Quittons Paris et ses casernes.
Plongeons-nous, car les ans sont courts,
Jusqu'aux genoux dans les luzernes
Et jusqu'au coeur dans les amours.

Joignons les baisers aux spond�es ;
Souvenons-nous que le hautbois
Donnait � Platon des id�es
Voluptueuses, dans les bois.

Vanve a d'indulgentes prairies ;
Ville-d'Avray ferme les yeux
Sur les douces gamineries
Des cupidons myst�rieux.

L�, les jeux, les Ris et les Farces
Poursuivent, sous les bois flottants,
Les chim�res de joie �parses
Dans la lumi�re du printemps.

L'onde � Triel est bucolique ;
Asni�re a des flux et reflux
O� vogue l'adorable clique
De tous ces petits dieux joufflus.

Le sel attique et l'eau de Seine
Se m�lent admirablement.
Il n'est qu'une chose malsaine,
Jeanne, c'est d'�tre sans amant.

Que notre ivresse se signale !
Allons o� Pan nous conduira.
Ressuscitons la bacchanale,
Cette a�eule de l'op�ra.

Laissons, et m�me envoyons pa�tre
Les boeufs, les ch�vres, les brebis,
La raison, le garde champ�tre !
Fils, avril chante, crions bis !

Qu'� Gif, gr�ce � nous, le notaire
Et le marguillier soient �mus,
Fils, et qu'on entende � Nanterre
Les vagues fl�tes de l'H�mus !

Acclimatons Faune � Vincenne,
Sans pourtant prendre pour conseil
L'immense Aristophane obsc�ne,
Effront� comme le soleil.

Rions du maire, ou de l'�dile ;
Et mordons, en gens convaincus,
Dans cette pomme de l'idylle
O� l'on voit les dents de Moschus.

Victor Hugo,