Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Matoub Lounès - Ay Idurar N'Djerdjer

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • #61
    brizidane (live a l'olympia 1980)



    Monsieur le Président

    Jour maudit que le jour où je naquis,
    Dans la main serrant mon noeud de tourments
    Afin qu'ils ne lâchent pas leur étreinte.
    Mon cœur, que n'est-il jeune pousse !
    Je le jetterais au brasier
    Afin de ne plus souffrir ses plaintes,
    Mais c'est sous mon corps qu'il s'ensevelit:
    Force m'est de le rassasier de rêves,
    Puisqu'il ne m'offre, lui, qu'insomnie.

    Vous avez controuvé ma vie, dérobé ma jeunesse,
    J'ai payé ce que je n'ai pas acheté.
    Vous m'avez arraché aux miens,
    Anéanti toutes mes espérances.
    Le malheur a irrigué mes os;
    Avant que la mort sur moi se pose,
    L'amertume que mon coeur amassa,
    De ma langue, je la balaierai.

    Si, par bonheur, je pouvais fuir
    Et à l'Aïd aller vous... !
    Je viendrai vous visiter,
    Parents que j'aime tant.
    Dans la clarté vous apparaissant,
    Votre trouble ne me surprendra pas.
    Ce n'est pas le visage de mon départ,
    Que vos yeux reconnaîtront.

    Lui non plus ne me reconnaissant pas,
    Mon fils effrayé me fuira.
    Quant à ma digne femme,
    Se souviendra-t-elle même de moi ?
    Je troublerai leurs tâches quotidiennes,
    Ils en perdront la parole.
    Puis nous étant tous retrouvés,
    Le village vers moi accourt.

    Tout ceci est illusion de l'espoir,
    Ma rêverie est bien courte.
    L'adversité a changé mon nom.
    Contre l'amulette des malheurs;
    La porte de la geôle sur moi se referme,
    Sur laquelle mon sort s'inscrit:
    « Tu as signé, soumets-toi ! »
    « A vie ! » : tel est ton châtiment.

    Monsieur le Président,

    C'est avec un cœur lourd que je m'adresse à vous. Ces quelques phrases d'un condamné étancheront peut-être la soif de certains individus opprimés. Je m'adresse à vous avec une langue empruntée, pour vous dire, simplement et clairement, que l'État n'a jamais été la patrie. D'après Bakounine, c'est l'abstraction métaphysique, mystique, juridique, politique de la patrie. Les masses populaires de tous les pays, aiment profondément leur patrie, mais c'est un amour réel, naturel, pas une idée: un fait. Et c'est pour cela que je me sens franchement le patriote de toutes les patries opprimées.
    Dernière modification par absent, 08 juin 2009, 19h51.

    Commentaire


    • #62
      Lettre ouverte aux ....





      Ne jure pas et tu ne te parjureras pas.
      Car la parole ne s’engage qu’avec certitude.
      Ne crois pas à la récolte abondante
      A l’heure où surgirait ta ruine.
      Mais toi tu fus dressé pour le triomphe du Mal.
      Pour un pot de vin tu as forligné
      Quelle issue selon toi récompensera tes forfaits ?
      Tu es semblable au forcené qui va,
      A chaque étape visible dans sa nudité :
      Je n’aurai nulle foi en toi.
      Méprisable orphelin de la parole,
      En quelle vengeance croyais-tu,
      Beuglant : ARABITE PARTOUT !
      Ce n’est pas pour toi que je tremble,
      Tu ne pourras jamais m’apitoyer.
      Je crains pour les cœurs probes
      Et les hommes à la dignité sans tache.
      De quoi manques - tu va- nu- pieds ?
      Si tu convoites quelque bijou, tes congénères
      Les maquignons d’hier nous ont dépouillés ;
      S’ils méprisent leur art, les Aït - Yanni
      Feront peut-être droit à ton désir :
      Ils te cisèleront une belle broche.
      La brebis, selon les dires,
      Fut par son propre sang trahie,
      Mais cela est sans doute conte à dormir…
      Tout s’emmêle, s’embarbouille,
      Nul n’en distingue le nœud gordien.
      Tout s’emmêle, s’embarbouille
      Nul ne distingue les siens :
      Pauvres de nous !

      La vérité : la répandre dans les cœurs, il le faut !
      Rendons sa liberté au mensonge.
      Le séisme dont se ressent notre terre
      Seul celui qu’il éprouve en connaît la mesure.
      Quant aux autres, érudits, clercs,
      Ou bien bouchés à l’émeri,
      Ils restent torpides comme des pèlerins
      Lorsque les berce leur maître en religion.
      Le socle de leur pensée est malfaisance,
      Qui mêle la rumeur à l’infamie
      Seul qui va comme errant dans la nuit les suivra.
      Qui veut la vérité, la trouvera dans ma patrie :
      L’horreur à sa chair s’est greffée.
      Elle a manqué me coûter la vie
      Et l’on me dit fou aliéné.
      Dénouez votre esprit,
      Retirez-lui ses entraves,
      La fraternité gît bâillonnée dans une bauge.
      Honte sur nous, à la sacrifier !

      Considérez, de grâce, les choses froidement ;
      Ceux qui massacrent sont reconnaissables :
      Le pouvoir a plié sous le poids de ses excès,
      Ses membres sont libres de tout lien humain,
      Qui savent que l’avenir
      Ne les protégera de rien.
      L’hydre grandie, gronde, rugit, se fortifie !
      Ils l’ont engendrée mais vivent depuis sous sa menace.
      Comment peux-tu aimer
      Celle que tu ne distingues pas ?
      Comment peux - tu voir
      La beauté que le voile dérobe à tes yeux ?
      Ne croyez jamais en eux !
      Ils sont les massacreurs de la vie.
      Ils n’ont pas le pouvoir, quel saccage déjà !
      S’ils l’ont, désolation, chaos, mort !
      Une once de sagesse, une once
      Suffirait à vaincre ce fléau.
      En quelque lieu que se trouve le Kabyle,
      Nous devons le prendre à témoin,
      Qu’il engage son cœur et qu’il s’insurge,
      Cette liberté que nous voulons conquérir,
      Doit apparaître au grand jour,
      Elle est l’éclaireur qui nous ouvre la voie.
      Que nous soyons d’ici ou d’ailleurs,
      De Tiquovaïn ou bien des Aït-Ziki,
      Notre identité est une.
      Nous devons remonter les racines de notre être.
      Quant à ces obscurants,
      Si nous ne levons pas pour les éradiquer :
      L’Etat leur viendra en secours.
      Qui est Bouyali ? Vous vous en souvenez,
      A qui a-t-il ouvert les portes
      De la mort et du désastre ?
      A quoi bon s’interroger !
      C’est avec l’islamiste Nahnah
      Qu’il a scellé son compérage.
      Hé oui ! Nous les voyons se répandre,
      Ils ont pénétré les arcanes du pouvoir,
      Après avoir changé leur fusil d’épaule.
      L’esprit s’asphyxie de son ignorance,
      Ils l’asservissent à leur guise,
      Jusqu’à la soumission de notre peuple tout entier.
      Leur marche est silencieuse,
      Non elle ne fait point de bruit, chut !
      Sur la pointe des pieds ils accèdent au pouvoir
      Ils sont constants et patients,
      Une fois leur semence monstrueuse germée,
      Ils nous diront : faites-lui face à présent !
      Quant aux puériles protestations
      D’Elhachemi, Elhocine ou bien Sadi
      Qui bercent doucement d’air nos poumons…
      Ils les anéantiront ! Et ils nous extermineront,
      Fellag, le pitoyable Dilem…et moi !
      Ils ont déchiré la quittance de la vie !
      Et le châtiment qui guette khalida Messaoudi,
      Qui trouble leur sommeil… s’ils se saisissaient d’elle,
      Votre imagination serait en dessous de leur ignominie…

      Comme qui abreuverait d’eau un fleuve,
      Vous brassez le néant
      Et tous de railler votre vanité.
      Sachez qu’il n’est de quête juste
      Que précédée de la dignité, autrement
      Tamazight, c’est NIHIL ! NIHIL ! NIHIL !

