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La chanson de Momo et des bruits de moteur.

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  • La chanson de Momo et des bruits de moteur.

    La chanson de Momo et des bruits de moteur

    Dans sa tour de briques et de bois, Momo s’assied face à l’horizon pour regarder son bric-à-brac ancien et s’étonne de n’y trouver presque rien. Étonnement, angoisse.

    « Mais par tous les saints, par mes aieuls, tout de même, ces choses, je les ai vécues, où sont-elles? …
    C’est vrai, les paysages sont là! c’est vrai, il y a des amours! Et mes petits bonheurs, c’est vrai…Mes ivresses à ciel ouvert….Mes émotions, mes petits chocs au ventre…
    Mais? Où sont mes tristesses? Qui a bien pu les prendre? Mon mal affreux, mes horreurs, mes défaites, ma nostalgie! …
    Et moi qui continuais à jouer comme si je les avais là! Ne pas sombrer dans le ridicule. Enfin, cherchons bien… J’ai fait ma valise, mon sac, pris mes papiers : rien, j’aurais dû m’en douter, depuis longtemps déjà…
    Quand on m’a enfermé pour amnésie; la première fois, c’était stupéfiant, horrible, je me souviens encore comment je ne me souvenais plus…
    j’avais envie de revoir mes amis, ma femme, m'ennivrer encore de ses parfums, la toucher et puis….Rien d’autre, intraveineuses, cachets, électrochocs, parce que j’avais oublié que c’était interdit d’oublier…
    Mais non, je triche, je ne l’avais pas fait exprès, c’était arrivé, à bout de forces, à crever de ne pouvoir jamais être ce que voulaient que je sois les gens que j’aimais…
    Par exemple, quand j’étais petit j’étais déjà grand, comment faire pour que ça ne se voie pas…Je pense que j’ai trouvé une bonne solution : je suis tombé malade…tout le monde a dit : »Ce qu’il nous fait comme soucis, ce petit! » En fait , je ne marchais même plus, la vie était devenue trop lourde. Anormale. Je ne voulais pas faire de peine à ceux que j’aimais, quelque chose s’éteignait dans ma tête, je me réveillais vivant, gai, en pleine fable, à ne plus rien remarquer que les fleurs, les nuages et les chants d’oiseaux. Je marchais, je riais, je courais, je sautais, tout le monde m’aimait! j’avais atteint l’éclat fugitif des aubes : je ne me souvenais pas. »

  • #2
    Azul Le grandBleu
    j’avais atteint l’éclat fugitif des aubes : je ne me souvenais pas. »
    c'est ça
    c’était arrivé, à bout de forces, à crever de ne pouvoir jamais être ce que voulaient que je sois les gens que j’aimais
    c'est un peu de nous et puis un jour on se dit si, je suis MOI telle que je suis et que ceux qui m'aime telle que je suis m'aime mais je suis vérité et pas mensonge. Avec mes défauts mais surtout mes qualités mais je vis telle que je suis sans masque, sans duperie ou traitrise et là on grandit et on atteint les étoiles et on brille pour toujours.

    Merci pour ce magnifique texte, je l'ai aimée tu dois t'en douter

    bonne soirée à tous :1039989653:

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    • #3
      Merci Morjane
      La chanson, que je vous dédies à tous, n'est pas finie...

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      • #4
        Bonsoir ici,

        Ca ressemble à du Rap.. :o En tout cas très sincère!

        J'attends la suite :wink:

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        • #5
          La chanson de Momo et des bruits de moteur (2)

          Tu t’es assis en riant sur la vieille banquette, mon vieux Momo. Tu as regardé la nuque noircie de ton cousin Moh-Taxi qui peste contre son tacot et tu t’es moqué de ses histoires d’amortisseurs quasi absents qui t’ont bleui le derrière….Que deviendras-tu lorsque tes cheveux seront blancs?

          En haut de sa tour de briques et de bois, à travers son bric à brac, Momo cherche ses reliques, ses absences et les brique et les broie :
          »Mes cheveux sont blancs, je n’ai pas révé! J’ai souffert enfin! Où sont mes blessures, souvenirs, cruautés, tous les mortifères, les poisons, les remords? J’avais, il me semble quelques haines cachées, des ressentiments, vraiment, comme tout le monde! »

          Du haut de sa tour, Momo se penche et regarde la plage. Tout est calme parce que c’est l’hiver. Il regarde l’horizon, et la plage, et il dit : »C’est la mer ».
          La seconde perte de mémoire se manifesta, fulgurante pour échapper à l’attachement, au connu, aux rituels et aux traditions, aux chantages, et amoureux, et maternel, du « je t’aime ».
          Renonce, attends, où vas-tu? Que fais-tu? Ça ne se dit pas…Il cédait à la panique qui s’ensuivrait si les sentiments désertaient. Une seule image : lui, en shorts bleus, autour du cou un merveilleux foulard de soie vert; brassées de lys des sables sur des coussins de satin rose. C’est à cette époque là qu’il apprit la peur du vide.
          Regarde : ils ne sont pas là tes souvenirs de replis; cherche bien : ils ne sont pas là réellement.
          Momo, mon vieux Momo, tu cherches encore à préciser, à te rappeler, mais il n’y a plus qu’échos, et encore, presque révés, il n’y a plus que reflets, miroirs, presque inventés.
          Mais tu es tout cela! Voilà, ça n’existe plus pourtant c’est toi! Et alors, si tu es ta mémoire, à quoi bon ta mémoire? Pauvre Momo, cesse de te lamenter, allez, arrête de répéter : C’est beaucoup, c’est trop, ma tête éclate!

