Le nouveau Code de la famille que le Parlement s'apprête à adopter réforme en profondeur le statut de la femme. Tout le talent de Mohammed VI aura été d'inscrire cette modernisation dans la continuité de l'islam
D'ici quelques semaines, les Marocaines ne devront plus obéissance à leur époux. Elles cesseront d'être, en droit, des femmes soumises. Avant la fin de ce mois de décembre, en effet, le Parlement marocain aura voté un nouveau Code de la famille qui fera de la femme, dans le mariage, l'égale de l'homme. Une révolution au Maroc, annoncée par le roi lui-même le 10 octobre dernier. Le nouveau texte remplacera l'ancienne Moudawana (statut de la femme), qui avait été codifiée en 1957, au lendemain de l'indépendance du royaume.
Cette réforme très moderne, qui instaure l'égalité entre les époux et place la famille sous leur «responsabilité conjointe», a été présentée par le roi, en sa qualité de commandeur des croyants, dans un discours émaillé de versets coraniques et de références à la charia, la loi islamique. Le souverain a précisé s'être appuyé sur l'ijtihad, l'interprétation des textes religieux. «Je ne peux, a-t-il ajouté, autoriser ce que Dieu a interdit et interdire ce que Dieu a autorisé.» En clair: ma réforme est conforme à l'islam, elle ne peut être contestée au nom de la religion.
Sur le fond, il ne s'agit pourtant pas de demi-mesures. La «tutelle matrimoniale», qui obligeait les filles, même majeures, à obtenir l'autorisation d'un tuteur mâle pour se marier est supprimée; il n'y a plus de devoirs propres à la femme ou à l'homme, mais des obligations réciproques, y compris un devoir de «concertation» pour les décisions concernant la famille, les enfants et le «planning familial». Gage donné aux traditionalistes religieux, la polygamie n'est pas abolie. Mais elle devient presque impossible: elle est soumise à l'autorisation préalable de la justice, qui ne donnera son feu vert qu'en cas de «nécessité», l'homme devant pour cela fournir un «argument objectif exceptionnel». Le divorce devient un «droit exercé par l'époux et l'épouse» sous le contrôle du juge. Là encore, pour ne pas heurter les valeurs religieuses, la répudiation demeure l'une des modalités possibles de la séparation. Mais elle prend pratiquement la forme d'un divorce judiciaire. Elle est soumise à l'autorisation préalable du tribunal et ne pourra intervenir qu'après l'échec d'une procédure de conciliation. Surtout, elle ne sera valable qu'après que le mari aura acquitté la totalité des droits dus à la femme, et les pensions des enfants seront désormais fixées à partir d'un barème obligeant les pères à maintenir leur niveau de vie. La femme pourra en outre conserver, avec ses enfants, le domicile conjugal, ou devra se voir offrir un logement équivalent, en plus de la pension des enfants. Ces modalités, qui s'appliqueront à toutes les formes de divorce - le nouveau code autorise également le divorce par consentement mutuel et rend plus facile, pour la femme, l'obtention du divorce pour préjudice - vont renchérir considérablement le coût de la séparation pour les hommes... D'autant que le texte prévoit aussi le partage des biens acquis pendant le mariage.
lire la suite qu'en pensez-vous? http://www.lexpress.fr/express/info/...oc/dossier.asp
D'ici quelques semaines, les Marocaines ne devront plus obéissance à leur époux. Elles cesseront d'être, en droit, des femmes soumises. Avant la fin de ce mois de décembre, en effet, le Parlement marocain aura voté un nouveau Code de la famille qui fera de la femme, dans le mariage, l'égale de l'homme. Une révolution au Maroc, annoncée par le roi lui-même le 10 octobre dernier. Le nouveau texte remplacera l'ancienne Moudawana (statut de la femme), qui avait été codifiée en 1957, au lendemain de l'indépendance du royaume.
Cette réforme très moderne, qui instaure l'égalité entre les époux et place la famille sous leur «responsabilité conjointe», a été présentée par le roi, en sa qualité de commandeur des croyants, dans un discours émaillé de versets coraniques et de références à la charia, la loi islamique. Le souverain a précisé s'être appuyé sur l'ijtihad, l'interprétation des textes religieux. «Je ne peux, a-t-il ajouté, autoriser ce que Dieu a interdit et interdire ce que Dieu a autorisé.» En clair: ma réforme est conforme à l'islam, elle ne peut être contestée au nom de la religion.
Sur le fond, il ne s'agit pourtant pas de demi-mesures. La «tutelle matrimoniale», qui obligeait les filles, même majeures, à obtenir l'autorisation d'un tuteur mâle pour se marier est supprimée; il n'y a plus de devoirs propres à la femme ou à l'homme, mais des obligations réciproques, y compris un devoir de «concertation» pour les décisions concernant la famille, les enfants et le «planning familial». Gage donné aux traditionalistes religieux, la polygamie n'est pas abolie. Mais elle devient presque impossible: elle est soumise à l'autorisation préalable de la justice, qui ne donnera son feu vert qu'en cas de «nécessité», l'homme devant pour cela fournir un «argument objectif exceptionnel». Le divorce devient un «droit exercé par l'époux et l'épouse» sous le contrôle du juge. Là encore, pour ne pas heurter les valeurs religieuses, la répudiation demeure l'une des modalités possibles de la séparation. Mais elle prend pratiquement la forme d'un divorce judiciaire. Elle est soumise à l'autorisation préalable du tribunal et ne pourra intervenir qu'après l'échec d'une procédure de conciliation. Surtout, elle ne sera valable qu'après que le mari aura acquitté la totalité des droits dus à la femme, et les pensions des enfants seront désormais fixées à partir d'un barème obligeant les pères à maintenir leur niveau de vie. La femme pourra en outre conserver, avec ses enfants, le domicile conjugal, ou devra se voir offrir un logement équivalent, en plus de la pension des enfants. Ces modalités, qui s'appliqueront à toutes les formes de divorce - le nouveau code autorise également le divorce par consentement mutuel et rend plus facile, pour la femme, l'obtention du divorce pour préjudice - vont renchérir considérablement le coût de la séparation pour les hommes... D'autant que le texte prévoit aussi le partage des biens acquis pendant le mariage.
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