      Un frêne a croulé à l’horizon,
      Mais pour comble d’avilissement
      C’est sur nous qu’il s’écrase.

      L’imposture née n’est pas unique,
      Ni unique celle à naître,
      Et celle qui naît les prime toutes.
      Pauvre âme, vois la cruauté de ces temps,
      Il n’est pas jusqu’aux frères, qui ne méditent
      Leur asservissement mutuel.
      Tous les chemins que nous prenons sont à gravir,
      Nos pieds s’embourbent,
      Le mal se terre parmi nous.
      Nous chérissons l’agitation et les grands cris,
      Nos molles révoltes sont vite à s’affaisser, comme une guenille ;
      Elles nous font oublier nos chemins de souffrance.
      Nos actes familiers nous deviennent étrangers ;
      Nous recherchons la mesure de blé
      A l’endroit où l’orge s’amasse.
      La langue qui nous tracé la voie
      On l’a ointe de rouille, il est vrai que
      Même les siens sont complices.
      Cette tâche pour nous n’est pas nouvelle,
      Nous nous sommes juré nos tourments,
      Nous sommes et les victimes et les bourreaux.
      Des trombes d’eau sont longtemps tombées
      Nous attendions que revienne notre chance,
      Que nous puissions démêler l’écheveau de nos épreuves.
      L’injustice aussitôt accourue,
      A saigné la moindre parcelle ;
      A chaque hameau sa part de malheur.
      La haine jalouse prolifère, éclose,
      Elle enfonce ses crocs dans la noblesse de cœur,
      Qui sautille de giron en giron.
      Les fils de la fraternité sont dénoués,
      Si nous nous étions pourvus d’un peu de mesure,
      Notre quête serait aujourd’hui résolue.


      Je sais que tu désespères, ami,
      Tu pourpenses à part toi,
      Tu n’as pas assuré tes arrières :
      Cette terre que tu aimais
      Que tu labourais en sueur
      Est au profit des exploiteurs spoliée.
      Tu t’es exilé de ta patrie, et t’es précipité,
      Croyant entrevoir ailleurs
      La floraison d’un bonheur possible.
      En quelque lieu que tu ailles
      Jamais tu ne t’arracheras
      A ce qui t’embrase les entrailles :
      Celle que tu aimes d’un amour nonpareil ;
      Pour elle tu te consumes
      Elle qui embellit tes songes.
      Ivre, il est ivre, s’enivre
      Au souvenir de son aimée.
      Mais dans ton cœur le froid s’amplifie,
      Ton chemin est semé d’obstacles
      Tu étouffes sous les fers du souvenir.
      Ton cœur te confond pour celle que abandonnas,
      Si au moins tu l’avais repoussée, nous dirions :
      Las ! C’est un amour contrarié.
      Mais dans tes organes gronde le feu de la souffrance ;
      A l’évocation de son nom,
      Tu vas t’enivrer pour l’oublier.
      Tu dénombres les jours
      Tu enchaînes les mailles des années,
      Comme si cela était ton bon plaisir.
      Ivre, il est ivre, s’enivre
      Au souvenir de son aimée.
      Mais je sais ce qui t’accable
      Je sais ce qui t’a éloigné :
      Contemple les supplices du malheur.
      C’est notre pays qui est roulé dans la boue,
      Traîné dans le sang :
      L’un est mort, l’autre a sombré dans l’exil :
      Mais nous qui demeurons,
      Pour nous Ils demeurent,
      Nous nous en remettons à la fatalité
      S’ils veulent nous utiliser, ils nous appellent,
      Leur besogne finie ils nous congédient,
      Nous sommes leurs pantins journaliers.
      Ivre, il est ivre, s’enivre,
      Au souvenir de son aimée.

      Pourquoi guetter quelque espoir
      Et nous en remettre à la patience.
      Le montagnard n’aura pas droit de cité,
      Fût-il savant, et esprit sagace.
      Sur la main de l’injustice sont faites les boutures,
      Sa récolte est récolte de méfaits.
      Ils ont sali le visage de nos ancêtres,
      Voyez, il est souillé, ranci. Ils ont greffé
      L’atroce grimace de la religion et de Panarabisme,
      Sur la face de l’Algérie :
      Imposture ! Imposture ! Imposture !
      Comme dans le conte vous êtes les portefaix
      C’est là votre sort.
      Si vous pensez qu’ils vous ouvriront leur porte,
      Vous êtes bons à duper
      Car celui qui une fois goûte à la chair de la perdrix
      N’en sera jamais rassasiée ;
      C’est pourquoi il nous faut partager notre pays
      Et créer notre Etat,
      Afin qu’un jour arrive, mes frères,
      Où l’Algérie se relève,
      De la traîtrise ! La traîtrise ! La traîtrise !
      Ce ne fut pas seulement un qui planta ses griffes
      Dans nos corps.
      Le malfaisant qui décampe
      Nous lègue ses déchets.
      En Algérie la fraternité est au plus mal
      Elle est atteinte en ses tréfonds
      La vermine se répand
      Pour encorner nos montagnes.
      Elle tarde à venir la prospérité
      Qui la déchargera
      De la perfidie ! La perfidie ! La perfidie !
      Quand nous dominerait la faim et que nous serions fourbus
      Nous refusons de nous armer de patience.
      Tant que naîtront les enfants de la probité,
      Insurrection, pas de soumission !
      Quand nous serions davantage encore ébranlés,
      Notre route restera inchangée.
      Que de sang a si longtemps coulé,
      Nous n’avons pas déchu de la dignité des nôtres
      Par la noblesse de cœur, la probité, et la sagesse
      Nous sauverons l’Algérie
      De l’imposture ! L’imposture ! L’imposture.

