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Violence, mensonges et jeux vidéo

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  • Violence, mensonges et jeux vidéo

    Les jeux vidéo rendent "violent". Ils provoquent "l'isolement". Ils "abrutissent". Trois thèmes qui ressortent à chaque fait divers où le jeu vidéo pointe le bout de son nez. Les exemples sont multiples : "Accro aux jeux vidéo : il tue sa sœur." Ou encore: "Une Sud-Coréenne accro aux jeux vidéo arrêtée pour avoir tué son bébé". Et puis : "Drame familial en Savoie : le tireur fan de jeux vidéo".

    Parfois, des personnalités publiques s'emparent du sujet. L'écrivain Claire Gallois signe en 2012, sur le site internet du "Point", une pensée simple : "Jeux vidéo : permis de tuer". Inspirée par des drames hors du commun, la romancière jure : "De l'avis unanime des psys et des éducateurs, la plupart des enfants qui abusent de leur console sont plus agressifs et renfermés que les autres." Le raccourci est simple. Mauvais. Faux.

    Pourtant, la violence existe : "Call of duty", "Assassin's creed", "Battlefield", "GTA V". A l'occasion de la sortie de la Playstation 4 de Sony et de la Xbox One de Microsoft, il est temps de démonter les mythes qui entourent le jeu vidéo.

    1/ Les jeux vidéo n'engendrent pas de tueurs

    "C'est absolument faux. Le jeu vidéo ne rend pas un joueur ou un enfant violent", explique Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialisée dans les jeux vidéo. "S'il y a violence, c'est parce qu'elle existe déjà sous une forme psychotique comme chez les personnes à tendance schizophrénique ou paranoïaque. La pathologie est préexistante".

    "Très tôt, un enfant fait très bien la distinction entre le virtuel et la réalité, entre le jeu et la réalité. Et c'est seulement s'il y a une pathologie existante qu'une personne peut être amenée à être violente. Le jeu vidéo ne créé pas de pathologie", continue-t-elle.

    Pourtant, le jeu vidéo peut rendre agressif. "La nuance est là. C'est l'adrénaline qui va être à l'origine d'un comportement agressif. C'est l'instinct primaire. On s'énerve devant son écran parce qu'on a perdu. Mais au bout de 15 minutes, l'adrénaline se dissipe. C'est le retour à la normal. Le jeu vidéo devient alors un exutoire. Un défouloir. Un remède au stress."

    Vanessa Lalo souligne que la violence dans les jeux vidéo existe. "Les images et le graphisme peuvent créer des scènes violentes. C'est souvent sur cela que les jeux vidéo sont attaqués. En réalité, la violence peut se trouver dans le gameplay, c’est-à-dire comment le joueur joue. Des images violentes, il y en a partout. Mais encore une fois, c'est l'imaginaire qui va poser la frontière. Il y a une distinction qui est faite entre le virtuel et la réalité".

    Mais si la violence existe dans le jeu vidéo, elle sert surtout d'outil de réflexion. "Je prends souvent comme exemple GTAV. Le jeu nous propose d'incarner des personnages immoraux. Ce jeu est la satire d'une société ultra-violente. Il permet de faire réfléchir les joueurs parce qu'il amène à des situations absurdes. Mais pas seulement. Dans une scène, le jeu force les joueurs à torturer un personnage secondaire. La mise en scène, l'image et le scénario sont tels qu'ils provoquent un malaise. Ce qui permet de créer une vraie réflexion sur la violence et sur les images violentes. Une réflexion qui manque en France."

    "L’âge moyen des joueurs est aujourd'hui de 41 ans", explique Nicolas Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), qui veut lui aussi briser les idées reçues. "52% de ces joueurs sont des femmes. Le premier groupe de joueurs est d’ailleurs celui des femmes de 30 à 50 ans, devant les hommes de 15 à 25 ans".

    "Un simple raisonnement par l'absurde prouve que les jeux vidéo ne rendent pas violent", commente Emmanuel Martin, délégué général du Syndicat des éditeurs de logiciel de loisir (Sell). "Il y a 31 millions de joueurs en France, soit un Français sur deux qui se dit joueur de jeux vidéo. La violence n'a pas explosé." Mieux, selon Emmanuel Martin, "moins de 8% des jeux vidéo qui sont sortis en 2012 contiennent des images violentes."

    2/ Les jeux vidéo n'isolent pas les joueurs

    "Les jeux vidéo sont une fenêtre sur le monde", affirme Vanessa Lalo, qui entend mettre fin à un cliché qui a la peau dure. "Le jeu vidéo ne crée pas des êtres asociaux." Depuis la sortie de "World of Warcraft", le jeu vidéo est devenu massivement multijoueurs. Les univers s'ouvrent. "Les enfants rencontrent d'autres joueurs d'autres pays. Ils voyagent. Ils connaissent d'ailleurs mieux l'anglais que leurs parents." Un des effets de ces rencontres est donc une tolérance plus prégnante, une ouverture d'esprit plus grande.

    "Il n'y a plus aucun jeu qui se joue seul devant son écran", ajoute Emmanuel Martin, du Sell. "On joue avec ou contre l'autre, en équipe, en confrontation, dans des univers évolutifs. L'autre joueur est une élément fondamental du jeu vidéo."

    "Un des exemples frappant, ce sont les jeunes du département de La Manche", explique Vanessa Lalo. "C'est un département à la périphérie de Paris, loin du centre. Le réseau de transports en commun est très peu développé. Sans les jeux vidéo, surtout ceux qui se jouent en ligne, ces jeunes se retrouveraient seuls et isolés. Un vrai drame."




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