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AOMI: l’hôpital de Constantine est devenu un service des amputations

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  • AOMI: l’hôpital de Constantine est devenu un service des amputations

    «AOMI… L’appellation est a priori barbare.» C’est par des hostilités que le Dr Hitache, premier responsable de l’Association des internistes et diabétologues de l’Est (AILE), a ouvert, en fin d’après-midi de jeudi dernier, dans le cadre de la Vème Rencontre scientifique ayant pour thème plus soft «Les artériopathies oblitérantes des membres inférieurs. Des «hostilités», serions-nous tenus de souligner, contre une pathologie sournoise et latente dont l’impact sur les populations serait dramatiquement sous-estimé par les responsables du secteur de la santé à la limite du «scandaleux».

    «Oui, je l’affirme énergiquement ici… scandaleux parce que le superbe raccourci pris par le CHU Benbadis en guise de traitement est… l’amputation. L’hôpital de Constantine est devenu un service des amputations.»

    Pour étayer ses propos et prenant pour exemple trois cas parmi des dizaines d’autres de patients handicapés pour la vie à hauteur du centre hospitalo-universitaire, il évoquera donc celui «de B. S., âgé de 61 ans… une tache noire sur l’orteil… décision amputation de tout le membre inférieur.

    Le patient refuse, se rend en France et revient en pleine forme, amputé du seul orteil. Deuxième exemple… un de nos pairs, il est parmi nous à cet instant même et autre décision hâtive.

    Troisième cas, malheureusement plus tragique, une mère de famille (6 enfants) dont le corps sera l’objet d’un véritable carnage. L’amputation d’un premier membre inférieur, ensuite le deuxième et si l’on ne dit jamais deux sans trois, dans ce cas d’espèce, au CHU ils feront plus fort… jamais deux sans quatre… puisque s’ensuivra l’un des membres supérieurs et pour faire la totale le dernier. Pardonnez mon humour noir… mais son beau-fils qui est médecin n’aura que cette morbide réplique : qu’allons nous faire d’une breloque».

    Le mérite du Dr Hitache est d’être, dans la ville de Constantine avec le reste des praticiens qui l’accompagnent au sein de l’AILE, la mauvaise conscience du secteur.

    Pour en revenir au contenu académique de cette Vème Rencontre, il nous dira dans un bref entretien : «L’idée maîtresse de cette rencontre était de sortir du canevas habituel et d’organiser un débat interdisciplinaire en ne nous limitant pas aux seuls internistes et diabétologues. Nous avons, par conséquent, convié des chirurgiens, des endocrinologues, des cardiologues, des chirurgiens vasculaires, cardio-vasculaires pour débattre d’un problème commun.
    Et pour ce faire, nous avons pris le problème le plus sérieux, et c’est d’ailleurs la première cause de mortalité dans le monde : l’athérosclérose. Et pour faire plus simple, permettez-moi l’expression, mourir de ses artères. Aujourd’hui, nous avons choisi de parler des maladies artérielles des membres inférieurs. Pourquoi ce choix ? C’est simple, on s’est rendu compte justement que le meilleur indicateur de toutes les autres maladies cardiovasculaires se trouvaient dans les artères des membres inférieurs… en d’autres termes, c’est à travers le pied qu’on regarde le cœur… le cerveau.»

    Le Dr Hitache expliquera que 80% des décès dans le monde sont liés à des maladies vasculaires qui trouvent leur origine dans l’âge sinon le vieillissement, le tabac principalement parce qu’il reste malheureusement la première cause des maladies artérielles, et le diabète. «Evidemment, on ne peut pas changer son âge ni son sexe mais chacun de nous peut changer ses habitudes», précise-t-il. Autrement dit, il suffirait pour peu qu’un accro au tabac cesse de l’être pour réduire nettement tous les risques possibles de décès ou encore d’augmenter ses chances de vivre plus longtemps.
    Usant d’humour, le Dr Hitache rappellera : «Les cabinets médicaux seront moins envahis, la CNAS moins appauvrie et tout le monde trouvera son compte si seulement tout fumeur cessait de… fumer.»

    Il nous expliquera enfin que le risque est d’autant plus grand en ce qui concerne les AOMI en ce sens qu’il s’agit de pathologie asymptomatique. «Le malade ignore qu’il est… et c’est à nous d’aller le chercher… lire dans ses artères et lui expliquer parce que, lui, il ne le saura que lorsque celles-ci seront bouchées. Et ce sera trop tard.»

    Le débat engagé, parfois contradictoire, et pour cause l’importance du thème à l’issue des communications des intervenants sollicités, sera très technique, et peut, selon certains membres de l’aréopage scientifique que nous avons approchés, avoir énormément contribué à éclairer bien des zones d’ombre d’autant que, parmi l’assistance, se trouvait la fine fleur de la médecine algérienne. Même si nous n’en citerons que les Pr Benabderahmane (doyen du corps médical local), Belhadj Mostefa, Atsmena, la liste est conséquente.

    Par La Tribune
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