      Commentaire


      • #63
        Kenza

        Commentaire


        • #64
          Hamid ALMAS - Azlaezla

          Commentaire


          • #65
            hommage de Takfarinas

            http://www.youtube.com/watch?v=g6gnGS-_JOQ

            Hommage de Mouh Ath Ouaras

            Commentaire


            • #66
              LE 28 JUIN 2009 AU ZENITH DE PARIS A 17 H00
              HOMMAGE A MATOUB LOUNES

              LES REBELLES CHANTENT LE REBELLE


              AVEC DJURA



              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

              Commentaire


              • #67




                Commentaire


                • #68
                  thulawin
                  une chanson chanté principalement lors des fêtes de mariages qu'il donnait dans les années 80

                  Commentaire


                  • #69
                    Mais la paix renaîtra un jour et mes chants parmi vous célébreront à nouveau le printemps si cher à nos cœurs....
                    Matoub Lounes



                    Interview de Lounès Matoub

                    Né le 24 janvier 1956 en Kabylie. A 9 ans, Lounès MATOUB fabriqua sa première guitare avec un bidon vide. Il publie son premier album en 1978. Criblé de balles par un gendarme en 1988, enlevé par les islamistes en 1994 et libéré par un gigantesque mouvement populaire, il était le chanteur le plus populaire de Kabylie. Il a été assassiné le le 25 juin 1998, en Algérie, dans dans des conditions non élucidées, vraisemblablement par des milieux proches du pouvoir.

                    Son œuvre riche de 36 albums traite les thèmes les plus variés : la revendication berbère, les libertés démocratiques, l'intégrisme, l'amour, l'exil, la mémoire, l'histoire, la paix, les droits de l'Homme, les problèmes de l'existence ...
                    Enfant du peuple je suis, enfant du peuple je resterai. Certes, comme tout un chacun, j'ai mûri, et la popularité m'a sans doute fait prendre davantage conscience de mes responsabilités. Car, plus vous étés connus, plus vous avez des responsabilités.

                    Je me dois d'être fidèle à moi-même. C'est que, profondément, mon personnage est resté le même. J'essaie d'être un homme honnête, peu apte aux compromissions. Je veux aller jusqu'au bout de moi-même, sans tricherie, sans concessions. Je sais encore dire non. Alors qu'il y a tant de béni-oui-oui, qui à force de dire oui, ont perdu leur "non".
                    Je ne veux pas flouer mes admirateurs en leur promettant des lendemains qui chantent, en sachant pertinemment que le monde meilleur dont on annonçait tranquillement la venue s'éloigne de plus en plus. Gagner par une telle voie ne m'intéresse pas. Je risque de me perdre ou, pis encore, de couler dans la facilité. Je veux rester tel que je suis, sans verser dans la moindre concession commerciale. Et pourtant, actuellement, l'artistique est bien souvent obligé de se plier au veto du commercial. Poète d'indiscipline, insurgé, je n'ai jamais mis un poil de brosse dans mes poèmes et chansons. Jamais. Les mots caisse d'épargne et les mots -Email Diamant sont bannis de mon répertoire. Je suis sans cesse en lutte contre ce qui me paraît mauvais et détestable. Je me sers de l'amour pour fustiger ce que le monde des hommes a de laid et d'odieux. Pour me révolter contre la veulerie et la duperie, dénoncer l'imposture aux mille visages.
                    Ma poésie est à tout instant une remise en cause, un prétexte à protestation contre les injustices, les abus, les tabous, etc.

                    "Tu dois avoir pas mal d'ennemis ?"
                    Mes ennemis sont les tyrans, les oppresseurs quels qu'ils soient, les lâches, les veules, les hypocrites, et surtout les "parachutés" (.. Je n'aime pas les nouveaux riches plus attachés à leurs biens, à leurs privilèges, qu'à leur pays. Le soleil se lève tous les jours pour chaque citoyen(ne). Heureusement qu'il n'est pas importé à coups de devises, sinon il ne brillerait que pour une classe donnée.

                    "Quels sont tes rapports avec les journalistes algériens ?"
                    Ambigus. Mi-figue mi-raisin. Si on ne m'accorde pas beaucoup d'entretiens, c'est parce que je refuse toute concession dans l'expression de mes opinions. On n'a rien à me reprocher. Sinon d'avoir un franc -parler. Et de ne pas être un béni oui - oui. Je ne suis pas l'homme des concessions. Je ne triche pas avec ma nature. Je m'affirme sans gêne aucune, en parfait dédain des convenances. J'aurais pu me pousser dans le monde et monnayer ma popularité, voire ma célébrité. Je ne l'ai jamais fait. Car je ne suis d'aucun pouvoir le dévoué serviteur. A travers RadioTrottoir interposé, certains journalistes (arabophones surtout) ont essayé de me présenter sous un éclairage peu flatteur, de me coller une réputation de raciste, de violent, d'ennemi public n°1, de voyou sans foi ni loi.
                    Ils ont fait de moi le familier des prostituées et des truands. Ils ont inventé, pour me salir, des légendes scabreuses.
                    Dans les rédactions algériennes, on me discute longuement. J'étonne et j'inquiète.
                    Certains journalistes (critiques de variétés) ont de quoi me rendre circonspect. Pour des raisons qu'on devinera aisément, je me méfie de certains d'entre eux.
                    Plusieurs rédacteurs en chef ou directeurs de rédaction coupent cyniquement, dans des articles, tout ce qui se rapporte (de positif) à moi.
                    A part quelques articles élogieux (parus après octobre 88, il faut le souligner), les journalistes algériens de la culturelle m'ont ostensiblement, pour une raison de censure ou autres, dédaigné, et tout cela à cause de mes audaces de vocabulaire, la franchise et la précision des images, le caractère même des réponses et des sujets traités. Ignorant les interdictions, dédaignant les menaces, j'ai continué de composer et de chanter, quand même, envers et contre tous. C'est par la suite que j'ai appris que tout honneur est source de contraintes.

                    "Que signifie pour toi le fait de chanter en tamazight ?"
                    En tant que chanteur, je suis le représentant d'une vision et d'une expression personnelle du monde qui m'entoure et de moi-même.
                    Je ne veux pas mourir pour un héritage que je n'aurais pas assumé.
                    Je revendique le fait d'être chez moi dans ma tête et dans mes mots et de vivre comme je le sens.
                    C'est la raison pour laquelle j'utilise la langue Amazighe pour brasser des émotions qui n'appartiennent qu'à nous parce que voir le monde à travers des yeux arabes du fond d'une âme berbère entraîne la mort. Et mon problème est que depuis l'indépendance, nous avons été honnis, bannis, écrasés, spoliés, chassés, traqués, arabisés de force au nom d'une idéologie arabo-islamiste qui est devenue officielle au lendemain de l'indépendance.
                    Cela dit, pour moi le public auquel je m'adresse possède un inconscient collectif qu'il s'agit de réveiller. Je veux lui faire retrouver une identité qu'il pensait avoir perdue. La langue que parle mon peuple, perfectionnée et enrichie par des siècles d'oppression coloniale et raciste, offre sur l'Algérie un angle de vision unique.

