Aps 16/1/07] Alger - La chanteuse et comédienne Abbas Aouda, connue sous le nom de Latifa, est décédée lundi soir à l'âge de 80 ans, a-t-on appris mardi dans le milieu artistique.

La défunte, qui compte parmi les figures féminines de proue de la scène artistique algérienne, avait participé, aux côtés de Keltoum, Nouria et autres artistes, à d'importantes oeuvres dramatiques théâtrales, radiophoniques et télévisuelles.

Née à Zemmoura dans la wilaya de Relizane, Latifa avait investi le monde de la chanson, encouragée par son mari, le compositeur Haddad El Djilali, enregistrant de nombreux disques, avant d'opter pour le métier d'actrice au début des années 1960.
Lancée par le géant du théâtre national le regretté Mahieddine Bachtarzi, elle a participé à plusieurs pièces du patrimoine universel, notamment celles de Molière. Latifa faisait également partie de la troupe artistique du Front de libération nationale.

La dépouille mortelle de la défunte a été inhumée mardi après-midi au cimetière d'El Kettar à Alger.

Ont assisté aux funérailles de la défunte artiste ses proches, des membres de la famille artistique ainsi que de nombreux fans, dont la plupart se rappellent avec une certaine émotion ses chansons fétiches "Doum, doum, anhabek doum", composée par son défunt mari, le compositeur et chef d'orchestre Haddad El Djillali, et "El 'in ezzerka" de Abdelkrim Lahbib.

"Latifa était une artiste née. Elle était douée aussi bien pour la chanson que pour le théâtre", a indiqué à l'APS l'artiste Rachid Souki, rappelant son parcours artistique et notamment sa participation à l'orchestre de Fadila Dziria, la diva de la chanson algérienne.

"C'était aussi une femme de coeur, altruiste, très généreuse et serviable", a ajouté Rachid Souki.

De son côté, l'homme de théâtre Taha El Amiri a évoqué les débuts de la carrière de Aouda Abbas, connue sous le nom d'artiste de Latifa, qui "marquait la scène par son talent, sa beauté et son sourire".

Abondant dans le même sens, le comédien Mohamed Hilmi a mis en valeur le "riche répertoire" de Latifa qui, outre la chanson, "a été distribué dans de nombreuses pièces qui sont des chefs d'œuvre".

"Latifa, avec qui j'ai travaillé comme pianiste dans les années 1970, était une grande artiste qui avait beaucoup de présence sur scène et qui avait une voix de rossignol", a souligné également l'artiste Farid Smaïli, mettant par ailleurs en exergue son "excellente mémoire".

"Elle n'avait pas besoin de partition", a-t-il dit à propos de cet artiste qui "était le bras droit de Fadéla Dzirya".

Pour sa part, l'interprète Mohamed Lamari a mis en relief les qualités artistiques de la défunte tout en évoquant son militantisme et son arrestation par les forces coloniales.

"Elle a été arrêtée (par les forces coloniales) avec Goucem, la soeur de fadéla Dziria, en 1957", a-t-il confié tout en soulignant le nationalisme de l'artiste disparue.

[Aps 16/1/07]