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Le Maroc veut vacciner 80% des plus de 18 ans contre la Covid-19

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  • Le Maroc veut vacciner 80% des plus de 18 ans contre la Covid-19

    Le ministère de la Santé travaille activement pour se préparer à l'opération de vaccination contre la Covid-19 quand le vaccin sera disponible. Médias24 révèle des premiers détails inédits sur les essais cliniques en cours et la stratégie de vaccination qui sera adoptée.

    L'espoir de la fin de cette pandémie qui frappe le monde repose sur la découverte d'un vaccin. Dans le monde, nombreux sont les essais en cours. Le Maroc a placé ses pions rapidement sur l'échiquier mondial de la course vers le vaccin.

    Il a signé le 20 août des conventions pour participer aux essais cliniques du vaccin chinois. Le 18 septembre, le Maroc signe un mémorandum d’entente pour l’acquisition de vaccins anti-Covid 19 produits par la Société "R-Pharm", sous licence du groupe "AstraZeneca". C'est dire que le Royaume essaie de multiplier ses chances pour être parmi les premiers pays servis en matière de vaccin quand celui-ci sera validé et disponible.

    Dans le même ordre d'idée, le ministère de la Santé a réuni, jeudi 8 octobre 2020, les directeurs régionaux pour étudier la future stratégie de vaccination à l'échelle des régions ainsi que la contribution et la préparation de chaque région. De cette réunion, aucun élément n'a été communiqué à l'opinion publique.

    Médias24 fait le point sur les deux volets qui conditionnent l'avenir de la sortie de crise sanitaire : l'état d'avancement des essais cliniques et la stratégie de vaccination en cours de préparation.

    La mesure des anticorps se fera vers la mi-novembre
    Le Maroc participe à la phase III des essais cliniques multicentriques effectués par la société chinoise Sinopharm. Cinq pays participent à ces essais : la Chine, les Émirats Arabes Unis, le Pérou, le Maroc et l'Argentine.

    Au Maroc, les essais cliniques concernent 600 volontaires dispatchés sur trois structures hospitalières : les CHU de Rabat et de Casablanca ainsi que l'hôpital militaire de Rabat.

    "Il y a beaucoup de choses qui ont été faites jusqu'à aujourd'hui. L'essai a démarré sur les trois sites. Nous avons déjà réalisé toutes les inclusions de volontaires. Les chiffres qu'on devait atteindre ont été atteints à savoir 600 volontaires, 200 par site", nous assure Dr Kamal Marhoum El Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca qui supervise les essais casablancais.

    "Tous les volontaires ont reçu leur première dose/injection. Les sites de Rabat ont même fini d'injecter la deuxième dose qu'il est prévu de donner aux volontaires après 21 jours. Cette étape est pratiquement finalisée à Casablanca. On termine l'administration de la deuxième dose aujourd'hui même", nous confie notre interlocuteur.

    Pour rappel, c'est un essai clinique en double-aveugle. "La moitié des volontaires reçoivent le vaccin et l'autre moitié un placebo. Personne des volontaires ou des investigateurs ne sait ce qui a été administré. C'est pour éviter les jugements a priori et les interprétations", nous explique Dr Kamal Marhoum El Filali.

    En matière de résultats, il est encore tôt d'avoir des éléments de réponses définitifs. Mais à en croire Dr Marhoum El Filali, les résultats préliminaires donnent satisfaction. "On a surveillé la tolérance de la première dose administrée. Pour le moment, les résultats de la tolérance sont bien partis. On a soulevé quelques petites réactions courantes comme de la fièvre, de petites douleurs, mais rien qui dépasse les effets habituels des vaccins", nous explique-t-il.