                    "Que représente pour toi la culture Amazighe ?"
                    Qui ne sait rien de son passé ne sait rien de son avenir. Le but n'est pas, ne peut être, de revenir à un mythique age d'or du passé.
                    La culture Amazighe, c'est une question de civilisation et l'avenir de notre pays se jouera peut-être dessus.
                    A travers la prise de conscience de mon identité, j'ai découvert le génocide culturel et le viol linguistique subis par les miens.
                    J'ai, aussi découvert toute une culture méprisée, humiliée, déclassée, exclue des deux écrans (le grand et le petit), interdite de colonne et de séjour.
                    Un sujet dont on ne parlait qu'à mi-voix. On est dans une situation pire que celle des Bretons, des Occitans, des Corses, des Kurdes, des Arméniens et des Indiens.
                    Impossible que soient toujours vainqueurs les plus corrompus et les plus honnis par l'histoire !
                    Et c'est pourquoi nous refusons d'être les nègres blancs, les indiens, le tiers-monde du pouvoir.
                    Nous refusons d'être bougnoulisés, quoi ! Il reste fort à faire pour préserver ce pays paisible et lui épargner les fléaux de la violence et de l'intolérance.
                    Tout est encore possible, il faut seulement prendre des risques avec sa vie pour préparer des lendemains meilleurs. Je me défends donc je suis.
                    On veut tout leur faire oublier, aux imazighen : Leur identité, leur langue, leur culture.
                    Ils se trouvent rangés dans une catégorie mineure de citoyens ; pire, ils n'existent pas en tant que tels, hormis pour le service national et comme force de travail.
                    Et quand ce n'est pas un gros bonnet de la nomenklatura locale ou un officier supérieur de l'ex Sécurité militaire qui leur cherche midi à quatorze heures alors qu'il est dix heures, c'est un wali qui grignote leurs terres ancestrales à coups d'édits et de décrets d'utilité publique et sans indemnisation ou si peu, tellement peu que les indemnisés n'en veulent pas.
                    A ces représentants du pouvoir, je dénie le droit de débarquer en Kabylie en conquérants. Je rejette leur tutelle. Ce peuple à qui l'on a volé l'âme refuse d'être un peuple rampant.
                    Il refuse aussi de perpétuer l'état colonial dans lequel les pouvoirs en place ont voulu tenir les deux Kabylie qui n'ont d'intérêt pour eux que lorsque nos frontières sont menacées. Ils ne nous auront pas. Tu peux leur dire qu'il ne faudra plus compter sur la jeunesse Amazighe pour aller au casse-pipe.

                    "Est-il vrai que MATOUB est raciste envers les Arabes ?"
                    Fais-moi pas rire. C'est un jugement volontairement faux et un brin raciste, mais qui trahit bien le malentendu qui a toujours existé entre mes détracteurs et moi. Il y a une incompréhension totale qui me gêne car le public a rarement les données globales et objectives en main. Tout est politique et nous sommes bien ici en pleine politique. Je suis responsable de mes actes et la vérité se fait sur ce que je chante. Comment peut-on être raciste quand on a toute sa vie souffert du racisme ! J'ai trop souffert du racisme, de leur racisme, pour accepter à mon tour d'être raciste.

                    "Quelle est ta véritable culture ?"
                    Ma seule véritable culture est celle que je me suis trouvée en Kabylie puisqu'on sait que "l'oiseau ne chante bien que dans son arbre généalogique". La vie de mon peuple contient la somme de l'expérience des hommes. D'où le rapport charnel que j'ai avec ma terre natale, mes racines. La culture Amazighe est, pour chaque Imazighen, la pierre de touche de son identité.
                    C'est pourquoi je recrée chaque fois que je chante mon peuple. Je dépoussière ses histoires, ses contes, j'enrichis ses chants, préserve sa langue et ses valeurs, parce que tout cela m'a façonné et que si ce n'est pas moi qui le fais, qui le fera ?
                    Tout enfant, j'avais fait cette pénible découverte : je n'avais pas le droit de parler ma langue et de connaître ma culture. Alors que nous étions censés être libres et indépendants.
                    La langue maternelle, ça aide à se penser debout. Mon pays, c'est l'ALGERIE. Mais je suis le citoyen d'une autre patrie : LA CHANSON.
                    Quant à la langue Amazighe, c'est ma langue maternelle, la langue du fœtus, la langue intérieure J'ai la double nationalité car j'ai deux pays : mon pays et mon pays intérieur.
                    C'est dans la différence que je trouve mon identité.

                    source : http://revoltes.********

                    Commentaire


                    • #70
                      TAFSUT IMAZIGHEN

                      LE PRINTEMPS BERBÈRE 1980 ou la fin de la tyrannie des mots

                      La poésie guérie de tous les maux

                      « La poésie guérie de tous les maux, même de la peste ! » (Asefru izmer i twugha yerna i tterka !) (Pensée kabyle).

                      Nous connaissons tous l’événement majeur qui a donné naissance au « printemps berbère 1980 » (Tafsut imazighen). Cet événement avait provoqué la révolte générale de la jeunesse kabyle.

                      Le 10 mars de cette même année, une conférence du chantre de la culture berbère, feu Mouloud Mammeri, est interdite par les autorités algériennes. Ce n’est pas une quelconque conférence : l’écrivain kabyle devait s’exprimer sur les « Poèmes kabyles anciens ». Le 1er mars, Mouloud Mammeri a déjà donné une interview au journal « Libération » à propos de son dernier ouvrage. C’est de façon à la fois historique et portée sur l’avenir – de façon prémonitoire – que l’auteur a écrit : « Ici, la poésie est arme, on la craint… » (p. 37).

                      Je ne reviendrai pas ici sur la chronologie des événements que tout un chacun peut lire dans l’imposant recueil des coupures de presses de la Librairie Imedyazen au nom du Comité de Défense des Droits Culturels en Algérie. Mais, d’aucuns peuvent, à juste titre, se poser la question suivante : « La conférence ayant été interdite le 10 mars 1980 ; pourquoi fête-t-on le 20 avril et non le jour même de l’interdiction ?

                      Du 10 mars au 19 avril 1980, le mouvement de révolte de la jeunesse kabyle allait en s’amplifiant. Comme on peut s’en douter, la presse gouvernementale algérienne – notamment le quotidien El Moudjahid – a tout fait pour mettre de l’huile sur le feu. La thèse récurrente du complot est, de nouveau reprise : « La jeunesse kabyle est manipulée par les services secrets français et marocains ». Je passe sur la prose employée par ce journal pour qualifier le chantre de la culture berbère, la jeunesse kabyle et les intellectuels qui osaient revendiquer haut et fort leur berbérité. C’est précisément le 20 avril 1980, vers 1 heure du matin, que l’armée algérienne investit brutalement la Kabylie et notamment le campus universitaire de Tizi Ouzou.

                      Le 25 avril 1980, la manifestation organisée par le Comité de Défense des Droits Culturels en Algérie est interdite par la préfecture de Paris. Le lendemain, nous décidons quand même de manifester. Bon nombre d’entre nous sont arrêtés et emmenés à Vincennes. Nous sommes relâchés vers deux heures du matin alors que 200 collaborateurs de l’Amicale des Algériens en Europe, association du gouvernement algérien, sont relâchés sur le champ après qu’ils nous aient provoqués et essayé de nous empêcher de manifester.

