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C'est eux qui m'ont tué

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  • C'est eux qui m'ont tué

    ... poème de Saint-Denys Garneau



    C'est eux qui m'ont tué
    Sont tombés sur mon dos avec leurs armes, m'ont tué
    Sont tombés sur mon dos avec leur haine, m'ont tué
    Sont tombés sur mes nerfs avec leurs cris, m'ont tué

    C'est eux en avalanche m'ont écrasé
    Cassé en éclats comme du bois

    Rompu mes nerfs comme un câble de fils de fer
    Qui se rompt net et tous les fils en bouquet fou
    Jaillissent et se recourbent, pointes à vif

    Ont émietté ma défense comme une croûte sèche
    Ont égrené mon coeur comme de la mie
    Ont tout éparpillé cela dans la nuit

    Ils ont tout piétiné sans en avoir l'air,
    Sans le savoir, le vouloir, sans le pouvoir,
    Sans y penser, sans y prendre garde
    Par leur seul terrible mystère étranger
    Parce qu'ils ne sont pas à moi venus m'embrasser

    Ah! dans quel désert faut-il qu'on s'en aille
    Pour mourir de soi-même tranquillement.



    Dernière modification par Océane, 06 juillet 2010, 10h03.
    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

  • #2
    Bonjour sirène,

    Bien que je ne passe plus dans cette ruelle, que je n'aime plus, j'ai tenté de percer le mystère de ce titre, juste un appel de cet artiste Québécois que j'aime beaucoup, sombre de santé fragile, malheureusement mort assez jeune.

    Ah! dans quel désert faut-il qu'on s'en aille
    Pour mourir de soi-même tranquillement.
    n'est ce pas!

    Mon préféré c'est celui ci

    LASSITUDE
    Je ne suis plus de ceux qui donnent
    Mais de ceux-là qu'il faut guérir.
    Et qui viendra dans ma misère?
    Qui aura le courage d'entrer dans cette vie
    à moitié morte?
    Qui me verra sous tant de cendres,
    Et soufflera, et ranimera l'étincelle?
    Et m'emportera de moi-même,
    Jusqu'au loin, ah! au loin, loin!
    Qui m'entendra, qui suis sans voix
    Maintenant dans cette attente?
    Quelle main de femme posera sur mon front
    Cette douceur qui nous endort?

    Quels yeux de femme au fond des miens,
    au fond de mes yeux obscurcis,
    Voudront aller, fiers et profonds,
    Pourront passer sans se souiller,
    Quels yeux de femme et de bonté
    Voudront descendre en ce réduit
    Et recueillir, et ranimer
    et ressaisir et retenir
    Cette étincelle à peine là?
    Quelle voix pourra retentir,
    quelle voix de miséricorde
    voix claire, avec la transparence du cristal
    Et la chaleur de la tendresse
    Pour me réveiller à l'amour, me rendre à la bonté,
    m'éveiller à la présence de Dieu dans l'univers ?
    Quelle voix pourra se glisser, très doucement,
    sans me briser, dans mon silence intérieur ?
    Il n’y a rien de noble à être supérieur à vos semblables. La vraie noblesse, c'est être supérieur à votre moi antérieur.
    Hemingway

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    • #3
      Merci Inata... joli choix !



      ... Il est parti subitement... laissant derrière lui de belles peintures...


      Les pommiers, l'hiver





      ... et de très beaux poèmes...

      Le cœur est ailleurs

      Leur cœur est ailleurs
      Au ciel peut-être
      Elles errent ici en attendant
      Mon cœur est parmi d'autres astres parti
      Loin d'ici
      Et sillonne la nuit d'un cri que je n'entends pas
      Quel drame peut-être se joue au loin d'ici?
      Je n'en veux rien savoir
      Je préfère être un jeune mort étendu
      Je préfère avoir tout perdu.

      Pour chapeau le firmament
      Pour monture la terre
      Il s'agit maintenant
      De savoir quel voyage nous allons faire

      Je préfère avoir tout perdu
      Je préfère être un jeune mort étendu
      Sous un plafond silencieux
      À la lumière longue et sans heurt de la veilleuse
      Ou peut-être au profond de la mer
      Dans une clarté glauque qui s'efface
      Durant un long temps sans heures et sans lendemain
      De belles jeunes mortes, calmes et soupirantes
      Glisseront dans mes yeux leurs formes déjà lointaines
      Après avoir baisé ma bouche sans un cri
      Avoir accompagné les rêves de mes mains
      Aux courbes sereines de leurs épaules
      et de leurs hanches
      Après la compagnie sans cri de leur tendresse
      Ayant vu s'approcher leur forme sans espoir
      Je verrai s'éloigner leur ombre sans douleur...



      « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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      • #4
        terrible!

        bonjour Océane.

        Je ne connaissais pas ce poéte. merci de nous le faire connaitre.

        c'est terrifiant cet état d'âme que rend le texte.
        "Soyez les gardiens de votre cœur et rendez-le propre et pur comme un lieu de prière." .

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        • #5
          Je ne connaissais pas ce poéte.
          Moi, non plus. Jusqu'à ce qu'Océane nous le fasse découvrir il y a quelques mois. J'ai tout de suite succombé au mystère indicible qui se profile derrière ces vers déconcertants...

          En voici un autre, récité par Pierre Castonguay, avec ce succulent accent québécois que j'apprécie personnellement.

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          • #6
            bonsoir Pragmatic... Passant

            ... Merci à vous !

            Superbe la vidéo... "mortel", l'accent québécois... Thanks !




            Et voici un extrait de son Monologue fantaisiste sur le mot

            Le poète ne fait pas que connaître le mot: il le reconnaît. Il y a entre lui et le mot une certaine fraternité, communication vivante, une correspondance par où il le possède. Et ce chemin vivant jusqu'à trouver le mot, c'est ce qu'on appelle le goût; et le goût consiste premièrement à avoir du goût pour quelque chose, c'est-à-dire qu'il est une aptitude intime à reconnaître. Le poète reconnaît le mot comme sien. Il est libre du mot pour en jouer. Il joue de tout par le mot. Le mot est l'instrument dont il joue pour rendre sensible le jeu qu'il fait de toutes choses.

            Le poète est libre du mot parce qu'il le possède, parce que le mot est lui-même en quelque sorte. Il ne le déforme pas, mais possède sa forme d'unique façon. Et quand il dit oiseau il peut n'avoir aucun souvenir d'oiseau, aucun autre modèle que cette part en lui de lui-même qui est oiseau et qui répond à l'appel de son nom par un vol magnifique en plein air et le déploiement vaste de ses ailes.

            Le poète possède le mot parce que maintenant à l'intérieur de ce mot il y a un[e] anse à lui seul par où le prendre; parce que, entre lui et le mot, se trouve un lien à lui seul par où le saisir et le balancer, en jouer.

            Le mot pour lui s'élève à la dignité de parole. Mot est sans résonance. Parole est rond et plein et semble ne devoir jamais épuiser la grâce de son déroulement sonore. C'est un chant à soi seul et le signe d'un chant, quelque chose qui se livre et se déroule. Il n'arrive pas souvent qu'on entende une parole mais quand cela vient on dirait que le monde s'ouvre. La Parole brise la solitude de toutes choses en les rapportant à un lieu qui est le prisme présent.

            Et c'est le mystère du poème. Le mot qui enveloppait tout se voit alors haussé à être enveloppé tout par le poème, c'est-à-dire un réseau de fils invisibles, de rayons dont le poète est le lieu.



            « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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            • #7
              Ah! dans quel désert faut-il qu'on s'en aille
              Pour mourir de soi-même tranquillement.



              Ce n'est pas bien difficile pourtant, pas besoin d'aller dans le désert, l'embarras du choix entre se pendre, overdose de médicaments, se jeter d'un pont ou sous un train...

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              • #8
                ou tout simplement arreter de respirer c'est radical
                Dernière modification par doudou33, 06 juillet 2010, 22h17.

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                • #9
                  Anitakan... Doudou

                  ... Pour vous messieurs... Spéciale dédicace...


                  Je regarde en ce moment

                  Je regarde en ce moment sur la mer et je vois
                  un tournoiement d'oiseaux
                  Alentour de je ne sais quel souvenir des mâts
                  d'un bateau péri
                  Qui furent sur la mer jadis leur port d'attache
                  Et c'est à ce moment aussi que j'ai vu fuir
                  Un bateau fantôme à deux mats déserts
                  Que les oiseaux n'ont pas vu, n'ont pas reconnu
                  Alors il reste dans le ciel sur la mer
                  Un tournoiement d'oiseaux sans port d'attache.


                  Hector de Saint-Denys Garneau

                  « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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