La colonne avançait sous un épais brouillard.
Un silence pesant courbait les silhouettes,
Au milieu des soldats, titubant, l'oeil hagard,
Un fellah redoutait que la troupe s'arrête.
La veille, un court instant délaissant le maquis,
Il était arrivé pour embrasser sa mère
Au plus mauvais moment où paras et harkis
Bouclaient rapidement le village berbère
Sa présence en ces lieux était des plus étranges,
Seuls y vivaient encore des femmes et des enfants,
Aussi quelques vieillards, mais bien que ça dérange
Tous les hommes valides étaient morts ou absents.
Plaqué d'une main ferme le dos contre le mur,
Il regrettait très fort son envie malheureuse.
Constatant qu'aujourd'hui le lieu n'était pas sûr,
Qu'il risquait fort sa vie, sauf fuite périlleuse
Poursuivant leur mission d'action psychologique,
Les soldats exultaient d'avoir eu cette fois
La chance de trouver par un effet magique
Celui qui s'avérait une prise de choix.
La soirée se passa ainsi que d'habitude
A presser le suspect de questions et de coups.
Muet, il résistait, face à sa solitude,
Malgré tout le para en vint enfin à bout.
Puis au petit matin la décision fut prise :
Le jugeant encombrant, mal en point de surcroît,
Quelques rudes gaillards, dans cette brume grise
Allaient l'accompagner à la corvée de bois.
Une courte rafale déchira le silence ;
La face contre terre comme pour l'embrasser,
Le fellah est tombé étant le seul, je pense,
D’être de ses remords enfin débarrassé
par George Garié
(Massif du Sidi Ali Bou Nab-Grande Kabylie - 1957)
Un silence pesant courbait les silhouettes,
Au milieu des soldats, titubant, l'oeil hagard,
Un fellah redoutait que la troupe s'arrête.
La veille, un court instant délaissant le maquis,
Il était arrivé pour embrasser sa mère
Au plus mauvais moment où paras et harkis
Bouclaient rapidement le village berbère
Sa présence en ces lieux était des plus étranges,
Seuls y vivaient encore des femmes et des enfants,
Aussi quelques vieillards, mais bien que ça dérange
Tous les hommes valides étaient morts ou absents.
Plaqué d'une main ferme le dos contre le mur,
Il regrettait très fort son envie malheureuse.
Constatant qu'aujourd'hui le lieu n'était pas sûr,
Qu'il risquait fort sa vie, sauf fuite périlleuse
Poursuivant leur mission d'action psychologique,
Les soldats exultaient d'avoir eu cette fois
La chance de trouver par un effet magique
Celui qui s'avérait une prise de choix.
La soirée se passa ainsi que d'habitude
A presser le suspect de questions et de coups.
Muet, il résistait, face à sa solitude,
Malgré tout le para en vint enfin à bout.
Puis au petit matin la décision fut prise :
Le jugeant encombrant, mal en point de surcroît,
Quelques rudes gaillards, dans cette brume grise
Allaient l'accompagner à la corvée de bois.
Une courte rafale déchira le silence ;
La face contre terre comme pour l'embrasser,
Le fellah est tombé étant le seul, je pense,
D’être de ses remords enfin débarrassé
par George Garié
(Massif du Sidi Ali Bou Nab-Grande Kabylie - 1957)
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