                      Le printemps berbère 1980 a eu le mérite de mettre fin à la tyrannie des mots. Un Kabyle peut enfin dire « je suis Amazigh », sans crainte du « flic qu’on lui a mis dans la tête » depuis 20 ans ! Désormais, une nouvelle page est tournée dans la lutte et la revendication de la langue berbère. La poésie kabyle ancienne a permis de mettre fin à 20 ans de peur, d’humiliation et d’exactions en tous genres. Il serait très long de revenir ici sur l’arsenal répressif et la chape de plomb qui s’était abattue sur les Kabyles depuis l’indépendance de l’Algérie. Un ami, qui quittait l’Algérie pour le Canada, me disait dans un pince-sans-rire : « Je mourrai peut-être de froid, mais pas d’étouffement ! » C’est vrai que l’on étouffait ; et la chaleur de notre beau pays n’y était pour rien ! Quel est le Kabyle qui n’a pas entendu un gendarme, un policier ou un douanier lui crier : « Parle dans ta langue ! », c’est-à-dire en arabe ! Depuis l’indépendance, la situation ne faisait qu’empirer.

                      En 1967, nous recevions secrètement la revue de l’Académie Berbère de Paris (Agraw Imazighen). Mon ami Haroune Mohamed fut surpris par un professeur d’arabe, un Egyptien, en train de lire la revue qui portait le nom de l’académie. S’ensuivit des éclats de voix et des menaces qui n’intimidèrent point notre ami. On appela la police… Parmi eux quelques Kabyles (solidaires) étouffèrent l’affaire. Toutes les années sont marquantes dans cette lutte des Kabyles contre la tyrannie des mots. Mais, l’on ne peut oublier l’année 1970 ; l’année où j’entendis pour la première fois, une voix, celle d’un poète, une voix forte, déchirante et révoltée qui vous prend par les tripes et la gorge ; une voix qui ose déjà dire tout haut ce que la majorité des Kabyles pense tout bas ! Une voix émouvante, débordante de sens et d’espoir : celle de Ferhat Imazighen Imoula. Quel réconfort ! Nous nous étions beaucoup identifiés à ce grand poète et militant de la cause amazighe.

                      En 1971, je faisais mon service militaire. Je découvrais que l’on punissait de jeunes Kabyles sous le prétexte, par toujours avoué, qu’ils ne parlaient pas arabe. Certains officiers ne permettaient pas l’écoute de la station de radio kabyle. En 1972, lors d’un passage du chanteur kabyle Chérif Khedam sur l’unique chaîne de télé algérienne, un officier arabe se leva et éteignit le téléviseur. Ce fut la même année que le gouvernement algérien fit pression sur le gouvernement français pour supprimer la chaîne de radio kabyle à Paris.

                      En 1974, un peu partout en Kabylie, des jeunes manifestent pour la reconnaissance de leur langue. Certains ont été enrôlés de force dans l’armée. C’est le moment que choisit le gouvernement algérien pour mener sa politique d’arabisation. C’est le moment que choisit le gouvernement algérien pour supprimer « la chaire de berbère » de la faculté de sciences humaines d’Alger, dirigée par Mouloud Mammeri. On lui propose un poste de professeur de français… En 1975, c’est la fameuse « affaire des poseurs de bombes ». Kaci Lounès, Medjber Smaïl, Chéradi Hocine et Haroune Mohamed furent condamnés à mort en 1976, au moment-même où fut lancée la campagne générale d’arabisation du pays. Le 31 août 1976, le Fichier de Documentation Berbère, tenu par les pères blancs, fut mis sous scellés.

                      L’espace d’un instant, relisons l’éminent linguiste kabyle, Salem Chaker : « Le printemps berbère de 1980 a été l’un des événements politiques majeurs de l’Algérie indépendante [...] L’ampleur des mouvements de protestation et des affrontements qui se sont produits dans toute la Kabylie et à Alger de mars 1980 à mai 1981 a montré que la revendication berbère n’était pas le fait d’intellectuels isolés -« résidus du colonialisme »- mais bien une aspiration largement diffusée au sein de la population berbérophone d’Algérie [...] Toutes les Constitutions algériennes depuis l’indépendance proclament : l’arabe est la langue nationale et officielle du pays. Depuis le printemps 1980, les dogmes fondateurs du système sont contestés par des générations qui étouffent dans les carcans officiels. Toute la Kabylie, « Grande » et « Petite », contrairement à ce qu’ont écrit certains observateurs français, a été impliquée : les manifestations ont eu lieu dans tous les districts ; elles ont même souvent été plus violentes en Petite Kabylie (Bougie et la vallée de la Soummam) ».

                      Le 10 mars 1980, en empêchant Mouloud Mammeri de faire sa conférence sur la poésie ancienne de Kabylie, les pouvoirs publics algériens poussèrent les Archs (Laârac) kabyles à sortir « doucement » de leur léthargie. La révolte de la jeunesse kabyle dura près de 15 mois. Le mois d’août 1980 clôtura le « printemps berbère » par le séminaire berbère de Yakouren. Un dossier culturel fut rédigé et soumis au gouvernement algérien le mois suivant. Aucune suite ne fut donnée à ce document.

                      Quatorze ans après, durant l’année scolaire 1994/95, la jeunesse kabyle boycotte l’école. La Kabylie réclame encore la reconnaissance de sa langue, son instauration et sa restauration comme langue nationale et officielle de l’Algérie.

                      Il fallut l’assassinat du chanteur kabyle, Matoub Lounès (25 juin 1998), pour que les Archs sortent (définitivement ?) de leur sommeil. C’est, paradoxalement, en touchant à leurs poètes que les Kabyles oublient les peurs imprimées par les guerres passées – [45 ans de guerre menée par la fédération kabyle contre la France coloniale pendant les 130 ans de colonisation] – et la prudence inspirée par leurs dictons !



                      Les printemps changent de couleur…

                      C’est en touchant à leurs poètes que les Kabyles sont devenus de plus en plus difficiles à corrompre. S’il est vrai que la corruption n’est pas l’apanage des seuls Kabyles. L’assassinat du « rebelle » (Lwennas Matoub) a beaucoup fait dans le relèvement des mentalités solidaires du peuple kabyle. Seule la Kabylie a pleuré Matoub Lounès et seule la Kabylie continue de pleurer ses enfants assassinés lors du printemps noir 2001 : 126 jeunes kabyles ont été assassinés de sang froid par les gendarmes ! Reviendront-ils au printemps ? Leurs mères et leurs parents – fous de douleur et morts dans l’âme – savent bien que cela ne se passe pas (hélas !) comme dans leur mythologie, où la justice des hommes et celle de Dieu ne souffrent pas de prolepses pathologiques. Mais il n’est pas dit que l’Algérie continuera longtemps encore à faillir à toutes ses promesses.

                      En attendant ce jour, l’aspiration et la conviction demeurent scellées et arborées par cette langue amazighe porteuse de culture et de poésie. Puisque les Anciens disaient que « la poésie peut guérir de tous les maux même de la peste », tous les espoirs sont encore permis. Bien avant que survinrent les deux printemps berbères – le vert d’espoir et le noir plein de sang – mon vieux père avait déjà fini par me convaincre que la littérature orale kabyle – et notamment la poésie – pouvait constituer l’éveil de la conscience d’un peuple, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’un peuple opprimé. Cet éveil passe notamment par la recouvrance et l’exaltation de sa langue grâce à l’assignation d’une dimension universelle faite à la littérature orale traditionnelle qui tient ses racines d’une civilisation berbère millénaire. Un dicton kabyle dit : « Qui a une langue se sent en sécurité » (Wi’sâan iles yetwennes). Les Anciens plaçaient donc déjà la langue comme une valeur au-dessus de toutes les autres.


