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Le Poème qu’ils croient

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  • Le Poème qu’ils croient


    Ils ont cru quelque temps le poème bonasse,
    Breuvage liquoreux
    Avec quoi le chétif, ridicule, finasse
    En projets doucereux.
    Ils ont cru quelque temps le poème crédule,
    Niais et bon enfant,
    Tel commun s’en saisit dont il fait son pendule,
    Tel autre un olifant.
    Ils ont cru quelque temps le poème sans force,
    Complainte haute en fard,
    D’insipide tenue où le mièvre se force
    Pour être moins blafard.
    Malheureux qui n’avez soupesé sa couronne,
    Ni son glaive tenu,
    Méconnaissez les tons sur lesquels il claironne,
    Sans artifices, nu
    Où la tête aviez-vous au jour de sa naissance
    Pour, quittant ses berceaux,
    Mille chevaux lier et leur toute-puissance,
    En brandir les faisceaux.
    Approche et vois au fond de son œil qui s’enflamme,
    Menace les cochers ;
    Entends de son sabot intrépide la lame,
    Fracassant les rochers.
    Les vents dont le murmure enfle dans ses crinières,
    Fouette nos attendus,
    Tandis que ses nasaux calcinent nos manières
    Et leurs vœux éperdus.
    Vous êtes-vous risqués à maîtriser l’enclume
    De son poitrail de fer,
    Pour lui passer un frein quand le matin s’allume :
    Qui de vous s’est offert ?

    Quant à, d’un bond hardi, lui saisir l’encolure
    Et le piquer aux flancs,
    Désarçonné déjà par sa puissante allure,
    Vous rompraient ses élans
    Tel est franc le poème où verse Polymnie
    Préceptrice des arts,
    Il devance la science et tel qui le renie,
    Se condamne aux hasards.

    Poète, garde nous tes chants visionnaires
    Gérés par la vertu,
    Que jamais l’on ne hurle en cours de millénaires :
    Eh, poème ! Où es-tu ?



    Claude Gauthier


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