparence (Adh-Dhâhir) et le for intérieur (Al-Bâtin) de manière à ce que les états spirituels du serviteur ne contredisent pas ses actes, et qu’à l’inverse ses actes ne contredisent pas ses états. » [5].

    Ainsi la franchise représente-t-elle pour eux la source dont jallissent la résolution, la détermination et l’énergie nécessaires à la progression sur les échelons de la perfection et à l’abandon de tout caractère imparfait ou blâmable.

    De ce point de vue, la franchise constitue une épée divine à la disposition de l’itinérant. Il s’en sert pour couper les attaches et briser les obstacles qui entravent son cheminement vers Allâh. Sans cette épée, il sera bien incapable de s’élever spirituellement et risque de s’arrêter et de voir son parcours interrompu.

    L’érudit Ibn Qayyim Al-Jawziyyah — qu’Allâh lui fasse miséricorde — dit : « La préparation avec franchise à la rencontre d’Allâh est la clé des œuvres pieuses, des états spirituels et des stations traversées par les itinérants vers Allâh. C’est également la clé vers les degrés du cheminement vers Allâh comme l’éveil, la pénitence, le repentir, l’amour, l’espérance, la crainte, la confiance en Allâh et la sujétion à Lui ainsi que toute œuvre des cœurs ou des membres. La préparation franche à la rencontre d’Allâh est la clé de tout ce qui précède. Cette clé est détenue par Celui Qui ouvre (Al-Fattâh) l’Omniscient. Nulle divinité sauf Lui ; nul Seigneur en dehors de Lui. » [6].

    Lorsque l’itinérant accède à la franchise, il est en mesure de progresser rapidement vers les degrés supérieurs de la foi puisque la franchise constitue le moteur qui propulse et la qualité indispensable pour atteindre toutes les stations du cheminement vers Allâh — Exalté soit-Il —.

    La première étape du cheminement est celle de la franchise du repentir qui se réalise par la pénitence sincère vers Allâh. Cette dernière est le fondement de toute œuvre pieuse et constitue le premier degré de la perfection.

    La franchise dans l’éducation de l’âme incitatrice au mal permet notablement de la débarrasser de ses maladies et de ses passions. Elle purifie le cœur de ses vices jusqu’à ce qu’il accède à la foi gustative évoquée par le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — lorsqu’il dit : « Aura goûté la saveur de la foi, quiconque agrée Allâh comme Seigneur, l’islam comme religion et Muhammad comme messager. » [7].

    La franchise dans la lutte contre Satan et ses insufflations protège le croyant contre ses ruses et le garde à l’abri de ses malices. Elle désespère également Satan de pouvoir un jour l’égarer ou le tenter.

    La franchise dans l’expulsion de l’amour du monde ici-bas de son cœur porte l’homme à lutter constamment contre son ego par l’aumône, l’altruisme et la participation aux œuvres de bienfaisance, afin de se libérer de l’amour de l’ici-bas et d’échapper à son emprise sur son cœur.

    La franchise dans l’acquisition du savoir en vue de se défaire de son ignorance et de rectifier son œuvre incite l’homme à la droiture et à la persévérance. Elle le porte à supporter les difficultés et à veiller les nuits pour en profiter autant que faire se peut. Les savants n’ont excellé que grâce à leur franchise, leur sincérité et leur patience.

    La franchise de l’acte est le fruit du savoir et sa finalité puisqu’elle assure l’élévation permanente du serviteur et fait de son savoir un instrument de sa perfection. Elle est indispensable pour l’acte, faute de quoi l’itinérant s’expose à des maladies qui l’empêcheront de réaliser son dessein, comme l’amour de la notoriété et de la renommée, et la sensibilité à leur égard.

    La franchise sincère élimine toutes ces impuretés du chemin conduisant vers l’objectif visé, à savoir l’agrément d’Allâh — Exalté soit-Il —, Sa connaissance et Son amour.

    C’est pour cette raison qu’Allâh — Exalté soit-Il — ordonna aux musulmans d’accompagner les francs afin de profiter de leur état spirituel et de bénéficier de leur franchise. Il dit : « Ô vous qui croyez ! Craignez Allâh et soyez avec les francs » [10]. Il les décrivit également comme étant peu nombreux et comme étant une élite choisie parmi les croyants. Il dit : « Il est, parmi les croyants, des hommes, qui ont été francs dans leur engagement envers Allâh » [11]. Évoquant la rareté des francs, Ma`rûf Al-Karkhî dit : « Combien sont nombreux les vertueux et combien sont rares les francs parmi les vertueux ! » [12].

    Par ailleurs, Allâh — Exalté soit-Il — reprocha aux hypocrites leur manque de franchise en matière de foi et leur manquement à leur promesse envers le Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il dit : « s’ils étaient francs envers Dieu, cela serait mieux pour eux » [13]. Il nous informa également qu’au jour de la résurrection, le serviteur récoltera les fruits de sa franchise et que cette dernière sera la raison de son bonheur et de son salut : « Voilà le jour où la franchise profitera aux francs » [14].

    Le Messager — paix et bénédictions sur lui — considéra la franchise comme un chemin menant vers la bonté (Al-Birr), laquelle englobe toute vertu et trait de perfection qualifiant le serviteur au Paradis. Il précisa également que le souci permanent de réaliser en soi la franchise constitue une clé d’accès au rang de la véridicité (As-Siddîqiyyah). Il dit : « La franchise guide vers la bonté ; l’homme persiste à dire la vérité jusqu’à ce qu’il soit enregistré comme véridique auprès d’Allâh. Le mensonge guide vers la perversité ; l’homme persiste à mentir jusqu’à ce qu’il soit enregistré comme menteur auprès d’Allâh. » [15].

    Le Messager — paix et bénédictions sur lui — indiqua aussi que la franchise engendre la tranquillité du cœur et la sérénité de l’esprit alors que le mensonge produit l’angoisse, le trouble, le doute et l’instabilité. On rapporte qu’Al-Hassan Ibn `Alî — qu’Allâh les agrée tous deux — dit : « Parmi les enseignements du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —, j’ai retenu : "Délaisse ce qui te fait douter au profit de ce qui ne te fait pas douter, car la franchise n’est que tranquillité alors que le mensonge ne produit que le doute." » [16].

    Cependant, les francs n’occupent pas tous un même rang puisque le degré des véridiques est supérieur que celui des francs. Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî — qu’Allâh lui fasse miséricorde — dit : « Le minimum en matière de franchise consiste en l’accord entre le for intérieur et l’apparence. Le franc est celui qui dit la vérité alors que le véridique est franc dans l’ensemble de ses paroles, de ses actes et de ses états » [9].

    De même, la station de la véridicité se subdivise en plusieurs rangs dont certains sont supérieurs aux autres. Abû Bakr As-Siddîq — qu’Allâh l’agrée — tient le haut du pavé de la véridicité, chose confirmée par Allâh — Exalté soit-Il — : « Celui qui apporte la vérité et la confirme » [17].

    Rien, hormis le statut de prophète, ne surpasse la station de la véridicité car cette dernière constitue la station de la grande alliance (Al-Wilâyah) et du successorat (Al-Khilâfah) suprême. C’est une station dans laquelle les illuminations se succèdent et les révélations sont divulguées l’une après l’autre. Des secrets et des mystères y sont également dévoilés à cause de la perfection et de la pureté de l’âme.

    islamophile.org
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