                      Par Youcef Allioui

                      http://youcefallioui.com/2009/04/27/...sut-imazighen/

                      Commentaire


                      • #71
                        Personne, et surtout pas les plus humbles, n'est épargné par la violence qui secoue l'Algérie. Dans mon pays aujourd'hui, on est tué pour ce que l'on fait.
                        J'ai été arrêté, mitraillé par le pouvoir comme chanteur berbère. Et lorsque, récemment j'ai été enlevé par des éléments des GIA, ils ne m'ont pas reproché une quelconque collusion avec le pouvoir.




                        Matoub Lounès,

                        Le chanteur Matoub Lounès ayant fait son service militaire à Oran,évoque cette période.

                        textes tiré de son livre "le rebelle"

                        Page 59-60: "Une fois j'ai pris la défense d'un Kabyle qu’un gradé harcelait (..) Le sergent chargé de l'instruction a posé une question à un paysan illettré de Tizi-Ouzou. Il savait qu'il ne comprenait pas le moindre mot. J'ai essayé de lui venir en aide. Le sergent m'a littéralement insulté, ce qui amusa fort bien les autres soldats. Pour m'être mêlé de ce qui ne me regardait pas, j'ai été puni. J'ai dû faire une marche en canard sur cinquante mètres, puis ramper sur des tessons de verre pendant plusieurs minutes, les manches de chemise et le bas du pantalon remonté. Une fois la punition terminée, mes coudes, mes genoux étaient en sang. Et ce n'est qu'un exemple....."

                        Page 63-64:
                        "Après son service militaire, le jeune Algérien devait avoir compris que le seul moyen pour lui d'avoir la paix, était de se soumettre. Avec moi, le résultat fut rigoureusement inverse: à ma démobilisation, j'étais plus révolté que jamais ..."

                        Page 96:
                        "En 1985, j'avais de grosses difficultés avec un producteur, les Éditions Disco Laser, qui m'escroquait et me devait beaucoup d'argent. J'enregistrais à l'époque un disque à Nogent-sur-Marne et je rentrais assez tard à mon hôtel près de Barbès.
                        Un soir, je trouve le producteur qui m'attendait à la réception de l'hôtel. Sous sa veste je vois un couteau. Il commence à m’insulter. Peut-être avait-il bu, en tout cas, je sentais que les choses commençaient à mal tourner. J'avais, moi aussi,un couteau dans ma chambre. Sous un prétexte quelconque, je monte le chercher. En redescendant, je constate que mon producteur, loin de se calmer, me provoque de plus belle (..)
                        Nous sortons, nos couteaux dans nos mains (...) Dès qu'une voiture passait, nous faisions comme si de rien n'était. Aussitôt après, la bagarre reprenait avec plus d'énergie. A un moment donné, je le touche à l'abdomen. Il s'écroule.
                        Affolé, je me suis enfui. Je suis allé dans une boite de nuit où j'ai essayé de réfléchir: il fallait que je quitte le pays. J'ai pensé rejoindre Annemasse où j'avais des amis et de là, gagner l'aéroport de Genève pour prendre le premier avion vers Alger. Au petit matin, je suis retourné à l'hôtel récupérer mes affaires. En passant à la réception, j’ai deviné quelque chose de bizarre. Je suis monté dans ma chambre pour faire ma valise, et là j'ai entendu une voix qui me disait:"Si tu bouges, je t'éclate ta tête. "Evidemment je n'ai pas bougé. C'était un flic en civil qui m’attendait (...)
                        Le lendemain, je me retrouve à la prison de la Santé (..)
                        Enfin, quatre semaines plus tard, je suis convoqué chez le directeur (..) Il m'annonçait que j'étais libéré: le producteur, légèrement blessé, était un multirécidiviste de l'arme blanche. Aucune charge n'était retenue contre moi....."

                        Page 101:
                        "On me considère comme le chanteur le plus populaire de mon pays, et pourtant je reste interdit d'antenne. Paradoxe étonnant....."

                        Page 111-->Page 115(Lorsqu'il a reçu les balles en octobre 1988):
                        "Le 9 octobre, nous décidons de nous réunir devant l'université de Tizi-Ouzou pour diffuser un tract appelant la population au calme et à 2 journées de grève générale en signe de soutien aux manifestants d'Alger(..)

                        Je prends un paquet de tracts à distribuer et je monte dans ma voiture. Deux étudiants m'accompagnaient. Quelques kilomètres avant Michelet (ville kabyle), une Land Rover venant en sens inverse fonce droit sur nous. C'était un véhicule de la gendarmerie. Nous avions étés repérés. Mon objectif était d'atteindre Michelet où, croyais-je, les gendarmes hésiteraient sans doute à nous arrêter en pleine ville(..)

                        Tout à coup, éclate une détonation. Dans le rétroviseur, je vois un des occupants de la Land Rover sortir la tête de la voiture. Je m'arrête brusquement. Les gendarmes, surpris, heurtent mon pare-chocs arrière. Furieux, ils sortent et commencent à m'insulter, tout en passant les menottes aux 2 étudiants qui m'accompagnaient. Je pensais que j'allais subir le même traitement. Pas du tout. Après les insultes viennent les crachats. En arabe, ils me traitent de "fils de bâtard". Soudain, l'un d'entre eux s'approche de moi, il ajuste son arme et me tire à un mètre de distance un balle dans le bras. L'impact me fait vaciller (..)
                        Une balle m'a traversé l'intestin et fait éclater le fémur droit. Je ne sentais plus ma jambe. Je me suis effondré. Puis, je me souviens qu'on m'a jeté dans la Land Rover, sans aucun ménagement (..)

                        Les gendarmes m'ont malgré tout emmené à l'hôpital de Michelet, un hôpital petit et mal équipé. En arrivant dans la cour, je me rappelle qu'ils ont crié au personnel médical, en arabe: "Tenez, le voilà votre fils de chien!"...."

                        Commentaire


                        • #72
                          pour les addict de Matoub comme moi voici un lien qui je pense vous fera plaisir comme il ma fait plaisir de le découvrir

                          http://matoub.rebelle. f r e e .fr/

                          Commentaire


                          • #73
                            Tazmalt

                            Commentaire


                            • #74
                              un très belle hommage rendu ici à Da Lounes


                              Lettre à Matoub Lounès

                              Lwennas tu n’es pas mort !

                              « Le poète assassiné ne meurt pas, ses vers gagnent en puissance » Pablo Neruda

                              Lorsque le poète, par la magie de la création artistique, s’érige en porte parole de la cause d’un peuple frappé d’illégitimité et vidé de son identité ancestrale, qu’il est l’emblème charismatique d’une revendication porteuse de liberté et de démocratie, alors le chant devient profane ou sacré…Tout dépend de quel coté on se place.

                              Lwennas Tu murissais tes propos, affutais ton arme et dégainais ton mandole, pour hurler à la face du monde ton refus d’être phagocyté par un pouvoir arabo-musulman basant son existence sur notre déni identitaire et notre déclin.