    La phase 3 est loin d'être terminée. Il reste à surveiller les effets de la seconde dose mais aussi l'efficacité du vaccin. Celle-ci sera analysée "28 jours après l'administration de la deuxième dose. On effectue des prélèvements sanguins pour voir l'immunogénicité, c'est-à-dire mesurer la production des anticorps", nous explique notre interlocuteur. C'est ce volet qui permet de déterminer si le vaccin est efficace et à quel degré. Les prélèvements sanguins doivent être effectués le 50ème jour depuis l'administration de la première dose. Les derniers prélèvements seront donc faits vers la mi novembre. Ils seront ensuite envoyés en Chine pour analyse.

    Faut-il y croire ? "Oui, nous sommes optimistes. Plus que cela, il faut prier pour que ça marche. En tous les cas, tel que ça s'annonce, il y a de bons espoirs surtout que les résultats des phases 1 et 2 étaient concluants. On part donc dans un essai clinique avec des data rassurantes", insiste-t-il.

    Il reste encore plusieurs semaines avant que Sinopharm ne soit fixée sur l'efficacité et la tolérance de son vaccin. Ce temps, le ministère de la Santé l'exploite pour préparer sa stratégie de vaccination. Car tout reposera sur la stratégie de déploiement du vaccin.

    Premiers éléments de la stratégie marocaine
    Selon une source sûre de l'administration interrogée par Médias24, la réunion avec les délégués et directeurs régionaux de la Santé organisée le 8 octobre dernier a donné le coup d'envoi de la préparation sur le terrain. "Depuis cette date, les réunions se sont multipliées aux échelons locaux et régionaux", nous confie-t-on.

    Le Maroc s'est donné l'objectif de vacciner 80% des personnes âgées de plus de 18 ans sur une période de 4 mois. Sur la base des données de l'horloge de la population du HCP affichant une population globale de 36 millions et sachant que les moins de 18 ans représentent 33,6% de la population, le Maroc envisage donc de vacciner 19 millions de personnes (80% des 23,9 millions de personnes âgées de plus de 18 ans). Ce calcul est approximatif.

    Les premiers à être vaccinés seront des groupes à risque ou vulnérable notamment les professionnels de santé, les agents de sécurité, les personnes atteintes de comorbidités, celles âgées de plus de 65 ans... Il faudra identifier ces personnes.

    Par ailleurs, il faudra aussi disposer du vaccin. Vacciner autant de monde ne sera pas faisable d'un seul coup. Il est clair que la vaccination se fera pas vagues en fonction de la disponibilité des doses. Pour l'heure et selon les données publiques, le Maroc devra s'appuyer à 100% sur l'importation d'où les contrats avec Sinopharm et "R-Pharm" qui produit sous licence du groupe "AstraZeneca". Aucune production locale n'est annoncée officiellement pour le moment.

    Une fois ces paramètres fixés, l'enjeu majeur est d'organiser l'opération de vaccination dans les meilleures conditions. Partant de l'hypothèse que le vaccin chinois est sur la bonne voie et que c'est celui qui sera déployé, "ce vaccin nécessitera une deuxième dose 21 jours après la première dose et probablement des chaînes de froid", confie notre source. "L'opération sera donc complexe", commente cette dernière.

    La question de la logistique, notamment du respect des chaînes de froid, se pose partout dans le monde et c'est une question à laquelle il faut accorder beaucoup d'importance. Certains vaccins nécessitent une conservation à - 60 et -80 degrés.

    L'objectif de ces préparatifs engagés par le ministère est donc de "mobiliser à l'avance les moyens logistiques ainsi que les schémas organisationnels, sans oublier l'identification des groupes cibles prioritaires. L'organisation devra être opérationnelle au plus vite. La date de démarrage dépend bien sûr de la validation du vaccin et de sa fabrication", poursuit notre source.

    Selon le schéma actuellement à l'étude, l'opération de vaccination sera nationale, mais sa gestion se fera à l'échelon local et régional. Pour ce faire, les équipes locales s'attellent à la définition des besoins en vaccin, des ressources humaines à mobiliser (fixes et mobiles), des moyens de mobilité ainsi que des partenaires potentiels.

    En gros, c'est un véritable challenge que les autorités publiques se préparent à relever.

    medias24
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