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Le modèle français de gestion de l'eau adopté par les Russes

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  • Le modèle français de gestion de l'eau adopté par les Russes

    La gestion de l'eau et de ses ressources est primordial pour un pays car l'eau est précieuse, rare et qui maitrise et détient l'eau détient la richesse et le pouvoir. A mégève, s'est tenu un congrès «l’eau en montagne»qui a rassemblé des spécialistes venus de 33 pays qui ont échangé leurs expériences et savoir. Le modèle français de gestion de l’eau, par bassin hydrographique, se généralise et la Russie a adopté ce système.

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    Les spécialistes de l’eau ont centré leurs travaux sur l’eau en montagne. En Himalaya, dans les Andes et bien sûr dans les Alpes, les chaînes de montagne sont des châteaux d’eau. Dans le massif européen, la neige, la glace, les sources, après avoir alimenté les stations touristiques, les élevages, finissent par arriver dans les plaines. Cette ressource fournit l’eau aux villes et aux industries.

    Préserver la montagne, voir comment elle évolue, c’est donc aussi savoir quelle quantité d’eau elle recèle. Du coup, élus et experts des 33 pays représentés à Megève, ont beaucoup parlé des changements climatiques et de leurs effets déjà visibles en milieu montagnard. Les neiges éternelles reculent. Les glaciers alpins fondent à une vitesse inégalée. Les réserves sont donc en diminution. En plus, la fonte des glaciers a des effets inattendus sur les torrents. Déjà, leur débit a changé car le régime des pluies s’est modifié. Mais en plus, de gros morceaux de roche, n’étant plus tenus par la glace, tombent dans ces petits cours d’eau. En encombrant leurs lits et en dévalant vers les vallées, ces rochers posent de nouveaux problèmes de sécurité.

    Le réchauffement pose de nouveaux problèmes

    Autre incidence du réchauffement de la planète : si la neige manque, comme c’est maintenant souvent le cas dans les stations de ski de basse altitude construites dans les années 70, les canons à neige deviennent la règle. De l’eau est pompée pour fabriquer de la neige. La pression sur la ressource commence à se faire sentir dans certains villages de montagne très gourmands en eau pendant la saison d’hiver. Alors pour faire des réserves à la fonte des neiges, les retenues collinaires se multiplient. Tout le monde veut profiter de ce stockage pour faire de l’eau potable, lutter contre les incendies, fournir l’agriculture, alimenter les barrages hydro-électriques. En plus, les besoins se multiplient et sont souvent contradictoires. Ainsi les éleveurs sont montrés du doigt parce que leurs troupeaux de moutons polluent les sources avec leurs excréments. Les touristes font tourner l’économie montagnarde mais ont l’habitude de consommer beaucoup d’eau. Quant à l’industrie, les élus ne veulent pas y renoncer même si leurs territoires vivent surtout du tourisme.

    Les élus, ils étaient 250 à Megève, les techniciens de l’eau, les scientifiques, sont donc confrontés à une tension inédite sur la ressource en eau et cherchent à éviter les conflits entre utilisateurs. En France, les discussions sur le partage s’effectuent dans le cadre des agences de l’eau. Elles ont été créées en 1964. L’originalité de cette loi était de faire discuter tout le monde par bassin hydrographique (la Loire ou la Seine) et non pas par région administrative. Seule l’Espagne a depuis longtemps la même approche de l’eau.

    Depuis plusieurs décennies, ce système de gestion de l’eau au niveau d’un territoire composé d’un fleuve et de ses affluents, a essaimé dans le monde entier. Un organisme institutionnel, l’Office international de l’eau, explique, fait de la formation, organise des réunions, aussi bien en France qu’à l’étranger, pour transmettre la méthode.

    L’Europe, elle aussi, a adopté ce modèle inspiré par la France et l’Espagne. La directive-cadre sur l’eau de 2000 demande à tous les pays membres de l’Union de prendre chaque bassin hydrographique comme entité géographique obligatoire pour gérer l’eau. Ce système est forcément transfrontalier : la Biélorussie, les pays baltes, la Russie, l’Ukraine, et même l’Ouzbékistan suivent les objectifs de cette directive dont le but est de lutter contre les pollutions et de partager l’eau au mieux.

    Des associations, des cabinets de conseil spécialisés, apportent leur expertise aux pays intéressés. C’est le cas notamment de Verseau, une association loi 1901 créée dans les années 80. Depuis la fin des années 90, Verseau s’est développé à l’international notamment à l’est de l’Union européenne. Pour ce qui et de l’eau, l’association transmet les principes de la gestion intégrée contenus dans la directive :

    - par bassin versant
    - en créant les organismes compétents
    - en planifiant des actions
    - en recouvrant les coûts
    - en faisant participer les usagers

    Cette directive semble faire l’unanimité. «De toute façon, il n’y a pas d’alternative», explique Yunona Videnina, de l’association Verseau. Les pays demandeurs savent où ils veulent aller mais ne savent pas comment s’y prendre. Dans les pays de l’ex-URSS par exemple, les spécialistes ont des connaissances pointues sur la question mais ils ont du mal à avoir une vue d’ensemble. Ces pays sont plus confrontés à des problèmes de gestion qu’à des problèmes techniques. «Ils ont le potentiel de base», explique encore Yunona Videnina. «On gère l’eau à l’intérieur d’un bassin comme on gère un Etat, avec sa politique, son parlement, son exécutif qui est l’agence de l’eau. Les taxes sont redistribuées à l’intérieur du bassin».

    Tous pour la directive

    Un Etat ayant décidé d’adopter ce système de gestion de l’eau y participe par le biais des comités de bassin. Mais il n’a que 30% des voix. Les élus en ont un tiers et les usagers un autre tiers. En général, élus et usagers sont en opposition. Résultat, «l’Etat oriente sans rien dépenser».

    La représentante de Verseau prend le cas de la Russie. Etat fédéral, son administration issue de l’Union soviétique est très complexe. En plus, cette administration doit gérer l’héritage de cette époque : les grands barrages, les transferts d’eau, les canaux ; et aussi un nombre remarquable de stations d’épuration : 70% de la population russe est connectée à une station d’épuration, mais aujourd’hui les problèmes de maintenance sont énormes. «Tout devient inexploitable».

    Dans les années 90 (Poutine était déjà président), Moscou a demandé l’expertise de l’Union européenne et de la France. Par la suite, le système de gestion de l’eau russe a été restructuré. Une agence fédérale de la ressource en eau a été créée ainsi que des agences de bassin, avec des correspondants dans les administrations existantes. Et aujourd’hui, certaines villes de Russie peuvent servir de modèles à bien d’autres. A Vladimir par exemple, ville située sur «l’Anneau d’or» autour de Moscou, la régie municipale publie chaque jour la qualité de l’eau, le volume consommé par les habitants, le nombre de compteurs d’eau qui viennent d’être installés. Le Conseil général de l’Hérault, département du sud de la France, a mis en place un service d’aide aux exploitants des stations d’épuration de Vladimir.

    En Russie, 14 agences de bassin ont été créées par un consortium dirigé par BCEOM, une entreprise française d’ingénierie spécialisée dans le domaine de l’eau, avec à ses côtés l’Office international de l’eau et Verseau. Ce projet s’est terminé en 2002. Et en 2006, après plusieurs années de réflexion, la Douma a adopté le nouveau code de l’eau. Au départ, indique encore Yunona Videnina, «il y a toujours une décision politique pour dire qu’on va gérer l’eau de manière intégrée».

    Par RFI
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