                              Perturbateur agité, adulé ou haï, tes détracteurs s’en tiraient au mieux avec cette éloquente réponse : « Je ne joue pas au martyr, je le suis », tant il est vrai qu’il n’y a pire outrage que de vivre sans exister.

                              Ici, un inconnu aux mains nues, défie la machine de guerre sur la place Tiananmen, en opposant aux chars de l’armée …sa seule volonté.

                              Là, un athlète noir, poing levé, tête baissée tandis que retentit l’hymne américain, exprime par la symbolique du geste, son hostilité à la politique ségrégationniste qui asservit son peuple.

                              Là encore, un insoumis, enfant terrible de la Kabylie, sacrifié sur l’autel de l’intolérance, pour avoir crié trop fort « sa soif de justice et de réparation pour les siens »

                              Ces actes de bravoure et de résistance s’inscrivent dans le cœur des opprimés et renvoient au monde une leçon magistrale : Le triomphe de l’homme sur la barbarie.

                              Lwennas, je repense à cette fascination qu’exerçait sur toi ce poète chilien, à qui la junte militaire coupa les doigts pour l’empêcher de jouer sa musique, synonyme de son engagement. Était-elle liée à l’horrible supplice ? Au courage de l’homme levant les mains en sang pour entonner un hymne ? A sa fin tragique ? Ou n’était-ce que la projection d’un écorché vif auquel se posait déjà la question du choix entre mourir pour rien ou pour avoir essayé ?

                              La grandeur des hommes résiderait-elle aussi dans la façon dont ils nous quittent ? Le Che adresse à son compagnon d’armes une lettre d’adieu expliquant que dans une véritable révolution, il faut vaincre ou mourir, puis démissionne de ses fonctions officielles pour exporter son idéal révolutionnaire vers d’autres champs de bataille. Toi, avant de mourir, tu révèles les scandaleuses couleurs du mensonge avec lesquelles on a enlaidi l’Algérie : « jegren s ddin d tearavt tamurt n Lzzayer… i llasel samesn udem… ». Tu nous assènes un message affligeant de vérité, « amsedrar ur ihekkem xas yeghra yezwer »,…et nous laisses orphelins, dans un pays ravagé, en proie aux pires incertitudes quant à son devenir pris en étau entre un pouvoir fasciste et une perspective intégriste.

                              Témoin de ton temps, tu portais dans ton âme et dans ta chair meurtries les stigmates des coups infligés à ton peuple et les arborais avec fierté, comme une blessure de guerre. Le courage que tu incarnais te manquait-il pour supporter l’affront suprême ? La reddition des lâches que tu savais prochaine « …amendil ur t-id-udregh… », la récupération de tamazight à des fins partisanes et, surtout, la mort annoncée de notre rêve de construire « toutes et tous une Algérie meilleure ». ?

                              Le constat est sans appel : La lame de fond, censée provenir des profondeurs du pays en ralliant toutes les forces progressistes, n’aura englouti que nos espoirs chimériques de construire un jour une Algérie plurielle, fraternelle et moderne « …des montagnes du Djurdjura jusqu’au fin fond du désert… ». Le rêve d’une Algérie ouverte et tolérante à finalement été assassiné. L’Algérie qui triomphe aujourd’hui, c’est l’Algérie qui recule, celle dénoncée par Djaout, celle sortie des entrailles d’un pouvoir pervers et falsificateur d’histoire, pour notre plus grand malheur. Son regard s’est tourné vers le Moyen-Orient épousant de fait les archaïsmes qui donnent à l’islam son visage le plus hideux pour mieux succomber à cette religion moderne que sont devenus les cours d’une économie indexée sur les richesses d’une manne pétrolière acquise à des pouvoirs mafieux « …win i earden tachriht n tsekurt ,ur iqqenae ara… »

                              « Le greffon ne veut.. » toujours « …pas prendre… » et, maigre consolation, « l’ennemi de l’intérieur » les empêche toujours de digérer leur malformation identitaire. Mais c’est seul que le peuple kabyle tente de forcer les portes verrouillées de l’Histoire. « Tasarutt mazal-itt ar tarwa n-baxta », entre les mains de ces usurpateurs qui, jamais, ne lâcheront prise « Aken a s-d-vrun d lmuhal ! »

                              Ah, si nous pouvions poursuivre notre « regard sur l’histoire d’un pays damné » : La récréation démocratique est terminée... Bouteflika s’est libéré d’une opposition réduite au rang de faire valoir d’une présidence acquise à vie et nous avons perdu la chance historique de vivre une transition démocratique pacifique vers un état de droit. Sur fond d’injustice et de corruption, l’islamisme social prospère et gangrène tous les secteurs de la société. La Kabylie stagne dans la précarité et la marginalisation identitaire et économique. Elle découvre l’insécurité liée à une nouvelle forme de délinquance habilement entretenue par un pouvoir bien décidé à jouer la carte du pourrissement.

                              Nous, les survivants, devenons spectateurs abasourdis d’un monde kafkaïen, fait de paradoxes dont nous entrevoyons pourtant clairement la logique : L’argent public finance la mise en chantier d’une mosquée pharaonique, projet applaudi par d’anciens laïcs miraculeusement touchés par la Grâce. Et ce même pouvoir promet, dans un processus de perversion, de dilapider ce qui reste de notre héritage, en favorisant la prolifération de lieux de dépravation pour importer en Kabylie un modèle culturel contraire à notre mode de vie et étranger à nos mœurs… « Amek ara tqavlemt lesnin a sut umeqyas ?.. »

                              Des appels « fraternels » sont lancés aux auteurs de crimes contre l’humanité au nom d’un Grand Pardon rédempteur, instauré pour réconcilier bourreaux, ayant érigé le meurtre en mode de gouvernance, égorgeurs promis à l’impunité d’avec leurs centaines de milliers de pauvres victimes. Quel autre pays au monde a ce genre de pratiques ??? Le peuple est, lui, forcé d’occulter et de ravaler son traumatisme, au nom de la « rahma ».

                              Curieusement, lorsque la Kabylie s’embrase sous l’impulsion de sa jeunesse, la violence exercée sur des civils est celle d’une guerre. Des manifestations pacifiques débouchent sur un carnage. Vous, les martyrs d’une autre époque, n’auriez pu imaginer ce que nos nouveaux gouvernants ont fait de votre cause mais Il faut pérenniser le système tortionnaire vaille que vaille, et tant pis si l’imposture revêt aujourd’hui d’autres formes allant même jusqu’à s’enticher de clichés !

                              Zik tamazirt ulac,ulac ulac , Assagini Yeqwel uqelmun s idaren ! « Eh oui ! » C’est affublé d’un burnous que le président de l’Algérie se dédouane de sa responsabilité dans la gestion de ces événements. Il ne frappe plus dans le dos, depuis qu’il s’est anobli de ses (très) lointaines origines. Mais seulement en face, et avec des balles explosive plus efficaces pour exterminer une jeunesse, oh combien difficile à tuer tant elle est déjà morte. Il vante notre tradition d’hospitalité ( ?) et nous nargue de sa sérénité retrouvée : L’Algérie se porte bien !