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          • #6
            La chanson de Momo et des bruits de moteur ( fin)

            L’hiver passe et, Momo, nu sur la plage, cherche ses cicatrices et ne les retrouve plus : où sont les coupures, les lacets nacrés, les vieilles brûlures, les taches? Plus rien! Il se découvre le corps d’un jeune homme, qu’il désire et qui n’avait pas encore existé. Il rit et puis il pleure : »comment est-ce que je peux me retrouver chaque fois homme nouveau ? Cela signifie donc que constamment je meurs?» Et tu pleures, mon vieux Momo, tu pleures en rubis et topaze liquides et te voici qui luttes contre ta nouveauté. Tu te rappelles dans un sanglot les nostalgies, les rides, tout ce qui sécurise, tout ce qui tend à prouver que depuis un certain temps l'on existe…Heureusement pour confirmer, il te reste tes cheveux blancs!
            Las, Momo remonte, à la tour, prend un bain d’eau douce, il se frotte les cheveux. Alors, juste là, sous ses cheveux mouillés, bouclés, il découvre un regard doux et bronze, un regard vert, brûlant et bon! Ha , casser le miroir ! Qu’est-ce qui se passe en moi? Le voici qui vibre de la tête aux pieds au souvenir récent d’un autre regard dont il se rappelle encore la beauté!
            Un bateau passe, et la mer…
            La mer s’agace; du côté des montagnes, le printemps tremble de pollen. « Trop tôt « , se dit Momo « fieffé soleil! Les bourgeons vont débourrer, le froid d’avril va les rattraper. Oui, il y a des saisons stériles, pourquoi rester? » Il a perdu ses bagages, il se sent léger, souple et lisse au printemps. Il y avait des saisons pour toi aussi naguère, mon vieux Momo, mais à présent, tu as tout ton temps!

            Il descend de sa tour, il s’en va vers les amandiers.
            Au pied de la montagne quelqu’un l’attend. En fait, il a attendu tout l’hiver, en regardant la mer. Quelqu’un qu’on ne voit pas. Et tu te mets à lui parler et tu lui dis : »Mon amour »…Il y a un moment de silence, un gros coup de vent qui rend les amandiers fous; un nuage de fleurs, on ne les voit plus du tout. C’est une histoire qui commence…Tu ris, tu ris, qu’est-ce que? Quoi? Ha! Une histoire de pirates? Il y avait à Krak, sur un rivage de criques et de « crois-moi », croix? Crois, croa, il y avait une grenouille…Vraiment, rien de sérieux dans tout ça!

            Son cousin se moque de lui : s’endormir dans la voiture de Cousin Moh-Taxi, quel exploit! Les rues du village, près du marché, assourdissent leur frénésie dans des volutes de poussière.

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            • #7
              et :applaudit: C'est passionnant et magnifique, je découvre ces mots et je vis ton récit.
              Je suivais mot à mot le déroulement et ce n'était que plaisir et bonheur.

              Merci le GrandBleu :1039989653:

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              • #8
                C'est captivant!.. gai! .. j'ai adoré!

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                • #9
                  Bonjour à GrandBleu

                  1°/Il est certain que Momo a aimé sa femme. Il espère la revoir au Paradis.
                  http://www.islam-guide.com/fr/ch2-1.htm

                  Dieu a dit, dans le Coran:


                  Annonce (Ô Mohammed) à ceux qui croient et pratiquent de bonnes oeuvres qu'ils auront pour demeures des jardins (Paradis) sous lesquels coulent les ruisseaux... (Coran, 2:25)

                  Dieu a également dit:

                  Hâtez-vous vers un pardon de votre Seigneur ainsi qu'un Paradis aussi large que le ciel et la terre, préparé pour ceux qui ont cru en Dieu et en Ses messagers. (Coran, 57:21)

                  Le prophète Mohammed nous a dit que celui qui sera au rang le plus bas, parmi les habitants du Paradis, aura dix fois l'équivalent du monde d'ici-bas,1 et il aura tout ce qu'il désire, multiplié par dix.2 Le prophète Mohammed a aussi dit: {Un espace, au Paradis, dont la grandeur équivaut à un pied, serait meilleur que le monde entier et tout ce qu'il contient.}3 Il a également dit: {Au Paradis, il y a des choses qu'aucun oeil n'a jamais vues, qu'aucune oreille n'a jamais entendues, et qu'aucun esprit humain n'a jamais imaginées.}4 Et il a encore dit: {L'homme le plus misérable de ce monde, parmi ceux qui sont destinés au Paradis, sera plongé un court instant au Paradis, puis il lui sera dit: "Ô fils d'Adam, as-tu jamais éprouvé quelque misère? As-tu jamais affronté d'épreuves? Alors il dira: "Non, mon Dieu, mon Seigneur! Je n'ai jamais éprouvé de misère et je n'ai jamais affronté d'épreuves!"}5

                  Si vous entrez au Paradis, vous vivrez une vie très heureuse, exempte de maladies, de souffrances, de tristesse, ou de mort; Dieu sera satisfait de vous et vous y demeurerez éternellement. Dieu a dit, dans le Coran:

                  Et quant à ceux qui ont cru et fait de bonnes oeuvres, bientôt Nous les ferons entrer aux Jardins sous lesquels coulent des ruisseaux. Ils y demeureront éternellement. (Coran, 4:57)

                  2°/ Vas-tu particper au concours littéraire?

                  http://www.algerie.levillage.org/viewtopic.php?t=2882

                  Cordialement

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                  • #10
                    Oui, Momo aime sa femme,
                    Il ne veut pas l'oublier mais il se surprend à l'oublier et quand ça arrive, il panique.
                    Je ne crois pas qu'il pense au paradis mais son paradis à lui: c'est oubleir qu'il l'oublie.
                    Mais le pauvre Momo ne sait pas faire semblant.
                    Merci Lisebeth

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