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Une jeune gnostique qui meurt d’amour dans un dernier sanglot

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  • Une jeune gnostique qui meurt d’amour dans un dernier sanglot

    Une jeune gnostique qui meurt d’amour dans un dernier sanglot





    Un maître a raconté ceci :« Alors que je marchais sur le rivage le long de la mer (ou « au bord du Nil », selon le texte d’Abû Nu’aym), j’aperçus une jeune fille elle était très maigre et avait le teint déjà flétri, vêtue de haillons en poils de chèvre. Je me rapprochai d’elle, pour écouter ce qu’elle pourrait dire, car je voyais qu’elle était envahie par la tristesse et l’affliction. Les vents s’étaient mis à souffler, et les vagues s’agitaient. C’est ainsi que la jeune fille vit des poissons qui se glissaient rapidement entre deux vagues successives ; elle leva les yeux vers le ciel, poussa un cri et tomba sur le sol. Lorsqu’elle eut repris connaissance, elle sanglota, puis elle s’écria : « C’est par Toi (ou « pour Toi », selon Abû Nu’aym) que se trouvent seuls ceux qui sont à l’écart dans les lieux retirés, c’est en raison de Ta grandeur infinie et de l’immense espérance en ce qui est auprès de Toi que les poissons nagent dans les flots bouillonnants, c’est en raison de la majesté de Ta sainteté et de la crainte respectueuse que Tu leur inspires que s’agitent les vagues en s’entrechoquant, c’est en raison des rapports familiers que Tu entretiens avec les êtres que les animaux sauvages des déserts désirent Ta compagnie, et c’est en raison de Ta générosité surabondante et de Ta noblesse dispensatrice que l’on se dirige vers Toi ! O Toi qui es plein de bonté et de mansuétude, c’est devant Toi que se prosternent les ténèbres de la nuit, la lumière du jour, le ciel dans sa ronde, l’océan débordant, et la lune dans sa blancheur lumineuse ! et toute chose a auprès de Toi sa mesure (cf. Coran, x, 8) ». (Vers) :

    « O Toi qui es le Compagnon intime des hommes pieux dans leurs retraites ! Toi qui es la meilleure des haltes pour ceux qui mettent un terme à leur voyage !

    Celui qui a obtenu Ton Amour, l’éprouverait-il comme un malheur ! (ou « ne l’éprouve pas comme un malheur », selon Ab Nu’aym) le cœur sait que cela est impossible. »

    « Parle encore comme tu le fais ! lui dis-je alors. — Éloigne-toi de moi ! me répondit-elle .» Elle leva les yeux vers le ciel et récita ces vers :





    « Je T’aime de deux amours : un amour d’attachement personnel (widäd, alors que la variante habituelle est hawä) et un amour auquel Tu as droit.

    Quant à l’amour d’attachement personnel, c’est que je ne suis occupée qu’à me souvenir de Toi, à l’exclusion de tout autre.

    Et quant à l’amour auquel Tu as droit, c’est que Tu enlèves les voiles pour que je Te voie.

    Point de louange pour moi en l’un ni l’autre amours, mais louange à Toi en tous les deux ! »



    Puis elle eut un dernier sanglot ; elle venait de quitter ce bas monde. Je restai plongé dans l’étonnement devant ce que j’avais vu. C’est alors que s’avança un groupe de femmes, toutes vêtues d’une sorte de froc de poils de chèvre. Elles emportèrent la jeune fille, en la dissimulant à ma vue, pour lui faire le lavage des morts. Elles la ramenèrent ensuite enveloppée dans son linceul, et elles me demandèrent de m’approcher et de prier sur elle. C’est ce que je fis, avec les femmes rangées derrière moi. Puis elles partirent en l’emmenant avec elles " »



    Ibn 'Arabi.
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