L’étymologie nous l’enseigne: le mot poésie vient du grec poiesis qui signifie création. Mais la Poésie, c’est quoi au juste? Saurait-on définir un mystère ? Saurait-on cerner un art multiforme, fluide, infini? On pourrait y consacrer des centaines de volumes, mais toutes les tentatives seraient vaines. Avec l’humour qui lui est propre (ne disait-il pas qu’il préférait les chats aux chiens car il n’existe pas de chats policiers,), Jean Cocteau nous a glissé cette définition: «La poésie est indispensable. J’ignore à quoi». Pour sa part, Baudelaire affirme que tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, mais de poésie, jamais.
Les poètes ont cent fois plus de bon sens que les philosophes. En cherchant le beau, ils rencontrent plus de vérités que les philosophes n’en trouvent en cherchant le vrai. Et s’ils peuvent paraître obscurs, c’est généralement pour deux raisons opposées: tantôt parce qu’ils parlent de choses trop grandes pour que n’importe qui les comprenne, tantôt parce qu’ils parlent de choses trop petites pour que n’importe qui les voie. Ce qui prouve que les vrais poètes sont les créateurs les plus actifs qui soient. Intuitifs, ils nous révèlent les liens qui unissent l’invisible à la beauté du monde.
Dans une époque où la déshumanisation se développe, la poésie —dédaignée voire abandonnée —demeure un merveilleux voyage. Ne serait-ce que pour retrouver une étincelle de l’âme humaine là où il n’y a plus que des myriades de chiffres vides de sens, des signaux numériques et des écrans médusés. Progressivement disqualifié au profit du Virtuel, le Réel perd de plus en plus son sens. C’est comme si nous vivions sans prise concrète sur le corps des choses, comme si nous étions orphelins de la réalité. Celui peut-il durer indéfiniment?
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