                              Aurait-il, à notre insu, anéanti le dernier bastion de la résistance ? La Kabylie serait-elle définitivement alignée ou décérébrée par la liquidation de ses élites, pensant que l’école algérienne n’en produirait plus ? Il oublie que nos élites ne sortent pas de son école mais des entrailles de notre société et de notre culture de l’excellence !

                              Commentaire


                              • #75
                                Huuummmmm, ur ten-ttamnet…ma tfen-tt, a ttenger tekfa !

                                Nous n’entendons plus personne ! Pas même ceux qui louent ta mémoire en des termes falsificateurs : « Poète algérien d’expression berbère ». Comme si l’officialité faisait la réalité. TOI, la figure de proue du militantisme kabyle, ressortissant d’une nation sans état, tombé pour ses prises de position courageuses en chantant toutes les vérités te voilà doublement assassiné : par l’Algérie dans le cadre d’un génocide anti-Kabyle, et par tous ceux qui occultent ton identité kabyle !

                                Nous ne prêterons plus le flanc à la supercherie, d’ou qu’elle vienne ! Accepterons-nous d’être réduits à une vague référence à l’histoire du peuplement nord-africain ou au patrimoine national au même titre que les ruines romaines ? « …Laisserons-nous cette terre ancestrale aux mains de ces tristes sires qui l’ont plongée dans le chaos ?… »

                                Nous possédons, au delà de la cohésion linguistique et historique, tous les éléments constitutifs d’une nationalité toujours en puissance mais jamais pleinement réalisée, avec le sentiment volontaire, d’appartenir à un même peuple. Nous, qui bataillons pour la survie, transcendons nos peurs pour que notre culture ne soit pas confinée dans l’insignifiance car nous sommes une réalité légitime et toujours vivante de ce pays. Notre combat n’est plus d’amener le pouvoir à de vulgaires concessions « am win itseqin i wassif » mais de lui faire prendre acte, à son corps défendant, qu’un peuple a choisi de se réapproprier son Histoire pour reconstruire son destin.

                                Le message de Kamel Irchane, avec le mot « Liberté » immortalisé avec son sang sur un mur de marbre ne nous renvoie pas seulement à ce que nous fumes : d imazighen, mais aussi à ce que nous serons : des hommes libres, refusant en tant que Kabyles l’allégeance à l’infamie. Nous ne pardonnons pas aux porteurs d’une idéologie de la haine, la dette de sang laissée par 126 « authentiques » enfants de la région, tombés sous des balles assassines dans une indifférence algérienne qui ressemble à une troublante complicité. Notre devoir de mémoire nous impose de conjurer notre sort d’éternels colonisés et de poursuivre notre combat libérateur jusqu’à l’affranchissement total de notre peuple.

                                Les hasards (prévus) du calendrier ont fait « coïncider » ton assassinat avec la généralisation d’une loi scélérate qui te fit prendre conscience que nous avions gâché nos énergies à nous battre pour un idéal de société perdu d’avance. « a lufan i d-zegwir temghar… ur nettruhu d iseflan af ayen ur ichqan. Ta solution pour garantir notre survie commençait juste à se dessiner sous d’autres formes, la parole de trop : « Eddw-as a ncherreg tamurt ». Fédéralisme peut être, ou, en tout cas toute démarche allant dans le sens de l’instauration d’un état Kabyle. 10 ans après, ce projet n’est plus un choix mais une nécessité, porté par ton frère de lutte, souvent rival car trop semblable, qui en brisant le mur du silence a ouvert la dernière page de l’histoire de notre quête identitaire.

                                Accusé d’avoir franchi la ligne rouge, le voila contraint à l’exil, (tout comme toi, passé hier sans transition… des casemates ar lgherva, pour avoir osé l’impensable : vouloir rendre à son peuple sa dignité en le guidant vers la voie de l’autonomie. Meurtri dans sa chair, il porte la plus abjecte, la plus ignoble, la plus abominable des blessures humaines : celle « d’être assassiné chaque jour un peu plus ». Toutefois, il a appris à apprivoiser sa douleur pour Ameziane, et puisé dans son inébranlable conviction la force de reconquérir l’espoir, malgré le vide et la détresse. Preuve que les stratagèmes ourdis pour anéantir les hommes pétris de réelles valeurs sont parfois voués à l’échec…Ferhat porte aujourd’hui notre voix sur la scène internationale. « Tameslayt i gh-d-inejern avrid , umi dlan ssdid » a résonné entre les murs de l’ONU, n’en déplaise à l’hydre bicéphale. Nos interlocuteurs sont les représentants d’organisations de défense des peuples autochtones, et notre requête, celle du droit des peuples à disposer d’eux même. Notre cri se soldera forcement, un jour ou l’autre (c’est inscrit dans nos gènes), par l’organisation d’un référendum régional sur l’autonomie de notre Kabylie. Un monde est à construire pour lequel nous avons déjà payé notre part de sang et d’innocence sacrifiée. Le chemin sera tortueux mais, riches de nos erreurs passées, nous resterons sourds aux manœuvres d’intoxication et aux épouvantails brandis pour discréditer notre mouvement, au nom d’une pseudo-homogénéité du « peuple algérien ».

                                L’histoire poursuivra inexorablement sa course, opposant aux ténèbres de la dictature la lumière des nouveaux espoirs suscités par la contestation autonomiste. Nous élaborerons et structurerons une culture de l’action pour construire un avenir de paix et de liberté aux générations futures.

                                « Rien d’autre ne pourrait, ni ne saurait nous guider »

                                Mais… d’où provient cette voix rassurée qui jadis gonflée de rancœur et de colère nous réchauffait les os ? Serais-je aliénée par les fantômes de nos martyrs ? J’entends comme un souffle venu de très loin portant les mots des disparus que seul le poète peut ranimer. « …D aghuru... » n’était donc pas l’ultime message ? Nous te croyions parvenu au sommet de ton art et je sens un chant nouveau palpiter dans mes veines…Il vient de « …D aghuru... » : ce testament que tu nous as laissé et qui sert de rampe de lancement ! Il manquait…ah, Roulez tambours, sonnez trompettes…cela ressemble à un hymne, celui d’un jeune état célébrant, l’amour sacré de sa terre, la mémoire de nos aïeux, et la témérité de son peuple.

                                Sewjed imeslayen-ik, serreh i taghucht-ik, ssut-ik yak…yittbaeziq !

                                Nous entrevoyons un cortège, dont le dernier convoi est fait de 126 innocents, traverser les cieux de notre pays, brandissant l’étendard de notre liberté reconquise, par delà nos monts éternels. Danse, oh ! Vestale, tes enfants t’ont extirpée des griffes du tyran, ressuscitée à jamais du fin fond de l’oubli. Chante-leur Lwennas, notre liberté arrachée et qu’importe le sacrifice, l’autonomie sera… le dernier goût dans nos bouches… « Chante Matoub chante ! » et c’est nous qui bientôt … « pourrons aller mourir tranquilles », apaisés d’avoir renvoyé la bête immonde en dehors de nos frontières…pour vous restituer enfin la clef, tasarutt ugerruj-negh : D taeelamt n wegdud agrawliw.

                                Saadia

                                source: http://www.************/LETTRE-A-MAT...NES,04438.html

                                Commentaire

                                Chargement...
                                X